Les Nouveaux Héros (III) : l’ABCD de l’inégalité
28 juin 2015 | Posté par Paul Rigouste sous Films d'animation, Tous les articles |
Outre la soupe militariste et raciste analysée dans les deux premiers volets de cet article, Les Nouveaux Héros s’avère aussi profondément viriliste et sexiste dans le traitement qu’il propose de ses personnages masculins et féminin.
S’adoucir, c’est bien… mais s’endurcir, c’est mieux !
En ce qui concerne les représentations que le film propose de la masculinité, les premières scènes semblaient plutôt intéressantes. En effet, la masculinité incarnée par Hiro est au début clairement présentée comme immature et devant être dépassée, alors qu’elle possède toutes les caractéristiques de la masculinité hégémonique dans notre société : violence, confrontation, compétition, domination, égoïsme, etc., bref, virilité. Et en face, la masculinité plus « féminine » de Tadashi (plus doux et tourné vers les autres) est au contraire valorisée. Si le film reproduit (et conforte) une division genrée des compétences qui réserve la science et la maîtrise des technologies aux hommes (on n’est pas exactement dans le même univers que dans les « Disney pour filles » type La Reine des Neiges…), il a au moins le mérite de proposer une redéfinition de la masculinité intégrant des qualités traditionnellement associés au féminin, notamment le « care ». En effet, contrairement au robot guerrier créé par Hiro, le Baymax inventé par Tadashi a pour seules fonctions de guérir les humain-e-s et de les réconforter[1].
Mais très rapidement, le film opère un renversement total en réhabilitant en grandes pompes la masculinité la plus traditionnellement virile qui soit. Et celle-ci apparaît même presque comme la seule masculinité viable. En effet, Tadashi (le représentant de la « masculinité douce ») meurt dans une explosion. Et Baymax est transformé en robot guerrier par Hiro, après s’être avéré inutile et impuissant sous sa forme de « compagnon de santé », qui relevait aussi d’une masculinité plus douce, attentionnée et pacifique (bref, plus « féminine »).
Cette « virilisation » de Baymax s’accompagne d’un discours grossophobe, qui stigmatise l’apparence ronde et flasque du robot. Un vrai robot guerrier (comme un « vrai homme ») ne doit pas être trop gras, mais tout en muscles et en puissance. Cette transformation s’inscrit dans la tendance aujourd’hui dominante chez les acteurs hollywoodiens, qui consiste à exhiber des physiques toujours plus musclés et puissants (voir ici).
Comme je l’ai expliqué dans la première partie de cet article, le film a le culot de faire passer Hiro (l’homme viril et violent) pour le digne successeur de son frère. Cette idée est clairement explicitée à la toute fin (quand le héros déclare : « Mon frère voulait aider beaucoup de gens, et c’est ce que nous faisons désormais »), ainsi que dans la scène où il part sauver la fille du professeur à l’intérieur du portail magnétique. A ses ami-e-s qui le dissuadent d’y aller, il répond : « Elle est vivante là-dedans. Quelqu’un doit aider », phrase qui fait écho à celle de son frère au début du film. Lorsqu’il demande à Baymax s’il est prêt à y aller (« Qu’est-ce que t’en penses, mon pote ? »), celui-ci lui répond : « Voler fait de moi un meilleur médecin (health compagnon) ». Le « care » est ainsi transformé en quelque chose de viril, puisqu’il prend la forme d’un sacrifice masculin héroïque (avec la femme dans la position purement passive de demoiselle en détresse sauvée par l’homme courageux). Cette opération est doublement avantageuse pour les hommes : non seulement ces derniers se réapproprient des qualités traditionnellement féminines (qu’ils confisquent par là aux femmes[2]), mais ils conservent en même temps leur masculinité traditionnelle (en donnant à ces qualités un « vernis » viril).
L’homme viril, ce chef naturel
La « bonne virilité » que le film valorise en la figure de Hiro comprend également le fait d’être d’un chef. Le héros apprend tout d’abord à commander la machine, Baymax. Ce dernier possédait en effet une certaine autonomie au début du film (comme par exemple dans la scène où il part seul dans la ville pour découvrir où l’endroit vers lequel se dirige le microbot). Mais Hiro lui retirera progressivement son autonomie en l’utilisant soit comme un véhicule, soit comme un soldat télécommandé. Dans la deuxième partie du film, il ne cesse de crier des ordres à son robots, qui est clairement passé du statut de compagnon à celui de serviteur (« Attrape-le ! », « Attends ! », « Déploie tes ailes ! » « Amène-nous ici ! », « Détruis-le ! », « Trouve Callaghan ! », etc.).
Mais il ne suffit pas de dominer les machines pour être un homme accompli, il faut également dominer ses semblables. Alors que le titre du film pouvait laisser espérer une équipe de super-héro-ïne-s à égalité les un-e-s avec les autres, le film place au contraire Hiro dans la position du leader naturel. Pour ce faire, il présente les autres personnages comme étant inférieurs au héros, et les rend ainsi dépendants de lui. La bande de geeks qui l’accompagne est censée être composée de super-scientifiques, mais seul Hiro peut leur créer les armes dont ils ont besoin. De même, s’ils ont aussi peu d’expérience que lui en tant que super-héros, Hiro-le-génie sait quand même mieux qu’eux comment se battre et quelle stratégie adopter face au méchant. La scène la plus ridicule à ce niveau est celle où Honey Lemon, GoGo, Wasabi et Fred ont été neutralisés par Callaghan, et ne savent pas comment reprendre le dessus sur lui. Hiro les sort alors tout-e-s d’affaire en leur donnant un conseil inspiré : « Mais c’est bien sûr ! Je sais comment le vaincre ! Écoutez-moi tous. Utilisez vos cerveaux, et trouvez une autre manière d’envisager le problème. Envisagez-le sous une nouvelle perspective ». Grâce aux lumières de leur leader, les 4 coéquipiers parviennent alors à trouver un moyen de s’en sortir. Ouf, heureusement que Hiro était là pour leur dire comment réfléchir, parce que réfléchir sans un chef qui te dit comment, c’est juste pas possible.
« Écoutez-moi, bande de demeuré-e-s ! Je vais vous expliquer comment réfléchir ! »
« Réfléchir ? Mais c’est pas bête ça ! Merci à toi, homme blanc, de m’avoir apporté ta lumière ! »
On se retrouve ainsi avec une configuration où l’homme viril blanc (ou, plus exactement, « white-washé ») commande à deux femmes (dont une racisée), à un homme noir, et à un autre homme blanc peu viril (Fred, le « geek bouffon »). C’est toujours bien de rappeler les fondamentaux de la domination masculine et blanche…
Alors qu’il semblait au début s’engager sans une critique de la masculinité virile, le film se vautre donc finalement dans un virilisme totalement décomplexé et un culte de l’homme blanc en chef naturel. Si GoGo avait eu le droit de conduire la voiture au début du film, les choses finissent par rentrer dans le bon ordre patriarcal, puisque c’est désormais l’homme qui emmène les femmes en balade sur son gros bolide.
