Anastasia (1997) : La révolution russe pour les nul-le-s
17 octobre 2013 | Posté par Julie G. sous Films d'animation, Tous les articles |
Lorsqu’ Anastasia est sorti en 1997, nombreux sont ceux qui ont cru qu’il s’agissait d’un film des studios Disney, bien qu’il s’agisse en fait d’un film de Don Bluth et Gary Goldman pour la Fox Animation Studio. En y réfléchissant bien, il est finalement logique que la majorité des gens aient pu prendre Anastasia pour un Disney, car le film reprend un certain nombre de « ficelles Disney » au niveau des personnages et du graphisme.
Un plagiat Disney ?
Une (belle) princesse :
Un (beau et viril) jeune homme ambitieux (qui tombe amoureux de la princesse) :
Un méchant (moche) longiligne et dévirilisé :
et des petits animaux mignons…
ou rigolos…
En bref, Anastasia reprend les stéréotypes et les graphismes de Disney avec tout ce que cela implique de politiquement nauséabond. En effet, on retrouve les mêmes normes aphrodistes et hétérosexistes[1] qui existaient déjà chez Disney (ainsi que dans une bonne partie de la production cinématographique et littéraire…).
On retrouve également les mêmes normes spécistes que chez Disney, où les petits animaux mignons ou rigolos n’existent que pour le plaisir/service des humains. C’est particulièrement flagrant avec Bartok, qui est un sbire typique (comme peuvent l’être les hyènes pour Scar ou bien Sébastien pour le roi Triton), mais Pooka est également, avec son côté adorable, un personnage très spéciste car il est entièrement soumis et dévoué à sa maîtresse, comme peuvent l’être Polochon pour Ariel, Meiko pour Pocahontas…
Comme une bonne partie des méchants Disney, Raspoutine est dévirilisé, il a de longues mains fines et des ongles excessivement longs. De même, il parle souvent d’une façon précieuse et affectée. Sa virilité défaillante est opposée à la virilité éclatante de Dimitri et à la virilité tranquille du tsar Nicolas II. Associer les méchants à une virilité défaillante est à la fois sexiste et homophobe. Sexiste car un personnage ayant des attitudes « féminines » est diabolisé et homophobe car les hommes ayant des attitudes féminines sont, dans l’imaginaire collectif de notre société hétéropatriarcale, souvent assimilés à des homosexuels.[2]
Je suis tellement dévirilisé que je me déguise en fille !!!
Une vision déformée de l’histoire
Anastasia se base sur une légende inspirée d’une histoire vraie, celle de la grande duchesse Anastasia de Russie qui aurait miraculeusement survécu à la révolution bolchevique, et prend pour toile de fond la révolution russe. Il se base également sur la légende qui veut que Raspoutine ait eu des talents occultes.
Le film prend de nombreuses libertés avec ce que l’on sait de l’histoire de la famille Romanov (ils ont été assignés à résidence avant d’être assassinés, Anastasia avait 17 ans et non 10 lors de la révolution en 1917, Raspoutine a été assassiné en 1916, avant la révolution russe, l’impératrice Marie ne s’est pas exilée à Paris après la révolution mais au Danemark, pas loin de Copenhague…)[3] et, plus problématique, avec l’histoire et le contexte de la révolution russe.
Comme pour toutes les révolutions, les causes de la révolution russe sont nombreuses et complexes : les défaites successives de la Russie lors la première guerre mondiale, la famine, la crise économique…
Dans le film la révolution russe n’est due qu’à une seule et unique chose : la vengeance de Raspoutine qui, grâce à ses pouvoirs occultes, manipule la foule pour lui faire attaquer le palais…
La révolution pour les nuls : alors il suffit d’une personne avec des pouvoirs paranormaux…
Pour que la foule stupide se déchaîne…
La famille royale et le pouvoir en place (qui était tout de même une monarchie absolue) sont absolument dédouanés de toute responsabilité vis à vis de la révolution (ce n’est pas comme si l’oppression du peuple par le pouvoir jouait un rôle quelconque dans les révolutions).
De plus le peuple est traité comme une masse stupide et facilement manipulable par un seul individu.
De la même façon, le portrait de « l’après-révolution », dix ans plus tard, insiste sur le fait que « c’était mieux avant, lorsque le tsar était au pouvoir », et d’ailleurs la seule chose qui console les braves habitants de Saint-Pétersbourg c’est la rumeur à propos d’Anastasia. Bien sûr quand le peuple meurt de faim de froid et d’ennui, sa première préoccupation c’est le sort de la famille royale.
Avant le communisme on ne bossait pas, ne mourrait pas de froid et on ne s’ennuyait pas !!!
Si le film critique le communisme de façon tout à fait primaire (notamment avec la chanson du début, où le peuple se plaint de la faim et du froid), il ne mentionne absolument pas la répression mise en place (arrestations politiques, manque de liberté, déportations…) par le régime stalinien. Les références claires au communisme sont très légères et humoristiques, pour ne pas dire complètement cliché (Anya appelle la patronne de l’orphelinat « camarade », l’encre des saufs conduits est rouge, on voit un marteau et une faucille sur une toque).
La révolution russe et ses conséquences sont totalement décontextualisées et vidées de leur signification politique, ce qui est quand même un comble pour une révolution. Pire, une révolution contre le pouvoir devient la conséquence d’une manipulation par un être maléfique, comment diaboliser l’idée même de révolution et de renversement du pouvoir… Et plus particulièrement si ledit renversement de pouvoir mène au communisme.
Une valorisation du pouvoir
On retrouve une présentation très valorisée du pouvoir, et en particulier du pouvoir royal, héréditaire et absolu, notamment dans le discours de l’impératrice Marie qui introduit le film. D’autant plus que la majorité des personnages positifs sont des nobles ou anciens nobles de la cour de Russie : Anya/Anastasia, Vladimir, Sophie et l’impératrice Marie. On peut aussi mentionner la représentation de la populace de Saint-Pétersbourg, qui est une foule composée de gens laids et vulgaires, tellement différents de « la royauté », et opposés ainsi à la foule du palais composée de gens beaux et distingués.
La populace…
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, le film ne remet quasiment jamais en cause le pouvoir politique absolu des Romanov, ni leur comportement.
Qu’il est bon de donner de grandes fêtes pendant que le peuple meurt de faim et de froid….
L’idée que de toute façon certaines personnes sont terriblement et héréditairement supérieures aux autres transparaît également dans le choix du film de raconter l’histoire de quelqu’un d’exceptionnel, puisqu’il s’agit d’une princesse, la dernière héritière des Romanov. (Par opposition à tous ces gens banals et pas intéressants de Saint-Pétersbourg).
