Paul Rigouste

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  • en réponse à : Maroon 5 – Animals (2014) #28623
    Paul Rigouste
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    Ouais, l’ambiance stalking/harcèlement pendant tout le long est pas mal aussi…

    Et je viens de réaliser que c’est le même groupe qui était responsable de « One more night », dont le clip est une perle masculiniste. Y en a qui ont de la suite dans les idées…

    en réponse à : "Les féministes n'auront pas l'Alsace et la Lorraine" #26654
    Paul Rigouste
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    Hilarant. J’adore la fin, le « soyons légers » pour lutter contre l’ « hystérisation de la société »… Fameux.

    en réponse à : Person of Interest (et ses protagonistes féminins) #26060
    Paul Rigouste
    Participant

    Oui, j’ai entendu parler de cette série. On m’avait dit qu’au début c’était un « procedural » classique (et potentiellement ennuyeux du coup, pour celleux qui n’aiment pas le genre), mais qu’à un moment, la série changeait brutalement de direction et devenait du coup plus intéressante (d’un point de vue narratif je veux dire, parce que politique je sais pas). Tout ça pour dire que moi aussi je ne lis pas tout ce que vous dites pour ne pas me spoiler, car si j’ai bien compris, il y a des trucs à ne pas spoiler dans cette série…
    (bref, le post inutile du Paul quoi…)

    en réponse à : Etudes chiffrées sur les représentations à l'écran #25923
    Paul Rigouste
    Participant

    A propos des inégalités de salaires entre stars masculines et féminines qui ne font que croître après 34 ans : http://www.usatoday.com/story/news/nation-now/2014/01/30/hollywood-women-pay-salary-men/5050433/

    (et ici un exemple : Charlize Theron qui doit batailler pour avoir le même contrat que son partenaire masculin : http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/revue-de-presse/54-lu-sur-la-toile/4146-clap-premiere-egalite-de-salaires-a-hollywood)

    en réponse à : Le conte de la princesse Kaguya #25649
    Paul Rigouste
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    Oui, tout à fait d’accord avec toi (même si mes souvenirs sont très vagues aussi maintenant). Il faut que je le reregarde de toute façon, parce que j’avais été tellement submergé par l’émotion lors du premier visionnage que je n’avais plus du tout de recul à la fin 🙂 …

    en réponse à : Agent Carter #25638
    Paul Rigouste
    Participant

    Coucou,
    J’ai regardé moi aussi le premier épisode hier soir, et j’ai trouvé ça pas mal aussi. Je suis d’accord avec tout ce que tu dis, et j’ai été moi aussi assez emballé dans la mesure où des femmes qui tiennent l’affiche chez Marvel, c’est loin d’être la norme…
    D’ailleurs, je sais pas si je me trompe, mais j’ai l’impression que la série fait beaucoup plus « petit budget » que Marvel’s Agent of SHIELD par exemple, et donc que Marvel a mis beaucoup moins d’argent ici que pour ses productions tournant autour d’une star masculine (mais peut-être que je me trompe).

    Un truc qui m’a énervé sinon dans ce premier épisode, c’est le racisme. Avec ce personnage de méchant noir qui se fait finalement flinguer dans son bureau à la fin de l’épisode. Je crois que ça m’a d’autant plus fait mal que l’acteur jouait un personnage super attachant dans la série The Wire. De le voir ici réduit à un rôle de méchant pas du tout développé m’a vraiment dégouté.

    Et j’espère sinon qu’il va y avoir un peu plus de solidarité et d’amitié féminine. Parce que le premier épisode ne présage rien de bon à ce niveau avec le meurtre de la colocataire de Carter (alors que leur relation aurait été sympa). J’ai peur qu’on nous montre une Carter isolée des autres femmes, et aussi exceptionnelle et au-dessus d’elles. Je pense par exemple à la scène finale où elle remet le client du bar à sa place, qui est d’un côté très jouissive d’un point de vue féministe, mais peut-être en même temps un peu classiste (au sens où la femme exceptionnelle et classieuse qu’est Carter vient secourir la femme des classes populaires). Ce serait pas mal que cette solidarité aille dans les deux sens, et que les femmes s’entraident (voire s’organisent). Mais bon, j’ai peut-être trop d’espoir là 🙂 …

