Elizabeth Swann : « Vous aimez souffrir ? Essayez de porter un corset ! »
10 août 2013 | Posté par L.D. sous Cinéma, Tous les articles |
Pirates des Caraïbes, un produit formaté pour du cabotinage rétro sauce Disney, n’est pas forcément le film où l’on s’attendrait à trouver une héroïne intéressante… D’autant plus qu’il est connu pour être le Johnny Depp Show et n’a été créé que pour promouvoir l’attraction du même nom (Pirates des Caraïbes : un univers plutôt vendu pour les garçons). Pourtant, le personnage d’Elizabeth Swann, tout en demeurant largement étouffée par le carcan Hollywoodien qui la corsète jusqu’à une fin illogique au possible, révèle quelques petites pépites. Penchons-nous plus en détail sur son cas.
Une femme forte dans une fête de la saucisse
Devinez qui on accuse d’être une Mary Sue dans le lot.
Pirates des Caraïbes, comme la plupart des gros blockbusters, présentent une majorité écrasante de personnages masculins. Dans les quatre films que compte la franchise, on compte huit personnages féminins nommés sur une quarantaine de personnages en tout :
- Deux d’entre elles sont des travailleuses du sexe avec à peine une ligne de dialogue.
- Dame Ching, seule seigneur pirate avec Elizabeth (pourtant assez intéressante pour le peu qu’on en voit) doit prononcer moins de dix mots.
- Tia Delma/Calypso la déesse de l’océan est un trope assez évident de femme fatale/naturelle dont la tromperie a mené le méchant à sa perte (le pauvre).
- Anamaria, la femme pirate du premier film, qui paraît une bonne seconde pour Jack Sparrow mais achève le film en lui mettant servilement une veste sur les épaules tout en lui rendant le contrôle du Black Pearl. Elle est le seul membre nommé de l’équipage de Sparrow à disparaître entre le premier et le deuxième film.
- Quant aux Syrena et Angelica du dernier film, elles servent surtout de motivations pour les personnages masculins.
Syrena dans la fontaine de Jouvence : On sent tout de suite le personnage d’ampleur…
Et dans le lot (restreint) Elizabeth Swann qu’on suit depuis son enfance et qui partage l’affiche avec les deux autres protagonistes de la première trilogie : Jack Sparrow et Will Turner. Certes, elle gravite entre les deux héros comme une princesse Leïa, mais comme elle, elle apparaît plus profonde, sympathique et inspirante qu’un simple trophée et a une réelle influence sur l’intrigue.
Comme le dit Keira Knightley, l’interprète du personnage : “She . . . starts out as a damsel in distress and then kicks butt, so what’s not to like?”
“Elle commence comme une demoiselle en détresse et ensuite botte des culs, alors comment ne pas l’aimer ?”
Elizabeth est en effet un personnage extrêmement attachant. Au cours des trois films elle fait montre de nombreuses qualités : courageuse, réfléchie, charismatique, sachant faire preuve d’autorité comme de dévouement. Hélas, son rôle est un peu limité comparé à l’influence qu’elle pourrait avoir mais ça reste très encourageant face à ce qu’on peut voir, notamment dans des films Disney plus récents (Lone Ranger par exemple).
La mise en évidence de la prison du genre
L’époque où évolue Elizabeth Swann (approximativement la fin du XVII ème siècle) était indubitablement une rude période pour qui a le malheur de naître avec un vagin et l’emprisonnement qui en découle est explicité à plusieurs reprises par le personnage lui-même et par les hommes qui l’entourent. Son père surprotecteur cause de nombreux dégâts au cours du premier et du second film en essayant de la protéger contre son gré : dans le premier Pirates des Caraïbes, c’est plus ou moins à cause de sa volonté (à lui et à Norrington) de la protéger et son refus de l’écouter qu’ils se font flouer par Jack Sparrow, et dans le second film, il insiste pour libérer Elizabeth et l’envoyer en Angleterre et se fait aussitôt rattraper par un sbire de Beckett, l’homme qui a emprisonné sa fille.
On peut également citer Gibbs, le sous-fifre de Sparrow qui rappelle à plusieurs reprises que les femmes portent malheur sur un bateau. Cependant, dans Pirates des Caraïbes, les superstitions des marins sont souvent moquées (bien que les légendes de sirènes, hollandais volants et autres krakens soient avérées dans cet univers) et Elizabeth utilise d’ailleurs sa menaçante présence féminine pour mener tout un équipage par le bout du nez.. Il est donc explicité que les croyances irrationnelles des hommes concernant les femmes leur causent du tort (moins qu’aux femmes mais tout de même un tantinet.)
