Teen Wolf, saison 1 et 2

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  • Ce sujet contient 20 réponses, 3 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Liam, le Il y a 1 mois.
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  • #5740 Répondre
    Liam
    Maître des clés

    tw

    Bon je suis plus ou moins accro à cette série, et je voulais juste écrire deux mots sur son caractère scandaleusement sexiste.

    Outre le générique, qui en soit est assez remarquable (corps d’homme ultra sculpté dans des poses violentes qui évoque la puissance ou qui se rentrent dedans, corps de femmes soit qu’on protège soit qui se trémousse de manière sexy couverts d’un liquide visqueux noir*), cette série reproduit de manière assez typique les schèmes les plus sexistes qui soient.

    Il n’y a aucun personnage loup-garou féminin jusqu’à la deuxième saison, et dès lors elle est immédiatement renvoyé à son sex appeal.
    Les seuls personnages féminins « fortes » (la mère et la tante d’Alisson) sont soit complètement frigide soit complètement psychotique, soit les deux (la mère d’Alisson qui tente de tuer Scott dans la saison 2). Ah c’est sur qu’une femme qui a du pouvoir, c’est jamais bon…

    Le personnage de Lydia, me semble être un concentré misogyne assez remarquable. D’une vanité absolue, toujours à la recherche du mâle le plus fort (dès que Scott fait quelques strikes de suite au bowling elle cherche à le chauffer), manipulatrice et séductrice, nous avons affaire ici à mon avis à un personnage particulièrement misogyne.

    Les femmes, dans Teen Wolf, sont globalement là pour soit montrer qu’elles ne savent pas gérer le fait d’avoir du pouvoir, soit pour être des séductrices qui se servent de leur corps pour arriver à leur fins, soit à être des pauvres femmes en détresse qu’il faut sauver, ou protéger.

    Tout ceci serait déjà assez désagréable, mais en plus cette série se permet de faire de temps en temps des choses encore plus désagréables, c’est à dire se donner des airs de progressisme.
    Deux exemples me viennent en tête.
    Le premier c’est lorsque Jackson snobe Lydia à la danse d’hiver dans la saison 1. Lydia se dit juste après « I will not fall prey to society’s desire to turn girls into emotional, insecure neurotics who pull up their dresses at the first flattering remark. »

    Traduction:

    « Non je ne sombrerais pas dans le piège de notre société qui veut transformer les filles en des névrosées émotives et qui manquent d’assurances et qui lève la jupe à chaque fois qu’on les flattes »

    Lydia la féministe, youpiiiiieeeeuuuuuhhhhhh en fait non…parce que la prochaine phrase c’est « Moi je trouve que tu es très belle » de Stiles, et hop Lydia elle sourit en disant « Vraiment? » et lui donne la main pour qu’illes aillent au bal ensemble…

    Le deuxième c’est lorsque le père d’Alisson lui explique comment fonctionne sa famille:
    « No. See, our family has a surprisingly progressive tradition. Knowing wars and violence are typically started by men, we place the final decisions, the hard ones – With the women. Our sons are trained to be soldiers. Our daughters, to be leaders. »

    Traduction:

    « Non tu vois, notre famille à une tradition étonnement progressiste. En sachant que les guerres et les violences sont typiquement débutées par les hommes, nous laissons les décisions ultimes, celles qui sont très difficiles, avec les femmes. Nos films sont élevés pour être des soldats. Nos filles, des cheffes. »

    Bon, passons le sexisme inhérent à la « tradition » en question, et concentrons-nous sur le fait qu’à ma connaissance, JAMAIS les deux premières saisons de Teen Wolf ne nous montre les femmes de la famille Argent prendre des décisions, importantes ou pas, qui régiraient le fonctionnement de la famille et de ce que font les hommes. Par contre, des discussions entre Chris et Gerard (Gerard qui se décrit lui même comme un patriarche) qui prennent des décisions sur ce qui va se passer, là il y en a à la pelle.

    Du coup, cette série misogyne et sexiste se permet de se faire passer pour progressiste, quand bien même il me semble être d’un archaïsme réactionnaire assez flagrant.
    Ces petites pirouette hypocrites m’ont peut-être ce qui m’a le plus gonflé avec cette série.