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #25375
    Paul Rigouste
    Participant

    Après je ne comprends pas trop votre position, il me semble important de montrer qu’une partie de ce qui fait des « hommes méchants » vient de l’éducation virile non ? Je suis d’accord que ce n’est pas une excuse pour considérer ces hommes comme victimes puisqu’ils perpétuent la culture pour leur intérêt mais comme je n’ai pas perçu Ward comme une victime, pour moi tout ceci reste cohérent. Je ne sais pas si je suis clair.

    Oui tout à fait, je pense aussi que c’est très bien de montrer que la « méchanceté » des hommes n’est pas quelque chose qui serait dans leur « nature » ou qui ne concernerait que quelques « psychopathes », mais quelque chose qui s’ancre dans une éducation, une socialisation particulière.

    Ce qui me gênait dans le cas de Ward, c’était juste (1) par rapport à la comparaison avec les femmes manipulatrices-méchantes, qui n’ont quant à elles pas du tout le droit à une telle approche « sociologique », mais dont la méchanceté me semble « naturalisée », et (2) le fait que ça tournait un peu trop pour moi par moment à la victimisation de l’homme, sans montrer l’intérêt que Ward pouvait avoir à incarner une telle masculinité. La série aurait par exemple pu porter un regard critique sur la domination que Ward exerce sur les femmes, en prenant le point de vue de ces dernières. Or, à la place de ça, il me semble qu’on a beaucoup de temps sur la souffrance de Ward et de Fitz, et que la série regarde plutôt avec distance la réaction des femmes qui le condamnent sans appel.

    Mais bon, ça reste ambivalent et complexe, et je comprends très bien qu’on ne puisse pas du tout éprouver d’empathie pour ce personnage, comme vous le décrivez (dès la fin de la saison 1, il devient de plus en plus détestable, et on est clairement invité-e-s à jouir de la branlée que lui fout May).

    Après je n’ai pas spécialement perçu ce passage comme une affirmation de la « nécessité d’une domination masculine » mais plus comme une « nécessité de faire perdurer une hiérarchie ». Cela a effectivement pour conséquence de faire perdurer une domination des hommes sur les femmes car la hiérarchie « classique » met l’homme blanc au sommet donc au-dessus des femmes comme des autres races.

    Oui, je suis d’accord. Pour moi, tout ça est lié. En glorifiant ainsi Coulson à la fin de la saison, la série légitime tout ce qu’il incarne. Non seulement l’idée de hiérarchie et celle de la nécessité d’un pouvoir masculin et blanc, comme vous dites, mais aussi à mon avis tout le discours sur la nécessité du secret, dont Coulson est le représentant pendant toute la saison. Exactement comme à la fin de Captain America : Le Soldat de l’hiver, quand Black Widow dit un truc comme « vous aurez toujours besoin de nous de toute façon ».

    Pour moi il y a là une justification des pratiques des services secrets américains (secret, surveillance, répression, torture, etc.). C’est dommage parce que le démantèlement du SHIELD aurait pu être l’occasion d’une critique de fond de ces instituions (on en a d’ailleurs l’impression au début du dernier Captain America). Mais en fait pas du tout, l’idée c’est juste que les services secrets sont corrompus et qu’il faut donc les « nettoyer »/ « refonder », et pas du tout de remettre en question leurs méthodes et leur fonction dans la politique états-unienne.

    Sinon, pour essayer de préciser ce que je voulais dire quand je disais que les personnages et éléments intéressants de la série prenaient place dans des scénarios conservateurs (voire réactionnaires), j’essaie d’écrire un petit article sur un des premiers épisodes, pour donner un exemple plus concret. (Dès que j’ai le temps, je relirai aussi vos anciens posts car je crois qu’il y a des questions/objections auxquelles je n’ai pas répondu).