On insiste tout particulièrement sur ce point au début du film, lorsque la directrice de l’orphelinat, une femme particulièrement caricaturale, se moque d’Anya qui veut aller à Paris et lui explique qu’elle lui a trouvé du travail à la poissonnerie, la rabaissant consciencieusement. Le film semble alors suggérer l’idée que certaines personnes exceptionnelles ont un destin à accomplir et que la masse vulgaire tente de les en empêcher…
De la même façon lorsqu’Anya regarde son reflet dans l’eau d’un air triste, Vladimir la console en lui disant qu’elle est une princesse, et donc une femme exceptionnelle…
Parce que tu vois les femmes normales elles sont pas exceptionnelles, toi si…
Dimitri, contre-exemple prolétarien ?
Le personnage de Dimitri est le seul de tous les personnages principaux qui ne soit pas de sang noble. Des références sont faites par rapport à son statut social « inférieur » et à la souffrance qui en est la conséquence. Notamment dans la toute première séquence où la perfection de la somptueuse fête des Romanov est très légèrement contrebalancée par la présence de Dimitri, alors serviteur au palais, qui se fait fermement rabrouer pour n’avoir pas su ou était sa place.
Une légère injustice quelque part, non ?
A plusieurs reprises dans le film, Dimitri fera référence à son statut social qui le sépare d’Anastasia : « Les princesses n’épousent pas les domestiques. » Lorsqu’Anya croise Dimitri dans les escaliers et qu’un serviteur lui indique qu’il doit s’incliner devant elle, alors qu’ils sont proches et partageaient auparavant une relation d’égal à égal, on trouve un embryon de critique du statut de princesse qui serait supérieure, « par nature et hérédité » aux autres. Seulement cette scène semble être là plus pour insister sur le côté romantique que sur le côté critique. C’est plus l’histoire d’amour impossible qui semble intéresser les auteurs que l’injustice sociale et la souffrance des prolétaires.
A la fin du film, Anya décide de renoncer à son statut de princesse (sans abandonner sa grand-mère qu’elle promet de revoir bientôt) afin de pouvoir vivre son histoire d’amour avec Dimitri (qui avait refusé la récompense financière pour avoir retrouvé la princesse disparue). Au final les deux héros choisissent l’amour plutôt que l’argent et le pouvoir. Contrairement aux films Disney où celui qui est le plus bas dans l’échelle sociale finit par s’élever afin de rejoindre l’autre, ici c’est le contraire. Finalement, l’orpheline (re)devenue princesse décide d’être une femme normale et libre. (Mais elle reste exceptionnelle parce que malgré tout, c’est une princesse !)
L’amour ou la couronne ?
Si on retrouve chez Dimitri, et notamment dans sa relation avec Anastasia, une certaine critique du système social injuste, on retrouve également le principe du « 1 sur 10000 ». Comme Django dans Django Unchained était « le nègre sur 10000 », Dimitri est, d’une certaine façon, LE prolétaire sur 10000, celui qui est exceptionnel et profite de ce côté exceptionnel pour s’élever au-dessus de la masse et gagner la princesse…
Une princesse moins passive
Les princesses Disney sont très souvent réduites au rang de « damoiselles en détresse », complètement passives, l’action étant réservée aux hommes. On pense par exemple au Prince qui tue la sorcière dans Blanche-Neige, celui qui tue le dragon dans La Belle au Bois Dormant, Eric qui tue Ursula dans La Petite Sirène, bref… c’est quasiment toujours l’homme qui vainc le méchant…[4]
Dans Anastasia nous retrouvons quatre scènes d’actions :
- l’attaque du palais par les révolutionnaires
- la scène de l’attaque du train
- la scène d’hypnose sur le bateau
- la scène finale de combat contre Raspoutine
Dès le début du film, Anya est sauvée par Dimitri, qui leur permet, à elle et à sa grand-mère de s’enfuir discrètement.
Dans la deuxième scène d’action, le train dans lequel voyage les protagonistes s’emballe sous l’effet de la magie noire de Raspoutine. Dimitri prend l’initiative mais c’est Anya qui trouvera finalement la clé de la solution au problème en trouvant un bâton de dynamite qui permettra de détacher le wagon de la locomotive (preuve d’intelligence). Elle relève également Dimitri (elle fait preuve de force) et incite les deux autres à sauter du wagon (preuve de courage).
Dans la troisième scène d’action, Anya se retrouve dans le rôle de la damoiselle en détresse puisqu’elle est hypnotisée par Raspoutine qui l’incite à se jeter du bateau. Sauvée in extremis par Dimitri elle est dans cette scène absolument passive et se jette pleine de reconnaissance dans les bras de l’homme qui l’a sauvée…
C’est la dernière scène d’action qui est la plus intéressante d’un point de vue féministe puisque lorsque Anya se retrouve à affronter Raspoutine dans les jardins du palais, Dimitri arrive pour lui porter secours mais se retrouve hors-jeu assez rapidement.
Tiens bon Anya j’arrive pour te sauver !
Ah ben raté…
Anya affronte et vainc sa Némésis (presque) seule, ce qui est un signe d’empowerment et de puissance chez une héroïne. Le film propose ainsi aux petites filles un exemple d’héroïne positive et active.
Pas grave, je vais me débrouiller toute seule…
On est donc loin de la princesse passive qui attend son héros.
Anya et Dimitri ne cessent de se taquiner tout au long du film et, souvent, Anya a le dessus. D’autre part, le personnage de Dimitri est présenté comme un affreux macho, notamment quand il veut exclure Anya de l’action dans le train (« J’avais dit Vlad ! »), ou qu’il déclare qu’il ne pas aimer les femmes de caractère. La prise d’action d’Anya (qui trouve la dynamite, le relève dans le train, entraîne les autres à sauter du wagon) tend à ridiculiser le côté macho de Dimitri…
De plus, Anya fait preuve de répartie et n’hésite pas à tenir tête à Dimitri, montrant une personnalité bien trempée.
Cependant, malgré quelques séquences et dialogues plus progressistes, la caractérisation des personnages est quand même très sexiste : Anya est douce, féminine, ne rêve que d’une famille, adore les jolie robes (elle est ravie quand Sophie les emmènent faire les boutiques à Paris) tandis que Dimitri est actif, courageux, acrobate, protecteur envers Anya.
La féminité (enfin !) retrouvée
Si Anya est relativement active dans les scènes d’actions et fait preuve de répartie, elle n’a malheureusement aucun pouvoir décisionnel. Si au début du film elle prend des initiatives (aller à Saint-Pétersbourg dans le but de se rendre à Paris, aller au Palais), à partir du moment où elle rencontre Dimitri, c’est lui qui prend la majorité des décisions : prendre le bus puis le bateau, rencontrer Sophie pour obtenir une audience avec l’impératrice…
Lorsque Dimitri propose son plan à Anya, celle-ci commence par refuser mais Dimitri, sûr de lui, entame un décompte à la fin duquel Anya le rappelle effectivement, comme il l’avait prévu. Encore une fois, c’est l’Homme qui maîtrise la situation.