    Bon là je n’ai parlé que des personnages féminins, mais il y aurait plus à dire sur les personnages masculins, notamment Scott « l’homme-qui-souffre-terriblement-de-son-pouvoir-et-du-fardeau-de-la-responsabilité-de-protéger-tout-le-monde », mais je n’ai pas envie d’écrire trois tonnes sur cette série.

    Juste un mot sur le personnage d’Alisson, qui semble vouloir s’émanciper de sa position de femme en détresse qu’il faut sauver, mais que la série montre encore et encore dans précisément cette position, et qui est constamment bouleversé par tout ce qui lui arrive.
    Le choix de faire de ce personnage une experte à l’arc me semble bien répondre à la nécessité pour cette série de montrer en quoi les filles « bien » ne s’approprient pas la violence masculine, car sinon elles sont soit psychotiques soit trop sexuelles (des salopes), à l’image de Erica et la tante d’Alisson.

    Teen Wolf me semble être une série réactionnaire et sexiste qui frise à plusieurs moments l’anti-féminisme, vu qu’il thématise certaines revendications féministes pour soit les détourner soit montrer en quoi elles seraient ridicules ou porteuses de dangers.

    PS. J’avais écrit tout ça avant de voir les trois derniers épisodes de la saison 2. Dans ces épisodes, nous voyons Alisson prendre une décision, sous le coup de l’émotion car elle vient de perdre sa mère et la série nous montre qu’elle est totalement manipulé par Gerard pour que celui-ci puisse se guérir du cancer qui l’affecte.
    Du coup, pour moi, la série nous montre en surface une femme prendre une décision, et nous montre pourquoi c’est pas une bonne idée et en quoi de toute manière c’est en fait un homme qui prend les décisions.
    La fin de la saison nous remontre Alisson bouleversée par tout ce qui lui arrive (n’est d’ailleurs jamais traité le fait que sa mère à essayer de tuer Scott, mais passons, car la série n’est pas à une incohérence monumentale prêt…), et qui se réfugie dans les bras de Papa.

    *l’exception c’est Alisson, qu’on voit à un moment avec un arc à la main

    • Ce sujet a été modifié Il y a 10 années, 9 mois par Liam.
    • Ce sujet a été modifié Il y a 10 années, 9 mois par Liam.
    • Ce sujet a été modifié Il y a 10 années, 9 mois par Le cinema est politique.
    #5746 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    Effectivement, ça a l’air velu comme série…
    (hihi… velu… loups-garous… poils.. velu… blague… qu’est-ce que je suis drôle).

    Les trucs que tu dis sur le virilisme du générique et sur le fait qu’il n’y ait quasiment pas de louve-garou me fait penser à un truc : le fait que la plupart des figures classiques de l’horreur et du fantastique soient (encore aujourd’hui) assez strictement caractérisée par une appartenance de « sexe » (ou parfois aussi de classe).

    Le loup-garou me semble typiquement un mec (cf. par exemple le film avec Jack Nicholson et le récent film d’animation Les enfants loups, où papa est un loup-garou et pas maman, et où le fiston se sent plus loup dans son cœur alors que la fille se sent plus humaine : http://www.lecinemaestpolitique.fr/les-enfants-loups-ame-et-yuki-2012/). Ptet que y a un truc autour des pulsions violentes que les hommes sont censés avoir au fond d’eux, pulsions difficiles à maîtriser, bref, tout le discours naturalisant/essentialisant la « différence des sexes » et la domination masculine quoi.

    A l’inverse, les sorcières sont le plus souvent des femmes, comme aussi les filles possédées. Je sais pas trop pourquoi, j’y ai pas du tout réfléchi, mais j’imagine que c’est aussi bien sexiste.

    Et après il y a des figures qui me semblent moins genrées mais plus caractérisées par une appartenance de classe, comme les zombies par exemple, qui sont toujours au pluriel, et qui incarnent plutôt le peuple, cette masse décérébrée qui pullule dangereusement (et qui est soit plutôt amorphe dans les vieux films type Zombie de Romero avec les zombies qui errent dans le supermarché, soit au contraire ultra-agressive comme dans des films récents comme World War Z où les zombies évoquent plus une sorte d’insurrection/révolution dangereuse, avec un côté raciste aussi dans le passage à Israël, où les zombies se jettent la tête la première comme une bande de terroristes-kamikazes complètement fous …)

    Et à l’inverse, le vampire me semble plutôt être traditionnellement l’aristocrate (ou du moins le riche) qui vient sucer le sang du peuple (par exemple dans Daybreakers : http://www.lecinemaestpolitique.fr/daybreakers-2010-le-capitalisme-cest-la-mort/). Après y a ptet aussi une dimension genrée, au sens où il me semble que c’est souvent un homme qui veut sucer/violer des jeunes femmes. Mais j’y connais rien.

