Les combattants (2014)
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Taggé: féminisme, genre, Les combattants
- Ce sujet contient 9 réponses, 1 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Arroway, le Il y a 10 années, 1 mois.
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Fanny GonzaguesMaître des clés
coucou!
Bon alors j’ai vu le film Les combattants de Thomas Cailley, je me demandais si vous l’aviez vu et ce que vous en aviez pensé. J’ai trouvé des choses intéressantes et aussi j’ai lu cette interview de l’actrice principale que j’ai trouvé tout a fait intéressante, j’ai eu l’impression qu’elle avait assez conscience des rôles proposés aux actrices d’habitude quand elle raconte qu’elle choisit toujours des rôles qui lui apparaissent non sexistes. Et aussi des propos chouettes sur le genre.
http://www.brain-magazine.fr/article/interviews/20460-Ad%C3%A8le-Haenel—Force-vive
Pour le film, j’ai bien aimé justement son personnage de nana super déterminée et sportive. J’ai bien aimé le garçon qui est très touchant et doux. Toutes leurs scènes à eux deux sont émouvantes, les regards fascinés de lui et ses tentatives pour l’approcher. Cela dit, y’a ce truc qui me génait un peu de fille sauvage, difficile d’accès. Qui veut tellement être sauvage qu’il faut la sauver d’elle même, et c’est donc lui qui la sauve du coup.
Autre chose, les caractères des personnages semblent inverser les rôles de genre. C’est lui qui est doux et amoureux et elle qui veut faire l’armée.
Mais les codes de la comédie romantique passe par là et chamboule tout ça: car l’amour hétéro au cinéma français c’est bien souvent une question de réparer l’autre: cette fille est trop brutale, trop obstinée et lui est juste trop cool.
Je trouve le rapport entre les genres intéressants et même si les scènes d’amour m’ont beaucoup touchée je ne sais pas si elles réintroduisent pas un rapport genré plus normé.
EN bref, je ne sais pas trop, donc si vous avez des idées, je suis partante!on dirait qu’il y a une inversion des rapports
ArrowayInvitéCa fait partie des films que je veux aller voir en ce moment (avec Sils Maria, notamment), je te dirai ce que j’en ai pensé !
KikuchyoInvitéJ’ai trouvé le film assez réussi sauf dans la 2ème partie ou ça marche moins bien. Sur la question des rôles de genres je trouve intéressant que l’héroïne n’abandonne pas son délire, le jeune homme la sauve en effet et l’accompagne et ce sont ces qualités (douceur, soin des autres) qui le rende adapté à la situation et qui le font apprécier des officiers. Après il faut que ces qualités plutôt « féminines » disons soit porté par un homme pour être perçues comme positives. Si les comportements genrés avait été traditionnels (dureté=homme, douceur=femme) on serait resté dans les clichés.
Paul RigousteInvitéCool, j’ai hâte de le voir ce film.
La bande annonce m’a fait repensé à des témoignages de femmes militaires que j’avais lu dans le livre « La guerre invisible » (http://www.causette.fr/boutique/goodies/82-la-guerre-invisible.html). Et je me demandais du coup si ça abordait la question des violences envers les femmes dans l’armée, ou si ça tendait plutôt à les occulter ?
SkratschInvitéContrairement à ce que laisse croire la bande-annonce, je n’ai pas trouvé que le film traite tellement de problématiques liées à l’armée. Ceci-dit une scène m’a particulièrement marqué par rapport à la question que vous soulevez : Lors de l’arrivée des nouvelles recrues, l’officier chargé de l’accueil demande si il y a des filles dans le groupe, puis leur demande de venir se présenter devant lui et leur dit avec une certaine froideur « Je ne veux pas de problèmes de sexe. » à elles spécifiquement, comme si les garçons qui les accompagnent n’étaient pas concernés par le problème et ne risquaient pas de passer outre leur consentement.
J’ai globalement apprécié le film, mais je m’interroge encore sur certains choix, surtout vers la fin.
MarieInvitéBonsoir, j’ai vu ce film et je ne l’ai pas trouvé convaincant concernant la question du genre.
Pourtant, ce film avait de vrais atouts, contrairement à d’autres comme, Bandes de filles plein de stéréotypes ou Party Girl trop banal même si bien raconté.
En fait, Thomas Cailley a tellement voulu éviter le cliché de la potiche, qu’il nous a finalement proposé le stéréotype du personnage anti-féminin, comme l’a fait Aaron Sorkin dans The Newsroom avec le personnage de Mackenzie McHale. Madeleine aime se battre, elle met des coups de tête, elle veut faire l’armée de terre, elle n’exprime pas ses émotions, elle veut ouvrir ses bouteilles de pierre avec les dents, elle aime les défi physique. Bref, on a tout fait pour ne pas lui attribuer des particularités qu’on attribut d’ordinaire aux hommes, bien que le réalisateur/scénariste affirme s’être inspiré des femmes de son entourage.
Comme par hasard, le personnage d’Arnaud est nettement moins stéréotypé : il est sensible, doux, prévenant, attentif, plus intelligent qu’on ne le croit sous son air idiot, donc au final, c’est son personnage qui lui est plus équilibré, complexe,et moins cliché, et fait penser à des mecs comme le copain de Sandra dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne ou encore Théodore dans Her de Spike Jonze.
