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#6396
Paul Rigouste
Participant

Après avoir fini de regarder The Wire (que j’ai trouvé globalement vraiment super politiquement), j’ai regardé une mini-série de 6 épisodes d’une heure que les créateurs de The Wire (David Simon et Ed Burns) ont fait avant : The Corner (2000). (D’ailleurs, un truc amusant c’est qu’on retrouve un grand nombre des acteurs/trices de The Wire, mais dans des rôles totalement différents)

corner

La série se concentre exclusivement sur un quartier pauvre de Baltimore ouest. Donc on retrouve les mêmes coins de rue que dans The Wire, mais sans les parallèles et articulations avec d’autres milieux (police, journalisme, école, etc.). Là on est juste avec les pauvres qui essaient de se sortir de la misère et de la drogue (on n’a pas non plus de portrait des organisations de trafic de drogues et de leur leaders), et c’est pas mal aussi je trouve car ça permet de mieux suivre ces personnages dans leur quotidien.

Je trouve ça aussi anti-raciste que The Wire pour les mêmes raisons (la multiplicité et la variété des personnages, leur complexité, leur inscription au sein de leur condition sociale d’existence, etc.). Et je trouve d’ailleurs au passage que The Wire comme The Corner sont de très bons exemples de représentations anti-classistes des classes populaires. Parce que les personnages ne se réduisent pas à des stéréotypes, mais sont complexes, intéressants, tou-te-s différents dans leur manière de s’en sortir (ou pas) dans ces conditions de vie misérables. J’aime particulièrement le fait qu’ils ne sont jamais l’objet du rire (comme dans beaucoup de films classistes) : on n’est pas invité à rire d’elleux, mais au contraire à rire avec elleux, car illes sont souvent drôles et perspicaces.

Le truc qui m’a vraiment fait peur avec cette série, c’est le sexisme. Le premier épisode est d’une misogynie hallucinante. Mais progressivement ça disparaît quand le film s’attarde un peu plus sur les personnages féminins (peut-être pas totalement, mais quasi). Après, comme The Wire, ça reste globalement assez centré sur des personnages masculins (par exemple, le groupe d’ados que l’on suit est 100% masculin, et on ne verra jamais un groupe d’adolescentes de leur point de vue). Mais bon, globalement j’ai trouvé ça très chouette politiquement, et très émouvant à pas mal de moments.

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