Fifty Shades of Abuse

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  • #28851 Répondre
    Meg
    Invité

    Je pense qu’on va parler de ce film prochainement sur le site lacinémaestpolitique car politiquement il semble qu’il ai un très très très mauvais impacte politique. Alors j’ouvre les festivités avec ce très bon article que je viens de lire et que je vous recommande.

    http://unejeuneidiote.tumblr.com/post/110904538282/fifty-shades-of-abuse-traduction

    Fifty Shades of Abuse – traduction

    Cet article est la traduction de la revue du film Fifty Shades of Grey par Rosie Waterland sur Mamamia.com.

    Je me suis rendue à l’avant-première de Fifty Shades of Grey en pensant que j’allais y trouver plein de matériel marrant et ridicule pour écrire une revue hilarante. Au lieu de ça, je suis sortie du cinéma au bord des larmes.
    Je suis vraiment, vraiment désolée. Je sais que j’en ai fait des tonnes sur combien j’allais écrire une revue “trop drôle”. J’ai fait la maline en postant des photos du tapis rouge, et tweeté en caps lock en voyant les premiers poils pubiens.
    Mais j’ai merdé. J’ai grave merdé. Je pensais que ce film serait deux heures de série B ridicule à propos du bondage, dont je pourrais me moquer. C’était en réalité deux heure de contenu incroyablement perturbant sur une relation émotionnellement abusive, qui m’a vraiment, vraiment secouée.
    Maintenant, j’ai simplement honte d’avoir un jour ri à ce propos.

    Je n’ai jamais lu aucun des Fifty Shades, donc je ne savais pas ce que j’allais voir. Je pense que là résidait le problème. Le phénomène n’avait jamais été qu’à la périphérie de ma zone d’attention. Je pensais réellement que c’était l’histoire d’une jeune femme inexpérimentée sexuellement, qui rencontre un homme légèrement plus âgé, extrêmement expérimenté, qui lui apprend tout ce qu’elle a besoin de savoir en trois livres de scènes de sexe et de clitoris gonflé.
    Je savais que ledit sexe avait une connotation BDSM, ce qui, d’après ma connaissance limitée de tout ça, devait inclure des mains attachées, des fessées, et… je ne sais pas… des bandeaux ?
    Je pensais que les livres parlaient de sexe coquin, à peine plus. Le genre de sexe qui mélange le plaisir et un peu de douleur, et faisaient lire le livre aux femmes au foyer avec toujours une main libre. Je suis totalement pour que les femmes se fassent du bien, et à part être contente que des femmes sexuellement frustrée prennent leur pied, tout ça ne m’intéressait pas vraiment.
    J’avais entendu les grondements de groupes luttant contre la violence domestique qui appelaient au boycott du film, mais dans mon ignorance, j’imaginais que c’était parce qu’une femme était physiquement blessée par un homme pendant une relation sexuelle. Mon opinion était donc que, ben, si c’étaient deux adultes consentants, et qu’être attachés et fessés étaient leur truc, où était le problème ?
    Mais je n’avais aucune idée que Fifty Shades of Grey n’était pas qu’à propos de relations sexuelles. C’était aussi l’histoire d’une relation incroyablement perturbante, manipulatrice et émotionnellement abusive.
    Donc, après une demi-heure de projection, j’ai eu un moment d’arrêt, horrifiée. J’ai réalisé, assez soudainement, que je regardais un film qui glorifiait la violence domestique.