    Et donc la deuxième saison n’est pas top si je comprends bien ? (je demande car je me demande si ça vaut le coup que je la regarde 🙂 …)

    en réponse à : Films, séries et autres sur les trans #24634
    Paul Rigouste
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    Je viens de découvrir la série Transparent créée par Jill Soloway (http://en.wikipedia.org/wiki/Jill_Soloway). J’en ai pas encore vu assez pour savoir quoi en penser, mais ça m’a l’air potentiellement intéressant. Si y a des gens qui l’ont vue et qui ont un avis dessus ça m’intéresse.

    http://en.wikipedia.org/wiki/Transparent_%28TV_series%29

    transparent

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #24609
    Paul Rigouste
    Participant

    Coucou Doktor,

    Merci pour votre réponse. Et juste pour préciser ce que je disais de votre posture par rapport à la série, je ne cherchais pas du tout à vous « accuser » de défendre la série (j’ai un peu peur d’avoir été maladroit dans ma façon de formuler les choses, et je m’en excuse, même si vous l’avez très bien pris, et je vous remercie d’ailleurs pour ça).

    Sinon, pour vous répondre au sujet de la misogynie et plus précisément sur la pertinence de la comparaison entre les femmes fourbes et manipulatrices (Raina, Reyes, Lorelei) et les hommes fourbes et manipulateurs (Ward et Garrett). A mon avis il n’y a rien chez Garett qui s’apparente de près ou de loin au stéréotype misogyne de la séductrice que l’on trouve chez les perso féminins. Par contre, je vous accorde que c’est le cas pour Ward (je n’étais pas allé assez loin dans la série lorsque j’avais écrit le post précédent, mais maintenant que j’ai vu la saison 1 en entier, je comprends ce que vous voulez dire et je suis d’accord avec vous). Néanmoins, je pense qu’il y a tout de même une grande différence de traitement entre Ward et les personnages féminins, qui est loin d’être anodine.

    En effet, la série consacre beaucoup de temps à nous expliquer comment Ward a été éduqué par Garrett à devenir cet homme qu’il n’était pas au fond de lui. On a aussi tous les trucs autour de ses traumatismes d’enfance avec ses frères. Bref, il me semble que la série insiste sur le fait que le comportement de Ward est le produit d’une éducation/histoire personnelle très dure et traumatisante. Donc chez l’homme, être un traite/fourbe/manipulateur, ce n’est pas un comportement « normal » ou « naturel », mais ça relève plus de la « pathologie ». Rien de tout cela chez les personnages féminins, dont on n’explique pas du tout le comportement comme on le fait pour Ward, et qui peuvent donc passer pour « naturellement » fourbes et manipulatrices. A mon avis, on a donc d’un côté un discours presque « sociologique » pour l’homme, et un discours beaucoup plus essentialisant et naturalisant pour les personnages féminin (ce n’est pas explicitement essentialisant, mais en répétant un stéréotype sans jamais l’expliquer par des causes sociales, on essentialise de fait). Vous voyez ce que je veux dire ?

    A quoi s’ajoutent (1) l’ambiguité à propos de ses véritables sentiments pour Skye. Car s’il est clair qu’il la manipule, il me semble que la série le montre aussi assez tiraillé entre son rôle de traitre que lui impose Garrett et les sentiments bien réels qu’il a pour Skye (et les autres de l’équipe). Et aussi (2) toute la relation avec Fitz, qui veut croire en lui jusqu’au bout, au fait que dans le fond il est un homme bon. C’est marrant, parce qu’à la fin de la saison, l’équipe est vraiment divisée entre les femmes d’un côté (Simmons, May et Skye) qui condamnent Ward sans appel, et l’homme de l’autre (Fitz) qui veut jusqu’au bout croire en lui. Il y a presque un côté bromance entre les deux personnages, surtout quand on repense à l’épisode de l’initiation à la virilité de Fitz par Ward, qui était un peu le début de leur amitié, et le fait que Fitz est encore plus bouleversé que Skye lorsqu’il apprend que Ward les a trahi. Tout ça à mon avis tend à complexifier la figure de Ward et à la rendre au final beaucoup plus humaine que les femmes fourbes et manipulatrices (même si la branlée que lui fout May à la fin est très jouissive, je ne pense pas qu’elle balaye toutes les scènes passées à expliquer avec empathie le comportement de Ward).

