Répondre à: A serious man
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Pour commencer les frères Coen parlent d’eux, de leurs vécus, de leur histoire propre. Si clichés il y a c’est de la réapropriation. Ca pose peut-être problème, certes, mais infiniment moins que de leur attribuer la responsabilité de l’antisémitisme représentant des clichés.
Il me semble que l’émancipation passe nécessairement par l’auto-affirmation. Y compris à travers des représentations que les « alliés » perçoivent comme oppressantes.
Tout est toujours une question de point de vue, qui parle, qui écoute, à quel moment et à quel endroit.
Ca me fait penser à l’usage du terme « Nigger ». Employé par un descendant d’esclavagiste, ou par un descendant d’esclave, bon, ça n’a pas le même sens …
Ah oui, ça c’est sûr ! Mais je ne pense pas que ça soit la fin de l’histoire non plus. Se réapproprier les insultes c’est une chose (que je fais souvent, en temps que juive / femme / bie / etc), en fait c’est même plusieurs choses : je n’arriverais pas à être exhaustive parce que c’est pas forcément ultra clair pour moi, mais c’est à la fois mener une stratégie de survie, à un niveau politique et personnel et une stratégie de communication (de toute façon les deux sont liés, mieux tu combats et mieux tu te défends). T’anticipes l’insulte avant qu’elle te soit faite, tu répliques que ouais t’es feuge / gouine / autre et fière de l’être, en faisant ça tu survis, tu te défends, tu en rigoles, ou pas, tu renvoies un message, tu renverses qui nomme les choses, qui est le sujet, etc. Et personnellement, tout en continuant à en faire, j’ai l’impression de percevoir également les limites de la réappropriation. Comme beaucoup d’autres « élans » politiques, je pense que ça doit absolument être dynamique comme truc, sinon on se fait engloutir dans les sables mouvants (du patriarcat, du racisme, etc). L’effet de surprise bénéficie en ta faveur, après tu continues de te faire bouffer à la même sauce, au mieux t’as vaguement fait évoluer le vocabulaire.
Bon ça c’est Douffie Shprinzel qui doute de la réappropriation comme d’un truc universellement bien, mais en vrai j’en fais plein aussi. Ce qui m’embête dans le cadre du film, c’est comme je le disais plus haut, son ambiguïté, ce qui en soi est plus gênant politiquement, surtout si on veut faire dans la réappropriation.
l’audience d’Atzmon est limitée
Oui mais c’est pas juste Atzmon, c’est l’interprétation antisémite possible du film que je voulais souligner.
A un moment, si tu veux sérieusement oppresser, il faut produire des œuvres originales avec l’intention réelle de déprécier et d’opprimer ce groupe.
Pas forcément, non, je ne pense pas. Il y a plein de films qu’on analyse qui sont problématiques sans que ça veuille dire que le/la scénariste, le/la réalisateurice aient l’intention claire et nette de déprécier le groupe.
D’une manière générale, le thême de la « haine de soi » est vraiment un summum de la domination. Il renverse les choses et justifie la haine et l’oppression.
Je suis d’accord mais en même temps le racisme intériorisé, la misogynie intériorisée, c’est un vrai truc. Chercher à le comprendre et à l’analyser ne veut pas dire justifier le racisme ou la misogynie. Mais oui c’est glissant, sans faire exprès on reporte la responsabilité sur les mêmes, et maintenant que j’y pense, ce n’est peut-être pas un hasard si la page wiki sur la haine de soi juive est si fournie, et que les juifs sont toujours montrés comme les coupables de tout ! merci !
Sinon je te conseille ce super film (moins sur le judaisme mais plus sur l’antisémitisme)d’Elia Kazan.
Merci ! 🙂