Comment ne pas citer également la scène du corset : au début du premier film, la toute jeune Elizabeth Swann (dix-sept ans) s’évanouit à cause d’un corset trop serré (“les femmes de Londres doivent avoir appris à ne pas respirer”) alors que le commodore Norrington (déjà adulte, lorsqu’au début du film, elle n’est qu’une enfant) la demande en mariage et s’imagine qu’elle a défaille d’émotion, projetant sur Elizabeth un comportement typiquement féminin (la pâmoison) alors qu’elle est simplement étouffée par son costume de femme.
Et faire rêver les hommes
Au cours du premier film, Elizabeth réemploiera ensuite la pâmoison pour détourner l’attention (utilisant les attentes des hommes la concernant et donc retournant leurs préjugés contre eux) mais clamera également son horreur absolue de sa condition en hurlant à l’attention d’une horde de pirates : “Vous aimez souffrir ? Essayez de porter un corset !”
Ici, la différence homme/femme est explicité et présentée comme injustifiée (du moins dans le cas d’Elizabeth ; ce film n’est pas un manifeste féministe pour autant). Le patriarcat est également placé dans un passé lointain, « révolu », et Disney peut donc se permettre de le critiquer puisqu’il n’est plus d’actualité. On a vu le même procédé dans Mulan et Rebelle entre autres…
Des armes de « femme »
Dans le premier film, Elizabeth Swann utilise essentiellement les armes traditionnellement associées à son sexe : ruse et séduction mais par la suite, on la verra s’approprier les attributs des hommes. Ce qui n’a pas déplu à l’actrice : “« I didn’t have a sword. Am I angry about that? Yes, very! … I asked every single day, anyone I could ask, if I could have a sword but I didn’t get one. »
Je n’avais pas d’épée. Est-ce que ça m’énerve ? Oui, beaucoup ! … J’ai demandé chaque jour à toutes les personnes que je pouvais interroger si je pouvais avoir une épée mais je n’en ai pas eu.
Mais même sans épée, Elizabeth Swann est loin d’être démunie. Sa parole lui est très utile, au contraire de celle de nombreux personnages féminins qu’on fait taire un peu promptement. Par exemple, dans un blockbuster plus récent : Star Trek into Darkness, les deux personnages féminins (aux mini jupes à l’utilité discutables) représentent aussi des valeurs “féminines”, c’est à dire ici le désir de dialogue. On voit donc successivement Uhura et Carol négocier avec des Klingons et un militaire malfaisant et finir brutalement interrompues (l’une par un Klingon la saisissant à la gorge, l’autre en se faisant téléporter contre son gré) pour laisser les hommes régler la situation de la seule manière qui compte : avec leurs gros flingues… L’Entreprise, un vaisseau pacifiste… mais oui.
Les négociations d’Elizabeth Swann ont, elles, de l’influence. Au départ, les hommes ne l’écoutent pas quand elle défend Jack Sparrow, mais elle parviendra ensuite à se faire entendre. Elle commence à réellement agir en invoquant le “pourparlers”, le droit à négocier, sur le vaisseau pirate le Black Pearl. Bien que le capitaine Barbossa ne nie par la suite l’influence du “parley” en arguant qu’elle n’est pas un pirate et ne peut donc pas en user et que de toute façon le code pirate est plus une ligne de conduite qu’une réelle loi, c’est grâce à ce “pourparlers” qu’elle obtient que les pirates quittent Port Royal. Elle se fait flouer dans l’échange puisqu’elle devient leur otage mais son initiative a quand même eu bien plus d’utilité que les tentatives des hommes (dont un Will qui se fait assommer après trois secondes de combat).
Dans les films suivants, Elizabeth continuera d’invoquer la valeur des discussions et du dialogue. Au cours du second film, elle critiquera vertement Jack Sparrow, Will Turner et James Norrington lorsqu’ils se disputeront le coffre de Davy Jones dans un absurde combat à trois. Hélas, sa position est présentée (avec “humour”) comme immature puisqu’elle boude, croise les bras, s’assoit par terre et leur lance des cailloux. Néanmoins, on ne peut qu’admirer son attachement aux valeurs du dialogue et de l’échange dans un univers de brutes épaisses ainsi que l’influence qu’elle conserve malgré son décalage (elle est sans doute la plus étrangère des personnages à l’univers de la piraterie du fait de son sexe mais aussi de son statut social élevé).