    Personnellement, j’ai ressenti le discours que tient la série sur Ward comme assez pessimiste et tragique. Il m’a semblé plus une victime qu’un bourreau personnellement (après la série reste assez ambivalente sur ce point j’ai l’impression, de sorte qu’on peut sûrement le ressentir d’une manière ou d’une autre suivant notre sensibilité, mais personnellement j’ai eu l’impression qu’on tentait plus de nous emmener vers de l’empathie et de la compréhension (voire de la pitié) vis-à-vis de ce personnage). Et du coup, je pense qu’il y a ici un dispositif assez masculiniste qui montre un homme victime de son éducation virile (d’abord ses frères puis Garrett).

    Ça serait de l’anti-virilisme intéressant si la série articulait ça à une analyse de l’oppression subie par les femmes, mais ce n’est jamais le cas. Ou alors seulement de manière anecdotique, le temps d’une blague au passage, alors que pour les hommes c’est récurrent (le sommet pour moi étant l’épisode scandaleux du berserker). La preuve que la série s’en fout de la domination masculine, c’est que la première saison se termine précisément par une glorification du patriarcat incarné par Coulson, avec passage symbolique du pouvoir d’homme à homme (de Fury à Coulson). Quand on voit ce final (traité en plus sur un mode « qu’est-ce qu’ils sont cools ces Fury et Coulson »), je pense qu’il n’y a plus trop de doute sur le propos de la série sur les rapports hommes/femmes…

    Pour moi, la série met en scène une redéfinition de la virilité/masculinité dans un sens qui ne remet pas du tout en question la domination masculine. Elle ne condamne l’ultra-virilité nocive de Garrett que pour mieux chanter la gloire de Coulson, qui passe pour le patriarche le plus cool de la Terre. A mon avis, on a là une stratégie du patriarcat qui intègre à la masculinité hégémonique des qualités traditionnellement féminines (l’empathie, le cœur, la sensibilité de Coulson, sur laquelle la série insiste lourdement) pour pouvoir continuer à affirmer la nécessité de la domination des hommes sur les femmes sans passer pour trop « machiste ». En résumé, on a juste là le patriarcat qui redéfinit la masculinité hégémonique pour conserver son pouvoir (j’isole ici la dimension genrée pour simplifier, car il faudrait aussi articuler ça aussi à la dimension raciale). Vous voyez ce que je veux dire ?

    (Je m’arrête ici pour l’instant pour ne pas faire un trop gros pavé, mais je reviendrai plus tard sur vos autres questions et objections quand j’aurai le temps)

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #24401
    Paul Rigouste
    Participant

    Coucou Doktor,

    Comme je n’ai pas trop trop de temps devant moi, je ne vais pour l’instant répondre que sur la misogynie. Vous dites :

    « Je ne suis que partiellement d’accord avec le côté misogyne. C’est vrai que les antagonistes féminins sont dans le cliché de la femme fourbe et manipulatrice (Raina, Reyes, Lorelei). Cependant ces traits semblent plutôt des traits associés au méchants qu’aux femmes puisque la fin de la saison (spoiler) révèlera que les plus fourbes et manipulateurs étaient au final Ward et Garrett.
    Quand à Raina, elle reste tout de même en demi-teinte. Elle a pour moi plutôt le rôle de faire ressortir la méchanceté issue du patriarcat en subissant les méchants même si elle est dans leur camp.
    Après même en temps que femmes fourbes et manipulatrices, elle n’en sont pas réduite qu’à cela puisque Reyes reste une militaire (donc combattante) et Lorelei une asgardienne (qui peut envoyer valser n’importe quel humain). »

    Je ne pense pas que le traitement de Raina, Reyes et Lorelei soit le même que celui de Ward et Garrett. Si vous dites ça, vous occultez toute la dimension misogyne qui ne touche que les personnages féminins. En effet, quand je parlais du stéréotype misogyne de la femme fourbe et manipulatrice, je faisais aussi implicitement allusion au côté « séductrice » qui lui est la plupart du temps associé.