C’est également Dimitri qui réalise qu’Anya est la véritable grande duchesse et prend l’initiative de réunir Marie et Anya malgré leur refus à l’une et à l’autre de se voir.
Bien qu’étant moins passive que la majorité des princesses Disney, et même qu’une bonne partie des personnages féminins dans les films d’animation, Anastasia n’est pas complètement maîtresse de son destin, au fond c’est l’Homme qui contrôle la situation. Mais il le fait pour son bien, évidemment…
Apprendre à devenir une femme, une vraie
Les injonctions à la féminité
Au début du film, Anya est présentée plutôt comme un garçon manqué, elle porte des vêtements larges, les cheveux attachées et se tient librement, sans tenir compte des conventions.
Mais la féminité est bien présente et ne demande qu’à être révélée chez Anya. Cela est montré une première fois lorsqu’elle se souvient d’une fête au palais, une de ses amies lui met un collier et en tourbillonnant elle se retrouve habillée d’une robe de princesse.
Mais la séquence qui insiste le plus sur la féminité retrouvée d’Anya est la séquence où Vladimir, aidé de Dimitri, apprend à Anya à être une princesse.
Bien que soumise à de multiples injonctions restreignant sa liberté de mouvement, le film montre cette éducation à la féminité comme quelque chose d’amusant.
En présentant les injonctions qu’ont toujours subies les femmes et plus particulièrement les femmes de haute naissance (sois belle, tiens-toi droite, sois gracieuse, féminine, etc…) comme quelque chose d’agréable et d’amusant, le film refuse de tenir compte du côté patriarcal de ces injonctions et de la souffrance ainsi que de l’oppression qu’elles peuvent représenter pour les femmes.[5]
Que c’est fun d’apprendre à être une femme/princesse et de restreindre ses mouvements !
Le fait que deux hommes soient responsables de cette transformation est également problématique car on retrouve littéralement deux hommes en train de façonner une femme, tel deux pygmalions. L’homme impose donc une façon d’être à la femme qui adore ça et ne rêve que de correspondre aux attentes de la gente masculine.
Ironiquement, la même année sort Mulan des studios Disney qui, dans la séquence de la marieuse, déconstruit l’idée que l’apprentissage de la féminité est quelque chose de naturel et de forcément plaisant. Cette idée de la féminité comme un carcan est également dénoncée dans Rebelle où Mérida est engoncée dans la robe que lui impose sa mère.[6]
L’idée de la femme qui adore se soumettre aux injonctions patriarcales de beauté est très prégnante aujourd’hui, notamment dans la presse féminine. Les injonctions à la beauté y sont présentées non-seulement comme absolument nécessaires, mais également comme amusantes.
Bien sûr, il est possible de trouver dans l’expression de la féminité (j’entends par là, par exemple, le maquillage ou la mode) quelque chose d’agréable et d’amusant. Ce qui est problématique, c’est que d’une part on tend à considérer que cette expression de la féminité est inhérente à toute les femmes de façon naturelle (alors qu’il s’agit de quelque chose de culturel), et que d’autre part exprimer sa féminité (ou du moins cette forme de féminité) devrait être un choix et non pas une injonction.
On remarquera que les progrès d’Anya se font toujours sous le regard admiratif et normatif de Dimitri, l’apprentissage de la féminité se fait donc grâce au regard de l’homme (male gaze)[7].
Dès leur première rencontre, il l’examine d’un œil critique (même s’il s’agit en l’occurrence de déterminer ou faire semblant de déterminer si elle est la princesse Anastasia.) Plus tard il ne cessera de l’admirer, impressionné devant sa beauté (LE critère le plus important quand on est une femme…). Son intelligence, son humour, son courage… tout ça passe à la trappe. (On notera d’ailleurs que Dimitri commence à regarder Anya dès qu’elle (re)devient féminine). La femme se définit donc principalement grâce au regard de l’homme, ce qui rejoint l’idée des deux hommes qui façonnent la femme. Et plus généralement l’idée que la femme se définit principalement par rapport à l’homme.
Le but ultime en tant que femme c’est de mettre un homme dans cet état…
Les gros, sources inépuisable de jovialité et de rire…
Le film présente deux personnages secondaires et positifs qui sont en surpoids : Sophie et Vladimir. Ces deux personnages sont traités avec une bonne partie des tropes réservés aux personnages en surpoids. Les deux personnages gros sont donc des personnages comiques[8] (c’est bien connu, le gros est ridicule…) débordant de jovialité et bonhomie (le gros n’est JAMAIS de mauvaise humeur, sauf quand c’est un méchant, bien entendu). De plus, une bonne partie des blagues en rapport avec Vladimir tournent autour de la nourriture. (Il regrette la perte du wagon restaurant, compare Sophie à un gâteau…). Vladimir est l’archétype du « meilleur ami gros » (« Fat best Friend »)[9] qui sert de valoir au personnage principal, en l’occurrence Dimitri.
Sophie de son côté est une « grosse belle femme »(« big beautiful woman »)[10]. C’est une femme en surpoids qui assume sa séduction et sa féminité. Ce qui est plutôt positif, sauf que cette séduction est toujours traitée sur un mode comique, le spectateur étant amené à rire du décalage entre l’attitude sensuelle de Sophie et son physique. Contrairement à Anya, Sophie surjoue la féminité et la séduction d’une manière excessive, comme si, en tant que grosse, sa séduction ne pouvait pas être naturelle. Il est intéressant et extrêmement positif de montrer un personnage féminin à la fois en surpoids et séduisant, mais pourquoi traiter obligatoirement cette séduction sur le mode comique ?
Sophie, tout en nuances et en subtilité…
De la même façon l’histoire d’amour entre Sophie et Vladimir est traitée sur le mode comique. S’il est extrêmement positif de voir des personnages non-aphrodistes vivre des histoires romantiques, il est regrettable de voir ces histoires systématiquement traitée sur le mode comique. Il est également regrettable, plus particulièrement dans les dessins animés, de voir les personnages ne correspondant pas aux critères de beauté être réduit à des rôles comiques ou d’antagonistes.
Alors que Disney, à la même époque, proposait des héroïnes novatrices comme Pocahontas (1995) ou Mulan (1997), Bluth et Goldman, pourtant créateurs du progressiste Fievel et le nouveau monde, semblent vouloir revenir à une vision rétrograde des femmes et surtout à une vision arrangée de l’histoire….
Julie G.
[1] Même si nous verrons plus bas qu’Anastasia est, par certains côtés moins hétérosexiste que la majorité des productions Disney.