    Si jamais quelqu’un-e a réfléchi à tout ça et à des idées plus précises (ou alors connaît un bouquin qui analyse ces figures d’un point de vue politique), ça m’intéresse !

    #5747 Répondre
    Liam
    Maître des clés

    Ouais la métaphore de la pulsion violente des hommes est méga présente dans Teen Wolf.
    Je ne me souviens plus exactement des détails de la saison 1, mais il me semble même qu’il y ait un parallèle de fait avec la pulsion sexuelle, qu’il s’agirait (très difficilement) d’arriver à contrôler pour les hommes, et une des façon d’y arriver c’est l’amouuuuuuuur d’une femme. Mais une femme « bien », évidemment.

    Par contre, c’est un des (rares) trucs positifs de la série, au moins illes ne nous font pas le coup de la virginité, car Scott et Alisson couchent ensemble plein de fois, et on a même droit à une conversation entre la mère et Scott à ce sujet. Ca aurait pu être traité d’une façon plus intelligente à mon avis, mais au moins c’est pas du Twilight avec la virginité (pureté) qu’il s’agirait de conserver.

    Ya un truc qui me revient, à un moment dans la saison 2 ya Derek qui est en train d’expliquer à ces protégé-e-s que « ce genre de pouvoir vient avec un prix », et comment ça va se passer durant la pleine lune, qu’illes vont perdre tout contrôle et vont avoir envie de tuer tout le monde etc., et Erica dit « Je suis contente que j’ai eu mes règles la semaine dernière alors ».
    J’ai l’impression, sans en être sur, que ce genre de réplique (sexiste, bien entendu) nous montre bien que l’animalisation des loups-garous (qui sont quasiment tous des hommes donc, et quand c’est une femme elle est hyper-sexualisée) est une naturalisation de dominant, car elle confère une puissance, alors que la naturalisation des femmes, elle, est toujours négative, car c’est une naturalisation d’un groupe dominée.
    Dans notre société, on peut entendre des choses comme « bin c’est pas sa faute c’est un homme, il a des pulsions », mais quasi-uniquement pour dédouaner les hommes de certains comportements qui leur donnent des privilèges, par exemple un accès inquestionné et inquestionnable aux corps des femmes.

    Je me souviens d’un truc dans une brochure sur Collette Guillaumin, où il était expliqué qu’un groupe dominant-e-s veut bien se prêter au « jeu » de la naturalisation, mais uniquement si ça vient légitimer ou les déresponsabiliser au sein d’une oppression qu’illes exercent.
    Donc les blanc-he-s veulent à la rigueur bien dire que leur place naturelle c’est être les gens intelligents qui commandent les autres, même si ça les naturalise en partie, PARCE QUE un tel discours légitime leur place de dominant.
    Également, les hommes veulent bien accepter un discours naturalisant/biologisant, mais uniquement à condition que celui-ci légitime leur domination.
    C’est pourquoi j’ai l’impression que la vaste majorité des discours biologisant/naturalisant visent les groupes dominés, et les groupes dominants développent surtout autour d’eux-mêmes un discours à base de « nous nous sommes élevées au-dessus de la nature et nous la dominons ».

    #5748 Répondre
    Arroway
    Invité

    Ce serait intéressant de comparer cette série avec True Blood, qui comprend si je comprend bien à peu près les mêmes ingrédients mais en version plus « adulte » et semble, bien que criticable sur un certain nombre de points, quand même moins mauvaise du point de vue des représentations.

    #5749 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    @ Liam

    Très intéressant ce truc de Colette Guillaumin sur les dominants qui acceptent parfois le jeu de la naturalisation seulement dans les cas où ça sert à naturaliser leur domination.

    Ça me fait penser aux raisonnements utilisés par les spécistes pour légitimer la domination des humains sur les animaux (et donc en dernier lieu leur consommation de viande). D’un côté, les animaux sont renvoyés à la nature tandis que les humains se sont hissés au-dessus de la nature pour accéder à la culture (ce sont des êtres « de raison », « de langage », « de liberté », ou autre fadaises du même tonneau), d’où leur supériorité. Mais d’un autre côté, quand il s’agit de justifier le fait de tuer des animaux pour les manger, on voit souvent revenir les arguments naturalisant les humains : la consommation de viande serait chez nous naturelle, car au fond nous sommes des carnivores, des prédateurs, etc.