Fini de rigoler, à partir de maintenant, c’est papa qui conduit
Quand les femmes font de la science…
Niveau personnages féminins, le film s’avère également très décevant. Je ne m’attarderai pas sur Tante Cass (cantonnée au rôle de maman qui cuisine et se fait du souci pour son fils), ni sur la fille de Callaghan (qui passe du statut de femme dans le frigo à celui de damoiselle en détresse sauvée par le héros). Outre ces deux stéréotypes, le film propose deux autres personnages féminins potentiellement plus intéressants sur le papier : Honey Lemon et Go Go Tomago. Celles-ci semblent en effet s’écarter un peu des normes genrées traditionnelles, puisqu’elles sont non seulement présentées comme des super-scientifiques au même titre que leurs collègues masculins (mais quand même pas au même niveau d’intelligence que Hiro-ce-génie, parce qu’il ne faut pas déconner non plus…), mais aussi parce qu’elles deviennent des super-héroïnes, et se battent ainsi au côté du héros.
On peut d’ores et déjà souligner que celles-ci sont en minorité dans le groupe, qui compte 2 femmes pour 4 hommes (en comptant Baymax, dont les personnages parlent au masculin). Un tiers, c’est sûrement ça qu’on appelle la parité à Hollywood… A quoi s’ajoute que ces personnages féminins sont à des années lumières de passer le Bechdel Test, puisqu’elles ne parlent quasiment pas, et surtout pas entre elles, et surtout pas pour parler d’autre chose que Hiro et ses problèmes. Bref, si les femmes ont le droit d’avoir des rôles importants dans des films d’animation qui parlent d’amour, de relations familiales, et de pouvoirs magiques (suivez mon regard…), pas question qu’elles ouvrent trop leur gueule quand il est question de science, de robotique et de violence. Le savoir, la technique, la violence, c’est un truc de mecs …
En plus d’être subordonnées à Hiro, ces deux personnages féminins me semblent au final assez problématiques. En effet, alors que le film propose aux petits garçons un large éventail de personnages masculins différents et complexes, les filles n’ont le choix qu’entre deux personnages féminins ultra-stéréotypés, qui semblent avant tout caractérisés par leur correspondance (ou non-correspondance) aux normes de féminité.
D’un côté, on a Honey Lemon, qui correspond de manière caricaturale aux normes conventionnelles de féminité, tant au niveau de son apparence (longs cheveux blonds, corps ultra-mince, maquillage, sac à main, mini-jupe, talons super hauts, etc.) que de son comportement (elle est ultra démonstrative, saute dans tous les sens, parle avec une voix suraigüe, sourit tout le temps, etc.). De plus, le rose semble être de loin sa couleur préférée (comme si on n’avait pas assez compris qu’elle se définissait avant tout par sa féminité). L’expérience de chimie qu’elle présente à Hiro lors de leur rencontre consiste à vaporiser une boule de métal à l’aide d’une substance rose bonbon. De même, son costume de super-héroïne sera composé d’un casque rose, d’une robe très courte rose, de collants roses, et de talons hauts (très pratiques pour l’action)… roses. Pour couronner le tout, son arme sera un sac à main lanceur de grenades multicolores. Bref…
Si les réalisateurs (masculins) insistent autant sur la féminité d’Honey Lemon, c’est probablement pour contrebalancer son appropriation de privilèges traditionnellement masculins : la science et la violence. Comme si une femme ne pouvait pas juste faire de la science ou se battre, mais qu’il fallait absolument montrer qu’elle le fait en tant que femme, avec un « style féminin ». De plus, cette manière de donner à la chimie une apparence « girly » quand une femme la pratique me fait penser à cette campagne publicitaire atroce ayant pour but de convaincre les femmes que la science, c’est aussi pour elles… : https://www.youtube.com/watch?v=GMOqpxlW66E. Ce genre de représentations reconduit l’idée que la science n’est pas en soi un « truc de femme », et que pour que les femmes s’y intéressent, il faut donc nécessairement la ramener à des choses qui intéressent les femmes (des choses jolies et roses, ou du rouge à lèvre, bref, par l’apparence). « Les hommes sont naturellement intéressés par la science, les femmes sont naturellement intéressées par l’apparence ». Difficile de faire plus grossièrement sexiste et essentialiste.
La fragilisation chimique du métal… pour les filles !
Face au personnage d’Honey Lemon, le film propose un autre modèle de féminité en la figure de Go Go Tomago. Alors que la première est caricaturalement « féminine », la seconde est au contraire caractérisée comme plutôt « masculine ». Elle ne parle quasiment pas, laisse très peu transparaitre ses émotions, conduit très agressivement, etc. S’il est intéressant que le film propose aux spectatrices deux personnages féminins de caractères très différents, il me semble que le personnage de Go Go repose sur le même présupposé essentialiste que celui de Honey Lemon : la science est un domaine essentiellement masculin. Les femmes scientifiques sont donc soit des femmes masculines (Go Go), soit des femmes féminines auxquelles il faut forcément adapter la science en la rendant plus « girly », sinon ça ne les intéressera pas (Honey Lemon).
De plus, Go Go est vaguement caractérisée comme féministe, notamment parce qu’elle répète à plusieurs reprise « Woman up ! ». Or, comme le remarque une bloggeuse, cette dimension n’est pas du tout approfondie par le film. « La première fois où Go Go dit « Woman Up ! », c’est un clin d’œil amusant et direct à l’émancipation des femmes, mais la seconde fois, c’est juste devenu un slogan vidé de son sens[3] ».
Une autre bloggeuse féministe regrette également que Go Go ait été aussi caricaturalement « dure à cuire ». Elle cite par exemple la première scène, au cours de laquelle elle accueille froidement Hiro au labo. Alors qu’il s’agit du petit frère de son ami, Go Go n’esquisse même pas un petit sourire ou autre signe d’intérêt. Comme si un personnage féministe ne pouvait pas être aussi accessible et sympa[4].
En guise de bienvenue, t’auras une bulle de chewing-gum.
Au final, ce personnage de féministe est tellement caricatural et peu développé que l’on peut se demander si elle n’est pas juste là pour tenir le rôle de « la féministe de service », et permettre ainsi au film de passer pour progressiste (« regardez, on a mis deux femmes scientifiques, dont une féministe »).
Malgré son début de critique de la virilité traditionnelle et ses deux personnages féminins secondaires potentiellement intéressants, Les Nouveaux Héros se révèle donc extrêmement problématique dans les représentations des hommes et des femmes qu’il propose.