[2] Cf. l’article de Paul Rigouste sur les méchants Disney : http://www.lecinemaestpolitique.fr/mechants-et-mechantes-chez-disney-2-hommes-faibles/
[4] Même si on retrouve des héroïnes plus actives comme Mulan, la tendance est quand même fortement à la passivité…
[5] Des films comme Rebelle ou Mulan déconstruisent ce rapport idéalisé a la féminité…
[6] Cf la critique de ces deux films sur le site : http://www.lecinemaestpolitique.fr/mulan-1998-feminisme-et-patriarcat-chez-disney/ & http://www.lecinemaestpolitique.fr/rebelle-2012-mater-la-rousse/
[7] Cf. l’excellente analyse du «male gaze » de A.C. Husson sur le site « ça fait genre » :
http://cafaitgenre.org/2013/07/15/le-male-gaze-regard-masculin/
[9] http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/FatBestFriend
On retrouve dans cette catégorie Petit Jean dans Robin des Bois.
Autres articles en lien :
- Les mondes de Ralph : un Disney étonnamment progressiste
- Raiponce (2010) : Peut-on être à la fois princesse et féministe chez Disney ?
- Snowpiercer (2013) : Ces « queutards » de révoltés
http://www.youtube.com/watch?v=tqpXx2uxMmY
petites critiques de la part d’un fan :
– sur le fait que Don Bluth aurait copié le style de Disney … oui et non : Disney par sa domination (c’est ce monopole qui est critiquable) a influencé plusieurs générations d’artistes et de studios ; qui plus est il n’existe pas d’oeuvre purement « originale », un artiste construit toujours son style selon l’école et les artistes qu’il fréquente ;
– quand vous écrivez que « l’hétérosexisme et l’aphrodisme sont nauséabonds », je pense que vous manquez votre cible : ce qui est nauséabond c’est qu’il n’y a quasiment que de l’hétérosexisme et de l’aphrodisme dans la production audiovisuelle (mais en soi l’hétérosexisme n’est pas « mieux » ou « moins bien » que l’homosexisme ou le pansexisme ou autre)
Je ne dis pas ça pour défendre l’hétérosexisme et l’aphrodisme auxquels je suis devenu assez allergique (et sinon je ne serais pas un de vos lecteurs réguliers), mais c’est un amalgame que je retrouve souvent chez quelques amis socialistes ou anti capitaliste : le capitalisme ce n’est pas mac donald, c’est le monopole ; le fait qu’il n’y ait que du mac donald parce qu’une poignée d’individus qui ont l’argent ont décidé entre eux de le dépenser ainsi.
Les règles qui permettent les monopoles sont la cible : comment son produits les films ? par qui ? etc : on ne peut produire qu’un seul type de film, avec les memes stéréotypes hétérosexistes et aphrodistes, ou alors vendre marginalement de l’homosexisme mais comme du subversif car le subversif fait aussi vendre (rien ne se vend plus que le mythe de la révolution), on ne peut investir dans les memes circuits industriels, etc, étant donné que les capitaux sont concentrés aux mains d’une classe minoritaire, 1% de l’humanité détient 46% de la richesse mondiale aujourd’hui.. désolé si ça part un peu dans tous les sens
Bonjour,
L’hétérosexisme c’est la domination de l’hétérosexualité sur les autres sexualités, ce n’est pas l’hétérosexualité qui est condamnable, c’est bien le fait qu’il n’y ai quasiment que l’hétérosexualité qui soit représentée ce qu’on appelle l’hétérosexisme.
L’homosexisme et le pansexisme n’existent pas puisque les représentations homosexuelles, pansexuelles et bisexuelles sont minoritaires comme vous le dites vous même.
Je pense que ce que vous voulez dire est « ce qui est nauséabond c’est qu’il n’y a quasiment que de l’hétérosexualité et de des personnages beaux dans la production audiovisuelle (mais en soi l’hétérosexualité n’est pas « mieux » ou « moins bien » que l’homosexualité ou la pansexualité ou autre)
Et dans ce cas je suis entièrement d’accord avec vous
hétérosexualité = sexualité, hétérosexisme = système de domination imposant l’hétérosexualité comme norme.
De la même façon ce n’est pas la beauté le problème mais bien la domination de la beauté donc l’aphrodisme
J’espère que c’est clair.
oui merci pour ces corrections!
Comme toujours je ne suis pas totalement d’accord avec l’article, mais j’adhère à 100% aux remarques sur le traitement de la révolution russe, présentée comme une profonde injustice perpétrée par un peuple d’idiots incapables de comprendre la beauté et la grandeur des gentils tsars de Russie et qui regrettent après coup leurs actes, d’autant plus qu’aujourd’hui beaucoup de russes vivent dans des conditions bien moins favorables que sous l’URSS (Du point de vue du confort de vie, bien entendu. Au niveau des droits et libertés, j’ose espérer que quelques progrès ont été faits même si y a encore du chemin à faire.)
Il y a tant d’erreurs dans ce film historiquement.
Et puis l’idée est un peu macabre quand on y pense, car on avait déjà découvert les corps quand le film est sorti. Ce serait comme un film des aventures d’Anne Frank qui aurait réussi à s’échapper et deviendrait une star.
Il en existe un. Une version animée de Disney où Anne Frank parvient à s’échapper du camp où elle est emprisonnée avec tous les juifs qui s’y trouvent. Film qui (heureusement) a fait un flop.
http://www.comicmix.com/news/2012/01/23/monday-mix-up-disneys-anne-frank/
Excusez-moi de vous contredire, mais vous avez la certitude qu’il existe, votre film de Disney avec Anne Frank? J’ai fait des recherches et je n’ai trouvé aucun extrait ou bande-annonce en ligne (alors qu’on trouve facilement les bandes-annonces de flops commerciaux comme « Taram et le chaudron magique » ou « Basil détective privé »).
En revanche, la vlogueuse « Nostalgia Chick » avait commencé par plaisanter dans une de ses vidéos en disant que si Disney consacrait un film à Anne Frank, ça donnerait ça:
http://dailydoseofawesome.blogspot.fr/2012/01/disneys-anne-frank.html
http://thatguywiththeglasses.com/videolinks/team-nchick/nostalgia-chick/33931-top-five-least-awful-disney-sequels
Ensuite, un copain à elle a créé l’affiche:
http://andrewdickman.deviantart.com/art/Disney-s-Anne-Frank-279755496
Et même le wiki TVTropes lui a consacré une page… dans la section « Just for fun » http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/JustForFun/DisneysAnneFrank?from=Main.DisneysAnneFrank
Il existe une possibilité pour que ce film existe mais pour moi, il est aussi réel que le groupe de rock « Gueb of Freedom ». ça vaut peut-être mieux. J’ose à peine imaginer Anne Frank, qui était une ado courageuse et ambitieuse, en robe à paillettes au milieu des princesses Disney…
et oui, ce film fait parti de ceux qui disent délibérément fuck à l’histoire. En général ça ne me dérange pas plus que ça du moment que c’est une fiction et pas un film historique, mais il est vrai que tout le passage sur la révolution russe à de quoi déranger quand on connais un minimum sont histoire.
