Mauvaise Conduite, documentaire critique sur la bagnole
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VOLTéInvité
Salut tout le monde!
J’ai réalisé récemment Mauvaise Conduite, un documentaire critique du mode de vie que nous impose la voiture individuelle.
J’ai fait ce docu indépendant en partant des tentatives d »émancipations de mes potes et moi même ainsi que sur les travaux d’André Gorz et Ivan Illich, notamment du texte L’Idéologie Sociale de la Bagnole (dispo ici si ça intéresse du monde : https://infokiosques.net/spip.php?article346https://infokiosques.net/spip.php?article346)Ça dure 30 minutes et on y parle d’autostop, de voyage en âne, de marche à pied, de vie en fourgon, du travail, de vitesse ou encore de la marchandisation de la confiance par Blablacar.
Je suis arrivé ici par l’article du blog sur la représentation de la mobilité au cinéma que j’ai trouvé super intéressant, du coup j’aimerai beaucoup avoir les avis des personnes qui trainent sur ce forum!
Le film est dispo sur dailymotion : https://dai.ly/x6jwlcu
Ou sur peertube pour celleux qui souhaitent boycotter les grosses plateformes : https://tube.piweb.be/videos/watch/bb25e942-57c8-4b29-9285-70150e56b1cfVOLTé
https://www.facebook.com/1volte/
https://voltephoto.wordpress.com/PaulInvitéMerci pour cette vidéo bien faite et intéressante. Je n’ai pas lu ce texte d’Ivan Illich mais ça me donne envie!
Le PDG de Blablacar m’a bien fait rigoler, et j’ai particulièrement aimé la pub Audi que je ne connaissais pas. Fameux 🙂
HdkwInvitéArrgh! J’avais repondu hier mais j’ai du oublier d’appuyer sur ‘envoyer’!
Je resume du coup:
C’est moi qui ai fait l’article sur la mobilité (avec l’aide du gang du site). Bravo pour le docu il est super. Pas de critique a part le son, le master est un peu faible je trouve.
Tu connais carfree.fr? Il faut montrer ton docu la bas!J’ai spécialement aimé:
-faire parler des autostoppeurs, qui sont bien placés pour parler de l’auto
-le passage sur la marche alors que la plupart des docus dans le genre auraient celebré le vélo
-l’appel a la destruction de biens, on n’en a jamais trop de nos joursEt le PDG de blablacar.. Il est incroyable. Sa conférence est la pour les masos:
J’en profite pour signaler l’anti blablacar: https://www.covoiturage-libre.fr/
ArrowayInvitéSalut VOLTé,
j’ai aussi regardé ton docu, je l’ai trouvé intéressant. J’ai pensé en le regardant qu’avec son format (30mn) et la manière d’aborder le sujet, je le voyais bien servir de lancement à une soirée débat sur le sujet. A la fois il y a des pistes de réflexions et à la fois il y a des « trous », des aspects que n’abordent pas le docu qui peuvent être développés lors d’un débat.J’ai préféré la deuxième partie du docu avec les interviews filmées par rapport au contenu que ça apportait (mais c’est perso, c’est parce que je connaissais déjà un peu le sujet). J’aurais peut-être aimé que les interventions soient « situées » plus explicitement d’un point de vue sociologique, voire un peu plus divers (classe sociale, situation géographique, âge, mobilité physique) pour parler de plein de cas différent en lien avec la problématique des déplacements. Ça effleure un peu le sujet quand ça parle de la nécessité d’avoir une voiture pour avoir un job, et puis avec la personne qui vit en camion, mais ça pourrait être cool de parler aussi de comment on fait quand on vit dans un coin quasi sans transport en commun, quand on ne peut pas marcher, quand on a des enfants, etc. Si je me souviens bien, parmi les interviewé-e-s, ce sont surtout des jeunes, a priori blancs, a priori sans handicap pour marcher (?), sans jeunes enfants (?), qui viennent de villes moyennes de région (?).
VOLTéInvitéYeah merci pour vos retours, c’est précieux!
