Répondre à: Get Out
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précision pour moi c’est pas forcément un problème de discuter de racisme entre personnes blanc-hes, juste là je sentais que la conversation allais trop loin pour me permettre d’être à l’aise de mon côté.
C’est sûr vu que l’histoire apprise à l’école française est du point de vu de la France, donc le contraire de l’Algérie sur ce sujet. Et la France n’assume pas vraiment cette partie honteuse de son histoire. Les cours d’histoire à l’école sont faits pour un public français, c’est normal qu’elle ne s’y reconnaisse pas (du coup je ne voit pas pourquoi on l’oblige à y assister).
Je n’ai pas lu les écrits auquel ZeE fait référence, mais je suis en train de réécouter la série d’émissions « Le Sale Air de la Peur » que j’ai mentionnées plus haut, et j’ai envie de citer assez longuement Jiben dans l’épisode 4: « La colonisation est-elle compatible avec la République? » (à partir d’1h22 environ)
La république française ne s’est jamais décolonisée. Toute cette question coloniale, ça reste un angle mort de la République. Ni symboliquement, ni matériellement, la République n’a jamais reconnu avoir fait la moindre faute en conquérant une partie de l’Afrique. Y a jamais eu d’épuration, ni administrative, ni d’aucun ordre; y a jamais eu de procès, y a pas eu de décolonisation culturelle, y a jamais eu de réflexion collective là dessus. Et même au contraire, ce qui s’est fait, au moment des indépendances, (…) la plupart des gouverneurs coloniaux qui étaient en place sont devenus du jour au lendemain ambassadeurs. Autant dire qu’y a pas du tout de transformation, c’est la continuation du même processus. (…)
Quand on écoute les discours aussi de nos représentants… enfin de nos dirigeants (rires) présumés élus, on les entend volontiers fustiger la repentance. Au sommet de l’Etat on n’arrête pas de nous parler de la repentance. Et on nous ressort même parfois les arguments d’hier pour valoriser les aspects positifs de la colonisation, je vous rappelle quand même qu’il y a eu une loi qui allait dans ce sens des choses. Alors, les arguments, c’est: l’accès à l’éducation, le développement des peuples colonisés… et aussi la place de la France dans le monde, comme quoi décidément c’est toujours dicible aussi.
Quand je parle de repentance et tout ça, faut prendre acte que, évidemment on s’en doute, un état qui se constitue, qui est costaud, qui montre les crocs comme en ce moment et tout ça, est pas forcément très amené à régulièrement dire “on a fauté ça et là”. Mais en fait c’est arrivé. À propos de la Shoah, par exemple, il y a eu quand même un discours de Jacques Chirac en 95 qui a reconnu l’implication de l’état français dans la Shoah. Bon après chacun (…) en pense ce qu’il en veut de tout ça. Il n’empêche que, on voit bien qu’il y a des endroits où ça bloque et des endroits ou ça bloque pas.
Là où c’est en plus absolument insupportable, c’est pas complètement par hasard que je prends l’exemple de la Shoah, à un moment quand l’état français reconnaît son implication dans des histoires et pas dans d’autres, bah c’est lui qui fonde quelque part cette espèce de concurrence des victimes qui est absolument insupportable (…) mais merde aussi, qu’est-ce que c’est que cet état qui reconnait certains torts et pas d’autres, et en l’occurrence en ne les reconnaissant pas fabrique une certaine forme d’impunité vis-à-vis des torts coloniaux et les rend encore possibles, les rend encore imaginables?
Et puis bon, juste pour dire que que la France n’est pas particulièrement décolonisée, au-delà de la Françafrique (…) y a quand même les confettis de l’empire, tout ce qui est les DOM-TOM qui permettent de dire que la France en 2015 est encore un pays colonialiste, et tout ça dans le déni, dans l’indifférence la plus complète. Bon chacun se positionnera personnellement en termes moraux pour ce qui est de savoir si les Caraïbes, si la Nouvelle-Calédonie tout ça sont des colonies ou n’en sont pas, moi je pense que c’est assez clair en vrai: de quel droit une espèce de pays comme ça, la métropole, aurait des droits sur des terres qui sont à des centaines, des milliers de kilomètres d’elle? (…) Et puis y a même le cas de Mayotte carrément, dont l’ONU continue depuis 40 ans de dire à la France que c’est dans la pure illégalité internationale qu’elle continue à coloniser ce territoire, donc autant dire que cette histoire coloniale, quoi qu’il en soit, elle est pas finie, évidemment, comme j’espère qu’on la un peu démontré ce soir elle imprègne très fort cet esprit républicain dont on nous rabache les oreille en ce moment.
Quel est le rapport?
Certes dans ce passage, on ne nous parle pas spécifiquement d’éducation. Mais il me semble qu’on voit bien qu’il y a deux poids deux mesures entre divers crimes racistes commis par la france: la Shoah et la colonisation, pour reprendre ces deux exemples paradigmatiques (et tellement instrumentalisés que ça fait presque peur de dire les deux mots dans la même phrase).
Et dans les programmes scolaires on retrouve ce deux poids deux mesures. La violence et l’horreur de la Shoah sont assez explicites; le rôle de la france dans ce massacre est un minimum reconnu, malgré un cadrage qui reste problématique (on insiste à fond sur la résistance comme si l’existence d’une poignée de rebelles pouvait sauver l’honneur de la france, c’est un peu limite…). Alors que les horreurs perpétrées dans le cadre de la colonisation sont quasiment passées sous silence.
J’ai personnellement été outrée de n’avoir jamais entendu parler à l’école:
– du massacre de Thiaroye en 1944;
–