Forcément, c’est Madeleine qui n’a rien compris à la vie et qui aura droit à une leçon de la part d’Arnaud sur le sens de son existence et aura même le droit en prime d’être sauvé par lui lors d’un incendie qui arrive durant le scénario comme un cheveu sur la soupe.
De plus, sous ses airs faussement progressifs et anti-sexiste, nous retombons donc dans un des pires clichés du cinéma, que même Disney essaie d’éviter dorénavant: le prince qui sauve la princesse.
En conclusion, je suis déçue par ce film au très gros potentiel dont la photographie était pourtant sublime.
Fanny GonzaguesMaître des clésMerci Marie pour ta critique, je te rejoins sur le personnage d’Arnaud qui a un côté assez « nice guy » j’avais eu l’impression, surtout dans ce passage à l’armée où il semble si bien réussir que c’est presque agaçant!
Après, moi j’ai trouvé ça plutôt intéressant cette déconstruction de la comédie romantique, du coup ça me donnait l’impression que je ne savais pas à quoi m’attendre de la relation des deux personnages, et puis c’était assez rigolo cette scène où Madeleine super active s’ennuie et embrasse du coup le Arnaud. Car en tant que Nice guy, BG et tutti cuanti, dans un film clasico rom com, le désir pour ce Arnaud si parfait aurait été bien plus « normal », allant de soit.
Comme Skratsch je m’interroge sur la fin : bon déjà le passage où il la porte des heures pour la sauver, j’ai du mal à comprendre… et la dernière scène à l’hopital où on ne sait finalement si Madeleine est « vaincue » et a choisit de sortir avec Arnaud ou si elle reste comme elle était: libre déterminée (moi j’ai bien aimé ce perso, je l’ai trouvé quand même assez original)(Sils Maria est plutôt intéressant aussi, y’a des discussions super intéressantes sur le cinéma d’auteur vs le cinéma populaire)
CaerbannogInvité@ Marie
« Pourtant, il présentait de réels atouts, contrairement à d’autres comme Bandes de filles plein de stéréotypes ou Party Girl très banal. »
Faut m’expliquer, je comprends pas !
Où sont les stéréotypes dans Bandes de Filles et qu’est-ce qu’il y a de banal à Party Girl ?ArrowayInvitéJe viens de voir le film, je l’ai beaucoup aimé. Le perso de Madeleine évolue au cours du film sans jamais s’arrêter de péter le feu, ça fait vraiment plaisir. Celui d’Arnaud est là en adjuvant plus qu’autre chose. C’est elle qui initie le mouvement, quasiment toujours, et lui la suit. Dans la forêt, elle fait la chasse, lui s’occupe de la cabane et des étagères… j’ai trouvé ça drôle.
Je n’ai pas trouvé la fameuse scène où Arnaud la porte si problématique que ça – en tout cas, dans le contexte elle ne m’a pas gênée plus que cela. S’il doit la porter, c’est parce qu’elle a fait une erreur, qu’Arnaud n’a pas faite juste parce qu’il est moins « endurci », pas parce qu’il savait quelles seraient les conséquences. Et à la place il les conduit un peu comme un con en plein dans l’incendie, pour le coup il a pas été très malin… ils sont donc sauvés tous les deux un peu par hasard.
Mais à la fin, alors qu’elle a subi une intoxication alimentaire, elle se rétablit plus vite qu’Arnaud, résiste mieux à la douleur, et est prête à repartir. Du coup, ouais, Arnaud la « sauve », mais ça reste assez relatif. Et surtout j’ai pas l’impression que cela change tellement leurs rapports : à la fin du film, c’est toujours elle qui mène, mais il y a cette complicité en plus qui s’est formée parce que 1) Arnaud est prêt à la suivre jusqu’au bout du monde, 2) elle peut compter sur lui. Donc la relation se rééquilibre un peu.J’ai eu un peu peur au début que le film soit à la gloire de l’armée de terre, mais elle en a bien pris pour son grade dans le film, et en plus par l’intermédiaire du perso de Madeleine.
Y a quelques détails qui m’ont un peu surpris, du style celui où Arnaud veut l’aider à passer un obstacle dans le parcours du combattant : avec tous ses entraînements physiques, c’est vraiment surprenant qu’elle n’arrive pas à faire une traction, surtout avec ces entraînement de nage avec 14kg dans le dos, ça muscle bien les épaules ça. Donc ça sent un peu trop le cliché de la fille « naturellement » moins musclée des bras que les garçons.ArrowayInvitéEt puis au sujet du fait que Madeleine a besoin du personnage d’Arnaud pour s’adoucir un peu, et que donc ça affaiblit le perso… On peut rajouter que Arnaud a besoin de Madeleine pour qu’il s’émancipe un peu, et aille tester quelques trucs en dehors de l’entreprise familiale. Donc je trouve qu’il y a un échange entre les 2 persos qui est intéressant, et qui se fait en dehors des normes genrées habituelles.
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