    Au passage, j’ai l’impression qu’il y a un lien entre cette idéologie spéciste et le virilisme que tu pointes dans Teen Wolf. Le loup-garou c’est à la fois le mec qui a des pulsions violentes difficiles à maîtriser, mais c’est aussi le prédateur, celui qui dévore tout ce qui passe (c’est d’ailleurs pour ça que le Lapin-garou que combattent Wallace et Gromit dans un de leur film a une dimension comique : parce qu’il ne bouffe que des légumes, donc porte le nom d’un prédateur sans en être vraiment un, car le « vrai prédateur » bouffe de la viande).

    Je me demandais d’ailleurs à ce sujet en quoi consiste le plus souvent les actes violents des loups-garous. Je crois qu’ils déchiquètent surtout des animaux et des humains (ce qui renvoie à la dimension spéciste : l’humain est un prédateur refoulé), mais est-ce qu’ils agressent/violent aussi des femmes ? Par exemple dans Teen Wolf, s’il y en a ?

    #5751 Répondre
    Nîme
    Invité

    Ce lien entre lycanthropie et virilisme se retrouve également dans Buffy : la grande crainte de Oz est de ne pas se contrôler quand il se transforme et donc de faire du mal aux autres. Dans un épisode c’est étroitement mis en parallèle avec un lycéen violent qui se transforme également en monstre, et maltraite sa petite amie (laquelle le protège par sentiment de culpabilité), ce lycéen fait des victimes et Oz a très peur qu’elles puissent être de son fait. Ça se voit également dans un autre épisode où il rencontre une louve-garoue, effectivement explicitement tentatrice : sous sa forme de loup il couche avec elle (trompant donc sa petite amie), puis comme elle veut l’inciter à ne pas rester en cage lors de ses transformations (« les loups-garous doivent courir libres ») elle va menacer Willow, alors lui se transforme et la tue. En somme, le loup est la forme sous laquelle il 1) a des relations sexuelles incontrôlées, 2) est violent sans pouvoir se maîtriser, ce qui est généralement négatif mais peut aussi lui permettre de sauver les siens.

    Sur le lien avec la consommation de viande, je pense aussi au personnage d’Angua dans les livres du Disque-Monde, louve-garoue végétarienne sous sa forme humaine, qui est décrite comme une végétarienne obligée de se retirer des morceaux de viande d’entre les dents certains matins…

    #5789 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    Merci beaucoup pour ces références que je ne connaissais pas Nîme. J’ai téléchargé de mon côté des films de loup-garou pour voir, par curiosité…

    Et ça me fait repenser d’ailleurs à un film que je n’ai pas encore vu, mais qui a l’air très dense : Curse of the Queerwolf (« La malédiction du queer-garou ») de 1988.
    queer
    Apparemment, c’est « l’histoire d’un homme hétérosexuel victime d’une malédiction pour le moins étrange. A la pleine lune, il se transforme en créature queer : de longs ongles rouges poussent au bout de ses doigts, ses poignets se cassent négligemment, il est pris d’une envie irrésistible de porter des vêtement féminins et une faim nocturne envahissante le pousse à errer jusqu’à l’aube dans des saunas gay » (je cite ici le résumé qu’en fait Maxime Cervulle dans son article « Les monstres aussi vont au cinéma : films d’horreur et contre-public queer », paru dans le numéro de CinémAction « Les minorités dans le cinéma américain »).

    Cervulle raconte aussi que dans le film, le « seul moyen d’anéantir le queer-garou est l’insertion dans son rectum d’un gode en argent ». Parce que le queer-garou se répand comme un « virus transmissible ouvrant la voie à l’éradication de la masculinité straight droite dans ses bottes, tendance John Wayne » (« le seul moyen de se prémunir des effets queerisant de la malédiction est de porter autour du cou un médaillon de Saint John Wayne »…). Bref, ça a l’air d’être quelque chose ce film :-).

    L’article de Cervulle est très intéressant, car il montre bien en quoi, d’un côté, ce film est ultra-craignos politiquement, mais que d’un autre côté, il a été l’objet de réappropriations positive par des « contre-publics queer ».

