Zoo humain en 2014
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- Ce sujet contient 8 réponses, 2 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par hemveel, le Il y a 9 années, 8 mois.
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MegInvité
Je viens de découvrir le travail d’un artiste sud-africain Brett Bailey via une pétition :
À Londres, en septembre dernier, cette exposition a été annulée au Centre culturel public le Barbican, suite à une campagne antiraciste qui a vu 23.000 personnes signer cette pétition et qui a reçu le soutien des deux plus importants syndicats du Royaume-Uni.
Car l’œuvre utilise des corps noirs esthétisés, silencieux, dénudés, immobiles, et éclairés de façon décorative, afin de permettre à un Blanc de parler aux Blancs de leurs sentiments sur le racisme. Les spectateurs sont invités à regarder les Noirs, captifs, droits dans les yeux, pour vivre un frisson de peur et de culpabilité. En revanche, l’opinion des populations multiethniques dans les quartiers des alentours n’a pas été demandée.
Il ne faut pas que cette exposition soit présentée en France ! Ce n’est pas une question de censure ni d’interdiction, mais de choix politique. Accepterait-on que soient exhibés des tableaux vivants sur ce modèle pour « faire réfléchir » sur les massacres des Juifs par les nazis (avec des figurants Juifs) ou pour « faire réfléchir » sur le viol, avec des figurantes femmes ?J’avoue être mal a l’aise avec la reproduction de ces exhibition. C’est le but j’imagine. Ce qui change par rapport à 1931 c’est que les personnes sont exhiber dans des galeries ou des théâtres au lieu d’être dans des zoo. Mais ça reste un blanc qui organise le show (Brett Bailey est blanc) et pour un public blanc meme si le 104 est installer dans un quartier qui a une importante population d’origine africaine. J’ai l’impression que l’artiste veut dire que les choses n’ont pas beaucoup changer en France mais je me demande du coup par rapport aux acteurices comment illes vivent de tels rôles. C’est la même question que je m’était posé par rapport au film la venus noire de Kechich et l’actrice Yahima Torres qui jouait Saartjie Baartman mais dont son corps a elle était montrer comme monstrueux dans le film et qui n’a pas tourné dans d’autre film jusqu’à maintenant. elle avait reçu un oscar pour le rôle mais elle est si bonne actrice comment se fait il qu’aucune autre réalisateurice n’en ai voulu depuis 2011. est ce qu’en fait elle n’était pas exhibé pour son physique comme le fut Saartjie Baartman a l’époque?
MegInvitéIl y a une autre pétition ici
https://www.change.org/p/aux-directeurs-du-centre-104-et-du-théâtre-gérard-philippe-aux-maires-de-paris-et-de-saint-denis-déprogrammer-le-zoo-humainLe créateur de l’exposition, Brett Bailey, déclare que son intention est, en présentant des figurants noirs enchaînés ou en cage, de faire réfléchir sur le racisme et l’héritage du colonialisme. Il est déjà surprenant que dans des quartiers mixtes au Nord de Paris, on invite la population multiethnique à venir apprendre sur le racisme d’un Sud-Africain blanc. C’est d’autant plus choquant que les possibilités pour des artistes noirs de présenter leur œuvre dans des centres culturels prestigieux sont extrêmement limitées.
Paul RigousteParticipantJe suis tombé sur cet article d’Eric Fassin, qui dit que les acteurices « revendiquent leur engagement dans ce projet » : http://www.liberation.fr/culture/2013/07/25/la-race-ca-nous-regarde_920834
Voilà le passage, avec un peu ce qu’il dit après, sur pourquoi il trouve ça bien lui :
(…) Mais, dira-t-on, l’artiste ne redouble-t-il pas la violence raciale qu’il prétend dénoncer ? A Berlin, des associations noires se sont indignées qu’un Blanc donne en spectacle, une fois encore, des Noirs. Mais on peut lire à la sortie, en réponse, comment les interprètes, recrutés sur place, revendiquent leur engagement dans ce projet.
Surtout, la différence entre les exhibitions d’antan et cet «exhibit», c’est la place du spectateur, qui figure dans la liste des matériaux : ainsi, pour «l’origine des espèces», «cartes, trophées (têtes d’antilopes, deux Pygmées), accessoires anthropologiques et spectateurs». Cette place est assignée d’entrée : une jeune femme de couleur impose le silence complet avant d’appeler dans un ordre aléatoire, à intervalles réguliers, le numéro de chacun ; et dans ce jeu disciplinaire, le public d’Avignon se découvre blanc. Surtout, le regard se renverse : le spectateur n’est pas voyeur, car il est vu. Immobiles, ces hommes et ces femmes nous regardent – même le gisant. Leurs yeux nous suivent, et c’est nous qui finissons par les baisser. Avec ce dispositif, on n’est pas au zoo ; on est dans le «zoo humain».
D’ailleurs, on se mouche, on s’essuie les yeux : cela nous regarde. Car l’installation parle moins d’un lieu, l’Afrique, que d’un rapport de domination. (…)
John MullenInvitéIl y aura, le jour d el’ouverture à Saint Denis un rassemblement contre cette expo. 18h jeudi 27 novembre devant le théâtre Gérard Philipe, metro saint denis basilique
CaerbannogInvitéPaul RigousteParticipantExcellent !
Paul RigousteParticipantUn article publié sur Chronik de Nègre(s) Inverti(s) met en lien des articles et des vidéos d’interviews (dont celle de Casey) : https://negreinverti.wordpress.com/2014/12/03/video-prises-de-position-contre-exhibitb/
Il y a aussi cette vidéo très intéressante :
Et aussi celle-là sur Youtube :
Et les articles cités sur les Chronik sont :
http://mrsroots.wordpress.com/2014/10/14/boycotthumanzoo-i-le-racisme-sinvite-au-musee/
https://equimauves.wordpress.com/2014/11/02/boycotthumanzoo-ii-a-la-culture-de-notre-servitude/
http://www.huffingtonpost.co.uk/akala/barbican-centre_b_5809508.htmlPaul RigousteParticipantA partir de 6:30, il y a un passage excellent sur Exhibit B (et sinon toute l’interview est très cool)
hemveelInvitéAutant je suis mal à l’aise face à cette expo, autant je ne peux être d’accord avec l’argument de Meg. Ce n’est pas parce que le metteur en scène est blanc qu’il ne peut s’exprimer sur le racisme, de même qu’un homme peut défendre la condition féminine et monter une action militante sans être taxé de paternalisme.
Après avoir fermé cette parenthèse, je crois que l’événement est un paradoxe. L’objectif est de nous faire revivre un spectacle reconstruisant ceux du début du siècle, dans le but de choquer le spectateur et espérant une prise de conscience. Ce procédé est odieux et il est normal que les associations antiracistes s’en offusque. Mais pour les personnes lambda qui vont suivre le mouvement, cela va créer un processus d’évitement, se disant qu’à leur époque, ils ont évité à créer l’organisation de ce genre d’événement sans voir le sous-texte (la représentation du « noir » par le spectateur (majoritairement blanc)).
C’est une simple interrogation et je ne sais pas ce qu’il faut faire. -
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