Films, séries et autres Féministes

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  • #34516 Répondre
    Miss Understood
    Invité

    Le téléfilm « L’innocence perdue » (diffusé hier, qu’on peut voir en replay) est pas mal (d’après moi).

    Mélissa entre à la fac. Elle est violée à la suite d’une soirée bien arrosée. Le téléfilm décrit la façon dont les survivantes de viol sont souvent blâmées à tort.

    #35032 Répondre
    milù
    Invité

    J’ai vu récemment le film « The Witch », de Robert Eggers. Il s’agit d’un film d’horreur étasunien dans lequel une famille puritaine, vers 1630, est chassée de leur village pour un crime religieux (blasphème? le film ne précise pas) commis par le père. isolées à la lisière d’une forêt sauvage, iels galèrent pour survivre, et assez vite une série de désastres s’abat sur eux qu’iels attribuent à un sort jeté par une sorcière.

    la critique d’Ashley Britt, sur BitchMedia <b>(en anglais)</b> (qui en fait m’a donné envie de voir le film) voit en ce film une portée féministe. Je sais pas si d’autres personnes l’ont vu et on une opinion, mais l’article m’a plutôt convaincu.

    Je traduis une partie de la critique:

    « La principale crainte de sa famille, ostensiblement, est qu’une sorcière les tourmente. Mais au fil du film, on réalise que le corps de la jeune fille [Thomasin, la fille ainée] constitue également une véritable menace pour leur tranquillité. Physiquement, elle se trouve à la frontière entre l’age de fille et l’age de de femme, et, à l’instar de la maison familiale située à la lisière de la foret, elle occupe un territoire dangereux.

    (…)The Witch s’écarte des conventions du genre : plutôt que prendre parti pour une famille cherchant à se défendre contre un ennemi terrifiant, l’attaque est montrée du point de vue de l’ennemi présumé. Alors que ses proches l’accusent de pactiser avec le Diable, la mise en scène révèle sa terrible vulnérabilité. On voit les visages de ses parents se crisper de dégoût et de peur alors que le regard de Thomasin reste ouvert et implorant. Elle est livrée à elle-même, sans allié·es, complètement paniquée. Et pourtant elle se tourne vers ses juges, les bras ouverts, sans défense. On ne peut que craindre pour sa sécurité physique.

    (…)Pour moi, les forces surnaturelles du film recèlent une horreur qui, elle, est bien réelle. Le scénariste et réalisateur Robert Eggers a directement tiré la plus grande partie des dialogues de textes d’époque sur la sorcellerie. La plupart des moments de terreur viscérale du film ne sont pas fictionnels mais nous viennent directement de notre passé américain. Aller voir The Witch la semaine même où Donald Trump remporte haut la main les primaires du Parti Républicain avec son discours de haine, et où la Cour Supreme examine un dossier qui pourrait saper l’accès à l’avortement [texte publié en mars 2016], éveille en moi une peur bien différente : l’horreur inhérente à un rapport de pouvoir qui habilite un petit nombre d’hommes à contrôler le corps de très nombreuses personnes. Les fondements puritains de notre culture ne sont pas difficiles à identifier quand les Républicains invoquent le besoin de ‘protéger’ les femmes pour justifier une kyrielle de nouvelles lois qui empiètent sur notre autonomie corporelle.

    (…) La véritable terreur n’était pas une sorcière cachée dans les bois mais bien les hommes à la foi inébranlable, décidant pieusement du sort des femmes qui les entourent.

    #35033 Répondre
    Lison
    Invité

    @Milù
    J’ai vu ce film et je n’ai pas du tout vu la portée féministe, au contraire.
    C’est vrai que l’on adopte souvent le point de vue de Thomasin, mais cela ne permet que de faire douter encore plus le spectateur sur le fait qu’elle est peut-être finalement en partie responsable du malheur qui s’abat sur sa famille: elle tue sa mère (par accident, certes, mais elle la tue), est responsable en partie de la mort de son père (elle le distrait malgré elle quand le bouc l’attaque) et part seule dans la forêt à la fin retrouver d’autres sorcières (j’ai trouvé la fin très bête d’ailleurs, et vraiment pas intéressante dans le développement de l’imagerie de la sorcière. Je m’attendais à plus d’originalité, pas à voir un tableau de Goya comme on les connait maintenant par coeur).

