Pride (2014) de Matthew Warchus
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- Ce sujet contient 11 réponses, 2 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Skratsch, le Il y a 9 années, 11 mois.
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KikuchyoInvité
Résumé allocine: « Eté 1984 – Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause. »
Ce film aborde sujet assez rarement traité je trouve qui est la convergence des luttes. Lutte de classe des mineurs et lutte des droits des gays et lesbiennes (ni bi ni trans donc pas LGBT).
C’est une bonne comédie sociale comme savent le faire les anglais, ou les deux groupes après quelques réticences (mineurs par homophobie et gays par crainte de se faire casser la figure) font front commun et s’unissent dans la lutte.
Quelques bémols tout de même car le film se moque du seul personnage revendiqué féministe quand elle propose de créer un groupe de soutien féminin, alors que lier féminisme et lutte de classe aurait mérité un peu mieux.
Autre problème les gays n’ont pas quasiment pas d’origine sociale. On ne sait pas ce qu’il font excepter un libraire d’origine galloise, un jeune d’Irlande du nord et un étudiant hôtelier de famille conservatrice moyenne.SkratschInvitéJ’ai vu le film deux fois (une avec mon père, une avec ma mère), et c’était une véritable bouffée d’air frais et la première fois que j’ai entendu des gens applaudir après un film. Je conseille à tout le monde d’aller le voir. C’est beau, drôle, triste, intéressant, bien joué, et ça aborde effectivement des thèmes pas trop fréquents.
Concernant l’origine sociale, vous oubliez Jonathan qui est acteur, et Steph dont il me semble que les origines sont mentionnées. De toute façon il était impossible de développer les origines de tous les personnages présentés, mais il est vrai que certains auraient mérité un peu plus de travail ne serait-ce que pour qu’on les distingue les uns des autres (il y a au moins trois gallois que j’ai énormément de mal à différencier).LiamMaître des clésCoucou,
J’ai vu le film il y a quelques jours et je suis content qu’il y ait un espace pour en parler ici :-).
J’ai egalement beaucoup aime le film, et je partage aussi les reticences de Kikuchyo en ce qui concerne la facon dont le film traite du feminisme.
J’irai meme un pas plus loin que Kikuchyo, parce que j’ai trouve que les seuls discours feministes mis en valeur par le film sortait de la bouche d’hommes. Il y a d’abord Mark Ashton qui dit a Dai qu’il ne comprend pas pourquoi les gens se battent contre certaines oppessions mais pas d’autres (comme celles que vivent les femmes). C’est le meme Mark qui se fout de la gueule de la seule feministe revendiquee du film lorsqu’elle parle de former un groupe de parole de femmes.
Ensuite, il y a Jonathan vers la fin du film qui dit a Sian qu’elle a trop de choses a offrir au monde pour finir mere de famille dans un village de mineur.
Dans ce film presque tout se passe comme si les feministes qui s’organisent bin c’est chiant et ca sert a rien et que le feminisme se porterait mieux si les femmes ecoutaient un peu plus hommes ou alors les laisser faire (je sais pas vous, mais je ne trouvais pas du tout que le film mettait en valeur ou meme s’interessait au groupe de lesbiennes feministes qui on fait siscion avec le premier groupe, totalement domine par des hommes).
C’est un peu relou cet aspect du film je trouve, et ca m’a perturbe.
Apres, je le recommande quand meme vivement, j’ai trouve ca tres drole, touchant, interessant, motivant meme si un chouia mieleux a certains moment a mon gout 🙂SkratschInvitéCertaines réactions de personnages féminins, notamment Steph, m’ont semblées assez féministe, même si elle refuse de rejoindre le groupe féministe pour des raisons qu’elle n’explique pas. Et le conseil de village là où se déroule l’action me semble en grande partie féminin (même si les rôles ne sont pas clairement définis et qu’on ne sait pas précisément qui est maire). Je ne sais pas si on peut accuser le film d’être antiféministe, mais il ne m’a clairement pas semblé misogyne, et encore moins phallocrate.
LiamMaître des clésVous ne pensez pas que le fait que la seule organisation et personnage qui se definissent explicitement comme feministes (et organisees) soit largement soit ridiculise soit mis a l’ecart par le film soit un peu suspect?