    La relation entre Christian Grey et Anastasia Steele est l’une des plus violente et dérangeante que j’ai jamais vue portée à l’écran.
    Et laissez-moi être claire envers les femmes qui sont incroyablement protectrices envers le livre qui leur a procuré un certain éveil sexuel : quand je parle de violence domestique, je ne parle pas du sexe.
    En fait, je considère que le sexe est la chose la moins choquante du film. La “salle de jeu” de Christian représente tout ce que j’avais espéré en matière de ressorts comiques – ça ressemblait à la maison du boîteux dans Pulp Fiction. Il a attaché Anastasia et ils ont fait plein de trucs sexy avec des fouets et des plumes, et son plaisir avait l’air aussi important que celui de Christian, ce qui est rafraîchissant pour un blockbuster.
    Mais enlevons le sexe de l’équation pour quelques minutes. Parce qu’en regardant ce film, j’ai été complètement terrassée parce que j’ai vu. Et par ce que des millions de femmes ont accepté comme étant une relation à laquelle aspirer.
    Christian rencontre Ana. Il est immédiatement obsédé par elle. Il trouve l’endroit où elle travaille, et s’y pointe sans prévenir. Il localise son téléphone une nuit et la confronte dans la rue. Il s’introduit même dans sa maison et l’effraie en rentrant dans sa chambre, alors qu’elle est seule.
    Quand ils commencent à sortir ensemble, il se met immédiatement dans une position de contrôle total. Il joue avec ses émotions et la désoriente, par exemple en l’embrassant tendrement, puis en la repoussant. Il refuse de partager son lit avec elle après qu’ils aient couché ensemble. Après à peine quelques jours, elle est déjà en larmes à cause de la manière dont il la traite. Elle se retrouve à regarder d’un œil envieux les couples qui ont l’air heureux et qui se montrent affectionnés l’un envers l’autre.
    Il lui achète un ordinateur pour qu’il puisse la contacter quand il veut. Il vend sa voiture et lui en achète une autre, qu’il a choisie, tout ça sans le lui demander. Il lui dit qu’elle n’a pas le droit de parler à qui que ce soit de ce qui se passe entre eux deux sous peine de voir leur relation s’arrêter. Il l’isole clairement de ses amis et de sa famille.
    Il choisit les vêtements qu’elle porte, le médecin qu’elle voit, le contraceptif qu’elle prend, la nourriture qu’elle mange. Elle n’a pas le droit de trop boire. Il lui dit que c’est son travail de lui plaire, et que si elle ne le rend pas heureux selon ses critères exacts, leur histoire est terminée.
    Quand il découvre qu’elle a prévu un voyage chez sa mère, dans un autre état, il est furieux. Il la jette par-dessus son épaule et hurle “TU ES A MOI. RIEN QU’A MOI. TU COMPRENDS ?”

    A ce moment-là, Christian contrôle complètement Ana. Il décide des moments où ils se voient, de l’affection qu’ils se montrent, à qui Ana parle et avec qui elle passe du temps. Ses amis et sa famille peuvent dire qu’elle est malheureuse.
    Mais par-dessus tout, Ana est désorientée. Quand elle veut communiquer avec Christian, elle ne sait pas si elle va le trouver réceptif, ou froid comme de la glace. Il est inconstant, et dans son désespoir de retrouver les quelques moments où il est gentil avec elle, cette inconstance garde Ana sous le contrôle. Elle a l’air de penser que si elle reste, si elle continue d’essayer, elle trouvera comment le rendre heureux, et il arrêtera de la traiter aussi mal.
    Ana est clairement au cœur d’une relation émotionnellement abusive.
    Maintenant, prenez tout ça, et rajoutez du sexe BDSM. Ensuite, prenez toutes les conditions que Christian a imposées à Ana, le contexte de leur “contrat officiel BDSM” qu’il lui a fait signer.
    C’est comme ça que ce film rend la violence domestique acceptable. C’est de la violence émotionnelle, déguisée en “contrat de sexe coquin”. C’est de la violence domestique, déguisée en fantasme sexy.
    C’est subtil, c’est du génie. Mettre ce genre de relation, violente et abusive, dans le contexte d’un milliardaire sexy qui a juste besoin d’être aimé, permet de convaincre beaucoup trop facilement les audiences à travers le monde que ce genre de comportement est acceptable. C’est pas un pauvre ivrogne avec une coupe mulet qui bat sa femme parce qu’elle n’a pas fait la vaisselle. Christian est classe. Riche. Eduqué. Il ne correspond pas à l’image que la plupart des femmes se font d’un homme violent, et ce type de violence n’est pas celle que la plupart des femmes reconnaitraient d’emblée.
    Sans oublier que la combinaison de violence émotionnelle et de bondage sexuel implique que quiconque ose dire que le message de l’histoire est perturbant, peut être réduit à un·e “prude”, ou accusé de ne pas comprendre ce qu’est le BDSM. Ces lignes floues dans le film permettent aux personnes déterminées à garder l’esprit fermé parce qu’elles aiment avoir les yeux bandés de clore la discussion très facilement.
    Mais il n’y a pas de doute pour moi que le film que j’ai vu est une représentation claire et perturbante d’une relation de pouvoir et d’abus émotionnel. C’était de la violence domestique. Je me fiche du nombre de femmes qui ont appris à aimer le sexe grâce à Fifty Shades of Grey. C’ÉTAIT DE LA VIOLENCE DOMESTIQUE.
    J’étais un peu soulagée quand le film s’est terminé sur Ana qui décide que ses limites ont été repoussées trop loin. Elle quitte Christian et il paraît clair qu’elle ne veut pas qu’il la poursuive. Mais j’ai appris ensuite qu’elle retourne auprès de lui, et passe les deux livres suivants dans le même tourment émotionnel de manipulation. Elle passe les deux livres suivants à s’accrocher aux bons moments qu’ils passent ensemble, à espérer qu’un jour, les bons moments seront plus nombreux que les mauvais. A espérer qu’un jour, elle trouvera comment le rendre heureux, pour qu’il ne soit plus obligé de la traiter si mal. A espérer… que si elle continue… d’essayer…

