Séries des années 80
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- Ce sujet contient 8 réponses, 2 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Liam, le Il y a 4 mois, 4 semaines.
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LiamMaître des clés
Coucou,
Avec un ami on a récemment regardé beaucoup de pilotes de séries Etats-Uniennes des années 80 (Baywatch, The A Team, K2000, Magnum P.I, Moonlighting, Who’s The Boss, MacGuyver etc.) , et je me demandais si il existait une série (même vaguement) progressiste de ces années-là?
Le niveau de racisme, sexisme, classisme, homophobie, transphobie etc. est assez époustouflant :/, sans compter les références constantes à la guerre du Vietnam (traité d’un point de vue outrageusement impérialiste, bien sûr).
Si quelqu’unE a vu une série de ces années-la qui est intéressant d’un point de vue politique, j’aimerais bien le connaître, parce que j’ai l’impression que c’est une décennie hyper réactionnaire à ce niveau-là.ArrowayMaître des clésAh les années Raegan….
J’ai parcouru rapidement la liste wikipedia des séries US des années 80, mais j’en connais pas assez pour qu’une série en particulier me saute aux yeux. Et les séries qui ont tendance à me venir en tête datent de la décennie suivante.
Mais y en a sûrement quelques unes, dans des petites productions peut-être ?PaulInvitéC’est vrai que c’est gratiné les années 80 🙂
Apparemment il y a Roseanne qui est pas mal, mais je n’ai jamais vu (https://en.wikipedia.org/wiki/Roseanne)
Sinon j’avais vu quelques épisodes de The Golden Girls, qui est précurseur niveau représentation des femmes âgées à la télé (https://en.wikipedia.org/wiki/The_Golden_Girls). Y avait quelques blagues marrantes mais c’était pas non plus révolutionnaire.
Sinon j’avais repéré ces séries là avec des persos féminins (mais je ne les ai pas vues) :
https://en.wikipedia.org/wiki/Kate_%26_Allie
https://en.wikipedia.org/wiki/The_Facts_of_Life_(TV_series)
https://en.wikipedia.org/wiki/Laverne_%26_Shirley
https://en.wikipedia.org/wiki/Cagney_%26_LaceyIci il y a quelques noms de série avec des persos racisés https://www.npr.org/sections/codeswitch/2014/10/28/358307426/a-timeline-of-51-family-sitcoms-with-people-of-color?t=1534614762579 (mais rien ne garantit que ce soit intéressant politiquement …)
LiamMaître des clésAh, youpi, merci! Que de belles découvertes en perspective 😀
benderInvitéPersonnellement il y a deux séries qui à mon avis méritent le coup d’oeil.
D’abord le grand classique Arnold et Willy qui contenaient de bons épisodes sur le racisme, le sexisme… Comme par exemple cette école privée effectuant un test d’entrée clairement discréminatoire socialement. Où cet ado sympathique et cool mais qui ne voulait pas que sa soeur (blanche) sorte avec Willy….
Ensuite il y a la série policière presque oubliée Baretta (elle date de la fin 70 mais bon..). Avec un policier issue de la rue, qui n’a pas un physique de jeune premier. Des thèmes rares y étaient traités intelligement comme le racisme au sein de la police ou le validisme dans la société.
CaerbannogInvitéBaretta effectivement c’est fin des années 70.
Dans Rape on Prime Time: Television, Masculinity, and Sexual Violence
(pp. 62-98) Lisa M. Cuklanz prend Baretta comme exemple prototypique précurseur des séries des années 80 dans lesquels c’est le détective (très macho) qui est le seul à prendre en charge les victimes de viol, à les convaincre qu’elles sont victimes et à les soutenir au point qu’elles ne se confient plus qu’à lui et ne veulent plus voir que lui. Bref, des séries dans lesquelles c’est un gars représentant ‘la justice’ qui se réapproprie les discours féministes sur le viol. Sa masculinité hégémonique est construite sur l’opposition qu’il incarne et verbalise vis-à-vis des criminels (mecs) violents, violeurs, dealeurs au détriment de toute autre parole ou perso féminin qu’il se charge aussi d’instruire ou d’éclairer moralement.
Dans chaque épisode on le voit philosopher (toujours en caressant son perroquet) sur une morale assez reaganienne et ses missions et actions se situent complètement dans le contexte de la guerre contre la drogue. Il est le seul détective assez pugnace pour faire ce que d’autres policiers incompétents n’ont pas le cran de faire. Bref, c’est un peu un ‘Dirty Harry’ qui parle beaucoup …
Et le refrain du générique est assez révélateur : « Don’t do the crime, if you can’t do the time. »benderInvitéMes souvenirs de Baretta sont incomplets (notamment en ce qui concerne ses relations avec les femmes). Mais je pense qu’il est tout de même injuste de le comparer à Dirty Harry.
Déjà il est plus proche du petit rigolo que du combattant ultra-viril. D’ailleurs son arme récurente dans ses enquêtes est le déguisement, c’est-à-dire la ruse. Or la ruse et l’intelligence est plutôt l’appanage des méchants (ces fourbes qui réfléchissent au lieu de cogner comme des vrais mecs).
