Les meilleurs GIF politiques
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Douffie ShprinzelInvité
Je commence avec celui-là :
[Description de l’image :
La première partie, titrée « La théorie révolutionnaire », est une image révolutionnaire classique : dispersés, des petits poissons se font facilement manger par un gros poisson, ensemble, ils peuvent s’attaquer au gros poisson.La deuxième partie, titrée « La pratique révolutionnaire », est un film montrant un banc de poisson se réunir et se diriger vers un gros poisson, avant de se faire gober tout entier par celui-ci.]
LisonInvitéLe message est: « se fédérer ne sert à rien » du coup, non ? Vous êtes d’accord avec ça ? (ça m’intéresse vraiment de le savoir)
Douffie ShprinzelInvitéAh non, ce n’est pas comme ça que je l’interprète, et je ne serais pas d’accord avec ce message (de toute façon, il n’y a pas d’autre moyen de changer les choses que collectivement, et mine de rien parfois on arrache quand même des victoires même si elles sont petites, c’est important aussi de le garder en tête).
Je le lis comme de l’humour noir, une façon de dire « merde, c’est trop ça, et c’est triste ». Ce GIF, je l’ai beaucoup vu tourner sur facebook dans des cercles d’anciens révolutionnaires égyptiens; et des exemples de luttes/révolutions avec des gens qui y ont cru, qui se sont battus, qui ont vu leurs espoirs déçus, qui se sont fait violemment réprimer, il y en a tristement beaucoup.
C’est intéressant comme sujet, le pessimisme en politique. Je lisais ce matin une citation de Miyazaki qui m’a beaucoup plu :
[Description de l’image :
Il s’agit d’une citation de Miyazaki, traduite en anglais et que je traduis en français :
« Pour ma part, je suis très pessimiste. Mais quand un membre de mon équipe a un bébé, par exemple, je ne peux m’empêcher de lui souhaiter un bon avenir. Parce que je ne peux pas dire à un enfant : « tu n’aurais pas dû venir au monde ». Pourtant, je sais que le monde se dirige vers une mauvaise direction. Donc, avec ces pensées contradictoires en tête, je réfléchis à quel genre de film je devrais me mettre à faire. » Hayao Miyazaki.]J’ai mis cette citation parce que ça tombe bien, c’est une citation politique d’un géant du cinéma et on est sur Le cinéma est politique, et surtout parce que je pense que c’est à peu près l’état d’esprit à avoir. Les révolutions n’ont quasiment jamais marché, elles ont presque toujours été suivies de périodes particulièrement répressives et sanglantes. En Égypte, la situation est bien pire maintenant qu’avant 2011. Mais quand je demande à un ancien révolutionnaire égyptien ce qu’il changerait s’il avait la possibilité de revenir en arrière, il me répond « rien », ou « je m’engagerais davantage dans la révolution, j’y consacrerais plus de temps et d’énergie » — les mêmes qui partagent ce GIF. Tout l’opposé d’un « de toute façon, tout cela ne sert à rien ».
On se dirige vers des années très (très très) dures. Dire le contraire, c’est du déni. Ça ne veut pas dire que la situation est satisfaisante maintenant, mais ce n’est pas parce que les choses vont mal qu’elles ne peuvent pas empirer. Je vois beaucoup de déni autour de moi et de difficulté (voire de tabou) à penser le pire. Pourtant, penser le mauvais et penser le pire, ça va ensemble… Bref, tout ça pour dire, on se dirige vers des années très dures et c’est une pensée qui me fiche une trouille énorme, mais je pense qu’il faut absolument se mobiliser, je ne dirais jamais que « ça ne sert à rien ». Je crois en la responsabilité collective, de toute façon. Dans des dictatures où les gens risquent l’emprisonnement, la torture ou la mort s’ils l’ouvrent, c’est encore autre chose, mais on n’en est pas encore là, donc je pense qu’on doit absolument réagir.