Paul Rigouste
Notes :
[1] Même si ce début est relativement progressiste dans sa manière de redéfinir la masculinité conventionnelle en lui intégrant plus de « féminin », il reste tout de même problématique dans la mesure où cette redéfinition ne questionne pas du tout la domination masculine, bien au contraire. En effet, comme dans un film tel que Intersellar, la redéfinition de la masculinité hégémonique sert à conforter le pouvoir patriarcal en confisquant aux femmes les rares qualités/compétences pour lesquelles elles sont valorisées sous le patriarcat. Elles se retrouvent ainsi totalement invisibilisées ou mises à l’écart (la mère dans Interstellar, la tante dans Les Nouveaux héros) ou subordonnées au héros (Murphy et Amelia dans Interstellar, GoGo et Honey Lemon dans Les Nouveaux héros), puisque les hommes deviennent « auto-suffisants ». Concrètement, cette manière de redéfinir la masculinité hégémonique est donc un moyen pour les hommes de conserver leur pouvoir sur les femmes, et non une remise en question de ce pouvoir.
[2] Voir la note précédente.
[3] The first time we hear Gogo say “woman up!” it’s a fun if obvious nod to female empowerment, but the second time it’s an empty catchphrase. (http://blogs.indiewire.com/theplaylist/tokyo-film-festival-review-disneys-big-hero-6-20141023 )
[4] https://feministinthemaddeningcrowd.wordpress.com/2014/12/11/can-i-get-a-feminist-character/
Autres articles en lien :
- Les Nouveaux Héros (I) : La violence policière comme médecine
- Le sexisme du Roi Lion
- Buffy contre les vampires (1997 – 2003), partie I : une relative inversion genrée des pouvoirs
https://www.youtube.com/watch?v=GMOqpxlW66E est épique dans le genre, c’est pas plutôt une illustration des fantasmes qu’on se doit de prêter aux scientifiques hommes et blancs ?
Quels fantasmes exactement ?
La vidéo a été faite par la commission européenne, on dirait plus que ça a été fait par un magasine féminin que par des scientifiques hommes, dont les fantasmes ne sont pas des trucs aussi « girly » pour dire les choses ainsi.
La vidéo est placée dans la catégorie « Humour ». Cette vidéo est en réalité de la moquerie envers tous les clichés sexistes sur la « science des femmes » que l’on renvoie à la fabrication des cosmétiques et non pas à la recherche de progrès qui pourraient améliorer le monde. C’est tellement gros car ça ressemble à une pub pour des produits de beauté plus qu’à une vidéo mettant en avant la science. Faut regarder un peu les catégories avant de tout prendre au 1er degré.
Comment ça, la vidéo « est dans la catégorie humour » ? C’est un spot de la commission européenne pour encourager les jeunes filles à faire des sciences, c’est tout. J’imagine que l’idée était de « s’adresser aux adolescentes dans leur langage », mais c’est ultra-nul quoi (rien que cette idée est nulle en fait).
Dans youtube, il y a des catégories pour chaque type de vidéo, regarde en dessous de la description et tu verras la catégorie « humour ». A quoi ça sert d’avoir des yeux si on s’en sert pas?
@ Alex Laïa
J’ai l’impression que la catégorie « humour » a été cochée par la personne qui a posté la vidéo sur Youtube (et que ça a dû faire rire visiblement), mais malheureusement, l’esprit dans lequel le spot a été créé n’était pas du tout humoristique : http://www.theguardian.com/science/blog/2012/jun/29/science-girl-thing-viral-fiasco
http://curt-rice.com/
Ici, on peut cliquer sur toutes les raisons qui font le sexisme dans le monde de la science et voir quels pourraient être les moyens de les combattre. Ce n’est pas toujours juste et bien vu, mais il y a de l’idée.
Honey Lemon et Baymax me rappellent étrangement deux autres personnages.
Tout d’abord Honey Lemon me rappelle la princesse Chewing-gum dans Adventure Time, elle est rose bonbon et c’est une scientifique comme Honey Lemon, la seule différence est qu’en plus c’est une princesse. Donc on retrouve aussi un côté girly, (rose bonbon + princesse) contrebalancé avec un côté scientifique.
Baymax me fait penser à Po dans Kung fu panda (encore plus quand il s’entraîne à casser des trucs dans le garage) à cause du côté tout rond et chamallow. Sauf qu’à l’inverse de Po, l’image de gros chamallow que renvoie Baymax doit être remplacée par une image de robot endurcie et plus musclée pour pouvoir combattre. Je suis pas certaine de ce que je vais avancer mais peut-on en conclure que d’après Disney on ne peut pas être tout gros et mou et se battre ?
Je ne sais pas si ces deux comparaisons signifient vraiment quelque chose et sont importantes en soit mais en tout cas je trouve la deuxième comparaison intéressante.
Kung Fu Panda a été produit par DreamWorks qui est un peu plus progressiste que Disney. Pour eux, les normes physiques ne comptent pas, on peut être tout gros, tout mou, même chétif et se battre (Harold dans Dragons [aussi produit par DreamWorks] qui est chétif se bat en se servant de son intelligence et de ce qu’il a apprit des dragons, pas de la force alors que c’est la seule chose en laquelle tout son village de Vikings croit]). Chez Disney non, on croit énormément en la force physique et en la beauté normée. Même Quasimodo, le héros au physique disgracieux est accompagné de Phoebus le soldat beau blond lors de la bataille de Notre-Dame et c’est lui qui incite la population à y participer pas le bossu. Et comme on peut le voir ici, Baymax doit changer sa bedaine en muscles pour faire meilleure impression en gros, entrer également dans une norme #lassitude intérieure#. C’est comme Honey Lemon qui, si je me rappelle bien, avait des lunettes et une blouse blanche lors de sa première apparition donc un petit signe de personnalité bien à elle, se retrouve en fille canon et sexy pour,elle aussi, être dans une norme pourrie. Quand on pense que même Pixar, qui fait partie des studios Disney, a fait plus de progrès qu’eux malgré leurs messages conservateurs du passé et ceux qu’ils ont gardés. Je pense à la trilogie Toy Story au fil du temps: dans le premier film, la seule représentante féminine était une bergère vêtue de rose qui avait un rôle très effacé. Son rôle a été réduit dans le volet suivant par l’arrivée de Jessie, une cow-girl garçon manqué avec une personnalité travaillée (j’ai souris lorsque j’ai vu les affiches avec elle) et elle n’était pas amoureuse du héros cow-boy, Woody, mais de son meilleur ami cosmonaute, Buzz. Dans le troisième volet, étant donné le succès qu’avait eu Jessie et remarquant l’impopularité de la bergère, ils ont viré ce personnage qui ne servait à rien et Jessie a eu plus de place et est restée avec Buzz malgré le départ de la bergère. On n’a pas été dans le cliché « les cow-boys restent entre eux » ou « les amitiés garçons-filles finissent toujours en romances ».