Par contre, techniquement ce dessin animé est une perle. La fox voulais son petit disney rien qu’à elle, et ben s’est réussi. L’animation est impressionnante et le film à son lot de personnage culte ( Bartok et Raspoutin en tête. J’adore ces deux là )
Le problème de dire « Fuck à l’histoire » c’est que c’est généralement pas dénué de signification politique…Tout particulièrement ici.
Sinon techniquement le dessin animé est effectivement très beau.
J’avais entendu à l’époque que c’était le premier dessin animé utilisant le procédé de Motion Capture.
Ce serait donc de vrai acteurs qui donne les mouvements des personnages.
POur préciser, c’est pas du motion capture il me semble mais de la rotoscopie, un procédé inventé par les rivaux de Disney (les Studios Fleischer) au début de l’animation et souvent utilisée par Don Bluth et Bakshi entre autres (on en trouve pas mal aussi dans les DA soviétiques)
J’ai cessé de lire l’article dès que le « méchant » a été jugé « dévirilisé ». Donc un homme qui se comporte « différemment », perd sa virilité ?
J’ai du mal à comprendre ce que l’auteure essaye manifestement de dire, mais me concernant, j’estime que ça pue le sexisme.
Ce que j’essaie de dire c’est qu’un homme qui se comporte « hors des standards de la virilité » est forcément diabolisé, forcément un méchant.
« dévirilisé » signifie « dévirilisé par rapport aux normes habituelles de la société hétéropatriarcale ».
Là en revanche, je vous donne effectivement plutôt raison… Si tout les méchants de Disney ne sont pas « dévirilisé » dans ce sens-là, j’admets en revanche qu’on n’en trouve pas des masses chez les gentils. Sans doute pour le côté caricatural, mais c’est vrai qu’on peut regretter l’absence d’une plus grande diversification de leurs héros.
L’article de Paul Rigouste » analyse les méchants Disney et leur representations.
http://www.lecinemaestpolitique.fr/mechants-et-mechantes-chez-disney-2-hommes-faibles/
Bonjour charleny,
je me permets d’intervenir dans votre discussion pour vous signaler un autre article sur ce site, qui essaie de montrer en quoi les méchants qui ne sont pas « dévirilisés » ne sont pas non plus sans poser problème politiquement, puisqu’ils sont le plus souvent des personnages empreints de racisme et de classisme : http://www.lecinemaestpolitique.fr/mechants-et-mechantes-chez-disney-2-hommes-faibles/
Après, effectivement, peut-être que le mot « dévirilisé » peut porter à confusion, au sens où il peut donner l’impression qu’il y a une sorte de virilité qui serait naturelle aux « hommes » (au sens biologique), et qu’un homme dont les comportements seraient « féminins » (au sens social) serait en quelque sorte « dénaturalisé ». C’est peut-être ça qui vous a gêné au départ dans ce mot ? Mais comme l’a expliqué Julie, il n’est aucunement question de cela ici, seulement des écarts que constituent ces personnages par rapport aux normes sociales dominantes de la masculinité.
Oui, c’est ce qui m’a dérangé ; le fait qu’on puisse assimiler un comportement social à son genre biologique. Après, si ce n’était pas ça : tant mieux. Le problème étant que je ne me suis pas placée dans le contexte, c’est-à-dire dans les normes sociales dominantes actuellement. D’où ma confusion.
Après, je déplore effectivement ce que l’article pointe du doigt. Je déplorais déjà la « réécriture de l’Histoire » effectué par le film, vu qu’à l’époque de sa sortie, j’étais passionnée par certains mystères historiques, d’où la fameuse « légende » d’Anastasia qui aurait survécu. C’est un peu comme ce film d’animation sur le Titanic avec des animaux qui parlent, une pieuvre géante qui lance un iceberg suite à un défi ou encore tout les passagers qui survivent à la fin. Qu’un film dise à ce point « fuck » à l’Histoire, non vraiment, ça ne passe pas pour moi. Et surtout, je trouve ça insultant. Et ici, ça l’est particulièrement pour les révolutionnaires de l’époque. Comme le souligne l’article : » La révolution pour les nuls : alors il suffit d’une personne avec des pouvoirs paranormaux…Pour que la foule stupide se déchaîne… ». Consternant de voir qu’effectivement, ça ne pouvait pas être une question de populace capable de réflexion, d’indignation, et de libre arbitre.
« A la fin du film, Anya décide de renoncer à son statut de princesse (sans abandonner sa grand-mère qu’elle promet de revoir bientôt) afin de pouvoir vivre son histoire d’amour avec Dimitri. »
Si ça ne fait pas comme Disney, je trouve, personnellement, que c’est tout aussi contestable : si un homme prince tombe amoureux d’une femme au statut inférieur, il en fait une princesse. Si une femme princesse tombe amoureuse d’un homme au statut inférieur, alors elle doit se rabaisser pour lui. En clair, si elle a un meilleur travail que lui, c’est mal, il faut qu’elle en fasse un moins bien sous réserve de lui donner un complexe d’infériorité dans leur couple. C’est ainsi que je le vois personnellement.
Je suis tout à fait d’accord avec vous, je trouve personnellement cette fin assez horrible. Comme vous le dites, on a là à mon avis qu’une énième version du discours patriarcal qui explique aux femmes que les positions importantes ou de pouvoir ce n’est pas pour elles, parce que leur place est avant tout aux côtés d’un homme à aimer.
Le film est d’ailleurs totalement explicite sur ce point dans un dialogue entre Anastasia et sa mère. Lorsqu’elle se sont retrouvées et qu’Anastasia est redevenue une princesse, sa mère lui demande si elle est vraiment heureuse, si tout cela lui « suffit ». Par là, la mère sous-entend qu’Anastasia ne peut pas être totalement heureuse parce qu’il lui manque le plus important, le plus essentiel, la condition nécessaire et suffisante à son bonheur : l’homme. Et le film lui donnera raison, puisqu’Anastasia abandonnera à la fin sa couronne pour aller retrouver son Dimitri. On a donc affaire ici à rien de moins qu’une injonction envers les femmes à privilégier l’amour et les hommes contre tout autre occupation ou centre d’intérêt… surtout quand cette occupation s’accompagne d’un pouvoir, ou connote le pouvoir (ici, impératrice de Russie).