    Ce film était une apologie de la violence domestique, marketée comme un bon moment pour la Saint Valentin. C’est pour ça que j’ai presque pleuré. Et c’est pour ça que je ne pouvais pas écrire une revue drôle.
    J’ai honte d’avoir seulement cru que je pourrais.

    #28855 Répondre
    Miss
    Invité

    Pour l’anecdote, à l’origine, Fifty Shades était une fanfiction de Twilight. L’auteure a repris les personnages d’Edward et Bella, les a changé de monde et a ajouté beaucoup de sexe (parce que selon elle, Twilight manquait de sexe et c’était nul). Ensuite, elle a trouvé un éditeur (je ne sais pas comment) et les a rebaptisés Christian et Anastasia.

    Quand on sait que la relation de Twilight est déjà abusive (Edward vole le moteur de la voiture de Bella, entre autres, Julie en a parlé bien mieux que moi), on n’est pas vraiment surpris de trouver les mêmes abus dans Fifty Shades.

    A quand une réécriture positive avec, par exemple, Bella/Ana qui se ressaisit, largue Christian/Edward et fonde une association de défense des femmes maltraitées?

    #28859 Répondre
    Julie
    Invité

    Ben justement la review de 50 shades, c’est moi qui m’y colle… 🙂
    (en même temps après Twilight, j’ai plus peur de rien…)

    J’ai vu ce « chef-d’oeuvre » hier et j’ai eu envie de quitter la salle en courant, en plus d’être politiquement tout nul, le film est chiant et pas du tout sexy…

    Merci pour l’article Meg et j’ai hâte de lire cette fanfic 🙂

    #28860 Répondre
    Fanny Gonzagues
    Maître des clés

    super intéressant cet article. J’avais feuilleté un bouquin de la sociologue Eva Illouz qui s’appelle Hard Romance et qui parle du bouquin et de son succès et je crois que je préfère cet article parce qu’il met l’accent sur la relation violente et abusive au niveau émotionnel, qui est représenté comme glamour etc. alors que le livre met l’accent sur le sexe BDSM comme lieu de violence, j’avais l’impression. je trouve que l’article du coup est plus nuancé en terme d’analyse car je suis d’accord avec l’idée que c’est la violence domestique et le contrôle que Christian a sur la vie d’ana qui est plus gênante dans cette fiction qu’une représentation d’une sexualité Bondage mais du coup en effet, la relation bondage vient légitimer et rendre sexy la violence domestique. Enfin, je m’exprime assez mal, mais toujours est il que j’ai trouvé cet article super!