http://www.google.fr/imgres?imgurl=https%3A%2F%2Fupload.wikimedia.org%2Fwikipedia%2Fen%2F8%2F87%2FJessie_%28Toy_Story%29.png&imgrefurl=https%3A%2F%2Fen.wikipedia.org%2Fwiki%2FJessie_%28Toy_Story%29&h=295&w=171&tbnid=buAFGjnzdaImqM%3A&zoom=1&docid=x6PU3E5Qals2dM&ei=NVKRVe2sM4zlUcuSgaAF&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=358&page=1&start=0&ndsp=5&ved=0CDYQrQMwAA
Je propose une image de Jessie: l’un des rares personnages d’animation à avoir une histoire travaillée, plus de trois lignes de dialogues dans deux films d’animation composés d’une trilogie (elle n’apparait que dans le deuxième volet) et surtout à ne pas avoir un look girly
En effet, il suffit de regarder Shrek pour confirmer que Dreamworks se montre plus progressiste que Disney en ce qui concerne le physique de ses personnages. Vous avez donné deux bons examples, Po et Harold. Si on compte Shrek dans le lot, ce sont 3 personnages qui ont subit des discriminations concernant leurs physiques. Comme ce pauvre Quasimodo.
En ce qui concerne Honey Lemon, j’ai un avis un peu partagé. D’un côté elle portait une blouse blanche et des lunettes mais a fragilisé une boule de métal rose bonbon. A mon avis ce côté girly fait parti de son personnage, de sa personnalité et est moins une norme qu’on lui a imposé. Elle montre qu’on peut être féminine et girly en rose bonbon et faire de la science sans être une bimbo ecervellée. De plus, elle est grande, très fine, sans rondeur là où beaucoup d’héroïnes Disney ont une taille de guêpe comme elle mais ont plus de rondeur. Je trouve qu’elle renvoie une image positive aux jeunes filles qui n’ont pas la chance d’avoir de poitrines développées ou de larges hanches. Il se peut que je dise des bêtises et j’espère ne blesser personnes avec ce que j’ai dit. On peut regretter qu’elle se batte en rose bonbon avec des accessoires très girly mais je pense que ça fait vraiment parti de sa personnalité. Elle reste elle-même en toute circonstances. Elle est girly et l’assume. Et au moins elle se bat au côté du héros.
Pour ce qui est de Jessie, c’est un bon pas en avant qu’elle finisse avec Buzz et pas Woody avec qui elle reste amie car justement comme vous l’avez dit, le schéma »qui se ressemble s’assemble » est évité.
Mais il y quelque chose qui me dérange. Vous dîtes que les gens ne s’intéressent pas à la bergère car elle est très féminine et a un rôle effacé et qu’il a fallu l’arrivé de Jessie qui un peu garçon manqué pour que les gens s’intéresse finalement à un personnage féminin. Est-ce qu’il faut rendre les personnages féminin moins féminin pour les rendre attachants ? De la façon dont vous expliquez, j’ai l’impression que les personnages féminins ne peuvent pas être féminins ou girly et plaire, il faut qu’elle soit un peu garçon manqué donc se rapproche des personnages masculins. Je pense qu’on devrait valoriser les personnages féminins et girly (comme Honey Lemon) autant que les garçons manqués mais ça ce n’est que mon opinion.
Le problème du girly est que c’est un stéréotype qui nuit à la conception de ce qu’est une fille et qu’elle correspond à un unique critère ou deux quand on laisse ‘rarement’ une seconde option. Ce qui est complètement faux. Comme l’a si bien souligné Paul Rigouste
« ce que propose le film est une alternative qui a seulement 2 choix possibles : soit du girly ultra-féminin (Honey), soit du très masculin (GoGo). Du coup, si je trouve très bien que le film offre aux petites filles un choix entre deux féminités, le film ne sort pas d’un système de représentation binaire et totalement exclusif entre masculin et féminin.[…]Or, il pourrait être bien de montrer que l’on peut aussi se définir en dehors de cette alternative, pour que les gens puissent être les individus qu’illes veulent, et pas SOIT masculins SOIT féminins » « Pour que les filles aient vraiment le choix ou non d’être girly, il faudrait qu’elles vivent dans une culture où elles ne subissent pas par ailleurs des injonctions permanentes au girly. Et pour ça, l’urgence c’est peut-être plus de proposer des modèles alternatifs au girly plutôt qu’une alternative entre « girly » et « non-girly ». C’est très bien que Big Hero 6 fasse un pas dans ce sens, mais perso je trouve que c’est un petit pas qui ne remet pas du tout en question la culture girly »
Et moi-même, voilà comment je vois les choses en ce qui concerne le domaine du girly et autres représentations des personnages féminins. Déjà, même si une partie des spectatrices se sentent obligées de se comparer à des personnages féminins pas forcément travaillés car on ne leur propose pas d’autre alternative. Mais la plupart se rendront compte bien plus tard par la suite que si elles se sont attachées à des personnages quand elles étaient enfants, c’était en fait des garçons parce qu’ils avaient des personnalités plus intéressantes que celles des filles. Par exemple, à la sortie de Toy Story, comme je l’ai dit, le seul personnage féminin était celui de la bergère qui avait trois lignes de dialogue et dont l’unique but était de flirter avec Woody, le cow-boy héros. Pas de personnalité, pas d’histoire, rien. Mais les autres personnages, masculins bien sûr, étaient cool grâce à ce qu’ils vivaient et à l’histoire qui était prenante. Quand je voulais parler du film que j’avais aimé, la première réaction a souvent été que j’étais « jolie comme la bergère ». C’est très vexant d’entendre des trucs comme ça! Imagine on te compare à un personnage qui a pour unique but d’être là pour flirter avec le personnage principal et faire la jolie chose mais surtout vide de toute personnalité intéressante. T’aimerais pas du tout. C’est plus agréable d’entendre qu’on est aussi balèze que Jessie. Mais c’est un personnage qui a marqué pas seulement par sa personnalité de garçon manqué mais par son histoire touchante, son évolution et ses choix (je ne vais pas raconter les films). Honey Lemon est juste girly pour être girly (comme la bergère dans Toy Story et on avait pas d’autre choix qu’elle dans le premier film) (en plus apparemment, ça va totalement à l’encontre du personnage original selon les fans du comics) tout comme GoGo est juste garçon manqué pour être garçon manqué. Or, il y a une différence entre utiliser un stéréotype et créer un personnage. Et Honey Lemon est réduite à un stéréotype de girly tout comme GoGo est réduite à un stéréotype garçon manqué. En gros, un stéréotype, c’est comme une phrase qui sonne faux: il y a une phrase où Fred dit « Tu me manques trop. Si je pouvais sortir de l’écran mec, je te serrerais dans mes bras le plus possible. » QUI DIT CA? (je ne suis pas la seule à le penser, cette réplique a été critiquée partout) Eh bien à mes yeux, un stéréotype, c’est pareil, ça sonne faux, c’est énervant, ça t’agace et ça t’empêche d’apprécier une oeuvre car cet aspect propose des idées erronées sur le monde qui entoure les humains. C’est ma pensée.