Quand l’exaspération prend le pas sur le dialogue
Si elle garde tout du long une certaine ligne morale et que la lâcheté et l’individualisme des pirates l’agacent, elle parvient cependant à les toucher et à se faire entendre d’eux : on la voit en effet diriger la confrérie des pirates du monde entier et motiver une troupe de vieux mâles récalcitrants (seuls Jack Sparrow et Dame Ching acceptent sa prise de pouvoir) pour partir au combat, montrant ici d’indubitables capacités de leader bien éloignées des corsets et une réelle appartenance à l’univers de la piraterie : elle fait ses preuves et montre bien là sa légitimité même si certains membres de la confrérie la remettent en cause.
A part le dialogue qui peut être présenté comme féminin, Elizabeth utilise d’autres armes qui, en l’occurence, sont foncièrement féminines : tout d’abord, la séduction. Durant le premier film, elle n’obtient de James Norrington qu’il aille sauver Will qu’après lui avoir promis de l’épouser et à la fin du second film Pirates des Caraïbes, pour donner une chance à l’équipage, elle “convainc” Jack Sparrow en l’embrassant avant de le clouer au mât du vaisseau. Ainsi, Jack Sparrow est livré à l’appétit du kraken et l’équipage se sauve. C’était une décision mûrement réfléchie et elle lui pèse par la suite mais elle n’hésite pas à mettre en jeu son éthique pour le bien du plus grand nombre et montre un certain sang-froid… Dommage que ça passe par la seule arme qu’on accorde volontiers aux personnages féminins : la beauté.
Elle est également le seul personnage à changer régulièrement de vêtements (et ses changements de tenue sont montrés et mis en scène malgré, parfois, le manque d’utilité de telles séquences bien que certaines soient justifiées comme celle du corset).
On a aussi vu qu’elle s’évanouissait au cours du premier film pour attirer l’attention sur elle en jouant la demoiselle en détresse et permettre ainsi à Will et Jack Sparrow de se sauver grâce à cette diversion.
Une appropriation des armes des hommes
Avant/Après : la bouche est toujours lascivement entrouverte mais il y a quand même du mieux !
A partir du second film de la franchise, Elizabeth Swann abandonne peu à peu certaines armes “féminines” (l’évanouissement et la séduction, elle garde sa capacité à dialoguer) au profit de plus masculines. Elle commence par se travestir pour embarquer sur un bateau, utilisant tout de même sa vieille robe pour effrayer les marins et les amener où elle veut aller. Ce changement de costume n’a d’ailleurs pas déplu à l’actrice qui ne porte que des vêtements de pirates durant le troisième film et a déclaré préférer largement le confort des costumes pirates aux chaudes robes de princesse qu’on lui infligeait auparavant.
Elizabeth en garçon : il ne fallait pas trop la viriliser non plus hein.
En plus du travestissement, Elizabeth abandonne aussi l’évanouissement au profit de l’épée. On peut observer une réelle transition durant le second film : alors qu’elle désespère d’arrêter le stupide combat dans lequel se sont engagés Jack Sparrow, Will Turner et James Norrington, elle feint un évanouissement pour stopper le combat mais, bien entendu, ça ne fonctionne pas. Dépitée, elle se tourne ensuite vers des armes plus concrètes en jouant les fines lames quelques scènes plus loin. L’actrice a précisé que la plupart de ses scènes de combats à l’épée avaient été coupées, néanmoins, on la voit manier une lame puis deux dans le troisième film, et ce avec une grande dextérité qui n’a rien à envier à celle des hommes. Elle sait également user du pistolet, comme lorsqu’elle menace Lord Beckett au cours du second film.
Avec le mousquet, ça marche aussi !
Keira Knightley commente ce changement, décidé apparemment (et contre toutes attentes) pour plaire aux petites filles :
« I think they really liked the more action-based side of Elizabeth from the first film and apparently that’s what little girls really responded to, so they decided to take her off in that direction ».