Hdkw : merci pour le lien de carfree, je connaissais pas trop ce réseau, c’est pile poil dans le thème! 🙂
Arroway: Effectivement, le sujet est vaste, et j’aurais pu aborder beaucoup d’autres points! Je comprends qu’on ai envie d’en savoir plus sur les intervenant-e-s et qu’iels ne représentent pas tout les cas de figures face au problème de mobilité. L’axe du film était vraiment de parler de ce à quoi on est confronté-e-s mes potes et moi, et pas avec une démarche sociologique / scientifique. Je suis d’accord sur le fait que ça manque, et que les pistes d’émancipation sont principalement individuelles alors qu’on gagnerait à penser le problème en terme collectif (comment peut-on s’organiser ensemble pour s’affranchir de la bagnole?).
J’aurais aussi aimé nuancer le discours de Gorz sur les villes en abordant la gentrification. Les villes ne deviennent pas invivables pour tout le monde, mais surtout pour les plus pauvres.
Le problème avec un sujet comme celui là, c’est que quand tu commence à te renseigner, les portes à ouvrir sont super nombreuses. Je pourrais passer 10 ans à critiquer les différents aspects de la bagnole! ^^ArrowayInvitéLe problème avec un sujet comme celui là, c’est que quand tu commence à te renseigner, les portes à ouvrir sont super nombreuses. Je pourrais passer 10 ans à critiquer les différents aspects de la bagnole! ^^
Oui, tout à fait ^^
Je trouve que ton axe, (« parler de ce à quoi on est confronté-e-s mes potes et moi ») se défend très bien, il est même efficace pour encourager une réflexion car on peut facilement se dire « tiens, et autour de moi, comment font mes ami-e-s, ma famille ? ».Comme le sujet est vaste, cela veut dire que l’on fait des choix. Personnellement, même sans avoir une démarche scientifique ou sociologique, j’aime bien quand ces choix sont explicités le plus possible, car cela clarifie le propos, on en comprend d’avantage les tenant et les aboutissants, et on peut même ressortir moins « frustré » du visionnage d’une certaine manière.
Pour prendre un exemple au hasard, quelqu’un-e pourrait se demander « pourquoi ça parle pas du vélo ? ». La réponse serait, j’imagine : « parce que parmi mes potes, personne ne fait de vélo », et ça serait une réponse recevable. On pourrait expliciter ça dans le film, ou peut-être même s’interroger sur cet absence de moyen de transport dans ce cercle social (ce serait sans doute une digression un peu longuek, mais une question intéressante).Enfin voilà, my two cents!
IzitInvitéÇa m’a rappelé cette pub où on voit une nana s’apprêter à faire la grasse mat’, mais y a son SUV qui a l’air de lui dire : « Debout, fainéasse. » Alors, hop, en femme-dynamique-qui-fait-mille-choses-dans-la-journée*, elle enfile une tenue sportive, saute dans son ignoble engin, prend la route de sa banlieue en toc, et tout ça pour faire quoi ? Sautiller sur un bout de gazon vert fluo en bordure de parking, des écouteurs aux oreilles, sous la direction d’un « coach » – de nos jours, même sautiller semble requérir l’assistance d’un expert. Voilà le mode de vie qu’on est censés désirer ardemment.
On essaie même plus de justifier l’achat d’un SUV par le prétexte d’une utilisation tout-terrain. Il y a quelques décennies, les voitures qui cartonnaient, c’était les 2 CV, Fiat 500 et autre Coccinelle, qui vous avaient un air plutôt gentillet. On assiste maintenant à la prolifération de ces machines couleur gris requin aux pare-chocs agressifs qui prennent une place délirante et terrorisent le piéton.
C’était sacrément bien vu de montrer cette pub où on fait hurler à un mec : « C’est moi, le patron ! » Parce qu’il s’agit aussi de nous faire gober qu’on est encore ce qu’on n’est plus depuis longtemps, si tant est qu’on l’ait jamais vraiment été, à savoir un individu autonome – d’où aussi le nombre de pubs qui braillent « Vous êtes unique ! » pour tenter de vous fourguer des produits fabriqués en série.