Je comprends mieux maintenant avec tes explications ! J’avoue ne pas toujours bien saisir ce qui pose problème ou non mais maintenant c’est plus clair. Il faut éviter de réduir un personnage a un stéréotype si j’ai bien compris et ça semble plutôt logique en fait maintenant que j’y pense.
J’avoue que certains personnages masculins peuvent être plus intéressants et attachants que certains personnages féminins mais à mon avis c’est une question de goût. Je pense qu’autant de petites filles que de petits garçons peuvent s’attacher à des personnages masculins comme féminins. J’en ferais pas une généralité.
Je comprends pour la comparaison, moi aussi je préférerais qu’on me compare à Jessie plutôt qu’à la bergère car Jessie a de la personnalité et une histoire intéressante comme tu l’as dit. Je comprends mieux aussi pour Honey Lemon, je suis passé à côté du fait que son personnage dans le film ne respecte absoluement pas son personnage dans le comic. Je suis d’accord avec toi aussi, un stéréotype ça peut empêcher d’apprécier pleinement une oeuvre. En tout cas merci pour les explications !
Fiona aussi est maltraitée malgré son statut de Princesse. Tu peux être une Princesse si tu veux, si t’es moche, t’as rien. Le Prince qui voulait l’épouser (juste pour devenir Roi au passage) la rejette parce qu’elle est moche et veut même la faire jeter dans un cachot après s’être aperçue quelle était sa vraie nature.
En ce qui concerne le cas d’Honey Lemon, l’usage qu’elle fait de la « science pour filles » est non seulement tout ce qu’il y a de plus macho mais aussi va totalement à l’encontre du comics original (comme beaucoup de choses dans ce film d’ailleurs) selon ce que j’ai compris. J’avais laissé ce com dans la partie précédente de l’article « Et il n’y a pas que les origines [des personnages en rapport avec le whitewashing] qui ont été massacrées apparemment. Les fans du comics original ont aussi hurlé parce que les personnalités n’auraient pas du tout été respectées. Honey Lemon serait en réalité « Une fonçeuse forte et sûre d’elle prête à prendre des risques » et certains ne pardonnent pas qu’ils en aient fait-je cite un blog que malheureusement je ne retrouve plus-« une débile intello kawai ». Merci Disney de faire preuve de respect envers les oeuvres que tu adaptes:( » Non seulement, le personnage original qui serait, d’après ce que j’ai compris une femme forte a son potentiel réduit à zéro et effacé de manière injustifiée mais en plus, ses armes se réduisent à de petites boules colorées qui immobilisent les gens sans faire trop de dégâts (pas comme les bras de Wasabi qui tranchent, Fred qui lancer des flammes, GoGo qui peut lancer des disques très lourds [et se déplacer habilement sur le sol avec aussi] ou Hiro qui peut voler sur BayMax qui lui-même peut repérer n’importe qui, voler et lancer des poings puissants) et pour couronner le tout, ses armes tiennent dans un…sac à main:( . On aurait pu lui enlever son casque et l’appeler « Barbie va faire du shopping » que personne aurait fait la différence. Ca m’énerve!
Un instant, svp. Je n’ai pas vu le film et j’aimerais savoir un truc. Honey Lemon utilise-t-elle des armes paralysantes par choix ou non?
Si c’est un choix, ça peut-être intéressant (personnellement, j’aime bien les personnages qui refusent de prendre le risque de blesser autrui pour des raisons morales) mais si c’est un homme qui a choisi ses armes, en effet, ça craint.
C’est Hiro qui a conçu tous les costumes et les équipements de ses co-équipiers. D’accord, il les a basé sur les domaines qu’ils étudiaient à l’université (Honey Lemon étudiait la fragilisation chimique du métal) mais aucun d’entre eux n’a fait quoi que ce soit pour devenir un membre de Big Hero 6 (le titre du comic original et du film en VO). Dans le film, ils disent à Hiro « On voudrait t’aider mais on est juste…nous » et c’est Hiro qui a l’idée d’en faire une équipe de super-héros. Lui seul, aucun d’entre eux. C’est même pas un homme qui choisi les armes d’une femme. Pire, un gosse de quatorze ans s’attribue le droit de le faire, c’est encore plus écoeurant!
Moi, ce que j’ai compris, c’est que c’est Hiro qui a l’idée de faire l’équipe mais qu’ils fabriquent chacun leurs armes avec les technologies qu’ils ont inventées et qu’on voit au début du film. Donc pour moi, c’est bien Honey Lemin qui choisit de faire un truc girly. Et au fond il n’y a pas à en avoir honte. Ce serait le seul modèle de féminité proposé, à la rigeur je comprendrais, mais il y a aussi Go go avec un caractère plus « renfrogné ». Faut-il vraiment chasser le girly de partout ou on le trouve ou simplement proposer un choix?
Pour la fabrication des armes, il me semble assez clair dans le film que Hiro est leur seul et unique concepteur. La scène commence en effet avec Hiro qui regarde un peu ce que chacun-e a inventé dans son labo. Puis, dans un second temps, on le voit concevoir des trucs tout seul sur son espèce d’écran (cf la photo que j’ai mise en haut de l’article). Et enfin, dans un troisième temps, on voit Hiro qui donne les armes qu’il a fabriqué à chacun-e des membres, qui peuvent ainsi les essayer.
Et pour la question du « choix du girly », je vois deux problèmes :
1/ ce que propose le film est une alternative qui a seulement 2 choix possibles : soit du girly ultra-féminin (Honey), soit du très masculin (GoGo). Du coup, si je trouve très bien que le film offre aux petites filles un choix entre deux féminités, le film ne sort pas d’un système de représentation binaire et totalement exclusif entre masculin et féminin. Or, il pourrait être bien de montrer que l’on peut aussi se définir en dehors de cette alternative, pour que les gens puissent être les individus qu’illes veulent, et pas SOIT masculins SOIT féminins (et en dehors de cet alternative point de salut).
2/ Pour que les filles aient vraiment le choix ou non d’être girly, il faudrait qu’elles vivent dans une culture où elles ne subissent pas par ailleurs des injonctions permanentes au girly. Et pour ça, l’urgence c’est peut-être plus de proposer des modèles alternatifs au girly plutôt qu’une alternative entre « girly » et « non-girly ». C’est très bien que Big Hero 6 fasse un pas dans ce sens, mais perso je trouve que c’est un petit pas qui ne remet pas du tout en question la culture girly (profondément essentialiste). Dire « il faut mieux laisser le choix du girly plutôt que de vouloir le chasser » contient à mon avis le risque d’abstraire le film du contexte idéologique plus général dans lequel il s’inscrit (et qui est sursaturé d’injonction aux girly à destination des filles dès leur plus jeune âge, et auxquelles Disney participe activement avec toutes ses productions audio-visuelles ou ses produits dérivés. cf par exemple les produits dérivés Mulan mentionnés ici http://www.lecinemaestpolitique.fr/disney-empire-marchandise-ideologie-25-les-produits-derives-ou-comment-disney-sapproprie-la-culture-des-enfants/)
@Paul Rigouste
Sinon, autre chose qui est assez révélateur et volontaire je pense, le fait d’avoir choisi un héros qui s’appelle Hiro. En anglais, héros se dit « hero » et que le « e » se prononce « i ».