(Je suis partie un peu loin dans ma réponse, désolée…)
LisonInvitéMerci pour cette longue réponse!
Je ne suis pas du tout d’accord, par contre: les révolutions et les luttes sociales conduisent en général à des résultats (vous citez l’Egypte, mais on peut citer la Tunisie, qui est un exemple bcp plus réussi des révolutions arabes de 2011). ALors pas toujours, vous avez raison, mais ce qui est sûr, c’est que sans lutte, on n’obtient rien (c’est d’ailleurs un peu l’essence de ce que vous dites. En fait je trouve ça paradoxal de votre part de dire qu’il faut se battre mais que ça ne sert à rien parce que l’avenir sera noir. Peut-être que j’ai mal interprété vos propos ?).
C’est grâce à ces luttes que nous avons gagné à peu près tous les acquis sociaux que nous avons aujourd’hui (en commençant par la révolution française de 1789, pour citer la plus connue).
C’est au contraire une victoire immense des dominants d’avoir réussi à nous faire penser que la lutte est inutile, que les révolutions amène pire que ce qu’on a maintenant, et que donc ce qu’on a de mieux à faire c’est de rien changer (un peu comme Sarkozy qui disait que « en France, quand il y a une manifestation, plus personne ne s’en rend compte », sous-entendu « manifestez tant que vous voulez, je m’en balance »). Le but est de nous faire penser qu’il n’y a rien à faire pour changer les choses, et c’est totalement faux. Ce n’est pas être naïf/ve ou angélique que de le penser, c’est regarder la réalité sous un autre point de vue, simplement.En fait ce genre de Gif ou blague pessimiste m’énerve parce que je trouve que ça participe de cet esprit ambiant de défaitisme, largement entretenu par les médias dominants.
ArrowayInvité@Lison : Sans lutte on n’obtient rien, je pense qu’on est tout-e-s d’accord sur ce point. Mais il y a des périodes de l’histoire ou certaines luttes s’accompagnent de pertes particulièrement lourdes en terme de vie humaine. Par exemple, si on lutte pour une révolution, alors il faut être lucide pour regarder en face ce que cela implique en terme de violences à court et moyen terme.
Je suis d’accord avec Douffie pour dire qu’on se dirige vers l’une de ces périodes sombres de l’histoire sur un grand nombre de points. Ce n’est pas être défaitiste, c’est être réaliste et reconnaître des schémas que l’on a déjà vu par le passé. En prendre conscience, c’est se donner les moyens de lutter pour éviter au maximum que les choses s’avancent d’avantage sur le chemin du « pire ». C’est aussi se préparer psychologiquement, et profiter de cette lucidité pour penser au long terme, notamment en n’oubliant pas de prendre soin de soi et des autres.
Ca me rappelle l’année dernière au moment où l’état d’urgence a été décrété : il y a eu celleux qui ont pensé de manière optimiste que le gouvernement ne le renouvellerait pas outre mesure ; et il y a eu celleux qu’on a traité de pessimistes car iels s’appuyaient sur les nombreux scénarios qui s’étaient déroulés par le passé pour alerter sur les dérives systématiques du recours à l’état d’exception. Guess who was right…
Comme dit Douffie, penser le pire, c’est anticiper et penser ce qui nous menace : c’est-à-dire ce qui nous donne la motivation pour se mobiliser. C’est aussi penser, questionner et renouveler sans cesse nos manières de lutter.
Pour moi ce GIF rappelle tout cela. Il dit : soyez lucide sur ce qu’impliquent les luttes révolutionnaires, ne cédez pas à un idéalisme déconnecté des réalités matérielles, restez concrets, apprenez des luttes du passé, souvenez-vous, réinventez-vous, préparez-vous à essuyer des pertes (parce qu’il y en aura).
