Bambi 2 et la virilité…
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- Ce sujet contient 3 réponses, 3 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Paul Rigouste, le Il y a 10 années, 9 mois.
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AntisexismeInvité
Je ne me souviens plus si vous avez écrit un article sur « Bambi 2 » ou si vous l’évoquez quelque part… (il me semble que si mais je ne me rappelle plus). En tout cas, j’ai rarement vu un dessin-animé aussi réac (qui date de 2006… pas des années 50 !)
Ce film raconte « Comment on devient un homme », et représente la construction de la virilité dans tout ce qu’elle a de plus violent : la quête de performance, le combat, le rejet des filles/femmes et des « chochottes » (mâles pas assez virils), l’obéissance et l’autorité, le refoulement des sentiments et des émotions.
On voit aussi que les animaux mâles n’ont pas du tout les mêmes rôles que les animaux femelles (cantonnées à « femme à sauver », « emmerdeuses » et « mères »), dans le film…
Bref, ça craint.
Paul RigousteParticipantMerci du conseil, j’en avais pas entendu parler. Je l’ai regardé du coup, et effectivement, c’est une horreur absolue ce truc.
La relation avec le père est vraiment horrible. Tout ce truc de « il faut mériter l’attention de papa en se montrant courageux et viril », c’est vraiment ignoble, parce que le film n’a vraiment à aucun moment le moindre recul critique là-dessus. Bambi doit se cacher de son père quand il se prend une branlée par le porc-épic, parce que c’est trop la honte et papa ne pardonne pas la lâcheté. Et inversement, ses yeux brillent quand enfin papa s’intéresse à lui parce qu’il a eu assez de courage pour sauter par-dessus un trou particulièrement grand. Et c’est seulement après ça, une fois qu’il a montré à papa qu’il avait assez de couille pour mériter d’être son fils, qu’il a le droit d’être éduqué à devenir un chef. Beurk, beurk et rebeurk.
C’est marrant sinon, parce qu’on retrouve complètement la figure du « nouveau père », omniprésente dans les films d’animation des années 2000 (et que j’ai essayé d’analyser dans des articles sur ce site. Cf. http://www.lecinemaestpolitique.fr/nouveaux-peres-i-de-monstres-et-cie-a-moi-moche-et-mechant-apprendre-a-etre-doux/). Mais le film neutralise complètement les potentialités « progressistes » de ce genre de scénario (qui peut être l’occasion de faire un peu évoluer les représentations de la paternité et de la masculinité dans un sens un peu moins horrible) en nous ressortant la bonne vieille relation virile où le père apprend au fils à devenir un homme digne de ce nom (et menace de le renier s’il n’y arrive pas).
C’est marrant d’ailleurs comme certains passages font directement penser au Roi Lion (le premier Bambi était d’ailleurs déjà une sorte de proto-Roi Lion). Je pense notamment à cette scène où ils sont tous les deux en haut du rocher et où le père montre à son héritier le peuple qu’il aura à protéger (parce qu’un chef c’est fait pour protéger son peuple c’est bien connu…). Avec en prime le refrain sur le lourd-fardeau-du-chef-qui-ne-peut-pas-aller-s’amuser-parce-qu’il-a-une-grande-responsabilité. Vraiment hideux.
Bref, ce film est vraiment à gerber. Merci d’avoir attiré l’attention dessus 🙂
LiamMaître des clésAh oui un grand moment en effet!
Fameux le coup des quatre sœurs indifférenciées qui ne font que ricaner et embêter les garçons.
J’ai également apprécié le coup du « je veux pas me battre, mais si tu touches à ma femelle, là je vais m’énerver, parce qu’on touche pas à ma femelle ».
Yavait effectivement un ptit truc du « nouveau père », mais c’est tellement ambiance odieuse « on est bien entre hommes, les femmes on en a pas besoin à part à la rigueur pour faire des bisous » que ça ne m’a pas beaucoup touché.
La scène avec Bambi qui fantasme sa mère aurait pu être intéressante (Bambi qui montre qu’il veut des calins, pas de la virilité), si elle n’avait pas servi à montrer comment il se fait leurrer et il se met en danger et ouf ya papavirilo qui arrive pour le sauver…
Le « personnage » de la mère de substitution est grandiose aussi. Elle arrive pour être maman, elle se fait prendre au piège pour permettre aux hommes de se mettre en valeur, et une fois qu’elle a compris qu’elle ne pouvait même plus être maman elle se casse, « allez hop pas besoin de femmes ici tu comprends? dégage ».Le truc du « nouveau père » aussi ça m’a fait marré, j’ai l’impression que le dispositif est bien choisit pour qu’on ai pas a se poser la question de la vie quotidienne de ce que c’est d’être vraiment parent (la bouffe, les vêtements, les pleurs, les caprices, les câlins, les bobos, les mensonges, les conflits, les jeux, etc.), comme ça on peut juste tranquillement se focaliser sur « jsuis papa je te sauve la vie, jsuis papa je t’explique la vie fiston, jsuis papa je te regarde méchamment paske t’es une mauviette, jsuis papa jsuis sympa je m’étonne que t’as pu sauter aussi loin, jsuis papa je t’apprend comment être viril et dominant et chef mais jte fait un calin à la fin donc youpi c’est cool la vie ».
Bref, un grand moment Disney comme on les adore.
Merci pour la découverte!
Paul RigousteParticipantOui c’est complètement ça pour le « nouveau père », je suis complètement d’accord. On dirait que cette problématique s’est peut-être un peu imposée à eux mais malgré eux en quelque sorte (puisque y a certaines allusions ou débuts de trucs qui nous laissent croire qu’on va peut-être un peu avoir une figure de père qui va devenir plus doux, ou se remettre en question dans sa manière d’éduquer son fils), mais qu’ils ont tout fait pour la neutraliser et revenir au bon vieux schéma où papa t’apprend à être un homme, et surtout pas d’affection entre nous ! Du coup, quand je l’ai regardé, ça m’a donné un peu l’impression d’un film qui dit en gros : « la redéfinition de la paternité en un sens un peu moins viriliste, nous on en a rien à foutre, on veut juste la bonne vieille paternité traditionnelle bien virile et autoritaire, et on l’assume ». Bref, vraiment affligeant ce film…
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