    Mais ce qui me semblait intéressant ici par rapport à ce qu’on disait sur le côté viriliste de la figure du loup-garou, c’est que ce film joue explicitement là-dessus pour élaborer son effet comique. Le queer-garou est une sorte d’anti-loup-garou en ce sens.

    Bref, un film que j’ai pas vu, mais qui doit valoir le détour…

    Le trailer : http://www.youtube.com/watch?v=GUsXhr-FM2M

    #5835 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    J’ai reregardé des films de loups-garous que j’avais bien aimé jadis pour voir si on retrouvait le même trip masculiniste naturalisant des hommes victimes de leur violence et luttant contre la bête en eux.

    D’abord j’ai revu Wolf (1994), avec Jack Nicholson, et j’ai pas été déçu.
    wolf
    Au début le pauvre Jack est complètement dominé à son boulot (il se fait piquer sa place prestigieuse par un autre type) et à sa maison (sa femme le trompe… avec le même type qui lui a piqué son job :-)). Mais après il redevient un prédateur (après avoir été mordu par un loup) : il devient agressif à son boulot, ce qui lui permet de retrouver sa place (dans une scène d’une grande finesse, il pisse sur les chaussures de son concurrent pour « marquer son territoire »), et aussi dans sa vie sexuelle : il tue sa femme adultère et tombe la belle Michelle Pfeiffer (au début elle est un peu froide, mais elle finit par tomber sous le charme du prédateur).

    Y a des scènes assez cultes, comme par exemple quand il s’attache avec des menottes au radiateur quand vient la nuit, car il sait qu’il pourra pas maîtriser le prédateur en lui. A ce moment, Michelle arrive, lui enlève les menottes et couche avec lui, parce que ça l’excite la violence du mâle en fait (à la fin elle part d’ailleurs avec lui dans la forêt). Mais surtout, la scène qui vaut son pesant en cacahuète, c’est la scène finale où le concurrent de Jack s’est lui aussi transformé en loup-garou, et tente de violer sauvagement Michelle (les hommes ont des pulsions qu’ils ne maîtrisent pas…). Jack assiste à ça impuissant parce qu’il s’est enfermé dans une étable et a mis autour de son coup un talisman qui l’aide à maîtriser le loup en lui. Mais quand il voit que la pauvre Michelle va se faire violer, il arrache son talisman et redevient le prédateur qui seul pourra sauver la femme. Bref, l’horreur absolue ce film…

    Par contre, j’ai revu un autre film qui est plus intéressant j’ai l’impression : La Compagnie des loups (1984), de Neil Jordan.
    company
    Esthétiquement, je trouve que c’est un chef d’œuvre. Après, politiquement, c’est une autre affaire. Le truc pas mal c’est qu’on est pas du point de vue masculin, donc ça verse pas (trop) dans le masculinisme décomplexé des films où l’on s’appesantit sur la souffrance du pauvre homme victime de ses pulsions violentes. Le fait que La Compagnie des loups adopte un point de vue féminin est peut-être pas étranger au fait qu’Angela Carter, une femme apparemment féministe (http://en.wikipedia.org/wiki/Angela_Carter) soit l’auteure de l’histoire originale et ait co-scénarisé l’adaptation cinématographique avec Jordan.

    Après, le film reste assez complexe politiquement, j’arrive pas vraiment à me faire une idée dessus. On reste quand même dans la mythologie du méchant violeur qui surgit de derrière un arbre quand la jeune fille un peu trop jolie s’est un peu trop écartée du chemin (à côté de ça, papa est super-nice…). Et puis l’omniprésence de symboles psychanalytiques m’a passablement saoulé aussi, parce que j’ai pas du tout l’impression que le film adopte une position critique là-dessus. Après j’arrive pas trop à l’analyser parce que ça me semble assez complexe, mais en tout cas, je trouve que ça vaut le coup comme film, je le conseille (et si vous avez des avis dessus, ça m’intéresse).

    #5838 Répondre
    burgu
    Invité

    « Et à l’inverse, le vampire me semble plutôt être traditionnellement l’aristocrate (ou du moins le riche) qui vient sucer le sang du peuple (par exemple dans Daybreakers : http://www.lecinemaestpolitique.fr/daybreakers-2010-le-capitalisme-cest-la-mort/). Après y a ptet aussi une dimension genrée, au sens où il me semble que c’est souvent un homme qui veut sucer/violer des jeunes femmes. Mais j’y connais rien. »
    La femme vampire (généralement bisexuelle) est très représentée dans le fantastique également.