    #28862 Répondre
    Victo
    Invité

    Pour rebondir sur l’anecdote de Miss:

    Je peut vous garantir que la fanfic’ originelle se sent à plein nez à la lecture du premier tome. J’ai trouvé ca tellement bizarre que j’ai été voir sur wikipedia et que le lien de parenté à bien été confirme.

    50 nuance, c’est twilight. Ne cherchez pas plus loin. On trouve les mêmes stéréotype, on « reconnais » chaque personnage.

    #28885 Répondre
    Grussie
    Invité

    Je n’ai ni lu ni vu, ni Fifty shades ni Twilight (si c’est aussi similaire, je précise), mais ça a l’air bien horrible, de tout ce que je peux lire.

    Il y a Antisexisme (la blogueuse) qui a fait cette image que j’aime bien :
    2

    J’aime beaucoup le texte que tu as cité, Meg, à part ce paragraphe :

    Sans oublier que la combinaison de violence émotionnelle et de bondage sexuel implique que quiconque ose dire que le message de l’histoire est perturbant, peut être réduit à un·e “prude”, ou accusé de ne pas comprendre ce qu’est le BDSM. Ces lignes floues dans le film permettent aux personnes déterminées à garder l’esprit fermé parce qu’elles aiment avoir les yeux bandés de clore la discussion très facilement.

    Tou.te.s les pratiquant.e.s bdsm que je connais sont au contraire particulièrement horripilé.e.s de voir ça; celleux qui ne veulent pas voir la toxicité du modèle qu’on leur met sous les yeux, ce ne sont pas particulièrement les pratiquant.e.s bdsm mais celleux qui n’ont pas envie de voir la violence pour des raisons x ou y (même si inévitablement il y a des intersections et des problèmes aussi au sein du milieu bdsm). Même sans culture féministe, il y a un certain nombre de « règles » dans le bdsm, pour la sécurité, typiquement les safewords qui sont faits pour être respectés (puisqu’apparemment dans fifty shades, il y en a un, mais qui ne sert à rien), ou le matos pour attacher les personnes comporte toujours une sécurité pour que la personne puisse se détacher elle-même en cas de besoin (en cas d’abus de l’autre, mais aussi ne serait-ce que si l’autre fait une crise cardiaque, tu vas pas rester stupidement attaché.e à côté)… du coup je pense que les scènes où elle gueule le safeword quatre fois sans résultat, ou où elle est attachée sans moyen de se libérer, font autant réagir les bdsm que les féministes. D’ailleurs si vous tapez « bdsm fifty shades of grey » dans un moteur de recherche, tous les premiers résultats écrits par des gens qui ont l’air de pratiquer le bdsm expliquent tout ce qui ne va pas dans Fifty shades of grey, par exemple cet article (avec quelques petites phrases qui me font tiquer aussi mais dans l’ensemble je suis d’accord).

    Après je pense aussi que c’est très intéressant d’observer comment le bdsm peut être utilisé pour cacher tous les problèmes de la sexualité violente qui est représentée ici, hein ! Je pense que c’est une question de formulation, parce que de ce que je peux observer, il y a au contraire une stigmatisation du bdsm (notamment là, à la sortie de ce film), alors que la première phrase du paragraphe que j’ai cité sonnait un peu « onpeutplusriendir », avec la phrase d’après qui dit que c’est à cause des gens qui aiment avoir les yeux bandés.

    Bon désolée, j’ai un peu fait un pavé sur un truc qui n’était pas central. ^^

    #28889 Répondre
    Yael
    Invité

    Ce qui me gêne le plus dans le succès de Fifty shades et de Twilight est que tout le monde s’accorde à dire que c’est de la très mauvaise littérature, mais malgré cela, cela a un succès démentiel. Je ne pense pas qu’il serait « préférable » que de bons romans fassent l’apologie d’une relation abusive, mais je trouve encore plus inquiétant que de mauvais roman qui fasse l’apologie d’une relation abusive ait un énorme succès auprès des femmes (car les deux ont un public très féminin, même si j’ai l’impression que Twilight est sur un segment plus jeune).
    J’ai peur que ce soit révélateur du fait qu’un grand nombre de femmes aient intériorisé le fait qu’une relation abusive avec un homme jaloux, intrusif, dominateur, possessif etc. soit le summum du romantisme. Si cela a du succès alors que c’est mauvais, n’est-ce pas parce que beaucoup de femmes rêvaient déjà avant d’un « prince charmant » comme Edouard ou Christian ? Je trouve cette idée glaçante.