    Au vue de la portée progressiste d’un tel thème (les féministes reprennent souvent la figure de la sorcière comme celle d’une résistance à l’ordre patriarcal) je m’attendais à mieux.
    Ce qui m’a énervé aussi c’est l’absence totale de solidarité féminine: la mère se met à véritablement haïr sa fille à la fin sans que l’on comprenne pourquoi sinon pour des raisons misogynes (jeunesse perdue, peur de ne plus plaire, elle accuse Thomasin d’avoir séduit son frère, etc), la petite soeur est vraiment un personnage bizarre et incohérent selon moi, qui est très prompte à soupçonner sa propre soeur, une accusation qui parait au spectateur comme totalement injuste alors que les soupçons du père par exemple sont plus nuancés, progressifs et plus réalistes.
    La figure du père est la mieux développée selon moi: on a pas affaire à une caricature de l’homme rural brutal et violent mais à un personnage plus complexe, victime de ses croyances et de sa pratique extrêmes. C’est l’aspect le plus intéressant du film, étrangement !
    La vision qu’a le frère, Jacob, m’a beaucoup énervée: cette vamp dans une cabane…Franchement on a déjà vu ça cent fois, la belle nana qui -suspens !- est en fait vieille et dégueu…Ce stéréotype de la sexualité féminine dangereuse pour les hommes et qui n’a pour but que de vouloir leur perte est précisément un mythe qui date de l’époque de la chasse aux sorcières du Moyen Âge. C’est fatiguant de le voir retranscrit ici sans aucune remise en question.

    Bref j’ai été déçu par ce film. J’attendais un renouvellement de cette figure passionnante de la sorcière, femme persécutée et puissante, et je n’ai vu que des clichés enrobés dans de belles images.

    #35036 Répondre
    milù
    Invité

    @Lison: merci pour tes remarques!

    moi aussi certains aspects du film m’ont gênée, j’avais hésité à en parler parce que spoilers, mais bon, maintenant que c’est fait… 🙂

    non mais en effet moi j’ai surtout trouvé vraiment dommage et contre-productif que le film décide (et ce parti-pris est révélé très tôt) que la sorcière existe bel et bien, et a effectivement décidé de tourmenter la famille. à mon sens le film aurait eu un discours beaucoup plus intéressant s’il avait laissé planer l’ambiguité quant à l’existence ou non d’un élément extérieur hostile.

    déjà parce que de nombreuses personnes s’identifient comme sorcières, c’est une forme de spiritualité/un ensemble de pratiques (je sais pas vmt comment elles le définissent) qui existe vraiment, et il est dommageable à ces personnes que ces vieux clichés dépréciatifs (et misogynes en plus) continuent d’être propagés.

    d’autre part, parce que, si je comprends bien, l’argument qui fonde la chasse aux sorcières est que les sorcières sont des femmes extérieurement indistinguables mais ayant secrètement pactisé avec le diable et causant toutes sortes de malheurs. Ce qui veut dire que que toute femme pourrait être une sorcière. soit, dans la relecture féministe de ce discours, ça permet de viser des femmes qui recherchent un tant soit peu leur propre autonomie et refusent les diktats patriarcaux. En même temps, l’insoumission chez les femmes est désastreux pour la communauté (puisque son ordre économique et symbolique est fondé sur la sujétion des femmes) et est donc considéré— tour de passe-passe intellectuel— comme maléfique (avec toutes les enjolivures qui vont avec, comme tu dis, “à la Goya”).

    Et donc pour que le film puisse mobiliser cette grille de lecture, il aurait fallu que la sorcière n’existe pas, mais que toute cette violence qui se déchaine contre Thomasin soit simplement l’effet de la recherche de bouc émissaire face à une situation de merde— et en effet, cette famille anglaise se retrouve isolée dans une nature qu’elle ne connait pas, y’avait de fortes chances que ça se finisse mal.