Ca donne
Héros=Hero= »Hiro »
Le prénom est non seulement souvent révélateur mais en plus, ici, il est utilisé pour montrer que certains sont destinés à être des chefs par nature ou parce qu’ils ont des dons et que les autres sont en dessous de lui. Si franchement, c’est ça les héros d’aujourd’hui, je les vois pas comme des héros.
Dans Koizora, le petit copain abusif s’appelle aussi Hiro.
http://www.lecinemaestpolitique.fr/koizora-2007-quand-le-romantisme-justifie-les-violences-faites-aux-femmes/
Coïncidence?
Etant donné que Koizora est japonais et pas américain, je ne crois pas qu’il y avait un jeu de mots intentionnel. Mais c’est vrai qu’il y a une coïncidence troublante. Enfin, ce film craint parce que tous les personnages féminins sont stupides et les personnages masculins dégueulasses. Les nouveaux héros, malgré ses défauts, propose un personnage féminin positif comme GoGo qui est plus intelligente que toutes ces demeurées et les mecs, malgré leurs défauts apparents, ne montrent aucun signe de violence envers les femmes: le Hiro de Les nouveaux héros leur fabrique même des armes (même si, hélas, c’est du girly pour Honey Lemon) alors que le Hiro de Koizora est possessif et ne défend sa copine que pour se valoriser en tant que héros et la lâche comme une merde sous prétexte qu’il souffre et ne veux pas la faire souffrir en retour. Koizora, un film bon à mettre aux ********!
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C’est en tout cas une plaisanterie assez éculée. Je pense au personnage principal de Snow Crash/Le Samouraï Virtuel, dont le nom est littéralement Hiro Protagonist.
Il y a aussi Hiro Nakamura dans ‘Heroes’, le jeune naïf qui rêve de devenir un superhéros…
Il va falloir lancer une recherche sur tous les « Hiro américains » dans les grosses productions mis en situations d’héroïsme pour voir jusqu’où les producteurs sont capables d’aller au point de se rendre ridicules. Qui est partant-e?
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Oh pu…purée! Plus obvious que ça, tu meurs. Mais le film dont tu parles se situe dans un « contexte sérieux » ou un « contexte parodique »?
C’est un roman (un classique de science-fiction cyberpunk, au passage), et non, il n’est pas excessivement sérieux. Le nom du personnage moque l’aspect hyper viriliste et « cool » du héros cyberpunk lambda.
Dans ce cas, vu le contexte, on peut plutôt le prendre comme de l’ironie.
Il n’y a pas que ça. Apparemment, Hiro serait un prénom très courant au Japon. De plus, tous ceux qui auraient un prénom commençant par « Hi » seraient surnommés Hiro.
@Edalis
Ah l’américanisanisation des anime qui cache parfois une grande prétention (même la francisation des années 80 et 90 n’en faisait pas autant) et dire qu’ils continuent! En plus perso, je trouve que « Hitoshi », c’est plus joli que « Hiro ».
Ha, je me demandais si vous alliez parler de la scène du « utilisez votre cerveau ». C’est quand même le passage du film qui m’a paru le plus ouvertement ridicule, et je me demandais s’il y avait quelque chose à analyser d’un point de vue politique.
Par contre, je suis assez surpris que vous survoliez aussi vite la scène de la voiture et que vous ne parliez pas davantage de Wasabi. C’est un personnage noir au physique très imposant, mais à la personnalité extrêmement peu virile (il a toujours peur de tout). Il est finalement montré comme très peu utile à l’histoire, surtout si on le compare à Hiro. Mais au-delà de Hiro, je trouve assez symptomatique que la seule scène où un personnage féminin (Go Go) est mis en valeur par rapport à un personnage masculin (Wasabi), ce soit un personnage noir et peu viril.
Le fait que dans la scène de la voiture lors de la course-poursuite, ce soit GoGo qui prenne le volant à la place de Wasabi, c’est à la fois un pas en avant et un pas en arrière parce qu’elle décide de prendre le volant uniquement parce qu’il respecte le code de la route en pleine course-poursuite où ils risquent de tous se faire tuer par Callaghan s’ils ne font pas autre chose qu’accélérer et improviser et non pas pour prouver qu’une femme conduit aussi bien qu’un homme. Si Wasabi avait prouvé qu’il savait gérer la course-poursuite, GoGo n’aurait pas pris le volant. En plus, à part les yeux qui sont moins arrondis que ceux de Hiro , GoGo a été autant whitewashée que Hiro par rapport au comics d’origine(elle est japonaise mais « blanchie » pour le public occidental). Comme tu l’as souligné, Wasabi est « un personnage noir au physique très imposant, mais à la personnalité extrêmement peu virile (il a toujours peur de tout) » et GoGo est un garçon manqué donc un personnage montré comme masculin malgré son corps féminin (les sourcils un peu épais, les mèches teints en violet). C’est donc une tentative de féminisme mais détournée par du racisme et du sexisme (Wasabi est apeuré par les acrobaties de GoGo et s’exclame « Qu’est-ce que tu fais? Qu’est-ce que tu fais? » d’une voix aigue bien peu virile) puisque c’est la femme blanche qui fait preuve de virilité face à l’homme noir mais uniquement parce que celui-ci est trop bête pour gérer une situation de crise (« Je craque! » s’énerve GoGo d’une voix grave en voyant que Wasabi fait n’importe quoi avant de lui prendre brutalement le volant parce que ‘faut bien que quelqu’un de compétent gère la situation’) donc décrédibilisée. De plus, comme le dit l’article « Si GoGo avait eu le droit de conduire la voiture au début du film, les choses finissent par rentrer dans le bon ordre patriarcal » parce que Wasabi a finit par vaincre ses peurs (grâce à Hiro bien sûr) après avoir enfilé son costume et ses armes et que tout le monde aille sur le bolide Baymax commandé par Hiro. Aucun progressisme en vue: juste des petites situations sympathiques qui feront sourire les spectrateur-rices qui se sentent exclu-e-s lors des séances.
*et pour y ajouter encore plus de sexisme, en plus du fait que ce soit « l’homme efféminé sans virilité » qui se fait brutalement piqué le volant par une « femme déféminisée et virile », Honey Lemon, la fille girly, n’a absolument pas le droit de prendre le volant.