    #28945 Répondre
    Meg
    Invité

    @Grussie, le texte ne dit pas que les adeptes du BDSM AOC seraient celleux qui renverraient l’accusation de pruderie au visage des critiques de 50shade. Je ne voie aucun problème avec le paragraphe que tu souligne à part que tu lui fait dire ce qu’il ne dit pas. Les adeptes AOC autoproclamé·e·s du BDSM n’ont a pas se sentir visé·e·s ici et ca serait sympas de pas faire dévier le sujet sur la défense du BDSM, ou de définir ce qui serait un vrai BDSM par rapport à un faux.

    @Yael- Déjà le « Prince Charmant » dans le traditionnel conte de la belle au bois dormant il la baise sans son consentement vu qu’elle dort depuis 100 ans la princesse. C’est tout de même bien flippant quant on y pense. De la pure culture du viol inculqué dès le berceau.
    Je connait aussi une femme qui s’est séparé d’un homme au prétexte qu’il était « trop gentil » ce qui m’a toujours étonnée. Comment peut-on être trop gentil ? Et cela sous entend que si il ne faut pas un homme gentil c’est qu’il vaut mieux en avoir un méchant. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec le mec suivant.
    J’ai aussi une copine qui ne rêve que de « bad boys » ce qui m’inquiète pas mal pour elle. Le truc avec ce genre de shémas c’est qu’une fois que le « prince charmant » a envie d’être moins charmant, vous pourrez vous dire que vous l’avez bien chercher vu que vous avec choisi un mec pas gentil. Ca déresponsabilise l’agresseur vu que c’est votre choix.

    Le truc c’est qu’en patriarchie l’homme doit être plus âgé, plus grand, plus fort, plus riche que la femme (Mr Gray en somme). Ceci la met d’office en position de subir des violences et abus de la part du « prince charmant » si c’est son bon vouloir. Et si il vous fait mal c’est votre faute car vous avez choisi d’aimer un gros salopard riche et fort et tant pis si c’est ce qu’on vous a appris à aimer, vous n’aviez qu’a pas croire les contes de fées de votre enfance. C’est une triplette gagnante pour les hommes.
    1-Vous pouvez être une ordure et faire ce que vous voulez.
    2-Si une femme se plaint que vous lui avez fait mal vous pouvez lui dire que c’est elle qui l’a chercher.
    3-La société vous rendra hommage et on fera peut être un film ou un livre en votre honneur d’homme fort. Vous serez un exemple pour de nombreux hommes et des femmes fantasmerons sur vous.

    Tout ceci est ce qu’on appel un système d’oppression – le système patriarcale – et le signe qu’un système fonctionne bien c’est lorsque les opprimés perpétuent l’oppression sans que les oppresseurs aient besoin de se fatiguer à opprimer eux même. En patriarchie ce sont aux femmes de perpétrer leur propre oppression – ce sont elles les fantasmeuses de leur bourreaux, les mères qui privilégient leurs fils, les grand mère qui lisent la belle au bois dormant aux fillettes, les copines qui font des injonctions à la maigreur… Et le BDSM n’est qu’une version codé des règles du patriarcat qui veut que la sexualité soit dégradantes pour les unes et valorisante pour les autres et qui fait qu’on parle encore de « salopes » et de « Don Juan », d’actifs et de passives, de préliminaires, que la première fois pour une femme doit faire mal et qu’il faut « souffrir pour être belle ». Jamais on ne dit qu’il faut souffrir pour être beau – pour être beau, il faut faire souffrir.

