Whitewashing ! Plus blanc que blanc
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Julie GasnierInvité
J’adore…
(Et ça me rappelle Dumas joué par Depardieu comme quoi ça pourrait arriver)
SkratschInvitéEst-ce que l’action du film se passe au Japon ? Les adaptations américaines de manga sont souvent transportées aux USA, malheureusement, et dans ce cas c’est tout le casting ou presque qui blanchit.
Dans une autre registre, voici une image de l’état-major turc du film Dracula Untold.
Au centre, le sultan Dominic Cooper, à sa droite le soldat turc Thor Kristjansson. Alors je veux bien que les Turcs soient majoritairement moins typés qu’on n’a tendance à l’imaginer en occident, mais c’est peut-être un peu excessif.
De manière générale, le film est assez ahurissant de manichéisme, on a un héros blanc caricaturalement parfait qui extermine des armées de vilains bronzés musulmans par paquets de mille sans le moindre remord, un vilain sultan aux motivations totalement absurde (ou alors il a des quotas de méchanceté à remplir) et une épouse modèle qui a été tellement bien formatée qu’elle rentre plus ou moins d’elle-même dans le frigo.
DeliennInvitéEst-ce que l’action du film se passe au Japon ?
De mémoire, oui. D’ailleurs, la plupart des personnages principaux ont des noms bien japonais (Aramaki, Ishikawa, Saito), il y a des tas de trucs écrits en japonais dans les rues. Donc, si ça ne se passe pas au Japon, c’est vachement bien imité ^^
ça me fait penser à ce projet d’adaptation d’Akira, dans lequel Neo-Tokyo serait devenu Neo-Manhattan… sachant qu’en plus le manga est extrêmement marqué par le traumatisme d’Hiroshima, la transposition aux USA aurait sûrement été comique…
Heureusement, a priori, c’est tombé à l’eau.Manque de bol, ils se sont rabattus sur Ghost in the Shell. Avec une blonde aux yeux bleus et la musculature d’une poupée Barbie. Quelle bonne idée…
Après, les Américains ne passent pas tout à la moulinette du whitewashing. La preuve, quand ils ont adaptés le livre Mémoire d’une Geisha, ils ont fait appel à des Chinoises et une Malaisienne (irony inside).
ArrowayInvitéJ’ai regardé le film Ghost in the Shell ce week-end. Je confirme que cela se passe bien au Japon, par contre de base, la moitié des persos ont déjà un profil bien caucasien, surtout les cyborgs.
La sexualisation des femmes dans le film est tout à fait hallucinante : et que je te la montre nue, et qu’elle cambre pour mettre les seins en avant (même allongée et inconsciente, elle est super forte), etc.
A la fin, ils montrent deux corps de femmes dont il ne reste que la tête et la poitrine… je me demande même pourquoi ils ont laissé la tête, tiens.
DeliennInvitéEt encore, par rapport au manga, ça reste soft =_=
A croire que présenter une femme forte (physiquement et mentalement) fait trop peur à nombre d’auteurs et qu’il leur faut « exorciser » cette peur en sexualisant à outrance leurs personnages.
Pourtant, c’est possible de faire une femme forte et badass sans la sexualiser à outrance. Je pense par exemple à Balsa, l’héroïne de la très bonne série Seirei no Moribito (d’ailleurs, dans cette série, Tanda, l' »ami » de Balsa la guerrière, qui est sûrement plus qu’un ami, est un guérisseur non violent et pas très costaud, ça change aussi ^^). La série a des défauts, Balsa aussi, mais je trouve quand même que son héroïne n’est pas mal du tout, de ce point de vue (en plus, elle a une voix grave et un peu rauque, c’est hyper rare dans un anime, mais c’est tellement plus crédible que les voix aiguës habituelles…)
Un petit extrait pour la route : https://www.youtube.com/watch?v=33d9_gAncYcMais je dévie un peu trop du sujet là ^^
an30oInvitéCe qui est amusant je trouve, c’est de parler de »corps de femmes » dans un film où justement la distanciation entre le corps et l’esprit est le point fondamental. Le puppetmaster habite (accidentellement) un corps de femme, mais il n’est pas genré ; son visage est relativement androgyne d’ailleurs. Motoko est très certainement une femme, mais le corps qu’elle habite n’est pas le sien, elle devra le rendre en quittant la section 9. Son corps cybernétique est sexualisé, mais il est pourtant incapable d’une sexualité normale, c’est une machine et le fantasme sexuel à son égard est donc très malaisé.
J’ai du mal à percevoir s’il y a de l’ironie dans le dernier commentaire d’Arroway, mais l’explication me paraît pourtant aisée. Le final consiste en un abandon du corps cybernétique de la part du major et du puppetmaster, vers une fusion mentale, seule la tête, réceptacle logique de l’esprit est nécessaire. Au final, Motoko et le puppetmaster ne s’auto-définissent jamais par leurs corps mais par leurs esprits (d’où le titre du film).
Personnellement je perçois la sexualisation du corps du major comme une pique à l’animation japonaise et peut-être même directement au manga, justement parce que contrairement à la version papier, la Motoko du film est un personnage complètement asexuel et qui toujours est dans une dimension de l’esprit plutôt que du corps. Le corps mis en avant est un appât ou une diversion, et cela est surtout révélé par opposition à tout ce que le major a à dire, en particulier sur le détachement qu’elle éprouve vis-à-vis de son corps. C’est pas forcément sans taches et ça permet le fan-service mais bon…
ArrowayInvitéIlles ont encore fait fort, sur le film à venir sur les émeutes de Stonewall :
LA RÉAPPROPRIATION DE LA NARRATION, DERNIER RECOURS DES AFRODESCENDANT.E.S LGBTQIA+
https://badassafrofem.wordpress.com/2015/08/14/la-reappropriation-de-la-narration-dernier-recours-des-afrodescendant-e-s-lgbtqia/La bande-annonce de la version hollywoodienne des émeutes de Stonewall a donc été divulguée le 4 août 2015 dans ce contexte de concurrence entre des formes de militance bien distinctes : celles, institutionnelles, qui visent à se rapprocher de la norme blanche et patriarcale. Contre celles, issues du terrain et des minorités, dont les revendications vont du droit au changement d’état civil, à la décriminalisation du travail du sexe, en passant par l’accès à la PMA, le respect de l’intégrité physique des personnes intersexes ou encore l’obtention de titres de séjour. C’est pourquoi le choix de remplacer Marsha P Johnson, une femmes noire trans, par un personnage d’homme blanc cis et gay a pris une dimension hautement politique et symbolique puisque les non-Blanc.he.s de la communauté LGBT se sont vu.e.s, une fois de plus, effacées de l’histoire qui n’aurait pas été écrite sans elles/eux.
AltairInvitéDécidément les mangas ont le vent en poupe à Hollywood… en version whitewashée :/
Après Ghost in the shell, c’est au tour de Death Note.
Il semblerait qu’il ait même été explicitement mentionné au casting qu’il ne fallait SURTOUT PAS un asiatique pour jouer le héros…
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