clips mal-aimés
Accueil › Forums › Le coin pop-corn › Clips & Pubs › clips mal-aimés
- Ce sujet contient 12 réponses, 1 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par , le Il y a 1 mois, 1 semaine.
-
Auteur/ePosts
-
derridaInvité
Avez-vous déjà remarquée que parmi les clips les moins aimés, le plus souvent, il y autant de sexualité qu’ailleurs…à une nuance près : il n’y a que des femmes dans le clip, ou pour être encore plus précis : une femme seule. Le contenu sexuel n’est plus « normalisé » par l’interaction avec un homme.
Rihanna – Pour It Up :
réappropriation des attributs du pouvoir…et toute la thématique sous-jacente de la masturbation féminine…
Paul RigousteParticipantCoucou derrida,
Personnellement je ne trouve pas ce clip plus progressiste que la moyenne.
Pour moi, la « réappropriation des attributs masculins » n’a ici absolument rien de féministe. Rihanna dénudée qui remue ses fesses sur un trône avec des billets dans la culotte, c’est pour moi du même niveau que des photos de femmes nues sur des voitures. Il me semble qu’on a pas affaire ici à une femme qui se réapproprie réellement les attributs du pouvoir masculin, mais juste une femme qui joue avec des images qui connotent le pouvoir masculin à des fins érotiques, pour exciter en premier lieu le spectateur masculin hétéro.Ça me fait penser à cet autre clip de Rihanna, « Hard », dans lequel elle se trémousse sur des tanks, fait la cheffe militaire, et manie des armes :
Il me semble qu’on est là typiquement dans un imaginaire « post-féministe », qui consiste juste à adopter des postures qui évoque de manière superficielle un empowerment féminin, tout en les vidant totalement de toute substance politique. L’apparence du féminisme sans plus rien de politique, et même une récupération de l’imaginaire de l’émancipation dans le sens d’une objectification des femmes. C’est bien expliqué dans la deuxième partie de ce documentaire (http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/princesses-pop-stars-et-girl-power/), qui prend d’ailleurs le clip « Poor it up » pour exemple. On retrouve la même chose chez une Britney Spears par exemple (http://www.lecinemaestpolitique.fr/toxic-2004-womanizer-2008-les-contradictions-de-britney-spears/)
Et sinon, je ne pense pas qu’il y ait besoin d’un homme dans le clip pour que le contenu sexuel soit « normalisé », comme vous dites. Le porno lesbien est avant tout fait pour (et regardé par) des hommes hétéros. Les hommes consomment également des vidéos porno de femmes qui se masturbent. Les spectacles de pole dance ultra-sexualisés (comme on en voit dans le clip) sont aussi à destination des hommes hétéros. En ce sens, je ne vois pas vraiment en quoi on sort des représentations hétéro-patriarcales classiques : Rihanna ne fait que s’objectifier et se sursexualiser pour le regard masculin.
Après il y a peut-être quelque chose qui m’échappe, je ne sais pas. Mais pour moi ce genre de clips participe plus à la réduction des femmes au statut de viande à baiser qu’il ne propose un modèle d’émancipation, non ?
SkratschInvitéIl me semble qu’un des clips les plus détestés du moment est Anaconda, de Nicki Minaj, et il y a bien un homme dedans.
Paul RigousteParticipantPourquoi dites-vous que ces clips sont mal aimés ? Ne cartonnent-ils pas ?
SkratschInvitéCe n’est pas incompatibles, comme souvent avec la musique pop (et pas mal d’autres domaines) il y a autant de « fans » que de « haters ». C’est un phénomène assez étranges si on y réfléchit, il y a beaucoup de groupes ou de morceaux de musiques qui ont un énorme succès mais dont je n’ai jamais entendu parler que par des gens qui détestent, et je ne dois pas être le seul.
Paul RigousteParticipantEst-ce que c’est pas une histoire de milieu social? Dans les milieux intello (au sens très large) dont je fais partie (et dont j’imagine vous faites partie aussi), ces films sont la plupart du temps méprisés parce qu’ils font partie de la culture populaire « vulgaire ». Du coup, pas très étonnant que nous en entendions parler la plupart du temps par des gens qui détestent, non ?
Après il y a peut-être effectivement aussi une question de représentations, comme semble le penser derrida. Peut-être que certains clips sont plus méprisés que d’autres dans nos milieux à cause de certaines représentations. Mais j’avoue que j’en doute. Je pense que la plupart des intellos ne regardent pas ces clips (ou alors les regardent vraiment vite fait), juste pour se dire ouais « c’est toujours la même vulgarité », etc. Mais bon, c’est peut-être un préjugé que j’ai.
(Après y a aussi une attitude intello branchée type « les inrocks » qui trouve ça cool parce que c’est « provoc » et « sexuel » (et parce que c’est aussi une manière de se distinguer dans les milieux intello que d’aimer les trucs populaires), mais bon, c’est une réception qui est différente de la réception populaire de ces clips)SkratschInvitéHum … Je ne pense pas vraiment pouvoir dire que je viens d’un milieu intello, d’autant que je n’ai pas l’impression que la frontière entre les différents « milieux » soit tout à fait étanche et que je traîne sans doute dans plusieurs à la fois. Je ne m’intéresse pas plus que ça à la musique pop, mais il me semble qu’elle suscite plus souvent du slut shaming que de l’excitation.
derridaInvitéJe pense pas que le clip de rihanna soit plus progressiste qu’un autre. Non, non, non.