    #29023 Répondre
    tetue
    Invité

    Je viens de finir le premier tome. Au début — mièvre, mal écrit, agaçant — j’avais envie de le jeter. Puis j’ai trouvé intéressante cette description, du point de vue féminin, de la progression d’une relation pour le moins ambigüe, description assez précise sur les questionnements intérieurs, les atermoiements et l’emprise qui s’installe. Si l’héroïne est certes (sexuellement ET amoureusement) inexpérimentée, elle n’est pas une oie blanche et oppose de saines questions et réactions.

    Effectivement non, il ne s’agit pas d’un roman SM ni même érotique. Ce livre est un portrait, celui d’un « maniaque du contrôle » qualifié comme tel, tout puissant, possessif, harceleur, qui souffle le chaud et le froid, bref manipulateur. L’auteure le dit elle-même : « Cette histoire de domination-soumission n’est qu’une diversion par rapport à son problème fondamental » avant de faire rompre son héroïne.

    Je ne sais pas comment le film retranscrit le livre, mais je n’ai aucune envie de le voir, après les retours vaguement séduits qui m’en ont été faits.

    #29048 Répondre
    Edgard
    Invité

    La saga a quand même été vendue à plus de 100 millions d’exemplaires principalement en Occident. De nos jours les femmes sont clairement attirées par des bad boys (beaux et riches si possibles) est-ce une manipulation des médias ? Étant noir je vois les dégâts que ça engendre dans ma communauté où Rick Ross vendeur de drogue et rappeur est regardé comme un modèle à suivre. Et je vois un ras de marée de « types biens » bloqués dans un célibat quasi industriel. La raison pour laquelle Anastasia revient vers Grey c’est tout simplement l’hypergamie. Quel que soit le degré de courtoisie et de gentillesse d’un boulanger il ne pourra jamais lutter face à un riche milliardaire. Les Bella de notre époque préférons verser des sauts d’hémoglobine à des monstres des bois plutôt que de répondre aux avances de l’élève bon en maths binoclard et maladroit.

    #29049 Répondre
    hic
    Invité

    Bonjour poire!
    Merci de nous mecspliquer que les femmes sont la cause de la violence qu’elle subissent parce que cette bande d’idiotes décervelées ne savent pas choisir des gentils-mecs-pas-machos-bons-en-math. Sinon je ne vois pas en quoi être rappeur et vendre de la drogue engendre la violence conjugale, mais bon, on est plus à quelques arguments inutiles près (d’ailleurs on sait tou-te-s que les rappeurs, comme les femmes, sont nuls en math.).

    #29050 Répondre
    Lirienne
    Invité

    et on sait tout-e-s que les garçons hétéros se jettent aux pieds de la binoclarde timide bonne en math (qui sont les trois signes irréfutables qu’on est une bonne personne, parce que les binoclard-e-s timides bon-ne-s en math qui sont des conards/asses ça n’existe PAS).

    Sinon « tetue », sans vouloir te spoiler tu vas être déçu-e si tu lis les autres tomes.

    #29055 Répondre
    Edgard
    Invité

    @Hic j’ai volontairement caricaturé car les personnages de 50 shades et twilight ou des 3/4 des séries ados styles Vampire Diaries sont des caricatures destinées à valoriser les connards au détriment des hommes normaux. Si pour vous vendre de la drogue du moment que ça n’engendre pas de violence conjugale est acceptable, cela veut dire que vous ne réaliser pas les dégâts que ça fait à toute une communauté. Les trafics, les règlements de comptes, l’échec scolaire, l’emprisonnement etc
    Je n’ai jamais dis que les femmes sont la cause de violence conjugale, je dis juste qu’il y a un attrait morbide vers ce genre de comportement, il y a sûrement un lavage de cerveau derrière mais quand je vois toutes ces « idiotes écervelées » vouloir se faire fouetter dans une chambre rouge ça m’inquiète pour l’avenir.
    @Lirienne regardez autour de vous et faites le constat. Je préfère de loin côtoyer une binoclarde timide avec qui j’aurai des discussions intéressantes plutôt qu’une narcissique et égocentrique bombe sexuelle. J’ai bien peur que le défi actuel du féminisme soit de libérer les femmes de la manipulation des médias.