LisonInvitéOui, oui je suis à peu près d’accord avec tout ce que vous dites. Seulement je souligne juste qu’un certain discours défaitiste sévis en ce moment un peu partout sur la toile et dans les médias, donc quand vous choisissez d’interpréter ce GIF comme vous le faites, c’est à mon avis pas la façon dont la majeur partie du public est encouragé à l’interpréter.
Douffie ShprinzelInvité@Lison
Je ne suis pas du tout d’accord, par contre: les révolutions et les luttes sociales conduisent en général à des résultats (vous citez l’Egypte, mais on peut citer la Tunisie, qui est un exemple bcp plus réussi des révolutions arabes de 2011). ALors pas toujours, vous avez raison, mais ce qui est sûr, c’est que sans lutte, on n’obtient rien (c’est d’ailleurs un peu l’essence de ce que vous dites.
J’aurais dû faire une distinction plus nette dans mon post entre révolutions et luttes sociales, parce que je crois beaucoup plus en les deuxièmes qu’en les premières. Je n’irais pas jusqu’à dire que les luttes sociales paient en général, mais en tout cas je suis complètement pro-luttes sociales sans la moindre hésitation, je ne connais pas autre chose. Les révolutions, je sais jamais si je dois me dire révolutionnaire, parce que ce que je retiens de l’histoire, c’est qu’elles sont en général suivies de périodes très répressives et sanglantes. Mais de toute façon, une révolution n’est pas déclenchée par une poignée de gens qui se disent révolutionnaires, une révolution arrive à un certain moment qu’on ne peut pas anticiper et qui est propice à à la fois donner de l’espoir et de la révolte à un grand nombre de gens. Bref, ce n’est pas un choix de militants de faire ou non la révolution.
En fait je trouve ça paradoxal de votre part de dire qu’il faut se battre mais que ça ne sert à rien parce que l’avenir sera noir. Peut-être que j’ai mal interprété vos propos ?
Non, ce n’est pas ce que je voulais dire : il faut se battre et se préparer à des années difficiles.
C’est grâce à ces luttes que nous avons gagné à peu près tous les acquis sociaux que nous avons aujourd’hui (en commençant par la révolution française de 1789, pour citer la plus connue).
La révolution française, c’est suivi d’une décennie de bain de sang et d’un siècle d’instabilité politique où je ne sais plus combien de règnes, de républiques et d’empires s’enchaînent, plus la révolution de 1848 et la commune de Paris. C’est impossible de comparer la situation un siècle plus tard avec ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu la révolution, donc c’est difficile de dire quels droits civiques on hérite de celle-ci. De plus, un siècle plus tard on commence à avoir une stabilité de la République, mais les conditions de travail des ouvriers étaient épouvantables, c’est l’âge d’or du capitalisme, pas forcément une super récompense pour ceux qui faisaient la révolution pour avoir à bouffer. Les droits sociaux, on les doit surtout à des mobilisations tout au long du 19è et 20è siècles. (J’ai bien compris que vous ne disiez pas que tous les acquis sociaux étaient dus à la révolution, mais je pense que la révolution est un cas très différent des luttes qui ont pu suivre.)
Mais il y a des périodes de l’histoire ou certaines luttes s’accompagnent de pertes particulièrement lourdes en terme de vie humaine. Par exemple, si on lutte pour une révolution, alors il faut être lucide pour regarder en face ce que cela implique en terme de violences à court et moyen terme.
J’irais encore plus loin : non seulement c’est coûteux, mais en plus ça peut aussi être un terrain fertile pour dictatures militaires, d’après l’histoire. Mais de toute façon, on ne choisit pas de faire la révolution ou non entre activistes, elle arrive quand elle arrive.
Pour moi ce GIF rappelle tout cela. Il dit : soyez lucide sur ce qu’impliquent les luttes révolutionnaires, ne cédez pas à un idéalisme déconnecté des réalités matérielles, restez concrets, apprenez des luttes du passé, souvenez-vous, réinventez-vous, préparez-vous à essuyer des pertes (parce qu’il y en aura).