    Prenons le cas de Lorelei, car c’est le plus caricaturalement misogyne et masculiniste (rien qu’avec le nom qu’elle porte, on sent déjà que ça va être gratiné…). Impossible de faire abstraction ici de la dimension genrée en la posant comme équivalente à Ward ou Garrett, puisqu’il est explicitement dit que son pouvoir ne s’exerce que sur les hommes : « Le pouvoir de Lorelei ne fonctionne que sur les hommes parce qu’ils ont une faiblesse que n’ont pas les femmes » ( !!!!). Et cette faiblesse, c’est quoi ? C’est d’être vulnérable face au charme féminin. Tous les hommes tombent ainsi amoureux de cette femme fatale dès qu’elle les touche et qu’elle leur parle. Avec des commentaires à son propos du type : « ça lui donne des frissons de faire ça, surtout si l’homme est déjà pris ». Ou encore, quand Fitz culpabilise d’avoir cédé aux charmes de Lorelei, Simmons qui lui répond : « Je ne dis pas que tu es faible, je dis que tous les hommes sont faibles ». Bref, on nage en plein délire misogyne et masculiniste ici.

    Idem pour les perso de Reyes et de Raina. Si Reyes parvient à manipuler Coulson, c’est parce que celui-ci l’a aimée, et éprouve visiblement encore quelque chose pour elle. Si Raina parvient elle aussi à manipuler aussi facilement ses victimes, c’est grâce à son pouvoir de séduction. Déjà, on la surnomme « La femme à la robe à fleur », difficile de ramener plus explicitement une femme à son apparence. Et il me semble qu’on ne la voit exercer son pouvoir que sur des hommes (du moins dans ce que j’ai vu jusqu’ici). Donc à chaque fois, les femmes dominent et manipulent les hommes en suscitant chez eux le désir ou l’amour.

    Il me semble qu’il n’y a absolument rien d’équivalent chez les manipulateurs masculins. On ne surnomme pas Ward « Le garçon au slip à fleurs » 😉 , et ces deux personnages masculins n’usent pas de leur pouvoir de séduction pour manipuler leurs victimes. Tout ça pour dire qu’à mon avis, ça ne tient pas du tout de mettre sur le même plan des persos masculins et féminin pour soutenir que la série n’est pas misogyne, car cela revient à faire précisément abstraction de la misogynie.

    Et par rapport à votre argument selon lequel Reyes et Lorelei ne seraient pas réduites à des manipulatrices car capables de foutre des branlées à tout le monde. Précisément, si on en fait des femmes qui savent se battre, pourquoi recourir à ce stéréotype misogyne ? Pourquoi ne distribuent-elle pas juste des baffes ? Parce qu’on a envie de les ramener à ce stéréotype misogyne.

    Sinon, juste pour revenir à ce que vous disiez sur l’épisode avec Lorelei dans votre premier post. Je suis totalement d’accord avec vous sur le fait que Sif incarne face à elle la bonne féminité = la féminité qui défend l’ordre patriarcal (c’est explicite dans le passage où elle dit un truc du genre « je me soumets pleinement à la volonté d’Odin »). Je trouve cet épisode vraiment horrible. Par exemple, le fait de mettre un collier pour fermer la gueule à la femme qui ose désobéir au pouvoir patriarcal, je trouve ça symboliquement ignoble (je rappelle que ce truc a été écrit en 2014, personnellement je trouve ça affligeant). Et aussi le fait de donner à une femme (Sif) le rôle de mettre le collier à la méchante femme, je trouve ça aussi symboliquement vraiment moche (« c’est pas misogyne puisque c’est une femme qui le fait »…).