    Le personnage du père est en effet intéressant, on sent que le film s’est intéressé aux contradictions qui le traversent. On comprend qu’il s’est fait chasser du village pour avoir tenu tête à d’autres hommes— sans doute plus vénérables. Bref, c’est un combat de coqs. Le film s’ouvre sur des déclarations grandiloquentes de sa part face au tribunal qui l’exclut. On comprend qu’il aurait pu lâcher l’affaire et accepter d’être humilié, et qu’il serait resté au village. Au lieu de ça il leur tient tête et est chassé- avec toute sa famille qui n’a rien demandé.

    A un moment du film, face à la série de catastrophes qui leur tombe dessus, le père se met a prier en s’accusant d’avoir péché par vanité (je crois). Il semble réaliser que c’était irréfléchi et dangereux de sa part de tenir tête face aux chefs du village, et d’attirer sa compagne et ses enfants dans une situation qu’il ne maitrise pas.

    Il me semble qu’il peut représenter la croyance virile/colonialiste européenne en la domination de la nature par la civilisation. Ce serait donc sa fierté virile, sa certitude d’être un représentant de la civilisation conquérante européenne, qui entraîne la perte de la famille.

    Par contraste la menace (sorcière) est associée à une “nature” féminine (en opposition à la force civilisatrice masculine) qui cherche à engloutir la famille. Et le corps de Thomasin (ni enfant ni épouse, c’est une femme dont la place sociale est en flottement, donc dangereuse) la rattache, du point de vue des autres, à cette “force de la nature”, puissante et potentiellement opposée à une société qui tente de la soumettre.

    Dans cette vision, si la virilité-colonialiste de Michael est tenue en échec, ce n’est pas parce qu’elle serait en soi problématique et destructrice, mais parce qu’une force opposée (féminine) viendrait la contrer. En chargeant Thomasin de tous les malheurs de la famille, celle-ci absous symboliquement le père (le pôle masculin) de sa responsabilité dans le désastre.

    En tout cas c’est la lecture que j’ai eu envie de trouver dans le film…

    Mais encore une fois, c’est vrai, ce discours symbolique sous-jacent dans l’accusation de sorcellerie pourrait être intéressant si on montrait clairement qu’il s’agit d’une pure construction, d’un échafaudage sexiste.

    Or puisque dans le film y a vraiment une sorcière, tout ça n’est pas vraiment la faute du père, et accuser Thomasin était plus une erreur sur la personne qu’un exemple de misogynie structurelle.

    après je sais pas pourquoi, j’ai eu envie de trouver des excuses au film et, ayant pourtant vu tout ça, j’ai décidé que l’existence de la sorcière dans le film reflétait une vision du monde d’époque dans laquelle cette figure maléfique existant réellement… mais là c’est vraiment tiré par les cheveux hein? et cette lecture n’est soutenue par rien d’autre qu’une grosse dose de complaisance de ma part…

    bref, je sais pas si ce que je dis est bien claire? j’espère que c’est pas trop embrouillé et cérébral, j’ai du mal à être sûre avec mes délires symboliques si je dis des trucs vaguement intéressants ou si je brasse du vent… faut pas hésiter à me dire si vous pensez que c’est n’importe quoi 🙂

    #35037 Répondre
    Lison
    Invité

    Oh, très intéressante ton analyse de deux mondes (un masculin et un féminin) qui seraient mis en conflit par le film!
    Je suis vraiment d’accord: le fait que la sorcière existe bel et bien mine tout le potentiel subversif et progressiste du film. C’est ça qui m’a agacé à la fin: au lieu de laisser le spectateur choisir sa version de la réalité, on lui en impose grossièrement une.
    Le fait que l’on ne parle jamais de la raison pour laquelle ils ont quitté le village donne l’impression que le père est excusé dans le film, que sa responsabilité n’est en rien impliquée dans le malheur de la famille. En ce sens, on sent que c’est un film qui adopte pleinement le point de vue masculin. D’autant plus que les deux personnages les plus cohérents pour le spectateur, à part Thomasin, sont le père et Jacob.