Misogyne je dirais que non, mais anti-feministe je trouve qu’il y a deja des arguments assez importants 🙂Je pense qu’il est assez important de garder a l’esprit que les mouvements gays ont souvent fait preuve de sexisme et d’andro-centrisme dans leurs pratiques politiques et leurs revendications. Par exemple, le Front d’Action Revolutionnaire Homosexuel avait ete initie par des femmes, qui se sont vu evincees par les hommes une fois qu’ils avaient investi le groupe, et qui ne voulaient pas reflechir aux problemes et aux oppressions que subissaient les femmes en tant que lesbiennes donc mais aussi en tant que femmes.
Je ne connais pas aussi bien l’histoire des mouvements gays en Angleterre donc je ne vais pas trop m’avancer, mais je ne serais pas du tout surpris d’apprendre que les memes mecanismes patriarcaux sont presents.LiamMaître des clésJe ne me souviens plus tres bien, mais Steph semble surtout defini dans le film par le fait qu’elle est la seule lesbienne au sein du groupe (au debut en tout cas) et elle fait des blagues la-dessus, et par le fait qu’elle cherche un peu une copine, non?
Alors je suis d’accord c’est un personnage qui ne se laisse pas trop faire et qui existe au sein d’un groupe d’hommes, mais elle ne se revendique pas feministe et ne porte il me semble jamais un discours feministe (au sens de critique du patriarcat en tant que systeme d’oppression), alors que clairement c’est le cas pour les femmes lesbiennes du groupe qui fait siscion, non?Je n’ai vu le film qu’une fois et je ne me souviens bien sur pas de tout, il se peut bien evidement que j’oublie des trucs, donc je ne veux pas trop m’avancer sur tout ca (du moins pas encore 🙂 )
SkratschInvitéQuand je parlais de réactions féministes, je pensais notamment à la scène où elle se scandalise en entendant quelqu’un déclarer que le plaisir sexuel est réservé aux hommes. Après, elle ne met à aucun moment en avant des revendications féministes.
Je ne sais pas si la réaction de Mark aux revendications féministes est due à des à-priori négatif envers ce mouvement, ou au fait que bien qu’il soit pour la convergence des luttes, il ne semble vouloir mener qu’une lutte à la fois. Après tout, les LGSM sont intervenus pour aider les mineurs sans jamais demander à ce que les droits des gays soient mis en avant (et ça leur a plutôt réussi puisque le syndicat des mineurs leur a ensuite renvoyé l’ascenseur sans qu’ils aient à demander quoi que ce soit). Ceci-dit, si cette deuxième option est juste, il reste effectivement dommage que ce soient les féministes qui doivent trinquer en apparaissant comme le mouvement n’apportant qu’une aide conditionnelle et ne pouvant participer à la convergence des luttes sans chercher à mettre sa propre lutte en avant.
Paul RigousteParticipantCoucou,
je n’ai pas vu le film, mais quand vous (Kikuchyo et Skratsch) parlez de convergence des luttes, ça me fait penser à des trucs que j’ai lu, qui expliquait en quoi ce terme et la « stratégie politique » qu’il désigne revenait souvent dans les faits à faire primer certaines luttes sur d’autres. Je ne sais pas comment se débrouille le film avec ça, mais j’ai l’impression que le danger de la « convergence des luttes » peut être la hiérarchisation des luttes (et donc la perpétuation d’une domination au sein d’un mouvement politique émancipateur).
Par exemple : des anarchistes ou communistes qui expliquent aux femmes qu’ils faut qu’elles mettent momentanément leurs revendications féministes de côté, car ça nuit à la « convergence des luttes » contre l’ennemi le plus important (le capitalisme).
Voir un autre exemple ici : http://negreinverti.wordpress.com/2014/03/16/lintersectionnalite-en-question-1-la-depolitisation-blanche/ (le point 2/ L’intersectionnalité comme synonyme de « convergences des luttes »)
Ou encore, ce site, dont le sous-titre « Des textes pour parler divergences des luttes » est bien explicite : http://chosesaleatoires.wordpress.com/
Bref, encore une fois, je n’ai pas vu le film, donc je ne sais pas quel est son propos à ce niveau. Mais c’était juste pour dire qu’il faut à mon avis se méfier des discours qui posent la « convergence des luttes » comme un truc bien en soi.
KikuchyoInvitéD’accord avec Liam sur les féministes qui sont mises de cotés, un groupe féminin est crée (je l’ai pigé qu’au 2nd visionnage) mais on ne le voit pas en action (une scène ou l’une conseillerait à Sian de reprendre des études à la place de Jonathan aurait éliminé toute critique).
