L’inversion des rapports de domination est-elle pertinente ?
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megInvité
J’ai vu un bout de White Man’s Burden et le court métrage Imagine A World Where Being « Gay » The Norm & Being « Straight » Would Be The Minority!. Et je suis d’accord avec la remarque sur la pauvreté de ce genre de scenario. C’est comme si le principe de l’inversion se suffisait à lui même pour faire une histoire. Ce principe me fait pensé à un film de Bernard Werber Nos amis les Terriens qui est plus ou moins une inversion speciste dans laquelle des humains sont enlevés par des extraterrestres pour servir de cobayes et faire l’objet d’un documentaire animalier.
C’est pas tout à fait un film d’inversion puisque le monde dans lequel évoluent l’histoire est le notre avec simplement des extraterrestres en plus. Et je ne suis pas sur que ce film veuille dénoncé l’utilisation de cobayes par les humains. Par contre niveau pauvreté scénaristique on est servi ^^
Paul RigousteParticipantCoucou,
je mets ici le dernier clip de Jennifer Lopez sur lequel j’ai ouvert un sujet (http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/jennifer-lopez-i-luh-ya-papi/) car ça repose sur le principe de l’inversion d’un aspect du rapport de domination hommes/femmes :
V3nomInvitéJe suis convaincu d’une inversion des rapports de domination symbolique ou (dans le média) effective, dénuée de critique ou sans explication, message décrypteur, implicite ou manifeste, ne sert à rien.
-Soit elle ne fait qu’apporter du grain aux moulins des anti-féministes qui y voient ce qu’ils veulent voir (une preuve que les femmes veulent le pouvoir à la place des hommes et que c’est trop pas bien)
-Et en même temps un argument puant du style « regardez, des fois on vous donne le beau rôle, alors de quoi vous vous plaignez ? ».
Au final, ça ne fait aucunement réfléchir ceux (et celles ?) qui ne veulent pas, et ça participe à ce mythe du post-féminisme ambiant qui veut que parce-que les femmes accèdent visuellement aux armes et positions traditionnellement viriles, c’est qu’elles sont arrivée à égalité (j’entends encore ça aujourd’hui dans la bouche de trentenaires visiblement aveugles).
Et les exemples sont légion et (encore une fois) transmédias : ciné et jeux-vidéos, qui ont avec eux la force de la prise en main des héroïnes ainsi montrées, mais d’une façon néanmoins différente des héros masculins, cad généralement à la troisième personne, en qualité d’accompagnant, et de spectateurs. Une figure archétypale de ce schéma est Lara Croft des Tomb Raider vidéoludiques et cinéma : une femme « forte et autonome qui se débrouille et se défend », finalement créée par et pour les hommes, encore et toujours… Mais ça a plut aux 2 genres de façon assez massive, alors les émules ont été légion.
Encore plus douteux au ciné, la profusion actuelle des « porn and revenge », notamment traités de façon de moins en moins second degré, et véhiculant entre autres poncifs et lieux communs sur le viol (seul et trop jolie, enlevée par des inconnus totaux, généralement mentalement diminués…), et affichant de plus en plus des scènes de tortures et agression sexuelle des héroïnes de façon voyeuristes, érotisées, semi-active (on se croirait sur place parmis les tortionnaires) et surtout, le plus malsain de mon point de vue, finalement plaisante pour le spectateur.
Je me suis infligé il y a quelques jours les 2 récents « I spit on your grave », et quand je lis des commentaires de spectateurs qui trouvent ces films « plaisants », alors qu’ils sont totalement dénués d’humour ou de second degré, je me dis que l’anesthésie générale et l’habituation à la violence ordinaire est en progression accélérées ces temps-ci.
V3nomInvitéil fallait lire « rape and revenge », lesquels glissent lentement vers le porn effectivement. J’ai fais un amalgame malheureux dans mon texte. u_u
NîmeInvitéLe problème que j’ai avec l’inversion des rapports de domination, c’est que j’ai l’impression que ça se contente de présenter quelque chose de désagréable pour les dominants mais sans critique de la domination. En particulier, quand on présente une inversion des humains et des animaux, j’ai toujours l’impression qu’on montre des humains « traités comme des animaux » et que c’est ça qui est choquant, pas tellement que les animaux dans le vrai monde soient traités comme ça.
Plus globalement, je trouve problématique qu’il faille représenter des dominants à la place de dominés pour que les dominants prêtent attention aux dominés : la seule raison de cette attention, c’est qu’ils pourraient être à leur place, ça nie toute possibilité d’écoute, d’empathie… J’avais aussi entendu des non-blancs être très critiques des initiatives du genre « dans la peau d’un noir » en disant qu’un blanc peut jouer au noir, mais que pour elleux ce n’était pas un jeu, que ça ne s’arrêtait pas quand iels en avaient assez du racisme.