Je voulais attirer votre attention sur un phénomène de rejet au nom de la vulgarité – pour m’inscrire dans la continuité de vos remarques – qui s’en prend à des formes outrancières mais se montre moins virulent pour la production plus classique, euphémisée qui n’est guère mieux.D’où un paradoxe, cachez cette vérité que je ne saurais voir…alors que la vulgarité du clip n’est juste qu’un cas limite de ce qui fait. Il y a des formes de rejet ambiguës…
SamuelInvitéBonjour,
Paul, il me semble que Derrida et Skratsch font référence aux « haters » de youtube autant qu’aux échos de leurs proches. Les clips en question rassemblent des centaines de milliers, voire des millions de gens qui cliquent « je n’aime pas » sous la video du clip.
Ce n’est, bien sur, pas contradictoire avec le succès mais ça interroge sur pourquoi ces clips là et pas les autres ?
par exemple
Rihanna – Man down : 300 millions de vus, 46 000 unlikes seulement
Rihanna – Pop it up : 137 millions de vus, déjà 218 000 unlikes
pourquoi ? 😮
Bonne journéePaul RigousteParticipantAaaaah, merci pour cette précision, je ne connaissais pas ce truc des « unlikes » sur YouTube. Effectivement, ça permet d’avoir une idée un peu plus « objective » du degré d' »impopularité » d’un clip! Je vais re-réflechir à tout ça alors 🙂
Paul RigousteParticipantSur les clips les plus malaimés sur YouTube, j’ai trouvé ça : https://www.youtube.com/playlist?list=PLirAqAtl_h2o1ism1dr5SbvB8Mf7Ve6Aa
Justin Bieber, Rebecca Black, Miley Cyrus et Nicki Minaj ont l’air d’être les 4 grand-e-s chouchous…SkratschInvitéça ne me surprend guère, personnellement.
Paul, il me semble que Derrida et Skratsch font référence aux « haters » de youtube autant qu’aux échos de leurs proches. Les clips en question rassemblent des centaines de milliers, voire des millions de gens qui cliquent « je n’aime pas » sous la video du clip.
Ce n’est, bien sur, pas contradictoire avec le succès mais ça interroge sur pourquoi ces clips là et pas les autres ?En fait je ne pensais pas à quelque chose d’aussi spécifique. Pour moi (et tel que je le vois employé la plupart du temps), hater est simplement le contraire de fan. Là où les fans investiront énormément de temps, d’énergie et de passion à aimer jusqu’à la déraison une personne, un groupe, une équipe, un genre artistique, une activité, une oeuvre, etc. les haters dédieront tout autant de temps, d’énergie et de passion à les détester. Ce phénomène me semble tout particulièrement toucher la musique pop (et le cinéma hollywoodien ou français). Pour s’en rendre compte de manière plus qualitative que quantitative, il suffit de lire les commentaires youtube ou 9gag, ou d’aller sur les forums ou les réseaux sociaux, pour ne citer que quelques exemples. Je ne suis pas fan de peoples et suis souvent agacé par leur omniprésence, mais je trouve tout aussi contreproductif et sans doute plus dérangeant de passer des heures entières à critiquer Justin Bieber sur son manque de virilité ou Miley Cyrus pour sa vulgarité, et à faire des montages photoshop pour se moquer d’eux. D’autant plus que les critiques qui remontent ne portent pas nécessairement sur des points pertinents.
Pour donner un exemple sur ce dernier sujet, je m’écarterais un peu de la musique pop pour parler de Twilight. Le livre et le film sont extrêmement réactionnaires, glamourisant des comportements abusifs et s’opposant clairement à l’avortement y compris lorsque la vie de la mère est en danger (Et on peut même dire qu’il tend à légitimer la pédophilie, même si j’ose espérer que ce n’était pas l’intention de l’auteure.) mais ce qui lui est le plus généralement reproché, et avec une virulence souvent excessive, c’est d’être niais, de « violer » le mythe du vampire et, en substance, d’être populaire auprès d’un public majoritairement jeune et féminin. Je ne cherche absolument pas à défendre cette série, qui a un fond assez malsain, il faut bien le dire, mais je ne peux pas m’empêcher de me questionner sur les motivations de la déferlante de haine qu’il a suscité.
BenzoInvitéJe suis tout à fait d’accord avec le présupposé du 1er message et des suivants (par rapport aux unlike et tout ça). Concernant pour it up, j’avais lu sous la vidéo ou dans un article ou je ne sais plus où (c’est très précis comme source) que c’était sale ce qu’elle faisait au dollar, que la sacro sainte monnaie ne pouvait être traitée comme ça dans un clip d’une personne aussi connue que Rihanna. En gros, elle salit l’argent. Et ça m’avait fortement étonnée, parce que les clip avec des billets dedans sont légion. Mais soit l’argent appartient aux mec (qui eux savent utiliser l’argent comme il faut),soit c’est eux qui le mette dans la culotte des filles. Mais la dans le clip, on ne sait pas d’ou il vient (ça se trouve elle l’a gagné, aucun mec le lui a gentiment accordé…). Et aussi, elle fait mine de le « gaspiller » (ce qui, encore une fois, existe dans tout un tas de clip). Elle marche dessus même, avec ses chaussures à plateforme. Bref. Le fait que des gens puissent centré leur critique sur la place de l’argent dans le clip m’avait paru relever de la lecture ultra sexiste qui a été faite de ce clip. Et du coup, je suis d’accord qu’il rentre dans la liste des mal aimés pour des raisons vaseuses.
-
Auteur/ePosts