Lorsqu’elle s’est enfuie en laissant sa couronne derrière elle, une proche de sa mère se réjouit : « Qu’est-ce que c’est romantique ! Quelle fin parfaite ! ». Et la mère de rajouter : « Non, c’est un parfait commencement au contraire… ». Sous-entendu : la vie d’une femme ne commence vraiment que lorsque commence son histoire d’amour avec un homme, vu que c’est seulement ça qui donne sens à sa vie…
Bref, une fin pour moi totalement sexiste qui n’a rien à envier à celles des Disney, au contraire…
C’est marrant, je me souviens enfant, d’avoir compris cette fin différemment en me disant qu’elle avait justement échappé à une vie culcul et codifiée (à l’inverse d’Aladdin par exemple).
Adulte je pense que vous passez à côté de deux points plutôt progressistes qui n’annulent pas le contenu mais permettent de le nuancer. Premièrement, le titre de princesse est un titre mort. Il n’est en aucun cas accompagné d’un pouvoir. Au mieux, d’une considération sociale que la fortune lui aurait déjà apportée. Le pouvoir il est perdu, alors qu’on est déjà, en URSS, entré dans la période stalinienne. J’ai envie d’y voir une forme de lucidité de la part de la Grand-mère et l’absence d’une volonté de revanche et de reconquête d’un pouvoir monarchiste.
Ensuite, ce qui est mis en avant dans le romantisme final c’est tout autant le renoncement à la vie de princesse (pas forcément au statut, qui peut le dire?) par amour que la volonté de poursuivre une vie aventureuse. Parce que Dimitri n’est pas ouvrier-soudeur, il est aventurier! Le commencement pour Anastasia est donc certes manifesté dans sa liaison avec Dimitri mais aussi par le fait que la première partie de sa vie, dans laquelle elle a cherché ses origines et une identité s’achève. La figure féminine de l’aventurière correspond de plus à l’imaginaire du début du XXème siècle.
Oui vous pouvez lire le film comme ça si vous voulez, la fin est assez évasive pour laisser la place à ce type de lecture. Mais à mon avis, cela consiste à voir des choses qui ne sont pas dans le film (ce qui n’est pas un problème encore une fois, au contraire. C’est juste que si on analyse le film en se demandant quelle(s) lecture(s) il encourage le plus, il me semble que votre interprétation est très (trop) généreuse …).
D’abord parce que rien dans le film, à mon avis, n’invite à considérer la vie de princesse/impératrice comme une « vie cucul et codifiée ». Si le film avait voulu dire ça, on aurait pu avoir au moins une petite scène où on aurait vu la princesse s’emmerder dans une réception mondaine ou bien fréquenter des gens superficiels. Mais ce n’est pas le cas il me semble. Au contraire, le film bave constamment sur la vie de princesse, en remobilisant toute l’imagerie Disney des robes somptueuses et du bal. Donc, à mon avis, ce n’est que si l’on pense déjà soi-même avant que la vie de princesse est une existence « cucul et codifiée » qu’on peut le voir dans le film.
Pour la question du pouvoir, je pense que l’important n’ait pas qu’elle ait un pouvoir réel. De toute façon, dans tous les films de princesse de ce genre, on ne voit jamais la princesse exercer réellement le pouvoir. Du coup, j’ai l’impression que l’important ici c’est ce que le titre et le statut connotent. A savoir dans le cas présent, une supériorité par rapport à celui qu’elle aime. Je trouve qu’on se rend bien compte ici à quel point le pouvoir est interdit aux femmes sous le patriarcat, parce que même quand ce n’est pas un pouvoir réel (mais juste un semblant de pouvoir), la femme doit en abandonner les symboles (la couronne ici) pour aller se dévouer corps et âme à son homme.
Et pour la vie aventureuse, je serais d’accord si le film nous montrait ça. Par exemple, il aurait pu se finir avec une scène où Anya rejoindrait Dimitri dans une de ses aventures. Mais non, là illes se retrouvent pour danser sur une péniche au clair de lune. Personnellement, ça ne m’évoque pas une vie d’aventure, mais plutôt une vie d’amour-auprès-de-son-homme.
Encore une fois, je ne pense pas que vos interprétations sont complètement tordues, on peut les faire, mais il me semble que ce n’est pas le propos du film, quand on se limite à ce que celui-ci nous montre. Et je pense aussi qu’il faut remettre ce film dans le contexte des films de princesses Disney, dont il remobilise à fond l’imagerie, comme l’a bien montré Julie. Si le film avait voulu sortir de ce genre de schéma, il lui aurait fallu faire un minimum d’effort en ce sens (comme le faisait par exemple à la même époque Disney avec Mulan, ou dans une moindre mesure Pocahontas). Or j’ai l’impression qu’il n’y a rien de tout ça dans Anastasia (à part la scène du train au début, qui reste noyée dans un océan de sexisme, à mon avis du moins). Non ?
C’est effectivement un thrope assez courant et que je ne crois pas avoir déjà vu dénoncé. Une fille riche ou de haut lignage (correspondant souvent au cliché de la « pauvre petite fille riche ») et un homme d’origine beaucoup plus modeste tombent amoureux, et c’est à elle de renoncer à tous ses avantages sociaux pour son joli prolétaire. Et au final elle y gagne au change, car les riches vivent dans un ennui absolument insupportable alors que chez les pauvres, qu’est-ce qu’on s’amuse. En plus d’être sexiste (c’est toujours à la femme de s’intégrer au milieu social de l’homme et non l’inverse), je trouve ça profondément démago.
On peut retrouver ce thème dans Kingdom of Heaven et Titanic, où il est carrément au centre de l’histoire.
Bah, non, ce n’est pas particulièrement courant. En particulier, dans les dessins animés « à la Disney ». Je n’ai même jamais vu de Disney dans lequel c’était le cas, alors qu’il y en a un bon nombre où c’est l’inverse. Sans réfléchir longtemps, Aladin, Raiponce, Les Aristochats, La Belle et le Clochard, même La Princesse et la Grenouille dans lequel le prince finit commis de cuisine dans le resto de sa femme.
En ce qui concerne Titanic : Rose rejette dès le départ la société dans laquelle elle vit, bien avant sa rencontre avec Jack. Elle veut même se suicider pour y échapper, c’est dire…
Pas toujours. Le roi Edward VIII a du abdiquer pour pouvoir épouser une femme divorcée. Comme quoi un homme ne fait pas ce qu’il veut non plus.
Ce que je trouve nauséabond, c’est de chercher systématiquement des « intentions » politiques partout. Se plaindre qu’un dessin animé n’épouse pas la cause LGBT c’est surtout montrer que vous n’avez rien compris au monde de l’enfance. On est pas là pour militer, on est là pour faire réver
J’adore l’argument du « monde de l’enfance » parce que visiblement, seuls sont permis les rêves ou les filles sont des princesses, les garçons des héros et ou tout le monde est blanc, hétérosexuel, riche et cisgenre…
Nous militons pour que les enfants aient droit à d’autres rêves que les rêves standardisés proposés par l’industrie hollywoodienne.