    Il n’y a pas de problème à aimer un film que l’on désapprouve sur le fond ! 🙂 Sinon, en tant que féministe, je n’irai quasiment jamais au cinéma, ni ne lirait de livre, etc…Ça serait compliqué. Je pense que l’on se débrouille comme on peut dans une société patriarcale, en prenant dans certains films ce qui est bon, sans fermer les yeux sur le reste pour autant.

    Moi ce qui m’a beaucoup plut dans ce film, c’est les relations humains/nature/animaux: on sent que toutes les peurs de ces personnes reposent sur une proximité avec la nature et les autres êtres qu’ils côtoient mais connaissent mal. Cela les poussent à fantasmer jusqu’à l’extrême leur environnement. je pense que c’est une vision pour le coup très juste de ces temps antérieurs à nous. Dommage que ça se fasse au détriment des femmes dans le film 🙂

    #35038 Répondre
    Douffie Shprinzel
    Invité

    1

    Dreamgirls, vraiment pas mal!
    Le film suit un trio de chanteuses afro-américaines et ce à quoi elles sont confrontées, le sexisme, le racisme. J’avais une certaine méfiance en jetant un coup d’oeil au scénario et face à la situation de compétition dans laquelle elles se trouvent, mais j’ai été agréablement surprises, au contraire on a des belles scènes de solidarité.

    #35039 Répondre
    Arrakis
    Invité

    après je sais pas pourquoi, j’ai eu envie de trouver des excuses au film et, ayant pourtant vu tout ça, j’ai décidé que l’existence de la sorcière dans le film reflétait une vision du monde d’époque dans laquelle cette figure maléfique existant réellement… mais là c’est vraiment tiré par les cheveux hein? et cette lecture n’est soutenue par rien d’autre qu’une grosse dose de complaisance de ma part…

    Tu tapes tout à fait juste en réalité, le réalisateur explique précisément ça dans ses interviews :

    Quel a été le point de départ de The Witch ?

    J’ai tenté de raconter un cauchemar du passé. Comme un cauchemar dont on aurait hérité. J’ai essayé de comprendre ce que pouvait représenter la sorcière à l’aube de cette époque moderne, en quoi la puissance de cet archétype a pu tuer tant de femmes et d’hommes innocents et qui étaient accusé de sorcellerie. Qu’est-ce qui était si effrayant à leur sujet ?
    C’est un film sur les sorcières, mais c’est aussi un film sur le pouvoir des femmes et sur la peur que ce pouvoir inspire aux hommes. Dans quelle mesure diriez-vous que The Witch est un film féministe ?

    Le féminisme n’était pas l’intention première du film, avant tout j’ai tenté de comprendre le phénomène des sorcières. Mais très vite, en faisant des recherches, la réflexion féministe s’est imposée d’elle-même. On raconte ici l’histoire d’une culture misogyne, sur la suppression et l’oppression du pouvoir féminin. Si l’on parle de sorcières, on parle de féminisme. Et cette lecture du film me convient parfaitement.

    http://www.filmdeculte.com/people/entretien/Entretien-avec-Robert-Eggers-23084.html

    … Et en anglais, un peu plus détaillé :

    From a contemporary perspective, looking back, it’s clear that in the early modern period, the evil witch [represents] men’s fears and ambivalence and fantasies about female power. And in this super male-dominated society, the evil witch is also women’s fears and ambivalence and fantasies and desire about their own power. It’s a tragedy to read about a young girl upsetting someone, and since she didn’t think she could have the kind of power to create that reaction, it has to be the devil. And thus, she thinks she’s an evil witch. It’s chilling.

    http://www.theverge.com/2016/2/19/11059130/the-witch-director-robert-eggers-interview

