Répondre à: The Voices
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J’ai vu ce film et je me suis posée de nombreuses questions quant à son orientation politique.
En effet, au delà du fait que le personnage principal est un homme, lequel n’est en interaction quasiment exclusivement qu’avec des femmes (ce qui conduit à dire que seule la relation homme-femme n’a d’intérêt), un autre problème s’est posé selon moi.
Le personnage tue exclusivement des femmes. Soit. Déjà, c’est un parti pris contestable. Mais en plus, le film s’attarde (très) longtemps sur les scènes de mise à mort (la première s’étouffe longuement dans son sang, la second meure longuement après être tombée et la troisième (sa mère) en se tailladant le cou. J’ai été très gênée par ces trois scènes complaisantes et qui montrent le meurtre de personnes (en l’occurrence des femmes) comme des moments presque drôles. Je ne vois pas l’intérêt. Ou alors, c’est pour nous faire rire…. auquel cas je trouverai ça HALLUCINANT!
J’ai été gênée par l’explication simpliste et accusatrice de la maladie mentale du personnage principal: c’est parce que sa mère entendait elle aussi des voix et parce qu’elle est morte devant son fils que ce dernier est déséquilibré. Et elle s’est mise à entendre des voix parce que son mari l’a « forcée » à partir de son pays natal pour s’installer aux US. Comme si on entendait des voix de façon psychotique quand on déménage. Cette lecture montre en fait la mère comme étant:
– faible, affective et donc incapable de surmonter sa peine d’avoir quitté son pays et
– source du problème du personnage principal, son fils, qui forcément entend des voix parce que sa mère en entendait aussi.
Grosso-modo, si elle avait été une femme forte, elle n’aurait pas rendu son fils dingue et il n’aurait pas tué ces femmes, donc quelque part, tout ce bordel, c’est quand même un peu la faute de la mère.
Par ailleurs, j’ai été très gênée de la fin du film qui montre le tueur voulant se suicider parce qu’il est « mauvais ». Et donc, pour preuve que c’est une « bonne » fin, on nous balance une musique et des danses débiles parce qu’après tout c’est heureux de voir une personne ayant de très gros problèmes mentaux (c’est d’ailleurs tout le sujet du film, le mec entend des voix!) mourir. Ca justifie la peine de mort pour les déséquilibrés mentaux. Puisqu’il ne sait pas prendre ses médicaments tout seul, il n’a qu’à crever, ce sera du bon débarras pour tout le monde, c’est en substance ce que nous dit la morale du film.
Enfin, je suis outrée par la façon dont l’institution psychiatrique est montrée: les hôpitaux font peur, les médecins sont soit méchants, soit naïfs au point de pouvoir se faire berner par un petit mensonge après un meurtre. La morale est sauve car la psy, elle n’est pas morte.
Mais là encore…. pourquoi n’est-elle pas morte? Parce que deux personnages quasiment sortis de nulle part (deux hommes évidemment) se sont décidés à la fin du film à venir jouer les zorros pour retrouver leur collègue disparue plusieurs semaines avant.
Bref, comme vous le voyez, je suis gênée par de nombreux aspects de ce film. J’en suis très étonnée car il est réalisé par Marjane Statrapi, et je pensais que je pouvais m’attendre à plus fin et plus moderne. Elle nous sort une vision profondément réactionnaire de la médecine et des rapports violents entre hommes et femmes.