« Je pense qu’ils ont réellement aimé le côté actif d’Elizabeth dans le premier film et, apparemment, c’est ce qui a vraiment plu aux petites filles, donc ils ont décidé de la mener dans cette direction ».
Les limites du carcan hollywoodien
Malgré ces éléments encourageants, Elizabeth Swann demeure tout de même une héroïne Hollywoodienne et de ce fait présente quelques clichés agaçants. Le fait que sa beauté soit mise en valeur et qu’elle soit disputée par plusieurs hommes pour cette raison peut être considéré comme cohérent avec l’époque mais est également un trope, une paresse scénaristique qu’on retrouve qu’importe le contexte.
On peut également remarquer que le pouvoir et les armes qu’elle acquiert lui sont donnés par les hommes, elle ne se les approprie pas et ne les recherche pas, étant relativement dépourvue d’ambition puisque sa seule motivation consiste à sauver des gens : d’abord sa ville, puis Jack Sparrow et Will alternativement. Il s’agit là d’une noble motivation bien entendu mais là où les hommes peuvent faire preuve d’ambition, elle n’en a aucune.
C’est donc Sao Feng qui lui donne sa place dans la confrérie des pirates et Jack Sparrow qui fait d’elle la chef de cette confrérie. Son accès au pouvoir n’est pas actif, elle le reçoit par hasard mais s’avère bien plus digne de lui que bien des hommes. Elle traite d’ailleurs beaucoup d’hommes de lâches à juste titre et représente des valeurs de bravoure chevaleresque qui manquent aux pirates : on a également pu voir ce genre de situation avec le personnage de Brienne dans Game of Thrones où c’est une femme qui représente les valeurs viriles de la chevalerie dans un monde corrompu, mais contrairement à Elizabeth, le personnage de Brienne a une certaine ambition et accède à un pouvoir (très restreint) par sa propre volonté.
Quand les femmes prennent les armes…
Elizabeth demeure un personnage éminemment positif bien sûr mais son manque total d’ambition finit par devenir agaçant, voire désespérant quand on voit la fin réservée à ce personnage.
Son parcours et celui de Will Turner sont assez similaires en réalité à la seule différence de la fin : ils sont tous deux entraînés dans l’univers de la piraterie malgré eux (bien qu’Elizabeth admette au début que ça la fascine ce qui rend la fin d’autant plus incohérente) et sont motivés par leur amour pour d’autres personnages : leurs pères respectifs (les mères brillent par leur absence comme dans beaucoup de Disney), l’un et l’autre… Confrontés à la dureté de l’univers des pirates, ils perdent tous deux leurs illusions et grandissent et mûrissent, finissant par acquérir une vision plus nuancée et complexe du monde qui les entoure et une compréhension plus globale qui les amène à des statuts de véritables leaders. Ils font tous deux des compromis avec leurs idéaux mais continuent de faire preuve de compassion et de compréhension.
Mais là où Keira Knightley acquiert son pouvoir avant Will, c’est elle qui le perd à la fin. Certes, le sort de Will Turner (capitaine du Hollandais Volant qui ne peut mettre pied à terre qu’une fois tous les dix ans) n’est pas présenté comme enviable, rien ne poussait Elizabeth à abandonner la piraterie et bien qu’elle y soit amenée presque malgré elle. Ses capacités naturelles et le plaisir qu’elle semblait y prendre n’expliquent en aucun cas le fait qu’elle reste à terre, attendant fidèlement le retour de son homme parti en mer. Son père mort, rien ne la retient à Port Royal ou à terre et elle aurait tout intérêt à rester avec Will sur le bateau. Qui plus est, Elizabeth a prouvé qu’elle était tout à fait capable de vivre comme un pirate et ne sait pas encore qu’elle est enceinte, elle ne reste donc pas pour se protéger ou pour protéger son enfant dont elle ignore l’existence. Cette fin ne trouve donc aucune justification dans le film en tant que telle.
Maman et fiston à terre attendent Papa le héros en mer.
Ce choix est apparemment expliqué lors de scènes coupées et il s’agirait d’un test : si Elizabeth reste fidèle à Will durant dix ans en étant éloignée de lui, il sera libéré de l’enchantement qui le lie au Hollandais Volant et pourra revenir à terre quand il le souhaitera. Néanmoins, même si le film gagne en cohérence avec cette explication, elle repose tout de même sur du slut-shaming (c’est la fidélité des femmes qui importe, pas celle des hommes, d’autant plus que celle d’Elizabeth a fait douter Will Turner un peu plus tôt lorsqu’elle s’est résignée à utiliser ses charmes afin de sacrifier Jack Sparrow pour la survie de l’équipage, une femme qui trompe, c’est une salope, mais Jack Sparrow qui court les travailleuses du sexe, c’est un Running Gag).