De plus ce n’est pas toujours manichéen. Par exemple il use de la parole pour pousser un suspect (un handicapé que sa situation précaire et injuste pousse vers la délinquance) à se rendre.
Mais pour moi la grosse différence avec dirty harry est le traitement des minorités et des parias.
Dans le premier film Dirty Harry le principal méchant est un salaud de pauvre tout laid, tout frustré, tout gringalet, et solitaire. Parmi les méchants secondaires et totalement impersonnels on trouve des latinos, un noir, et un psy (tiens ils ont oublié les LGBT et les juifs). Bref minorité = suspect voir coupable d’office.
Chez Baretta (qui appartient lui-même à une minorité) on voit beaucoup de gens des bas quartiers sans qu’ils soient des criminels y compris parmi les personnages récurrents comme son ami et confident épicier ou barman.
Attention je ne dis pas que Barettta était une série réellement progressiste, mais elle contenait (selon moi) des éléments intéressants. Alors que dirty harry je ne vois pas ce qu’on peut en sauver (si vous y arrivez, je paye le champagne).
CaerbannogInvitéDepuis Sherlock (l’original) l’intelligence et la ruse sont l’apanage même du bon détective !
Il n’y a sans doute que l’inspecteur Clouseau dans la Panthère Rose qui déroge à la règle et encore c’est sa vertigineuse incompétence qui l’amène à chopper les coupables par inadvertance.
Même Colombo le très rusé, en feignant la bêtise, fait accoucher la vérité de ses suspects qui sont très souvent de vilains riches (ce qui est rarement le cas dans Baretta – qui argumente même en faveur d’une justice sommaire et violente à l’encontre des dealers).Et puis Baretta est fils d’immigré sicilien, hétéro, valide et donc n’appartient à aucune minorité.
En revanche et au passage, pour l’histoire, l’acteur Robert Blake, qui joue son rôle, fut acquitté de justesse (1 voix contre 11) pour le meurtre de sa femme mais en 2005 un tribunal civil l’a condamné à payer 30 millions de dollars à ses enfants après l’avoir reconnu tout de même responsable de la mort de sa femme, sans trancher sur le fait qu’il ait commis ou simplement commandité le meurtre.
Ca c’est dans le civil, mais à l’écran il suffit de regarder sa filmographie pour voir qu’il passait rarement pour un ‘petit gars rigolo’.
benderInvitéJe ne suis pas d’accord ! ET J’AI TOUJOURS RAISON.
Pour les détectives intelligents dans les années 80 Colombo était l’exception. Dirty Harry, Rick Hunter, Stark et Hutch…. sont plus des adeptes du pistolet dans la bouche que de l’analyse de preuve. Et plus généralement les héros reganiens sont des hommes d’action en opposition aux bureaucrâtes de Washington (qui incarnent le respect des lois et de la personne humaine, et sont donc des sales laxistes).
Pour Baretta ma mauvaise foi à ses limites. Je ne me souviens juste de quelques épisodes notament sur le handicap plutôt fins. En revanche s’il faut faire un bilan général… Je me fis à vous (mais en boudant)
Par contre il appartient bien à une minorité. Car aux Etat-Unis la classe dominante se sont les WASP (riches de préférences). Et n’oubliez pas son physique plutôt éloigné des standards holliwoodiens.
Quant aux horribles actes de l’acteur évidemment je ne les cautionne pas (Zemmour, et Catherine Millet sont là pour çà), mais ça n’a rien à voir avec son personnage de Baretta. Après le concept de petit rigolo n’est pas toujours défendable. Certains héros font des blagues en tuant les méchants ce qui rend la violence voir le meurtre banal (sur les méchants). Mais d’après mes souvenirs (incomplets), Baretta ne pratiquait ce genre d’humour.
Pour en revenir aux séries des années 80 il y a Alf. Sans casser des briques cette série comportait des éléments intéressants. Déjà la famille cache Alf à l’armée ce qui n’est pas très reganien, mais plutôt contestataire. D’ailleurs les méthodes de l’armée comme la torture sont clairement critiquées, même si la victime potentielle n’est pas un bon américain mais un extra-terrestre. Ensuite le père Willy qui est montré comme un homme exemplaire (quoiqu’un peu ennuyeux), n’est pas un monstre de virilité. On peut même le qualifier d’intello. Or ce type de personnage a traditionnellement un rôle peu important de faire-valoir, alors que Willy est au centre de la série avec Alf.
L’aphrodisme n’est tellement présent (bien qu’on se moque parfois de la laideur de la voisine). Les problèmes notamment familiaux se règlent en général par le dialogue au lieu d’une bonne baffe bien virile. Par contre au niveau des minorités à part un épisode sur un jeune immigré mexicain, c’est plutôt vide.
Bref sans être révolutionnaire, la série Alf n’était pas réactionnaire comme beaucoup d’autres.
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