V3nomInvitéOui et c’est d’autant plus « politiquement » douteux d’user de tels procédés que ça renvoie aux critiques faites par les féministes sur les concepts de point de vue des acteurs d’analyses sociales, philo, politiques ou scientifiques, et qui de par leurs discours, laissent à penser qu’ils ont une vision totalement détachée, jusqu’à d’eux-même, et du coup absolue, neutre et objective, alors que dans les fait, les combats féministes nous ont prouvé qu’il n’en est rien et que malgré toute la bonne volonté et la rigueur de quiconque souhaite faire l’exposer le plus complet, neutre et exhaustif sur un sujet, le fera fatalement aussi d’un point de vue particulier, dans une position particulier, provenant d’une vie particulière, une sensibilité, des connaissances, des intuitions particulières capables (ou pas) de dénicher ce qui ne le concerne pas, de fait, mais qui pourtant serait pertinent au sujet traité.
Le traitement scientifique (ou autre) qui se veut neutre se trouve en fait être dans la quasi totalité des cas une vision parfaitement subjective d’une certaine manière, car quasi exclusivement masculine.
C’est un des combats féministes que de faire valoir leurs connaissances spécialisées de fait en matière… de femmes, de maternité, d’agressions sexuelles, d’oppression sexiste, etc…
Et il est encore aujourd’hui trop peu (à mon sens) exprimé le débat qui tendrait à remettre en question le caractère infantilisant (et colonialiste) des « pays riches » qui souhaitent tenir par la main les « petits peuples » pour leur éviter de faire les conneries qu’on a fait avant eux.De même que les débats sur la question animale, ou même simplement les végétarismes « éthiques », qui, alors que c’est des animaux dont il est principalement question et qui sont à l’origine et les sujets de ces mouvements et choix, s’attachent souvent à préférer parler surtout des activistes avant tout, de leurs modes de vie, de leurs actions, des gains pour la santé, l’économie, l’écologie, bref… Tout ce qui peut et doit rassurer ce pauvre humain tellement en péril de… changement et d’inconnu.
C’est idiot mais, le jour où j’ai pour la première fois vu l’idée d’une représentation du christ crucifié sous les traits d’une femme noire, j’ai trouvé ça tellement beau (symboliquement parlant, parce-que bon…) et rafraichissant.
C’est parfaitement intégré dans l’esprit d’au moins tous les occidentaux depuis leur naissance : la représentation d’une personne neutre lambda dénuée de tout caractère et représentant je pense une forme « d’inconscient » d’à peu près tout le monde de façon spontanée est un homme blanc.
Voici une des vidéos les plus moralement pénibles (pour moi) et triste que je connaisse et qui n’est qu’une des rédite d’un test qui date des années 50 : https://www.youtube.com/watch?v=sChnVcASjXA
megInvité
Et si les rôles de femmes étaient interprétés par des mecs ? Buzzfeed a tenté avec quelques scènes cultes de films américains de Pretty woman à Titanic.
via – http://m-e-u-f-s.tumblr.com/Paul RigousteParticipantmoi j’étais tombé sur ça aussi :
via – Barbiturix (http://www.barbieturix.com/2014/05/03/creme-putassiere-6/)décidément, c’est vraiment à la mode ce truc…
megInvitéun court métrage « No comment » qui reprend cette même inversion et qui date un peu aux vues des références au minitel :
MegInvitéun film muet d’Alice Guy « les conséquences du féminisme » qui se sert de l’inversion pour ridiculiser la lutte féministe.
Fanny GonzaguesMaître des clésSur le film Jacky au royaume des filles qui a déjà fait l’objet d’un article sur le site, j’ai lu ça:
http://lmsi.net/L-enfer-totalitaire-et-sexiste-c
Je le mets ici car (entre autres choses dites aussi intéressantes) il y a une critique de l’inversion des rapports de domination dans le film. Un extrait de l’article:
« D’abord, parce que l’échange des places de dominants et de dominés (les femmes occupant ici les positions traditionnellement occupées par les hommes) n’a rien de subversif. Cette inversion assure plutôt la permanence de la grille elle-même, présentant l’insurrection comme la reproduction légèrement aménagée du même. »Le MonolecteInvitéJuste pour signaler en passant que Ghosts of Mars de John Carpenter a ceci de remarquable qu’il se passe dans une société humaine où la plupart des postes de pouvoir sont occupé par des femmes, mais que ce n’est pas absolument pas le sujet du film. Du coup, personne ne remarque l’inversion qui est intégrée très discrètement dans la trame du film. http://louvreuse.net/Retroprojection/ghost-of-mars.html
MegInvitéUn film indien sur le principe de l’inversion des rôles de genre
MegInvitéUn court métrage avec une inversion entre homosexuel·le·s et hétérsexuel·le·s
Straight from the suburb
MegInvitéAu sujet de « men’s World » c’est pas un film mais une série.
Ce matin je trouve sur libéral un article qui inverse les rôles de genre pour les personnes politique.
http://www.liberation.fr/france/2015/05/04/macron-le-beau-gosse-de-bercy_1289650
Marcon le beau gosse de Bercy -
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