    #5839 Répondre
    Arroway
    Invité

    D’accord avec burgu. J’irai jusqu’à dire que vampire = luxure, quel que soit le genre (très présent dans True Blood).

    #6206 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    J’ai continué à regarder des films de loup-garou, et j’en ai vu deux beaux.

    D’abord, An American Werewolf in London (Le loup-garou de Londres en français), réalisé par John Landis en 1981.

    loup garou londres

    Je me suis bien marré, c’était assez drôle comme film. Et j’ai pas été déçu au niveau du thème de l’homme-victime-de-ses-pulsions-animales. Les deux fois où le héros se transforme en loup-garou sont assez significatives. La première fois, c’est quand il est enfermé dans la maison de sa copine pendant que cette dernière est partie au travail. Donc on le voit tourner en rond, essayer de regarder la télé, de lire, mais on voit bien qu’il peut pas rester enfermé comme ça, prédateur qu’il est. Et à un moment il craque, trop frustré, et se transforme en loup-garou. Et la deuxième fois où il se transforme, c’est encore plus explicite, vu que ça se passe … dans un cinéma porno.

    Et après j’ai regardé une sorte de suite, ou du moins un film qui lui rend un hommage appuyé : An American Werewolf in Paris (Le loup-garou de Paris), de 1997, avec Julie Delpy. Très drôle aussi.

    loup garou paris

    Au début, le héros américain va à Paris avec ses deux potes tout droit sortis d’American Pie. Et lui c’est le romantique de la bande, contrairement aux deux autres qui sont intéressés que par le sexe (avec des filles of course). Au début, dans le train, le héros leur dit un truc du genre : « y a une différence entre le sexe et l’amour. L’amour c’est ce qui nous différencie des animaux ». Et donc tout le truc du film, c’est qu’il va devenir un loup-garou et qu’il va donc devoir gérer ses « pulsions masculines » qu’il déniait jusqu’ici.

    Une scène culte se situe au moment où il se réveille chez Julie Delpy (elle-même louve-garou) après s’être fait mordre. Comme il se sent pas bien au réveil, elle lui prend les mains et les pose sur ses seins en lui disant : « ça va te détendre ». Pour calmer les « pulsions masculines irrépressibles des hommes », une seule solution pour les femmes : leur donner leur corps.

    Autre scène bien scandaleuse alors il est loup-garou mais qu’il a pas toujours pas compris qu’il l’était : il est en train de manger de la viande à pleines mains dans un restaurant, et là y a une femme qui entre avec une mini-jupe motifs tâches de panthère. Du coup il la renifle de loin (on a droit évidemment au gros plan sur son cul), et il se rue sur la proie-femelle, qu’il finira par prendre sauvagement sur la tombe de Jim Morrison (c’est en plein milieu du coït qu’il se transforme en loup-garou)… Un grand moment de virilocarnisme :-).

    Bref, du très lourd tout ça. Je crois que l’hypothèse de la dimension masculiniste-viriliste de la figure du loup-garou n’est plus trop à démontrer… Je vais regarder les films plus vieux par curiosité, pour voir si on retrouve le même genre de thèmes (notamment le classique de 1941 avec Lon Chaney).

    Et j’aimerais bien trouver des films de loup-garou intéressants politiquement, ça doit exister j’imagine. Soit qui déconstruisent ce mythe sexiste de l’homme victime de ses pulsions bestiales, soit des films avec des femmes louve-garou (et qui ne tombent pas dans l’antiféminisme comme c’est le Ginger Snaps par exemple). Si quelqu’un-e en connaît ça m’intéresse…

    #6210 Répondre
    Lau
    Invité

    Super intéressant tout ça… Je dois avouer que les loups garous ne m’intéressent pas plus que ça à titre personnel mais dans le genre absurdité liée au genre, dans Charmed, je sais plus quelle saison, on a un épisode où les héroïnes se transforment en loups garous quand elles ont… leurs règles… Il me semble que c’est le même genre d’histoire dans Ginger Snaps…
    J’ai aussi entendu parler de She-Wolf of London pour les histoires de louve-garou mais je sais pas du tout ce que ça vaut…