Par rapport au personnage de Wasabi, je suis effectivement d’accord que ce qu’il pouvait avoir de progressiste (le fait qu’il soit un homme peu viril) est fortement miné par le fait qu’il soit totalement au second plan (et du coup totalement éclipsé par Hiro l’homme viril).
Déjà, il y a un mécanisme raciste dans le fait de laisser l’homme noir dans l’ombre du héros blanc (ou plus exactement ici « white-washé »). Mais en plus je me demande si Wasabi ne cumule pas deux stéréotypes négrophobes :
1/ son physique absolument disproportionnellement imposant par rapport aux autres personnages me semble renvoyer stéréotype consistant à attribuer aux noirs un corps puissant (afin de les « bestialiser », de prétendre qu’ils sont moins intelligents que les blancs, de les voir avant tout comme une « force de travail » (au service des blancs bien sûr), etc.).
Et 2/ son côté apeuré me fait penser un peu à des portraits racistes de noirs qui sont toujours tremblant de peur, et qu’on retrouve par exemple chez le personnage de Jar Jar Binks dans les derniers Star Wars. Je crois que certains ont appelé ça le « Coon stereotype » (http://www.ferris.edu/jimcrow/coon/), mais je suis loin de m’y connaître sur la question, alors je m’arrête avant de dire des bêtises…
Salut,
je viens de lire les trois articles sur ce film et je les trouvent à l’égal du site… Franchement de mauvaise foi… Dans l’intégralité du site on a l’impression que vous cherchez la petite bête à un point que ça en devient agaçant et j’ai été étonné de relever pareil dans les commentaires… J’ai relevé quelques exemples pour étayer mon propos:
-Le compte des sexes incluant le robots: je pense que c’est justement quand on commence à donner un genre à un robot que ça pose problème. Il est drôle et attachant mais c’est pas un être humain pour autant. A la limite il peut substituer un remplacement à son frère. Du coup on se retrouve a 3/5 pas de bol ils sont impair. D’ailleurs vous ne pouvez pas reprochez la washisation du comic original et vous plaindre de l’équipe mal représentée puisque l’équipe du comic est avec plus d’hommes et beaucoup plus badass qu’ici (samourai d’ebene par exemple)
-Sur les personnalités des filles je ne les trouve pas girly du tout l’une est plutôt garçon manqué et l’autre est une scientifique plutôt sympa sans tomber dans le stéréotype de la geek…Mais la ou j’ai halluciné c’est quand vous la trouvez banales et caricaturale comme si la prod avait mis la « feministe de service » au bout d’un moment il faut bien que le personnage est une personnalité elle est forcement trop quelque chose… C’est terrible il lui fait une personnalité et pour qu’elle fasse rire, pleurer il faut que les émotions soit exacerbées. Sinon faisons un film chiant avec des personnages banals on va voir si ça plait aux enfants!Ils sont pas clichés les personnages, le seul qui fait des échanges larmoyant c’est Fred. Et je tiens à souligner l’importance des gilles scientifiques ça c’est un réel problème de société, je sais de quoi je parle je suis en école d’ingénieur (80h/20f)
-Sur la militarisation et la surveillance de masse alors là les bras m’en tombent êtes vous passé à coté d’un film pour enfant. L’histoire est justement classique contre l’excès de violence, la vengeance… Peut-être que pour ne pas trop inciter à la militarisation le film aurait du se passer de combats, les enfants protégeant la ville à coup d’avion en papier… Plus simple de ne pas mettre d’histoire finalement.
La surveillance généralisée est quand à elle un sujet qui me tiens à cœur et vous passez à coté du problème, le problème n’est pas la surveillance mais les surveillants. La un robot scanne le rythme cardiaque des populations gros danger pour la liberté d’expression…
Enfin toute la partie sur la déformation des personnages la washisation c’est tout bonnement ridicule le cinéma est là pour gagner de l’argent il faut donc que les personnages collent au public qu’il y ai une identification. Et là vous y voyez tout bonnement la suprématie occidentale… Est ce que les films bollywoodiens sont tournés avec des amérindiens? Non?! Complot illuminati!
A bon entendeur
Bollywood n’est pas le bon exemple. Car ils font des efforts pour montrer des minorités locales comme les musulmans dans leurs films (jetez un coup d’œil à nanarland par exemple)
Or les nouveaux héros est un film américain. Il s’y trouve bien des asiatiques entre autres là-bas. Pourtant à une exception prêt tous les héros sont blancs. Et qu’on me parle pas d’identification. Les latinos sont en phase d’être majoritaire dans ce pays et on n’en voit pas un seul dans ce dessin animé. Et pendant qu’on y est pourquoi il n’y a pas de gros. L’obésité n’existe pas aux États-Unis ?
Euh les musulmans sont loin d’etre une minorités en inde!(environ 15%)Ce qui soit dit en passant est loin d’être le pourcentage d’asiatique aux etats unis. Pourtant le film garde une partie de la culture asiatiques avec certaines références rigolote comme le golden globe. Après il faut rester réaliste ça s’adresse en majorité à un public occidental. (Les asiatiques sont loin de partager autant notre culture que nous la leur). De plus les personnages sont quand même asiatiques et on retrouve un melting pot incomplet mais présent (aucune trace de latinos ou de noir dans le comic ). On ne va pas non plus s’amuser à créer des personnages pour remplir toutes les catégories de population (surtout lorsqu’en suite on reproche d’avoir « des féministes de service »)
Quand à la référence sur les gros, faire la comparaison est à la fois absurde et méchant on ne peut comparer des ethnies à un problème de santé. Que l’on ne diabolise pas l’obésité, qu’on ne fasse pas l’eloge de la maigreur, absolument! Par contre n’allons pas glorifier des héros obèse ce n’est ni rendre service aux obèse ni une bonne image pour la jeunesse. Il vaut quand même mieux que les jeunes prennent exemples sur des personnes « normales » au point de vue physique que sur des obèse!
Ce que j’ai essayé de faire passer dans mon message précedent n’etait peut-être pas clair, il y a réellement des problèmes d’égalités ethniques de genre de sexualité dans le monde c’est indéniable. Par contre faire ce genre de procès à des films qui sont à mon sens tout à fait clean de ce point de vue là, c’est une chasse au sorcière qui fait plus de mal que de bien… Déjà parce qu’elle détourne l’attention de vrai problèmes (et ils sont nombreux) et que ça décrédibilise les mouvements en questions. Effectivement la culture joue un rôle extrêmement important mais je pense que dans la plupart des films récents critiqué sur ce site il s’agit de chercher la petite bête. Ce film est un divertissement plutôt sympa avec une touche féministe et une touche asiatique (et ne parlons pas de mad max qui est résolument féministe). Je pense que justement le cinéma et en particulier les films d’animation on fait énormément de progrès: mulan,la reine des neiges, rayponce, rebelle… Et qu’il y a vraiment d’autres choses à pointer du doigt!