Bonsoir!
Merci d’avoir partagé cette critique… Intéressante…
J’aimerais rappeler un élément qui semble avoir échappé à pas mal de monde sur ce site: Anastasia est un dessin animé destiné à distraire les enfants!!!
Et au cas où certains auraient oublié ce que c’est d’être un enfant, je me contenterai de vous remémorer ce que l’on voulait regarder à la télévision: une belle histoire où tout finit bien avec des héros sympathiques, un méchant charismatique, de l’amour, de l’humour et de l’action.
Anastasia n’est pas un documentaire sur la révolution russe. Il s’agit d’un bijou d’animation qui s’inspire très très très très très très très librement d’un mythe historique. Anastasia n’est pas une oeuvre féministe mais le personnage féminin est quand même attachant, drôle et actif.
Et à ce propos… Le fait de porter une robe et de plaire à un homme en la portant serait une preuve de soumission au patriarcat? Le fait d’accepter la protection d’un homme serait une preuve de soumission au patriarcat? Le fait d’accepter le statut social de l’homme qu’on aime serait une soumission au patriarcat?
Si la réponse est oui… Je vous plains de tout coeur!
Un dernier petit point: se prétendre féministe et ramener chaque élément d’un film en fonction du contenu de la culotte… Mouais…
Sur ce, bonne continuation dans l’extrémisme!!!!!!!
« Anastasia n’est pas un documentaire sur la révolution russe. »
Les réalisateurs du film ont fait le choix de montrer la révolution russe et ses conséquences. Le moins qu’ils auraient pu faire aurait été de nuancer un minimum le propos, étant donné que beaucoup d’enfants ne garderont que cette image d’un événements historique dont ils n’entendront que brièvement parler dans des cours d’histoires auxquels ils n’accorderont pas forcément beaucoup d’attention et qui auront lieu beaucoup plus tard. Quitte à ne pas montrer la misère dans laquelle vivaient les paysans et citadins russes sous les Tsars, pourquoi s’appesantir AUTANT sur celle d’après la Révolution ? On n’est pas non plus dans un documentaire sur l’URSS (dont le nom n’est d’ailleurs même pas cité), et pourtant on nous fait tout une chanson pour nous montrer à quel point il ne fait pas bon vivre à Saint-Petersbourg DEPUIS la Révolution. Certes on n’est pas dans un documentaire, mais il y a des limites, d’autant plus que quand un film américain balance de telles énormités à propos de l’ex ennemi national numéro 1, ça n’a absolument rien d’innocent.
« Et à ce propos… Le fait de porter une robe et de plaire à un homme en la portant serait une preuve de soumission au patriarcat? Le fait d’accepter la protection d’un homme serait une preuve de soumission au patriarcat? Le fait d’accepter le statut social de l’homme qu’on aime serait une soumission au patriarcat? »
Très personnellement je ne vois pas plus que vous le problème avec les deux premiers points, d’autant plus qu’en l’occurrence on a une héroïne parfaitement capable de se défendre toute seule dans la plupart des situations auxquelles elle est confrontée voir de sauver son homme, et qu’on a pu voir au début du film qu’elle porte très bien le pantalon. Pour ce qui est de la partie « accepter le statut social de l’homme qu’on aime », ça ne me pose pas problème non plus dans l’absolu, le seul truc qui me chiffonne c’est que je n’ai guère d’exemples qui me viennent à l’esprit de film où l’inverse se produit. Alors qu’on trouve au cinéma aussi bien des « filles de rien » qu’un homme riche et puissant change en princesse (ex : Pretty Woman, pas mal de Disney …) que des pauvres petites filles riches à qui un beau prolétaire apprend à vivre loin des contraintes de la société aseptisée à laquelle elle est habituée (ex : Titanic, pas mal de Disney …), je ne me souviens d’aucun cas où c’est l’homme qui adopte le statut social de sa dulcinée. A part peut-être les Aristochats, mais en l’occurrence la famille de Duchesse passe quand même ses soirées à faire la fête avec les chats errants après avoir rencontré O’Malley, donc c’est du 50/50. Ce qui après réflexion est peut-être la meilleure option.
Je me permets quand même de revenir sur le fait que ce n’est pas un documentaire: le film présente un sorcier, des insectes qui chantent et une chauve-souris qui parle… Je ne pense pas que les enfants soient idiots au point de ne pas comprendre qu’avec tous ces éléments fantastiques il vaut mieux se rendre à la bibliothèque pour obtenir de véritables informations sur la révolution russe. Faisons confiance aux bouts de choux pour distinguer la fiction de la réalité
Les enfants ne sont pas nécessairement idiots, mais affirmer qu’ils auront la curiosité intellectuelle d’aller vérifier tous les éléments d’un film à la bibliothèque, c’est soit de la grande naïveté, soit de la très mauvaise foi. Oui Anastasia est un film fantastique, et il se trouve que le fantastique c’est l’intrusion du surnaturel dans le réel (contrairement au merveilleux qui ne se préoccupe pas du réel). Les enfants sont peut-être capables de comprendre que les sorciers et les chauve-souris parlantes c’est pas vraiment la réalité (encore que ça dépende des âges et des personnes), ça ne veut pas dire qu’ils vont partir du principe que tout ce qui se passe dans le film sort uniquement de l’imagination des réalisateurs et scénaristes à plus forte raison quand ils leur dépeignent un événement historique réel. Chez beaucoup de personnes la connaissance de l’histoire est en très grande majorité un assemblage de clichés dû à un mélange d’influence des médias rarement objectifs et rigoureux sur le réalisme historique, de l’éducation nationale pas toujours plus fiable, de consensus erronés tirés des propagandes passées et d’imageries romantisées et bien commodes. Sans oublier un désintérêt général et relativement compréhensible de la question (véhiculer des préjugés sur des gens morts depuis des siècles est quand même bien moins grave que lorsqu’il s’agit de populations connaissant à l’heure actuelle la misère et/ou l’oppression) qui fait qu’on ne cherche pas forcément à voir plus loin que les informations souvent biaisées qu’on nous fait ingurgiter sans nous demander de les questionner.
Par ailleurs ne pas prendre les enfants pour des idiots, c’est bien, mais ça passe aussi par le fait de ne pas leur balancer des histoires complètement manichéennes qui séparent les personnages entre le camp des gentils au-delà de tout reproche et celui des méchants égoïstes et sans la moindre excuse s’appuyant sur une bande d’idiots incapables de faire la distinction pourtant évidente (puisque des enfants sont capables de la faire) entre le bien et le mal.