Mais, au sujet de l’auto-stop, y a une contradiction qui m’a toujours emmerdée. J’ai jamais passé le permis non plus, mais en faisant du stop ou en profitant de la bagnole de potes, je compte que les autres fassent ce que je me refuse noblement à faire – encombrer les routes, défigurer le paysage, assassiner l’environnement, etc. Faut pas se leurrer, c’est pas du tout une réponse au tout-bagnole. Le gars qui se trimballe avec son âne est plus cohérent.
En plus, j’ai été sciée par une réflexion d’un des auto-stoppeurs, et c’est là-dessus que je pars un peu plus longuement, même si ça touche pas directement la bagnole. Il dit qu’il préfère le stop au train parce que, dans le train, il se fait chier ou passe son temps à pianoter sur son téléphone. Or ce sont précisément les écrans en tout genre qui ont tué le voyage en train. Y a vingt ou trente ans, je descendais rarement d’un train sans avoir eu une bonne petite tchatche avec d’autres voyageurs. Quand j’étais môme, s’installer avait même carrément des allures d’emménagement. Ça sortait les serviettes, les journaux, les fourchettes, les tricots, les couteaux, les plaids, les paniers pleins de bouffe. C’est tout juste si on disposait pas les photos de famille sous la fenêtre. On voit encore ça dans les trains de pays « reculés ».
Ici, y a plus aucun plaisir à prendre le train. On a envie de chialer à la vue de tous ces yeux hypnotisés par leur putain d’écran, comme un cauchemar d’anticipation des années 50 devenu réalité. Impossible d’échapper au voisin de siège qui vous emmerde avec le tic-tic-tic de ses doigts sur son ordinateur portable et/ou qui ferme toute communication possible en passant son temps à s’esquinter le pouce sur son smartphone. J’aime pas les téléphones portables, j’en ai jamais eu. Pour être dans le voyage, rencontrer des gens, regarder le paysage (ou ne serait-ce que bavasser au bistrot), faut déjà commencer par être vraiment là où on est au moment où on y est. Le trajet, c’est pas juste un temps à tuer.
Pour en revenir aux ravages urbanistiques et sociétaux qu’occasionne la bagnole, le problème avait effectivement été soulevé tout de suite. Si je me souviens bien, la réflexion des situationnistes avait aussi commencé par la critique de cet urbanisme tout fonctionnel, du cloisonnement travail-loisirs, de la réduction du parcours à sa seule destination, etc. Pour tenter d’y échapper, ils se lançaient dans des déambulations plutôt éthyliques dont le but était de se perdre, luxe qu’il est devenu impossible de s’offrir, ou faisaient des trucs du genre investir une rame de métro avec tables et chaises et nappes et bouffe pour faire un grand dîner sur la longueur d’un trajet. A côté de ça, il y avait aussi les odes à « la route, c’est le voyage » à travers la tapée de road-movies des années 60-80 ou de récits comme Sur la route, de Kerouac, ou Acid Test, de Tom Wolfe, qui raconte le voyage du bus de Ken Kesey. C’était pas forcément « mieux avant », mais faut bien constater que le summum de l’extase de ce qu’on nous vend désormais sous le terme de voyage, c’est de boire son café à Washington et de le pisser à Hong Kong.
Bref, merci pour ce doc. Il remue quelques neurones et ça fait jamais de mal.
Salutations
*Insupportable fil rouge de pas mal de pubs : non seulement on nous pousse à passer notre vie à courir comme des cons après l’infarctus, mais il faudrait en être fiers en plus.Poppy S.InvitéBonjour. J’apprécie votre documentaire et je peux comprendre votre point de vue, mais il y’a également des personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas conduire (que ça soit a cause d’un handicap moteur, mental, ou neurologique (comme moi)et c’est plutôt problématique quand on habite dans un trou perdu ou les bus passent tout les 10heures. être capable de conduire est un privilège! 🙂
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