    Traduction maison rapide :
    « D’un point de vue contemporain, il apparait clairement qu’à cette époque, la méchante sorcière représente l’ambivalence, la peur et les fantasmes des hommes concernant le pouvoir féminin. Et dans cette société extrêmement patriarcale, la méchante sorcière est aussi la peur, l’ambivalence et les fantasmes des femmes concernant leur propre pouvoir. C’est tragique d’entendre parler d’une jeune fille qui dérange quelqu’un, et qui, parce qu’elle ne pense pas avoir le pouvoir de provoquer une telle réaction, [en conclut] que ça doit être l’oeuvre du Diable. Et par conséquent, elle pense être une méchante sorcière. C’est glaçant. »

    Eggers évoque également dans certains entretiens le fait qu’il voulait créer un « cauchemar puritain » (quant au langage, mais aussi quant aux représentations du monde, de la sorcière et de la sorcellerie).

    Le film se veut également une tragédie.

    ATTENTION SPOILERS ! (D’après mes souvenirs d’autres interviews du réalisateur)
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    Par exemple, pour ne parler que des parents :
    Le père provoque l’exil et la damnation de sa famille en partie à cause de sa rigueur morale (à son procès, il traite ses juges de « mauvais chrétiens », il refuse de mentir à son fils en lui disant qu’il ira au paradis, intensifiant les angoisses de celui-ci, etc. Il répond au désespoir de sa femme par des injonctions à accepter le plan de Dieu, ce qui aggrave son état, masque ses faiblesses pour correspondre à l’image du patriarche, ce qui accentue la dislocation de la famille, etc.
    La mère provoque la perte de sa Thomasin et la pousse vers la damnation parce qu’elle interprète toutes ses actions comme le signe d’une présence maligne, et qu’elle tente de « soigner ce mal » créé par son propre regard. Thomasin devient une sorcière et peut-être tentée parce qu’elle a été désignée comme telle, et que son moindre geste est déformé et interprété comme démoniaque.
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    FIN DES GROS SPOILERS

    Je ne prétends pas que the Witch soit parfait du point de vue féministe, même si je l’ai beaucoup aimé, mais l’idée est (entre autres) bien de montrer la sorcière comme une figure fantasmatique, servant à réprimer les femmes qui sortent de la place leur étant assignée, et à expliquer les conséquences néfastes de la pensée et de la vie puritaine sans remettre en cause cette dernière. Il y a pas mal d’interviews du réalisateur que j’ai trouvées intéressantes, pour les intéressé-e-s.

    Bref, je ne vais pas faire grossir encore ce pavé sur the Witch, il va finir par planter le forum !

    _________________________________________

    J’aime beaucoup Dreamgirls aussi sinon, même s’il n’est pas parfait. Mais pas l’énergie d’épiloguer pour l’instant ^^

    #35042 Répondre
    Romain
    Invité

    Est-ce que quelqu’un a vu « Les filles au Moyen Âge » d’Hubert Viel ?
    Parce que, j’ai l’impression que cet une arnaque, niveaux féminisme.

    #35043 Répondre
    Lison
    Invité

    Ah oui on en a beaucoup parlé à un moment, mais je ne l’ai pas vu ! Si vous avez une idée de l’endroit où le trouver sur internet ?
    Pourquoi est-ce que ça semble être une arnaque ?