    #6212 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    Oui effectivement y a ça aussi dans Ginger Snaps. A vrai dire, y a un peu tout et n’importe quoi dans Ginger Snaps :-), ce qui le rend assez difficile à cerner. Mais si je me souviens bien, c’était pas top politiquement. Un truc qui m’avait marqué par exemple, c’est que contrairement à tous les films où les loups-garous sont des hommes, la louve-garou n’est pas le personnage auquel le public est amené à s’identifier. Au contraire, c’est le monstre, l’incarnation de la mauvaise féminité, qui doit mourir. Mais bon, ce film mériterait à mon avis une analyse approfondie pour comprendre ce qui s’y joue d’un point de vue politique, en particulier ce truc des règles (qui a l’air récurrent chez les personnages de louves-garous, puisqu’apparemment y a aussi ça dans la série Teen Wolf d’après Liam).

    Et je connaissais pas She-wolf of london, je vais regarder. Apparemment c’est le nom d’un film de 1946 et aussi d’une série américaine de 1990-1991.

    Sinon moi j’ai regardé un film qui s’appelle aussi Teen Wolf, de 1985, avec Michael J. Fox en ado loup-garou.

    teen

    C’est assez bousesque globalement comme film, même si y a quelques passages drôles. Mais par contre, c’est de loin le plus dense que j’ai vu sur le thème de « l’homme aux prises avec sa virilité animale ».

    C’est l’histoire d’un ado en pleine puberté, qui devient la star du lycée à partir du moment où il se transforme en loup-garou, c’est-à-dire dans le film en mec viril avec plein de poils, qui joue trop bien au basket, a trop la classe et tombe toutes les nanas (la bombe du lycée se fout à poil et se jette sur lui en lui disant « hmmm, tu es un vrai animal »).

    Les scènes les plus explicites sont celles où il discute avec son père, lui-aussi loup-garou. On a droit à des beaux moments sur les difficultés de communication entre père et fils à ce moment crucial où le fils devient un homme. Papa il essaie de lui expliquer qu’être un loup-garou ça a des avantages mais qu’il faut aussi apprendre à « se contrôler » : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » (sic). Il lui raconte que quand il était jeune, il s’était battu avec un autre mec pour un nana, et qu’en se battant il s’était transformé en loup-garou sous le coup de la colère. Il dit qu’il avait fait peur à l’autre mec, mais surtout qu’il s’était fait peur à lui-même, et qu’il avait compris à partir de là que la virilité est un don précieux, mais que l’homme doit apprendre à contrôler. Hilarant.

    Et effectivement, à la fin, le héros réussit à être viril tout en se contrôlant (en « restant lui-même »), et tout est bien qui finit bien.

    Y a aussi tout un truc autour des hommes-victimes-des-injonctions-à-la-virilité. A base de : « tout le monde veut que je sois le loup-garou, alors je peux pas faire autrement ». Et le pauvre Michael souffre parce qu’il se reconnaît pas toujours dans cette hyper-virilité, et ses copains non plus. Donc il doit lutter contre ces injonctions pour rester lui-même (le truc masculiniste classique des hommes victimes du patriarcat quoi).

    Bref, un grand grand film…

    #6253 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    J’ai continué à regarder des films de loups-garous (j’espère que je digresse pas trop par rapport à la série Teen Wolf. J’ai l’impression que c’est intéressant d’essayer de voir dans quelle tendance ça s’inscrit, mais bien sûr n’hésitez pas à revenir sur Teen Wolf si vous préférez 🙂 )

    J’ai regardé le film She-Wolf of London de 1946, où la louve-garoue est une femme.

    she wolf

    Mais en fait y a pas de louve-garoue du tout, puisque qu’il s’agit juste d’une femme qui en manipule une autre dans le but de la rendre folle en lui faisant croire qu’elle est une louve-garoue… Encore une preuve que la figure du loup-garou est avant tout masculine (je me demande quand est apparue la véritable première louve-garoue à l’écran).

    Après j’ai regardé le film The Wolf Man de 1941 avec Lon Chaney, où là c’est un vrai loup-garou.

    wolf man

    Je voulais voir si on retrouvait le thème sexiste-masculiniste de l’homme et ses pulsions animales difficiles à maîtriser. Et en fait pas vraiment. On peut l’y voir, mais je crois pas que ce soit vraiment le centre du film, dont j’ai pas trop réussi à comprendre le propos (s’entremêlent des histoires de classes, des questionnements sur la folie/raison, une opposition ville/campagne, des trucs racistes autour des gitans, etc.). Je connais pas assez le contexte de l’époque pour bien comprendre les enjeux socio-politiques de ce film, mais en tout cas, il ne me semble pas que le thème masculiniste que l’on retrouve dans les films de loups-garous actuels y soit (en tout cas, il n’y est pas aussi présent).