    Mais bref, tout ça pour dire que vous contrebalancez immédiatement cette analyse très juste en disant « De l’autre cet épisode rend honneur à Sif en lui permettant d’exprimer pleinement sa valeur et son talent de guerrière alors qu’elle est complètement éclipsée dans les films consacrés à Thor », comme si ça enlevait quelque chose à la misogynie du truc. Au contraire, c’est absolument scandaleux que ce personnage féminin super-balèze ne puisse être développé que dans un épisode ultra-misogyne, et uniquement valorisée dans le rôle de gardienne du patriarcat. J’ai l’impression que vous tenez absolument à « sauver » la série même lorsqu’elle dépasse les limites de l’horreur au niveau politique… Je suis d’accord qu’il y a quelques trucs bien par ci par là dans cette série (même si ça reste pour moi de l’ordre de l’anecdotique, alors que le sexisme et le racisme me semblent beaucoup plus structurants), mais quand je vois des épisodes comme celui avec Lorelei, j’ai juste envie de dire « non, non et re-non ! ». Non ? 🙂 .

    en réponse à : Sherman et Mr Peabody #24396
    Paul Rigouste
    Participant

    Coucou,

    Tout à fait d’accord avec vous. J’avais moi aussi trouvé ce film totalement puant quand je l’avais vu. Je ne m’en souviens plus en détails car ça fait longtemps, mais une scène m’avait particulièrement horrifié. Il s’agit du moment où Mr. Peabody est convoqué dans le bureau du directeur et où on le menace de lui retirer la garde de Sherman au motif qu’il serait responsable du comportement dangereux de son fils adoptif (si je me souviens bien).

    A mon avis, cette scène est un sommet de masculinisme. Non seulement Sherman est ici injustement accusé d’avoir tourmenté une fille alors que c’est elle qui l’a persécuté, mais en plus Mr. Peabody se retrouve face à une femme des services sociaux absolument immense et effrayante, et à côté de laquelle le directeur a l’air d’un pauvre homme tout terrorisé. Donc, pour résumer, on a un pauvre papa injustement menacé par une affreuse femme dominatrice de se faire retirer la garde de son fils. Bref, le discours masculiniste le plus décomplexé qui soit.

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #24347
    Paul Rigouste
    Participant

    @ Yael (sur Angents of SHIELD)

    Ok, je vais finir de regarder la saison alors pour voir. J’avoue que j’ai du mal à imaginer comment la série peut arriver à retourner la vapeur tellement ça part de loin, mais il faut être optimiste 🙂

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #24330
    Paul Rigouste
    Participant

    Ah d’accord, je n’avais pas remarqué pour Chloe Bennet (effectivement, je ne la trouve pas vraiment très « typée » physiquement, ce qui n’est peut-être pas un hasard). Après, si les rapports hiérarchiques restent les mêmes dans la suite de la série ça reste toujours aussi craignos, voire encore plus (la femme non-blanche sous le commandement de l’homme blanc). Mais bon, si j’en crois ce que vous dites, ça s’arrange un peu par la suite, donc je vais attendre de voir avant de parler…
    Après je ne vois pas trop en quoi la relation maître/disciple est moins problématique que la relation père/fille. C’est toujours un rapport de domination non ? Certes si lae disciple finit par égaler ou dépasser le maître, on sort du rapport de domination, mais précisément parce qu’on sort de la relation maître/disciple, non ?

    A propos de Nick Fury, je suis d’accord que c’est le chef « suprême » dans l’idée, mais de ce que j’ai vu pour l’instant, on ne le voit quasiment jamais (contrairement à Coulson dont le commandement est perpétuellement montré). Au final, que ce soit dans cette série, dans les Avengers ou dans Captain America et le soldat de l’hiver (qui est peut-être le film qui lui donne le plus de place), Nick Fury reste un personnage secondaire.