    #35044 Répondre
    Meg
    Invité

    Je viens de voire les filles au moyen âge et effectivement il y a quelques problemes. Par exemple il est dit que les chrétiens sont favorables aux femmes par rapport aux coutumes antiques. L’épisode du massacre d’Hypatie d’alexendrie est occulté, ce qui est bien pratique pour faire passer les chretiens pour des progressistes. Il est dit que grâce au culte mariale les femmes deviennent privilégiées par rapport aux hommes. L’exemple fournis est l’acquisition du droit au mariage. Lè film présente lè fait d’être mariable plus jeune (a 12ans pour les filles contre 14 ans pour les garçons) comme un privilège. Comme si devenir la servante et l’esclave sexuelle d’un homme plus âgée et tomber enceinte a 12ans etait un aventage sur les hommes. Lè film présente aussi l’amour courtois comme une preuve d’une societe domine par les femmes, or la manière dont l’amour courtois est présenté est une vision déformé par lè XIXÈME qui ne mentionne pas que les femmes aussi écrivaient des textes courtois. Par rapport à l’amour courtois comme nec plus ultra du feminisme m’a toujours semblé specieux. Des hommes prêts a traiter les femmes de déesses en litterature pour les mettre dans leur lits c’est pas une preuve d’égalité entre les sexes. J’ai souvent entendu de gros machistes prétendre que la femme est supérieur a l’homme et les mettre sur un pied d’estal, mais cette pretendu supériorité n’empeiche pas la femme d’être seule à récurer les chiottes.
    Lors du chapitre sur le creation de l’hôtel dieu, les femmes sont montrée comme des dominantes qui abuseraient de leurs privilèges (cf l’épisode du bassin demandé aux francs maçons un semi caprice). Lors de l’évocation de la peste il n’est pas mentionner que la propagation de l’épidémie est liée (entre autre) a l’oppression des femmes (et l’extermination des chats associés aux sorcières et persécutés en France jusqu’à la révolution). La persécution des femmes savantes, guérisseuses, l’extermination des chats, et la stupidité de la médecine masculine de l’époque basé sur le systheme galien ont une place importante dans le décès d’un tiers des européens lors de cette épidémie. Ceci n’est absolument pas évoqué. Cette grande peste est l’occasion d’une aggravation de la persécution des femmes mais Ca aussi lè film ne le dit pas. Hildebrand Von Brigen et le pouvoir des abbesses sont mentionnées mais lè fait que les clercs cherchèrent tous les moyens possibles d’interdir la moindre influence à ces femmes est occulté.
    Lè film ne dit pas que des bêtises, les femmes etaient en effet plus émancipées au moyen âge qu’à la renaissance. Par contre le film va trop loin en voulant réhabiliter la place des femmes dans la societe médiévale il tombe dans l’excès inverse. Lè film est surtout à mon avis tres pro chretien et cherche à faire passer le catholicisme pour une forme de feminisme mais vu l’importance des persécution que cette religion (les autres aussi mais seul le christianisme est évoqué dans le film) et ses clercs ont infligé aux femmes en faire les patagon du feminisme Ca fait mal au cœur. Lè film n’évoque que de prétendus aspects positifs du christianisme sur les femmes (on pourra discuter du privilège d’être mariable a 12ans) sans jamais rien mentionner des actes et lois ignobles que cette religion a instituée contre les femmes.

    #35046 Répondre
    Antrenteau
    Invité

    Quelques remarques à propos de ce que dit Meg, tout d’abord le culte marial s’est surtout développé et particularisé vers la fin du Moyen-Âge, début de la Renaissance et c’est totalement absurde d’y voir une avancée pour les femmes : Marie est un symbole, pas une femme réelle, qu’elle soit mise en avant ne signifie pas du tout que les femmes s’en portent mieux. Sinon on pourrait dire que la figure de Marianne a rendu les femmes plus privilégiées durant la Révolution, c’est simplement absurde. Seuls les faits socio-économiques permettent de juger des avancées des droits spécifiques, les symboles ne pèsent pas lourds dans cette balance. Que l’on  »pense » que les femmes aient des droits spéciaux ne dit rien de leurs situations réelles.
    Quant à l’amour courtois, je sais bien que cela n’a pas très bien percé dans la culture populaire, mais la remise en cause de sa portée pro-femmes a au minimum plus de trente ans et ce dans l’histoire française  »mainstream » (je ne parle même pas de l’histoire des femmes en particulier). L’amour courtois est une vision purement androcentrée où la femme est un idéal et pas une personne réelle (même s’il est effectivement dirigée vers une personne réelle). C’est un jeu d’hommes, d’un aîné qui en gros prête sa femme comme cible d’une passion contrôlée (normalement) à un plus jeune, ce n’est absolument pas féministe ou même favorable aux femmes, c’est juste de l’objectification socialement instituée. En général en effet, les  »féminolâtres » sont des machistes patentés, la femme devient un idéal et plus un être singulier avec ses pensées personnelles, juste un objet sur lequel on projette ses fantasmes. De plus l’amour courtois est une pratique aristocratique, ce qui dans une population à l’écrasante majorité rurale et laborieuse ne dit pas grand chose. C’est juste une vision de l’histoire par le haut et vieille de près de cent ans qui semble à l’œuvre ici…