bender a raison. Bollywood n’est pas le bon exemple car ils font des efforts pour montrer des minorités. Pas Hollywood ou beaucoup moins. Quand ils le font, c’est juste pour « faire plaisir » et les oeuvres ne sont pas centrées sur ces minorités en tant que personnages approfondis mais en tant que membres des groupes des héros occidentaux. Alors que ça a longtemps été l’un des pays où il y a le plus d’immigration et encore beaucoup de minorités tentent de se rendre là-bas. Il est donc anormal qu’ils ne montrent pas davantage de minorités dans leurs films. « Après il faut rester réaliste ça s’adresse en majorité à un public occidental. (Les asiatiques sont loin de partager autant notre culture que nous la leur) » Pour info, le comics original se passe au Japon, Sanfransokyo a été inventée bien plus tard. De plus, parce qu’une culture n’est pas la même qu’une autre, il faudrait l’exclure de l’industrie du cinéma? Ce serait horrible. Déjà, c’est grâce au cinéma et à la télévision qu’on voit des oeuvres étrangères et qui montrent des cultures différentes de la nôtre et ensuite, il serait au contraire très bien que les studios qui ont beaucoup d’argent montrent des héros qui suscitent l’identification à des spectateurs d’autres cultures d’autant plus que si des minorités se trouvent dans les pays en question, qu’elles soient montrées en rôles principaux, ça ne leur coûtent rien de le faire. Tu dis que les articles sont de mauvaise foi? Désolée mais dire que les personnages sont restés asiatiques (ce qui est vrai « à moitié » dans le film) en niant le whitewashing évident, c’est toi qui fait preuve de mauvaise foi. La grande majorité du public a cru que Hiro était blanc et américain avant le film et de plus, même son nom original a été changé. CQFD
Je ne nie certainement pas le washwashing le but du film c’est d’importer une partie de la culture mais le public est n’en deplaise à tout le monde occidentale si les gens veulent regarder un film asiatique ils regardent: un film asiatique. La il s’agit d’une adaptation et en toute logique ça été adapté. Pour connaitre un minimum les codes des fictions asiatiques le style est difficilement exportable (rapport à la mort notamment) Est ce qu’on repproche à Miyazaki de ne pas avoir d’occidentaux dans ses films? Non, et c’est normal je vois pas pourquoi ça choque dans l’autre sens. Il n’y a pas de volonté de privilégier une culture par rapport à une autre, c’est une adaptation c’est à dire c’est une œuvre adapté pour qu’elle plaise à un nouveau public. CQFD non, il n’y avait rien à démontrer et le fait que les gens ont pris Hiro pour un blanc ne rend le film coupable de … Rien!
On dit whitewashing pas washwashing. Ensuite, tes arguments sont pauvres. On ne reproche pas à l’industrie du cinéma en général de ne pas montrer d’autres cultures mais au cinéma américain de montrer une image erronée des autres cultures, ce qui est tout de même très différent. Miyazaki ne montre pas d’autres cultures que la culture japonaise dans ses films parce qu’il ne les connait pas et ne veut pas faire n’importe quoi avec pour ne pas insulter les gens. Disney, qui dit vouloir montrer d’autres cultures mais qui, semblerait-t-il, a moins de connaissances qu’ils ne le pensent sur ces dernières en montre une image caricaturale voire insultante et donne une image américanisée-occidentalisée de ses personnages principaux censés être eux aussi d’une culture différente de la culture occidentale. C’est encore plus flagrant dans Aladdin où le héros est plus blanc que Jafar qui porte la barbiche caricaturale de la pseudo représentation du méchant musulman. Tout ça peut te gêner si tu veux mais tu te trompes.
Miyazaki n’est pas un bon exemple. Il use aussi de références occidentales comme par exemple dans le chateau ambulant que se soit au niveau de l’architecture, des vêtements, et de l’ésotérisme. D’ailleurs le magicien est blond donc occidental.
Et puis je n’aime pas cet alibi de l’adaptation. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des copiés/collés dénués d’intérêt comme Vanilla Sky ou Un indien à New York.
Et pourquoi les gens ne pourraient-ils pas voir de nouvelles choses ? Le cinéma japonais, et espagnol ont tous deux réussit à percer dans d’autres pays.
Pour ceux qui veulent, voici des archives sur le comic original appelé Big Hero 6 (titre du film en VO) qui, on s’en doute car c’est le cas dans de nombreux Disney, n’a rien à voir avec l’adaptation-trahison qui n’a pas donnée de bons résultats-qui a été faite dans ce Disney. Voici plusieurs exemples; l’histoire originale est plutôt sombre (Hiro rejoint l’équipe après l’enlèvement de sa mère et Baymax est en réalité fait avec « les schémas d’encéphalogrammes » du père décédé de Hiro, en gros dans le monde des comics, ce qui restait de mémoire du père de Hiro juste avant que ce dernier ne meure) et on a même un peu de pédophilie entre Hiro Takachiho (et non pas Hamada)et Honey Lemon (qui en vrai s’appelle Aiko Miyazaki) qui est réputée certes comme séduisante (cliché féminin quand tu nous tiens:( ) mais surtout comme ayant l’esprit « vif et aiguisé » et travaillant « une équipe de recherches et de développements de technologies de pointe » après avoir été étudiante en sciences. Et elle et Hiro flirtent sans problème alors qu’elle est une très jeune adulte et Hiro un enfant. Rien à voir avec la gentille fille girly et sage qu’ils en font dans le film! Merci Disney:(
Je vous laisse regarder
http://www.marvel-world.com/encyclopedie-1216-fiche-big-hero-6-equipes.html
Comme cela est montré, le comic original se passe au Japon (cela a été dit dans l’article précédent sur ce film) mais chose bien révélatrice: TADASHI ET CALLACHAN N’EXISTENT PAS! Et oui, des éléments-clés du film sont juste une pure invention de Disney qui voulait adapter l’histoire avec ses codes. D’accord, Disney a réadapté de nombreuses oeuvres avec ses normes mais on y sentait quand même assez bien les ambiances générales des oeuvres d’origine-pour la plupart pas toutes, les exemples qui me viennent à l’esprit en ce qui concerne des « adaptations inutilement trop libres » sont Hercule et La Reine des neiges-oui, même Le Bossu de Notre-Dame qui prend énormément de libertés avec son support d’origine est plus proche de ce dernier. Perso, je trouve que Frollo [bien qu’il soit juge et pas prêtre mais bon, il est pratiquement habillé comme un évêque et est très religieux] et l’intolérance envers les bohémiens qu’on retrouve dans Notre-Dame de Paris sont bien transmit à l’écran) mais là, juste rien. En gros, je pense que le véritable problème du film au niveau du scénario est ça: en clair, on dirait la fanfiction d’un pré-ado (ou ado tout court au choix) qui a reprit des personnages d’une oeuvre qui lui plaisait mais en les réinsérant dans un tout autre univers et en les réécrivant à son goût Eh ben…