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#37822
ZeE
Invité

Ouais j’ai un peu hésité à poster parce que je prends le train en route, plein de choses m’ont pas mal irrité mais je trouvais pas que ça rajoutais tant au débat de le dire. Bref. Mon post arrive après celui de Milù que je rejoins sur le fait de parler qu’entre blancHEs. Mais j’ai quand même envie de relever deux trois trucs.

J’ai trouvé je crois ce qui m’agace franchement dans les/tes posts (de) Bender. C’est que tu prêtes des attentions et tu généralises à partir d’exemple sortis tout droit de ta tête, ou peut être de ton vécu en fait je sais pas. C’est dangereux et je trouve que c’est surtout à côté de la plaque. Par exemple, je vais prendre quelque chose que je peux rattacher à mon vécu/identité/toussa, on a eu le cliché de lea « féministe progressiste » si iel la ferme c’est parce que «  pas envie de changer de club et on ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde ». Mais qu’est-ce que tu en sais de ce qui hypothétiquement a amené cette personne (fictive) à la fermer ? Il y-a des centaines d’éléments de complexité qui font que tu réagis ou ne réagis pas dans ces cas là. La fermer c’est une des multiples réactions envisageables et en milieux hostiles ben l’ouvrir c’est pas toujours possible. Arf et j’en ai marre aussi des discours de capacitisme comme quoi si tu te dis féministe, anti-raciste etc. il faut que tu aies tel ou tel comportements, sans prendre en compte que tout le monde ne peut juste pas faire certaines choses (validisme mon ami!!!!!) ni que ce genre de discours est prescriptif et que dans une démarche telle démarche politique ben c’est un peu un non-sens ! Sans compter que l’on se retrouve souvent soit devant une incitation à réagir et/ou à la violence (comme là) avec à rebours une dénonciation de ces mêmes stratégies lorsqu’elles sont employées (c’est pas en étant aussi violent qu’elleux que ça réglera le problème / ouais mais en même temps tu lui as crié dessus / des exemples plus concrets le nombres de personnes souvent meufs misent en accusation lorsqu’elles se sont défendues et/ou ont tué leurs agresseurs, dans une justice qui prétend défendre la légitime défense) etc. etc.
Bon voilà à partir d’un exemple random tu as interprété le pourquoi du comment pour valider ton discours. Tout ça est très rhétorique et ne smatch pas vraiment avec les réalités concrètes, matérielles, complexes, inter-sectionnelles des réalités que vivent les personnes minorisées.

De toute façon à moins d’avoir la peau verte,violette ou rose (d’être un extraterrestre en gros) on ne peut pas être neutre. Il faut accepter qu’on ne sera jamais objectif\ve et impartial(e). Après je ne vois pas en quoi notre « subjectivité blanche »(pour reprendre le terme utilisé plus haut) a moins de valeur que leur « subjectivité noire(ou autre) »

J’aime pas trop les arguments type « de toutes façons c’est pire ailleurs » qui nous empêchent de voir les mécanismes oppressifs présents dans le quotidien. La « subjectivité blanche » n’a pas moins de valeur, elle est normalisante et oppressive de part cette place de norme qu’elle perpétue dans le même mouvement. Il ne s’agit pas de dire les personnes non-blanches ont raison, les blancHEs ont tord, mais tant que cette norme sera telle il y-aura un système d’oppression qui écrasera des discours et des vies au profit d’autres. Ce n’est pas la neutralité qu’il faut viser, les savoirs, vécus et discours sont situés. La neutralité elle-même utilisée dans ce contexte est un outils théorique (je te rejoins sur le fait que ça n’existe pas) qui permet de jeter le bébé avec l’eau du bain et de ne pas enter dans la complexité inter-sectionnelle des systèmes de dominations. Parce que de toutes façons on n’est pas neutre ou objectives (haha) donc à quoi bon. J’ai plutôt tendance à pencher vers parce que justement on n’est ni neutres ni objectives il faut être vigilentEs, checker nos privilèges, être proactives dans les situations où l’on a été oppresseureuses ou agresseureuses.

