Répondre à: Captain Fantastic
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C’est une analyse intéressante. Pour ma part j’ai modérément apprécié le film ; le cadre m’a fait penser au documentaire « Alaskan Bush People » qui narrait l’existence – en plusieurs points très similaire à celle de Mortensen et ses enfants au début du récit – d’une famille de néo-pionniers en Alaska à l’époque actuelle. Mais là où le documentaire montrait clairement ce à quoi les Brown devaient renoncer pour vivre selon leur liberté (technologies, livres, accès rapide aux soins…), « Captain Fantastic » dépeint un tableau utopique selon lequel le père et les enfants ont absolument tous les avantages : non seulement la débrouillardise et les compétences physiques, mais aussi une éducation avancée, une santé parfaite, une vision humaniste du monde, aucun souci imprévu pour survivre, et même une propreté corporelle parfaite. Le parti pris du film dans son deuxième acte apparait donc pour moi clair : le Captain a crée une harmonie relativement stable en faisant de ses enfants des « philosophes-rois » (tel que c’est nommé) et cet état de fait ne saurait être remise en question par moins « éclairé » que lui. En quoi le mode de vie « ordinaire » de leurs proches pourrait-il être intéressant, puisqu’eux-mêmes ont déjà tout ce qu’il faut à la base, tant matériellement que physiquement et mentalement ?
Aussi, je ne pense pas, pour ma part, que Mortensen soit décrit à aucun moment comme quelqu’un de malveillant : les seules limites à son projet sont le manque de compatibilité sociale des enfants, une unique imprudence qui met sa fille en danger, et le garçon qui se rebelle avant de s’excuser. La confrontation du père avec le grand-père sur l’absence de choix donné à sa progéniture ne constitue qu’un bref moment de doute, menant à une solitude très vite rompu par les enfants qui, au final, souhaitent bel et bien rester avec leur papa, parce que sinon le film serait trop triste… Enfin, au lieu d’assumer clairement son parti pris, toutefois, le film résout maladroitement ces « problèmes » par un compromis naif dans la dernière scène, laissant croire qu’il suffit à la famille d’avoir pris la grande décision de s' »intégrer dans la société » pour pouvoir se la couler douce façon Petite maison dans la prairie. Décevant.