Je suis très d’accord avec tout cela et l’ensemble de ton post, mais je ne pense pas que le GIF contienne tout cela.
En fait je ne suis pas sûre qu’il fasse grand-chose de plus que juste exprimer une frustration (le terme semble léger, je ne sais pas quoi mettre d’autre) avec humour.
J’ai demandé à quelqu’un qui a partagé ce GIF et qui a fait la révolution ce qu’il pensait que le GIF disait. Il m’a répondu : « En théorie, la révolution c’est bien beau, tous ensembles contre l’Etat. En pratique, l’Etat est très fort, très vicieux, beaucoup moins hésitant à user de violence brute que les révolutionnaires, et il peut tuer toute une révolution. »
@Lison
Je pense que vous avez tout à fait raison de dire qu’il faut éviter les discours défaitistes qui sont très courants, comme on le voit particulièrement à chaque mobilisation, à chaque grève ! Annoncer que « la grève s’essouffle » alors qu’elle bat son plein, par exemple, c’est une manière de la casser.SamInvitéBonjour à tous,
je partage avec Lison une forme d’agacement épidermique face à ce type de image. Même si j’entends bien la complexité des interprétations qu’on peut en avoir et, surtout, il prend pour moi une tout autre dimension selon qui le partage (des révolutionnaires égyptiens ou un militant fillonniste ricannant …)
Mais justement, il me perturbe parce que ce type d’image, et plus généralement tout le discours pessimiste qui mobilise le champs lexical du « réalisme » en soupçonnant les autres de « déni » constitue une sorte de ventre mou du discours politique où peuvent se rencontrer des gens aux opinions radicalement différentes.
De ce même discours certains vont en tirer des leçons pour la lutte effectivement, tandis que d’autres vont en tirer un défaitisme absolu, et d’autres encore un nécessaire soutien, triste et résigné, aux forces les plus réactionnaires au nom de ce même « réalisme ».
Et finalement même les plus fermes des pouvoirs dominants promeuvent leur idéologie non pas au nom de leur « adhésion » à ces idées mais bien au nom du « réalisme ». Genre « j’aimerais bien moi aussi dans un monde idéal que tous les prolétaires se rassemblent contre les patrons, mais il faut être réaliste les arabes ne sont pas comme nous et il faut les exclure de la lutte. CQFD »Bref du coup je me pose 2 questions :
– comment faire pour différencier un discours réaliste encourageant et renforçant (type « know your ennemy »), d’un discours réaliste défaitiste dominant ?
– ne pourrait on pas se passer de ce type de discours ? Ou par exemple ajouter dans le cas du Gif de départ une troisième image plus optimiste où l’on verrait que ce gros poisson qui vient de gober un banc entier est lui même entouré de très nombreux de bancs équivalents ? (ce qui est probablement le cas d’ailleurs sauf à penser que les gros poissons sont en train d’éradiquer les petits…)Bonne journée
Et je repense à Myazaki. Il parle surtout je crois de son propre avenir », il est vieux, son monde se dirige donc vers une direction prévisible : sa mort, tandis que le bébé a une vie à vivre. Il est en dissonance son envie que le monde continue après lui (le bébé) et la connaissance qu’il a qu’il ne participera pas à ce monde. Sa phrase n’a pas vraiment d’autres signification pour moi. C’est un discours éternel de vieux à toutes les époques.
Par contre ca m’intéresse et m’interroge beaucoup plus quand ce discours est tenu par des personnes plus jeunes 🙂LisonInvité@Sam
Entièrement d’accord avec vous, merci à vous d’avoir formulé d’une autre façon, plus claire, ce que je voulais dire!