Cette fin donne également l’impression d’un choix délibéré pour remettre Elizabeth à sa place : l’homme est actif en mer et la femme passive à terre, qu’importent les capacités et désirs de ladite femme qui arrête tout une fois engrossée (c’est magique, ça marche à tous les coups !)
Qu’importent également les désirs de l’interprète du rôle, qui apprécie jeux d’épée et costumes plus commodes à porter, ou ceux des spectatrices qui préfèrent la voir active et forte.
Après tout, les pirates, la navigation c’est pour les garçons, n’en déplaisent aux Anne Bonny, Mary Read, Alvilda, Charlotte de Berry, Grace O’Malley ou encore à la véritable dame Ching.
L.D.
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La fin laisse un goût amer.
Tu as sauté la presque tentative de viol des deux bizarres avec léchage de babines dans celui où ils attrapent le coeur. Elisabeth m’exaspère par ses enfantillages, à bien des égards elle reste femme enfant. Mais reste tous ces points positifs que tu soulignes si bien. Même si pour moi, l’arme de la séduction est éminemment machiste.
Bon article.
Par contre je ne comprends pas la pique lancée sur Star Trek.
Si je me souviens bien, l’Enterprise est un vaisseau pacifiste d’exploration mais les aliens rencontrés ne le sont pas également, ça n’a rien de surprenant qu’un Klingon attaque Uhura.
Merci,
la pique ne vise pas le fait qu’Uhura soit attaquée par un Klingon mais le fait que les seules tentatives de discussions (tentatives des femmes) pour régler les conflits aboutissent à des échecs retentissants et que seuls les solutions plus offensives fonctionnent. De fait, l’Entreprise ne semble pas vraiment prôner la voie la plus pacifiste.
Pas tout à fait, je précise : sans l’intervention de Carol, l’Enterprise aurait été pulvérisée par Marcus – elle stoppe son assaut en annonçant sa présence à bord, après avoir convaincu Kirk que c’était la seule chose à faire (lui qui n’aurait pas pensé pouvoir être attaqué de cette manière).
Le rôle d’Elizabeth Swan est un rôle très bien écrit, et très étonnant pour un blockbuster.
Le choix est d’autant plus étonnant de le donner à Keira Knightley, pur produit de la société d’apparence, de maigreur et de luxe, et qui a surtout l’expressivité d’une huître et le talent d’un bulot.
Le lexique marin me donne des aaailes.
Entièrement d’accord avec tout ce qui est dit dans cet article !
On avait droit à un personnage féminin qui change dans cet univers de piraterie et de blockbusters, mais la fin du troisième est une honte et gâche tous les efforts des 3 films ! Heureusement qu’elle n’est qu’après le générique, je peux prétendre qu’elle n’existe pas.
Vraiment vraiment dommage, c’est une très bonne trilogie d’aventure et familiale avec moins de clichés que dans la moyenne hollywoodienne mais il a fallu qu’une scène « romantique » (la conception du romantisme version fête de la saucisse à Los Angeles) vienne tout pourrir le personnage d’Elisabeth.
Oui, c’est vrai que c’est dommage.