    #29057 Répondre
    Lina
    Invité

    « Je préfère de loin côtoyer une binoclarde timide avec qui j’aurai des discussions intéressantes plutôt qu’une narcissique et égocentrique bombe sexuelle. »
    >>>
    Edgard, pourquoi opposer deux types d’identité féminines qui ont tout du fantasme tant elle sont exagérées? D’un côté l’intello au physique passe-partout(puisque apparemment les lunette sont un attribut de non-attractivité physique) mais tellement gentille (la bonne petite amie) et de l’autre la très sexy donc forcement méchante bimbo (la femme attirante mais toxique)…
    Les femmes sont souvent poussées à construire leur identité dans une optique de rivalité avec les autres, notamment en ce qui concerne leur sexualité. Je pense par là au fait que le slut-shaming peut être pratiqué de manière particulièrement violente entre femmes (à de nombreuses reprise dans 50 nuances de grey l’héroîne emploi de façon très péjorative le mot « pute »), au fait que de nombreux récits mettent en concurrence des femmes pour avoir les faveurs d’un homme/savoir qui est la plus belle (le schéma de blanche-neige en somme), entre autres exemple. Il y a une éducation des femmes qui favorise les antagonisme au sein d’un même groupe et annihile une possible solidarité. Solidarité qui permettrait de lutter contre le système sexiste qui instaure ce type de rapport entre femmes. Dans la sphère du féminisme, il arrive donc parfois que certaines femmes dédaignent voir rabaissent ce qui est associé à une identité stéréotypée de la féminité – ces fameuses bimbos narcissiques et futiles, intellectuellement médiocres dont tu parles. C’est un gros problème je pense.
    Pourquoi considérer qu’une personne narcissique est nécessairement égocentrique, égoïste, et que cela est l’apanage des femmes dont le physique correspond à l’image de la « bimbo »? Le fait que des femmes puissent se sentir épanouies dans leur corps, le trouve beau et n’ai pas peur de le montrer est une chose pourtant positive dans une société qui a tendance à rabaisser les femmes dans leur estime de soi.Même si c’est un sujet qui pose des questions, ce phénomène du selfie montre que les femmes, même si leur corps est à l’opposé des normes de la beauté, peuvent s’apprécier et aimer se mettre en scène. Est ce que ce narcissisme est nécessairement une mauvaise chose? Je ne pense pas.
    Ensuite il y a aussi cette idée qu’une personne qui s’intéresse à des choses perçue comme futiles (leur corps, la mode, etc) ne sont pas capables de beaucoup de réflexion. je trouve ça tristement réducteur. Je suis moi-même plutôt coquette, je m’intéresse beaucoup à l’histoire du vêtement, mais je suis aussi capable de survivre à la lecture d’un livre de socio, et mes centres d’intérêt ne s’arrêtent pas là…

    La « manipulation des médias » dont tu parles consiste aussi à opposer ces deux images réductrices des femmes.

    #29058 Répondre
    Lirienne
    Invité

    @Edgard : Alors déjà, quel est le rapport avec la drogue ? Oui, la drogue détruit des vies mais premièrement les dealers ne se disent probablement pas « Mouhahaha, je vais vendre de la drogue pour détruire des vies parce que je déteste l’humanité » et deuxièmement ça n’en fait pas forcément de mauvaises personnes, les dealers peuvent être des compagnes/gnons très bien.

    Ensuite, « les petites idiotes » se passeront bien de votre paternalisme et le BDSM n’est pas de la violence conjugale si il est pratiqué avec le consentement des deux (ou plus) partenaires et en fixant des règles claires à ne pas outrepasser (donc pas comme dans 50 shades of Grey) et si des femmes sont excitées par ça, ça n’en fait pas des « idiotes écervelées ».

    Après @Lina a très bien expliqué le problème avec le fait d’opposer deux stéréotypes de femmes (qui ressemble à s’y méprendre à la salope vs la fille « bien ») et le problème avec le fait de se plaindre que « les femmes ne sont attirés que par les méchants et même par les gentils comme moi » est expliqué ici : http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-nice-guy-portrait-robot/

    Enfin, les féministes savent contre quoi se battre ne vous inquiétez pas.

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