Sur internet, on croise toutes sortes d’opinions dans des sphères où l’on se sait plus ou moins en bonne compagnie. Il faut donc rester attentif à la façon dont peut être interprété des gifs de ce genre par des personnes aux opinions politiques opposées aux nôtres, par exemple.@Douffie Shprinzel
On est d’accord 🙂
J’essai de garder le moral en braquant mon regard plutôt sur les réussites de ces dernières années que sur les périodes sombres, et tout en sachant que l’on s’engage dans une de ces périodes je préfère ne pas trop y penser, et plutôt penser aux luttes ici et maintenant.ArrowayInvité@Sam
Mais justement, il me perturbe parce que ce type d’image, et plus généralement tout le discours pessimiste qui mobilise le champs lexical du « réalisme » en soupçonnant les autres de « déni » constitue une sorte de ventre mou du discours politique où peuvent se rencontrer des gens aux opinions radicalement différentes.Du coup vous parlez ici d’un effet de rhétorique (utilisation des concepts de déni/réalisme), qui peut être mis eu service de n’importe quelle idée et position. En soit, c’est un outil, ce sont les discours qu’il sert qu’il faut questionner.
Un discours qui parler de réalisme et de déni n’est pas forcément pessimiste. Vous posez la question :« comment faire pour différencier un discours réaliste encourageant et renforçant (type « know your ennemy »), d’un discours réaliste défaitiste dominant ? ». Il faut regarder quelle est la visée de ce discours, ce qu’il propose comme actions par exemple pour résoudre le problème énonce. Par exemple :
– discours A : un constat « réaliste » (pas forcément jojo) qui donne une explication du contexte et des éléments relatifs au sujet traité, suivi d’actions politiques à prendre pour y répondre
– discours B : constat (pas forcément jojo) + « on change rien » ou « on laisse faire »Le discours B est pour moi pessimiste. Mais le discours A n’est pas forcément ok d’un point de vue politique (loin de là), il faut regarder le contenu et ne pas s’arrêter à la forme rhétorique : analyser les idées et les logiques présentées à l’intérieur de ce discours, juger de la pertinence et des implications politiques des actions proposées, etc.
« Même si j’entends bien la complexité des interprétations qu’on peut en avoir et, surtout, il prend pour moi une tout autre dimension selon qui le partage (des révolutionnaires égyptiens ou un militant fillonniste ricannant …) »
C’est la même histoire dès que l’on partage du contenu, que ce soit du texte, des images, du son… : 1/ quelles informations contient-il pour qu’on puisse le situer (historiquement, politiquement, etc) ? 2/ comment est-ce qu’il est contextualisé ? On peut reprocher au GIF de ne pas remplir très bien le point n°1. Du coup, il laisse une grosse marge de manœuvre de réutilisation et réappropriation selon qui le réutilise.
Une observation sur le GIF, cela étant dit : il me semble que l’emploi même du terme « révolutionnaire » circonscrit pas mal les émetteurices potentiel-les de ce message. Je me trompe peut-être, mais je doute, par exemple, que l’on trouve ce mot chez les « gros » candidats à la présidentiel, même pour ridiculiser des opposants.
@Douffie : oui, par « contenir » je voulais dire que c’était ce que l’on -pouvait- lui donner comme signification, je suis d’accord qu’il n’y a pas assez de contexte pour que cette lecture soit indiquée explicitement dans le GIF.
Douffie ShprinzelInvitéMais justement, il me perturbe parce que ce type d’image, et plus généralement tout le discours pessimiste qui mobilise le champs lexical du « réalisme » en soupçonnant les autres de « déni » constitue une sorte de ventre mou du discours politique où peuvent se rencontrer des gens aux opinions radicalement différentes.
De ce même discours certains vont en tirer des leçons pour la lutte effectivement, tandis que d’autres vont en tirer un défaitisme absolu, et d’autres encore un nécessaire soutien, triste et résigné, aux forces les plus réactionnaires au nom de ce même « réalisme ».