Milu quitte à me répéter comme la large majorité des français j’ai fait le collège et le lycée. Je sais donc que les thèses racistes perduraient pendant la colonisation notamment avec l’éducation par laquelle on (les blancs coloniaux) occidentalisait les noirs au détriment de leur propre culture (contrairement à moi qui n’en ait visiblement pas

Juste sur l’argument qui pourrait assez vite virer dans l’élitisme ou du moins dans l’autorité d’avoir fait des études je te conseil les lectures de Nargesse BIBIMOUNE, et elle ne doit pas être la seule, qui montre bien que l’histoire qu’elle a appris à l’école n’est pas SON histoire (fille de famille émigrée algérienne, le cours d’histoire sur la guerre d’algérie n’avait pas grand-chose à voir avec ce que sa famille lui avait transmis). Les savoirs sont situés encore une fois. Du coup tenir son point de vue sur les colonialismes uniquement en puisant sur les écrits des savantEs blancHEs je trouve ça glissant. Et à coup sûr en fait on n’a qu’un point de vue comme bien souvent celui de celleux qui n’ont pas vécu l’oppression (mais que l’on peut croire car iels ont l’argument d’autorité de l’expertise objective historique, la reconnaissance académique, déso je beurk un peu)

Et au passage les autres français, la « pas minorité » n’en est pas moins instruite. Et les personnes non-françaises non plus.

Ils n’ont pas à se sentir coupables parce qu’ils ne sont pas la réincarnation de leurs ancêtres (jusque là rien qui me dérange)

Alors moi y-a un plusieurs trucs qui me dérangent par contre. Non certes nous ne sommes pas les réincarnations de nos ancêtres (encore un concept religieux utilisé dans un tout autre sens pour légitimer un discours, ici celui en gros du « c’est pas ma faute ». Je dis encore parce que Bender avait à un moment parlé de pêché par omission, issu de la pensée judéo-chrétienne le pêché n’avait pas grand-chose à foutre là et a une charge significatrice dense -faute commise envers (l’autorité) divine-dette-culpabilité etc.). Du coup on l’aura compris premier truc qui me dérange c’est qu’est-ce qu’on entend par réincarnation ? Les copies conforment des colons du XIXème siècle ? Non bien sûr que non. Mais sous prétexte que nous ne sommes plus dans un régime esclavagiste (… hum?) et que les colonies auraient en grande partie été décolonisées (au prix de guerres, au prix d’une soumission économiques…) on pourrait s’en laver les mains. Alors que le colonialisme et l’esclavagisme existent toujours, sous d’autres formes. Je ne l’ai pas encore lu mais je pense au témoignage Lettres à une Noire de François Ega (récit d’une réfugiée Antillaise qui écrit sur les conditions et les quotidiens des femmes noires « employées » comme bonnes auprès des riches blanches dans les années 60-70 à Marseille) – cf voir l’article « Tabliers Blancs et Colères Noires » de la revue Z n°10. Là on voit clairement le lien direct entre esclavagisme et exploitation des classes paupérisées immigrées deux générations plus tard. Plus proche de nous, les employéEs de sécurité, de contrôle de transports en commun et de ménages/BIATOS sont quasi touTEs exclusivement non-blanches. Ca c’est un racisme d’État fonctionnant en sorte de double régime, d’une part il maintient les populations pauvres en état de pauvreté – sous couvert de préjugés comme quoi ces mêmes personnes ne peuvent pas accéder à des emplois plus qualifiés et mieux payés (de part leurs conditions sociales, leurs cultures, leurs races, leurs éducations, leurs genres etc.) et d’autre part met des personnes minorisées en position de contrôle d’autres personnes minorisées. Par pressions économiques et sociales (avoir des tunes pour vivre, s’intégrer dans le pays et le milieu du travail) on empêche ainsi les cohésions sociales et on maintient un sorte d’auto-régulation des « hors la loi », on pourrait même dire les « hors la norme ». Ce système bien huilé permet de faire travailler les mêmes personnes noires, arabes, femmes etc. dans l’ombre pendant que les gentes «  » »biens » » », celles qui ont leur titres de transports, leurs papiers et ne volent pas dans les magasins, passent sans même les voir.

Du coup non il n’y-a pas d’histoire de réincarnation. On peut aussi jeter la culpabilité (tient encore un concept judéo-chrétien…) et juste ouvrir les yeux, écouter les personnes qui VIVENT ces oppressions et se rendre compte que nous pouvons perpétuer racisme et esclavagisme sous une forme propre, néo-libérale et sécuritaire où les blancHEs ne sont pas responsables. Ou comme le dit Milù avoir conscience de nos privilèges blancs, des rouages coloniaux, racistes, sexistes, hétérocisnormatifs, validistes, de culture du viol etc. sur lesquels reposent notre fonctionnement sociale et ne pas aller dans ce sens. Le premier step étant en autre de ne pas se dédouaner de cette réalité (et donc de ne pas être coupable, juste de sortir la tête du sable en montrant son cul – mais j’aime bien les autruches hein).

Déso si ma manière d’écrire est perçue comme violente. Ceux sont des sujets où je ne prends pas toujours de pincettes.

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