Sur la convergence des luttes et la hiérarchisation des combats sans avoir lu le texte en lien (mais bientôt) je dirais qu’elle me parait inévitable. L’union faisant la force ce n’est qu’en unissant les différents mouvements contre un ennemi comment qu’il sera possible de progresser. Le risque (bien réel) est bien évidemment d’utiliser les forces d’une minorité sans renvoyer l’ascenseur en suite.
Il est donc nécessaire d’identifier l’adversaire et voir les point d’accord que l’on peu trouver avec d’autres classes opprimées. Le capitalisme, pour ne pas le nommer, utilisant la division et mise en concurrence de ces différentes classes (ou catégories) de populations.Je crois que c’est Angela Davis qui expliquait que l’on pouvait s’opposer à la peine de mort avec un point de vue féministe mais je n’ai pas la référence. 🙁
SkratschInvitéA vrai dire le film n’utilise à aucun moment le terme de convergence des luttes, mais disons que les termes abordés et propos tenus y font clairement penser, notamment dans les discours de Mark ou lorsqu’un des mineurs parle de la bannière de son village présentant deux mains serrées symbolisant le soutien mutuel et réciproque de deux personnes/groupes, et qui revient à d’autres occasions. Et on peut également le sentir dans la scène final, lorsque les mineurs du Pays de Galle viennent défiler à la gay pride de Londres pour soutenir qui les ont précédemment aidés, et qu’on apprend que la même année la lutte pour les droits des gays et lesbiennes a été ajoutée à la ligne du parti travailliste, grâce au vote décisif du syndicat des mineurs.
Pour finir, je veux bien croire que la convergence des luttes ait pu au cours de l’histoire être détournée à des fins peu glorieuses, mais j’aurais du mal à être convaincu que ça puisse être un objectif fondamentalement mauvais. D’ailleurs il me semble qu’il est d’une certaine manière mis en avant par ce site, puisqu’on y défend équitablement le féminisme, l’anti-racisme, l’anti-spécisme et les droits des LGBT (entre autres).
CaerbannogInvitéEn anglais pour ceuses que ça intéresse et qui on vu Pride récemment…
Un docu sur les immigrés dans une ville minière anglaise dans les années 60/70.» Dosanjh’s new film Year Zero Black Country was screened in Smethwick library. It’s a lovely, tender film that uses archive footage to create a portrait of the lives and struggles of those immigrants from the Indian subcontinent who came to the industrial heartland of England in the 60s and 70s (you can see if if you go to vimeo.com/90590680 and sign in with the password YearZero0000).
The GuardianSkratschInvitéJe viens d’apprendre sur le site d’Allocine que le DVD du film était désormais disponible aux Etats-Unis … où toute référence à l’homosexualité avait été retirée du résumé.
« Lauréat de la Queer Palm du dernier Festival de Cannes ainsi qu’un British Independant Spirit Award du Meilleur Film, après avoir cartonné dans les salles anglaises, Pride fait également parler de lui outre-Atlantique, mais au rayon des polémiques. Sorti dans les bacs américains le 23 décembre, le DVD s’est en effet distingué par une absence totale (et délibérée) de référence à l’homosexualité des personnages.
Retouché, le synopsis transforme ainsi le « groupe d’activistes gay et lesbien de Londres » venant en aide aux mineurs en un simple « groupe d’activistes londoniens », tandis que la bannière du visuel ci-dessous a purement et simplement disparu, sans que les attitudes des protagonistes n’aient été modifiées.
Interrogé par la BBC, le directeur du British Film Institute a avoué ne pas être étonné par cette décision : « Je ne suis pas surpris que les distributeurs américains aient fait ce choix pour vendre plus de copies en minimisant l’aspect gay », explique-t-il au média anglais. « Je ne le défends pas, car c’est mauvais et démodé, mais je ne suis pas surpris. »
Pour Ben Roberts, la situation retranscrit en effet « la triste réalité commerciale, aussi bien ici [en Grande-Bretagne, ndlr] qu’aux Etats-Unis » et le fait que « tout ce qui tourne autour des lesbiennes, gays, bi et trans est largement marginalisé à quelques rares exceptions près » en citant l’exemple de Brokeback Mountain. Attendu dans nos bacs le 21 janvier, le DVD et Blu-Ray de Pride ne devrait cependant pas connaître le même sort qu’outre-Atlantique. »
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