    #35047 Répondre
    Lison
    Invité

    Oui entièrement d’accord pour l’amour courtois, d’autant plus qu’il me semble qu’il s’agissait avant tout d’un moyen pour un vassal de montrer plus fortement son allégeance à son suzerain en flattant sa femme.
    De plus, ce n’est jamais la femme qui choisit les avances qu’elle reçoit et elle ne peut en faire elle-même à un homme dans les règles de l’amour courtois. Elle ne peut que les accepter ou les refuser. Il s’agit donc d’une sorte d’échange de courtoisie entre deux hommes qui se partagent la même femme, il n’y a absolument rien de féministe là-dedans.

    #37062 Répondre
    Romain
    Invité

    Résumé très rapide sur la condition de la femmes aux moyens-age:
    ATTENTION, LE RESUME VA PARFOIS PARLER DE VIOLENCE CONJUGAL ET DE VIOL!

    Les côtés positifs:-Votre mari n’a plus le droit de vous tuer, comme dans l’antiquité.
    -Vous avez accès a plusieurs métiers.
    -Pour l’Eglise, vous êtes une créature pure (et avec une âme).
    -Si vous êtes noble ou religieuse, vous pouvez avoir des études.
    -On demande votre consentement pour un mariage (en théorie).
    -Rare période historique où vous pouvez être reine.
    -Si vous êtes abbesse, vous pouvez avoir un pouvoir égale a un évêque.

    Les côtés négatifs:-Votre mari a le droit de vous battre.
    -Vous êtes soit mère,soit religieuse.Sinon vous êtes voleuse,mendiante
    ou prostituée.
    -Vous êtes sous-payés, et vous ne serait jamais maîtresse de métier.
    -Pour L’Eglise, vous êtes une une créature pure,… Mais sans raison.
    -Votre éducation est surtout religieuse et domestique.
    -Si tu te fait violer, il faudra t’en prendre qu’a toi-même.
    (Oh, et ta vie sociale est détruite !)
    -Même reine, votre pouvoir est reste limité.
    -Vous êtes plus facilement suspecté de sorcellerie qu’un homme.
    -Vos menstruations sont toxiques. Et en ménopause, la toxicité passe
    maintenant par la vue.
    -Vous êtes, et vous rester mineurs a vie.

    Voilà, avec çà,vous pouvez contredire n’importe conservateur qui dit que le moyen age
    est une période géniale pour les femmes.

    #37063 Répondre
    Skratsch
    Invité

    Y a quelques petits points sur lesquels je suis en désaccord.

    -Votre mari n’a plus le droit de vous tuer, comme dans l’antiquité => Heu… L’Antiquité où ? Et quand ? Parce que oui, être une femme au Moyen-Âge c’était par bien des points mieux qu’être une femme sous l’Empire Romain ou dans la Grèce Antique (enfin, surtout dans la Grèce Balkanique et principalement Athènes, il semblerait que les Grecs d’Asie Mineure aient été bien plus égalitaires), mais l’Antiquité c’est une très longue période au cours de laquelle de nombreux peuples ont coexisté ou se sont succédé. Si on prend le cas de la France (les Gaules, donc) tout ce que j’ai pu lire sur le sujet semble indiquer que les femmes y étaient beaucoup plus libres et moins opprimées avant que les Romains n’aient l’obligeance de venir nous apporter la « civilisation ». On peut dire la même chose d’un certain nombre d’ethnies avant leur intégration à l’Empire Romain ou leur christianisation.

    -Vous êtes sous-payés, et vous ne serait jamais maîtresse de métier => ça dépend du corps de métier, il me semble qu’on a quelques exemples de femmes qui ont réussi dans le commerce. Ceci-dit, ça n’a sans doute pas été sans mal.