C’est exactement pareil pour les discours qui disent « moi, je garde de l’espoir », ça peut être un argument au service de tout et son contraire. En ce moment, j’ai l’impression de surtout entendre des gens qui croient que les droits actuels sont immuables, qu’une dictature fasciste n’est pas un vrai risque pour la France, alors que si. En fait je ne dirais pas que les républicains (vous parlez de Sarkory et de Fillon) transmettent un message de pessimisme. Entendons-nous bien : je ne dis pas qu’ils ne véhiculent aucun défaitisme. Ils cassent des mobilisations, des grèves. Mais est-ce que leur fond de commerce c’est vraiment le pessimisme ? Leur fond de commerce, c’est de promettre de brutaliser et d’opprimer des minorités. Ils promettent un Etat autoritaire (écrit noir sur blanc dans les programmes), ils promettent des politiques de plus en plus racistes, nationalistes, fascistes.
Ce GIF a eu énormément de succès dans les milieux révolutionnaires de gauche; en a-t-il eu, ne serait-ce qu’un peu, dans les milieux fillonistes dont vous parlez ? ça m’étonnerait; vous avez des éléments pour appuyer ça ?Et je repense à Myazaki. Il parle surtout je crois de son propre avenir », il est vieux, son monde se dirige donc vers une direction prévisible : sa mort, tandis que le bébé a une vie à vivre. Il est en dissonance son envie que le monde continue après lui (le bébé) et la connaissance qu’il a qu’il ne participera pas à ce monde. Sa phrase n’a pas vraiment d’autres signification pour moi. C’est un discours éternel de vieux à toutes les époques.
On n’a pas lu la même chose. Il dit qu’il est pessimiste pour le monde qui se dirige dans la mauvaise direction, pas que « son monde se dirige vers sa mort ».
Douffie ShprinzelInvitéAh, j’avais pas vu le message d’Arroway qui a écrit en même temps que moi, mais je suis totalement d’accord !
C’est une fausse opposition, pessimisme/optimisme. La question c’est celle de comprendre le contexte, d’apprendre de l’histoire pour continuer les luttes, de se protéger et de protéger les autres, de ne pas se faire piéger dans des idéologies qui font penser en termes supra-individuels plutôt qu’aux droits et aux vies des individus. Et en pratique, la différence est très claire entre ceux qui font ça ou pas.
Je qualifierais de pessimiste ma position en ce moment, mais ce n’est pas à l’optimisme que je m’oppose du tout, c’est aux discours qui refusent de voir qu’on est en train de cocher, à un rythme alarmant, un à un, tous les signes précurseurs du pire. Quelle forme exactement cela prendra, je ne sais pas, mais la France est prête pour être un Etat autoritaire, la suprématie blanche et les complotistes sont en train d’arriver au pouvoir, Trump en tête, le réseau de Poutine s’étend; Trump a choisi aujourd’hui son secrétaire d’Etat et il est pro-Poutine, en France on a Le Pen qui est pro-Poutine, Fillon aussi, Mélenchon aussi. Tous ces gens savent exactement ce qu’ils font. D’ailleurs, c’est valable aussi pour leurs électeurs. Les gens ont voté Trump parce qu’il leur a promis le droit d’être des brutes racistes. Aux primaires des républicains, les bourgeois et les républicains avaient le choix entre une droite dure traditionnelle à la Juppé et une droite extrême, identitaire, ayant un discours négationniste sur la colonisation (« partage de culture »), pro-Poutine et pro-Assad. Ils n’avaient rien à perdre avec Juppé, Juppé n’est pas un petit folichon de révolutionnaire gauchiste. C’était un message clair de suprémacistes blancs identitaires alors comprenons-le comme un message clair et mobilisons-nous.
Donc je sais pas si c’est pessimiste ou optimiste de dire ça, mais c’est sur la base de ce genre de constat qu’on peut construire quelque chose.Douffie ShprinzelInvitéLisonInvitéJ’aime bien celui-là aussi 🙂
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