    Ça me fait penser aussi au personnage de Victoria Hand, qui est aussi une supérieure hiérarchique que l’on voit beaucoup moins que Coulson. Elle n’a eu un peu de place que dans deux épisodes pour l’instant (dans ceux que j’ai vu je veux dire), et je reste un peu dubitatif quant au discours que la série tient sur elle. En effet, j’ai eu l’impression que, dans les deux cas (épisode 7 et 11), elle servait un peu de repoussoir au niveau de sa manière de commander. Il m’a semblé qu’elle incarnait un commandement plus « froid » et « rationnel », opposé au commandement et aux méthodes plus « humain-e-s » de Coulson et des agents du SHIELD. Si je me souviens bien, dans l’épisode 7, on a au départ les femmes de l’équipe qui désobéissent à Coulson pour aller chercher les hommes qui sont partis au front, mais finalement Coulson vient avec elles, parce que c’est un brave type en fait. Et du coup illes font tou-te-s ça sans le dire à Hand, qui est prête à sacrifier les deux agents. Il me semble que la figure de Hand joue ici le rôle de repoussoir qui permet de valoriser encore plus le pouvoir de Coulson l’homme blanc (qui totalise à la fois la rationalité et les sentiments, alors que Hand semble trop « rationnelle »). En résumé, j’ai l’impression que le pouvoir féminin n’est pas valorisé ici (en lorgnant en plus dangereusement vers le stéréotype misogyne de la femme de pouvoir froide et sans émotions), et qu’il sert même à valoriser encore plus clairement le pouvoir de l’homme blanc.

    en réponse à : Marvel's Agents of SHIELD saison 1 #24318
    Paul Rigouste
    Participant

    Coucou,

    J’ai commencé à regarder la série, que je trouve très bien faite, mais politiquement très très craignos. Je trouve bien que tu annonces d’emblée que tu te concentres sur les trucs qui t’ont paru les plus intéressants politiquement, en passant plus vite sur ce qui est moins bien, et donc que tu assumes une « positive attitude » 🙂 . Mais je me demande s’il n’y a pas un peu un danger à faire ça, au sens où cela revient souvent concrètement à occulter le caractère très problématique de la série sur de nombreux points. J’ai rien contre le fait de valoriser des trucs biens, mais le risque à mon avis là-dedans c’est que ça tend peut-être à occulter tout un tas de trucs très très problématiques. Personnellement, j’ai l’impression que pour avancer politiquement, il est souvent plus efficace de chercher les problèmes plutôt que se féliciter des trucs cools. Après c’est sûrement mon tempérament aussi. Et je trouve aussi très bien de le dire quand des choses avancent, ça fait du bien au moral en plus. Mais là dans cette série je trouve personnellement que ça craint quand même pas mal au final (du moins ce que j’en ai vu pour l’instant).

    Un des trucs qui me choque le plus, c’est le sexisme et le racisme structurants. L’équipe est composé dans son immense majorité de blanc-he-s, et si il y a effectivement une parité hommes/femmes, on reste quand même dans un schéma méga-patriarcal de la « grande famille » rassemblée autour de l’homme blanc, ce chef à la fois détenteur de l’autorité, mais aussi compréhensif et bienveillant. Et face à elleux, on a des antagonistes qui sont quand même très souvent des femmes et/ou des non-Blanch-e-s, dans leur majorité en tout cas pour les épisodes que j’ai vus.

    Plus précisément, j’ai l’impression qu’il y a d’un côté les méchant-e-s incurables qui doivent mourir, et de l’autre les méchant-e-s pas vraiment méchant-e-s, qui doivent être sauvés par les gentil-le-s agents du SHIELD, qui vont leur montrer la voie de la rédemption. Et comme par hasard, les deux personnages les plus émouvants dans ce dernier cas de figure sont des Noir-e-s (Peterson et Amador). Pour moi on a là des exemples typiques du trope du « sauveur blanc » (l’épisode 5 avec le chinois est pas mal non plus dans le genre). Du coup, dans les deux cas ça reste méga-raciste.

    Sinon, par rapport à la représentation des femmes dans la série, j’ai l’impression que tu tends à minimiser la misogynie de la série dans la représentation des antagonistes, comme par exemple Camilla Reyes dans l’épisode 2 ou la bien nommée « Femme à la robe à fleurs » de l’épisode 5, que l’on retrouve plus tard (deux non-Blanches d’ailleurs). Pour moi, ça verse dans la misogynie la plus crasse ici, avec des stéréotypes de femmes fourbes et manipulatrices. Quand on met ça en rapport avec le fait que l’équipe est organisée autour du chef blanc (dont la légitimité à commander est très souvent réaffirmée par les membres de l’équipe, le sommet du genre étant peut-être l’épisode 11, dans les épisodes que j’ai vus), je pense qu’on a globalement un schéma très patriarcal, avec d’un côté la bonne féminité au service de l’homme blanc, et de l’autre la mauvaise féminité (très souvent racisée) qui n’obéit pas à sa loi.