    -Pour l’Eglise, vous êtes une créature pure (et avec une âme) => Pas tout à fait, la femme est quand même considérée comme la vile tentatrice qui conduit l’homme au péché. La réciproque n’est pas vraie, en revanche.

    -Rare période historique où vous pouvez être reine => Tout dépend du pays…

    -Si tu te fait violer, il faudra t’en prendre qu’a toi-même.
    (Oh, et ta vie sociale est détruite !) => ça n’a malheureusement pas totalement disparu…

    -Vous êtes plus facilement suspecté de sorcellerie qu’un homme => A cette période, c’est un peu moins problématique qu’on pourrait le croire. Certes il y a eu des persécutions contre les sorcières. Il faut savoir que durant tout le Moyen-Âge, les sorcières ne posaient aucun problème à l’Église car le mot d’ordre officiel était que seul Dieu pouvait accorder des pouvoirs aux humains et elles ne devaient donc être considérées au pire que comme des charlatans. Dénoncer une sorcière était donc limite plus dangereux pour l’accusateur que pour l’accusée. C’est comme très souvent (contrairement à ce qu’on a tendance à nous enseigner) vers la Renaissance que les choses ont commencé à mal tourner. Les premières chasses aux sorcières ordonnées par l’Église datent de 1480, ce qui selon le système de datation choisi n’est parfois même plus considéré comme faisant partie du Moyen-Âge.

    Ceci dit, rien de tout ça ne change le fait qu’il ne faisait effectivement pas bon être une femme au Moyen-Âge.

    #37064 Répondre
    Meg
    Invité

    Ca serait mieux de faire un sujet séparé sur les filles au moyen age car le film n’est effectivement pas féministe. Romain il est faux de dire que les femmes au moyen age étaient des « créatures pures » aux yeux de l’eglise. Pour le moyen age, la place des femmes à cette période, était bien meilleur que la place des femmes à la renaissance et bien meilleur que la place des femmes à la révolution française et bien meilleur que la condiction des femmes au XIXeme siècle et ca reste aussi bien meilleur que pas mal de place des femmes dans le monde contemporain.

    Par rapport au film il y a encore des choses problématiques que je n’ai pas mentionné. Attention spoiler :

    Les femmes sont toujours accusé de poussé trop loin, comme un running gag. J’avais deja parlé des hospitalières avec leur demande aux france-maçons. Dans le sketch sur l’amour courtois, il y a le même « gag », le narrateur accuse les femmes d’avoir des demandes extravagantes et c’est à cause de cela qu’elles n’aurons plus le droit de faire de la métaphysique dit-il. Du coup par ce « gag » il rend les femmes responsable des intedictions qui leur sont faites. Si les femmes vont trop loin les hommes sont bien obligé de les cadrés. C’est pour leur bien…

    Il y a aussi un passage sur la mode, associé à la féminité. Cliché sexiste classique mais anachronique. A cette époque justement le vêtement féminin est assez sobre et basique, peu varié, peu coloré, peu compliqué à coudre, tandis que les hommes ont le droit à une flopée de chapeaux, vestes à manches étranges à feston et découpes en flamme, costumes bigarrés, turbans, collants…

    Le film est quant même sympas, et agréable à regarder. C’est un jolie film pour enfants mais ca reste quant même chargé de sexisme bienveillant et de paternalisme sous couvert de féminisme. Vu que les fantasmes contemporains sur le moyen-age toujours vu comme une période de ténèbres en opposition à la renaissances. C’est pas le pire qu’on puisse montrer sur le moyen age. C’est tout de même rare d’avoir l’occasion de découvrir Hildegard Von Birgen dans un film pour enfants. Et de comprendre que les femmes sont aussi actrice de l’histoire. Je trouve tout de même dommage que le film se fixe sur l’histoire des puissant·e·s, rois, reines, jeanne d’arc. Une vision quant même un peu classique.

    Le film est en fait plus juste au niveau de la dénonciation anticapitaliste que pour son intention féministe. Le final avec l’homme d’affaire qui explique le capitalisme me semblent bien fait, claire, efficace. Le réalisateur maîtrise clairement mieux ce sujet là.

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