    A mon avis, on peut faire l’hypothèse que ce thème masculiniste/viriliste est apparu après les mouvements féministes des années 60/70, dans la période de backlash anti-féministe que furent les années 80, en même temps que l’explosion des mouvements masculinistes quoi. Et que ce thème est encore vivace aujourd’hui, comme est encore très vivace (c’est un euphémisme) le masculinisme. Je vais essayer de regarder d’autres films de loup-garou d’avant les années 80 pour voir si ça se confirme.

    Un truc intéressant en ce sens est de comparer le Wolf Man de 1941 avec le remake qui en a été fait en 2010 avec Benicio del Toro et Anthony Hopkins, The Wolfman (en un mot cette fois, ça change tout …). Parce qu’au début, ça reste assez fidèle. Mais par contre, la fin est complètement modifiée, et donne plus de place à la problématique de « l’homme aux prises avec sa masculinité monstrueuse » que dans l’original. Ici, le père du héros est lui-même un loup-garou, et incarne une sorte de patriarcat monstrueux que le fils doit combattre (le père a tué non seulement la mère du héros, mais aussi son frère, pour posséder la copine du frère, c’est-à-dire la jeune femme). A la fin, il y a un combat entre le père et le fils (tous deux loups-garous), avec d’un côté le père qui jouit d’être un loup-garou (un homme dominateur, viril, bestial et monstrueux) et de l’autre le fils qui lutte contre cette même virilité. La fin est assez pessimiste, car même si le fils réussit à tuer le père, il ne peut pas guérir de la malédiction et accepte d’être tué.

    Comme dans le Teen Wolf avec Michael J. Fox, tout se joue dans l’hérédité père/fils, la transmission de la virilité, mais là c’est plus pessimiste, car c’est une malédiction dont le héros ne peut guérir (alors que Michael J. Fox lui arrive à contrôler sa virilité pour devenir un homme un vrai quand même). Donc en ce sens c’est un peu mieux politiquement, même si ça reste quand même moisi au sens où c’est toujours le même truc de l’homme qui est victime d’une animalité en lui qu’il ne maîtrise pas patati patata.

    Et un truc marrant aussi dans ce remake c’est le foutage de gueule du discours psychiatrique qui cherche à dédouaner le patriarche des violences qu’il a exercé sur femme et enfants. Le psychiatre dit en gros du héros « qu’il fantasme son père en loup-garou parce qu’il a eu un traumatisme étant petit ». Il sera démenti (et réduit en bouillie) dans une scène assez jouissive. Donc c’est pas mal en ce sens, puisque le père est vraiment coupable et vraiment horrible. Mais après ça reste pas non plus un grand film d’un point de vue politique (en plus d’être une sacrée bouse d’un point de vue cinématographique 🙂 )

    wolfman

    #6518 Répondre
    Fanny Gonzagues
    Maître des clés

    moi j’ai découvert la série Bitten (2014) série canadienne adaptée d’un roman de Bit lit.

    Et j’en parle ici car l’héroïne est une loup-garou.
    C’est d’ailleurs tout le sujet de la série: normalement des femmes loups-garous ça n’existe pas parce que si elles se font mordre elles meurent en général (on sait pas trop pourquoi au juste!) En tout cas, Elena survit à la morsure et devient la seule femme loup garou.
    J’aime bien cette série: c’est très romance et série B (au niveau de l’action et des intrigues c’est parfois du grand n’importe quoi) ça tourne principalement autour d’histoires d’amour, mais Elena est chouette: elle est intelligente et maligne, c’est en général grâce à elle que les problèmes autour de la meute trouvent des solutions
    après, y’a aussi certains trucs dans la série qui me gênent un peu : la particularité d’Elena l’a fait être un objet de désir pour tous les autres hommes loups garou. Ils la veulent pour lui faire des bébés qui soient des purs de purs loups garous!
    Et puis, le truc loup garou met l’accent sur sa sensualité. Du coup, le truc de loup garou ramène souvent Elena à son corps et elle est objectivé, soit comme pépite à protéger soit comme sexy à désirer!

    bitten

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