    C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai un peu de mal avec ta « symétrisation » des personnages masculins au sein de l’équipe. Je suis d’accord en gros pour symétriser les « muscles » et pour les scientifiques, mais en ce qui concerne Coulson et Skye, je trouve qu’on est très loin de l’égalité. Au contraire, on est dans un schéma méga-patriarcal avec d’un côté l’homme d’âge mûr (chef et figure paternelle de surcroît), et de l’autre la jeune (et jolie) jeune fille novice. En plus je ne trouve pas que le film soit particulièrement très critique vis-à-vis de pratiques symboliquement assez craignos, comme par exemple le fait que Coulson mette un bracelet électronique à Skye pour la surveiller, bracelet qu’il a l’infinie bonté de lui enlever une fois qu’elle a montré son dévouement total au père (dans l’épisode 11).

    Et par rapport à May, déjà, vu l’ambiance raciste de la série, je trouve plutôt craignos qu’elle soit constamment ramenée à sa « race » (le côté kung fu, sagesse et tai chi). Tu évoques ça comme si c’était normal, mais c’est pas normal, c’est normé et normatif. Et sinon par rapport à sa féminité au départ assez anti-conventionnelle (le côté solitaire, « froide » et badass), j’ai l’impression que la série tente de l’ « expliquer », comme si ça ne pouvait pas être « naturel » pour une femme d’être comme ça. Je pense notamment à l’épisode 9 avec le Berserker. Ce n’est pas un hasard si cet épisode suit celui dans lequel May se révèle vraiment badass (quand elle utilise sans flancher le bâton qui a fait péter un boulon à Ward). Dans l’épisode 9, on nous explique qu’ « elle n’était pas comme ça avant », qu’elle était « chaleureuse », mais elle a vécu un traumatisme horrible au Bahreïn, et du coup elle est devenue comme ça. Donc non seulement on nous « explique » les raisons pour lesquelles sa féminité n’est « pas normale », mais en plus elle est l’épisode cherche clairement à la « normaliser/féminiser » : on nous montre d’abord qu’elle a une sexualité (hétérosexuelle avec le gros viril de service), puis qu’elle a de l’empathie et de la compréhension pour les hommes (dans la scène avec le berserker). Ce qui est marrant d’ailleurs avec cette scène, c’est que la série n’accorde même pas à May le droit de résoudre le problème toute seule, puisqu’elle n’a fait que répéter au berserker le discours que Coulson lui avait sorti pour la réconforter après l’épisode traumatique au Barheïn…

    Bref, j’arrête là car il y aurait vraiment à dire sur plein de trucs avec cette série (que je trouve aussi à de nombreuses reprises dangereusement masculiniste), mais c’était juste pour donner rapidement quelques exemples. J’essaierai peut-être d’écrire un petit truc sur un épisode en particulier, juste pour essayer d’expliquer un peu mieux comment au final des personnages ayant quelques aspects progressistes d’un point de vue féministes sont mis en scènes à l’intérieur de scénarios qui restent à mon avis très sexistes.

    Après je ne suis pas en train de dire que ce que tu dis est totalement faux. Au contraire, c’est la plupart du temps très fondé et intéressant. Mais je me demande s’il n’y a pas un danger à occulter aussi souvent les trucs problématiques, au sens où ça revient souvent à occulter les rapports de dominations à l’œuvre (de manière assez systématique à mon avis) dans la série. Mais bon, c’est complexe de toute façon, et c’est pour ça que c’est bien d’en discuter et d’avoir des avis différents sur le sujet :-). Merci en tout cas de m’avoir donné envie de regarder cette série, et merci encore pour cette analyse très intéressante.

    en réponse à : Gaston Phébus #24316
    Paul Rigouste
    Participant

    J’ai les poils qui se dressent et les pectoraux qui se gonflent rien qu’à la lecture du résumé…

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