Si on regarde bien le premier film, Will n’est pas tant le héros que ça. Il a en permanence besoin de Jack (notamment pour voler un navire où l’équipage de lui parce qu’il ne sait que lancer des phrases sans vraiment attaquer) et ne sait pas vraiment agir (n’arrive pas à sauver sa belle qui finit abandonnée sur une île). Et au final, c’est Elizabeth qui finit par aller le sauver d’un pirate sur le point de le tuer. Le film se moque donc d’un cliché qui finit par être détourné: les tentatives du héros pour sauver sa belle ne font non seulement qu’empirer les choses mais en plus dans toutes ses tentatives d’héroïsme, il se montre absolument pathétique alors qu’Elizabeth se montre au final bien plus débrouillarde. Même s’il parvient à donner son sang pour que Jack tue Barbossa, chose ultime à faire, Will échoue à peu près dans tout ce qu’il tente, il veut chasser les pirates de Port Royal, il finit dans les pommes et c’est Elizabeth qui y parvient grâce à un discours (même si elle finit otage). Et au moment où il essaie de sauver Jack, il se fait prendre et Elizabeth le sauve encore une fois en s’interposant entre lui et les soldats. Même au début, Will est vu en situation de faiblesse et Elizabeth l’aperçoit et incite ceux qui sont autour d’elle à aller le sauver. Oui, c’est la femme qui sauve l’homme et quand l’homme tente de sauver la femme, ça ne fait qu’empirer les choses pour elle et elle doit se sauver toute seule (ce n’est qu’en envoyant des signaux de fumée à l’aide des réserves de rhum qu’Elizabeth parvient à guider les soldats de Norrington jusqu’à elle qui la retrouvent et pas grâce à Will qui a fait qu’empirer sa situation).
Alors oui, le problème d’Elizabeth est qu’elle est pas motivée par le pouvoir et que ce sont les autres « hommes » qui l’incitent à s’émanciper et à s’élever dans un plus haut statut. Je la vois même plus comme une amante que comme une femme intéressée par une ascension: dans le deuxième, bien qu’habillée comme un garçon et sachant se battre avec des armes blanches aussi bien que des pistolets ou des fusils (rappelons-nous ses combats avec des membres de l’équipage du Hollandais Volant ou bien du fait qu’elle ait été très active lors de certaines scènes d’action lors du troisième film), elle suit Will partout où il va par amour et est prête à tout pour l’aider (même si ici, c’est la femme qui protège son homme et non pas l’homme qui protège sa dulcinée), ça montre que Disney est pas prêt à montrer des femmes ambitieuses qui accèderont au pouvoir parce qu’elles le VEULENT mais qui auront du caractère uniquement par amour.
En parlant d’Anne Bonny et Mary Read, Kate Madison prépare un film sur elles (bande-annonce là ). C’est un micro budget mais j’espère que la réalisatrice arrivera au bout, elle n’est pas à son coup d’essai.
C’est vrai que la fin d’Elisabeth Swan m’avait beaucoup déçue… pour moi, dans l’évolution du personnage construit pendant les trois films, à la fin, elle devait être célibataire et capitaine d’un bateau pirate ! ça aurait été parfait selon moi ! ^_^
Excellent article! J’adore ta « dissection » du personnage d’Elizabeth, que j’adore… Même si on est tous d’accord sur la fin, elle n’avait pas sa place à terre!
Néanmoins, je voudrais revenir sur son « manque d’ambition »… Will non plus n’avait pas beaucoup d’ambition, tout ce qu’il voulait, c’était l’amour d’Elizabeth, tout comme elle, au final. Dans le 3e film, alors qu’ils auraient pu partir ensembles, comme tous les personnages, ils ont été entrainés à sauver Jack à cause de leur amitié/fidélité paradoxale pour lui. Elizabeth et Will fonctionnaient surtout pour être le couple phare du film, mais le scénar étant bien fait, il s’est trouvé que les deux personnages étaient bien fouillés. Ah, je crois que je viens de mettre le doigt sur ce qui clochait dans le 4! Le scénar était mauvais et les personnages faisaient juste office de figurants…
Même si l’article ne fait qu’évoquer brièvement les sirènes, je voulais juste préciser qu’il existe une théorie de fans: selon cette dernière, les sirènes seraient en réalité les femmes jetées s’étant embarquées sur des navires et ayant été jetées à la mer hors des navires par des hommes parce qu’elles portaient malheur à bord. Depuis, elles chanteraient pour attirer au fond de la mer tous les hommes qui se seraient approchés trop près de leur territoire afin d’assouvir leur vengeance. Ce qui est sans fin car les hommes n’arrêtent pas de jeter des femmes à la mer hors des navires.
Encore une fois sur ce site (alors même que je trouve toutes les analyses géniales, justes et l’usage des notions politiques super appropriées) c’est possible d’arrêter avec le mot « prostituée »? Comme je l’ai dis ailleurs, ce mot renvoie à l’état d’objet (on est prostitué-e par quelqu’un-e, puisque ça signifie « mettre en avant »). Travailleur-ses du sexe est un terme ultra-revendiqué et utilisé partout ailleurs (sexwork).
Merci 🙂