« je n’ai guère d’exemples qui me viennent à l’esprit de film où l’inverse se produit. »
J’imagine donc que vous n’avez jamais vu Aladdin, Raiponce, La reine des neiges, et j’en passe surement beaucoup étant donné que je n’ai écrit que ceux qui me venaient rapidement en tête et qui sont issus de Disney 🙂
Certes certains films peuvent être un peu caricaturés, mais beaucoup n’en restent pas moins magiques, drôles et émouvant pour l’enfant en chacun de nous, qui passent au dessus de toutes ces idées de sexisme et d’orientation politique… 🙂
Pour Aladdin j’y ai pensé à posteriori, c’est juste que ça ne m’était pas venu à l’esprit sur le coup. Je n’avais pas pensé à Raiponce par contre, merci de me l’avoir signalé.
La reine des neiges ça ne compte pas, le film n’était même pas sorti quand j’ai posté ce commentaire.
dans aladdin l’image de fin le montre vêtu d’un costume visiblement riche, pour moi il est clair que c’est lui qui adopte le statut de Jasmine (ou du moins son argent : http://www.youtube.com/watch?v=C3miru2oLQM
Les vêtements ne donnent pas l’impression qu’ils vont vivre dans la pauvreté et que c’est elle qui adopte son statut social.
dans Raiponce, idem, ils vont se marier et c’est lui qui va adopter son statut social à elle, le court-métrage que voici montre bien qu’ils ne vont pas vivre dans la pauvreté:
http://www.youtube.com/watch?v=wgL1JQrkTnU
Et pour la Reine de Neige, RIEN n’indique qu’Anna va renoncer à sa vie de princesse…
En fait il y a 4 possibilités dans les relations asymétriques:
1: Homme riche + femme pauvre => couple pauvre
2: Homme riche + femme pauvre => couple riche (Cendrillon)
3: Homme pauvre + femme riche => couple riche (Alladin)
4: Homme pauvre + femme riche => couple pauvre (Titanic)
C’est le cas 1, ou la femme pauvre entraîne l’homme dans le déclassement qui est pratiquement inexistant, ou en tout cas dont je n’ai pas d’exemple qui me vienne en tête.
En gros:
– L’homme comme la femme peuvent etre la clé vers l’ascension sociale et le rêve d’une vie d’abondance (mais attention hein, c’est jamais fait exprès pour ça, car c’est avant tout l’amouuur qui est plus fort que tout)
– Le charisme magique de l’homme pauvre mais trop genial peut attirer la femme riche a ouvrir les yeux sur le petit peuple et l’ammener a sacrifier sa condition pour son homme.
– Que l’homme sacrifie son statut pour une femme? Nan mais vous rêvez ou quoi?
Ou alors pour le cas 1, il y a des histoires qui finissent mal comme Manon Lescaut.
Il y a de ça. Par contre, on peut remarquer que dans les suites d’Aladdin, le héros ne porte son costume de prince que lors d’occasions spéciales et préfère la plupart du temps se balader avec ses habits d’origine, qui ne collent cependant pas vraiment avec le statut de pauvre voleur qu’ils sont supposés représenter. C’est sans doute principalement parce que ces vêtements étaient plus populaires, ceci-dit.
Sinon, concernant Frozen, il me semble qu’à la fin les deux personnages ne sont pas ensemble de manière officielle et que Kristoff a surtout acquis un titre honorifique qui lui donne une excuse pour entrer à la cour.
Trouvé!
1: Homme riche + femme pauvre => couple pauvre (Hercule)
Bon, vous me direz que techniquement Hercule est plein aux as, mais il renonce quand même à son statut de dieu et à l’immortalité qui va avec par amour pour Megara alors que, je vous le rappelle, redevenir un Dieu est son objectif tout au long du film. Le héros renonce donc à ce pour quoi il a travaillé toute sa vie pour une femme. Femme qui a déjà été amoureuse d’un autre et qui lui a même brisé le coeur à un moment donné (je précise tout de même que j’adore le personnage de Meg (un de mes préférés chez tonton Walt) mais que je voulais juste mettre en avant ces particularités qui sont peu courantes dans les dessins-animés chez les héroïnes)
Homme riche + femme pauvre = couple pauvre : La Princesse et la Grenouille. Même si Tiana n’est plus vraiment « pauvre » à la fin, elle ne le doit qu’à son travail. Et le prince passe du statut de prince, justement, à celui… d’employé de sa femme.
Titanic : il n’y a pas de couple pauvre dans Titanic. Il y a une femme qui choisit de prendre son indépendance et de repartir de zéro, seule.
On peut également se demander pourquoi les deux « moches » Vlad et Sophie sont-ils forcément ensemble ? Ne peuvent-ils pas connaître l’amour avec quelqu’un de « beau » ? C’est cmme lorsque, à la fin de beaucoup de comédies romantiques, le maître d’hôtel du héro tombe amoureux de la nounou de l’héroïne…
Sinon, bien que j’ai apprécié cet article, notamment les passages sur la vision de la révolution russe et du prolétariat vs aristocratie ; j’ai quelques bémols (selon moi) à signaler.
En effet, je ne suis pas d’accord avec vous concernant ceci : « Cependant, malgré quelques séquences et dialogues plus progressistes, la caractérisation des personnages est quand même très sexiste : Anya est douce, féminine, ne rêve que d’une famille, adore les jolie robes (elle est ravie quand Sophie les emmènent faire les boutiques à Paris)[…]. »
Donc on ne peut pas être une femme forte et indépendante, intelligente et entreprenante, courageuse et débrouillarde, et en même temps féminine au sens commun (et occidental) du terme ? Aimer les jolies robes, la coiffure, le maquillage… nous réduit-il forcément au rang de pauvre petite chose fragile et niaise ?
Pour le coup je pense que cette vision peut également être taxée de sexiste…
Sinon pour le chapitre Pygmalion, je suis d’accord mais en même temps je me pose la question : aurait-il mieux valus que ce soit des femmes à la place de Vlad et Dimitri ? Cela aurait put donner l’effet décrit par M. Rigouste dans cet article (voir le dernier paragraphe « Innocenter les hommes et diaboliser les femmes ») :
http://www.lecinemaestpolitique.fr/peres-et-meres-chez-disney-qui-a-le-beau-role/#_ftn2
Bonjour
Je ne pense pas que l’article dénigre le fait d’aimer bien s’habiller et faire du shopping. En revanche, il pointe du doigt le fait que, une fois de plus, l’héroïne est ramenée à des occupations/centres d’intérêts traditionnellement associés à la féminité (et qui correspondent à des injonctions faites aux femmes) : avoir des enfants, se préoccuper de son apparence, faire du shopping, etc.
Quelles que soient les qualités ou la personnalité des héroïnes, elles sont ramenées par un moyen ou un autre à ces activités. Comme pour « rassurer » qu’elles sont bien des femmes.
Or, ce serait bien d’avoir *aussi* des héroïnes qui ne préoccupent pas de fonder une famille alors qu’elles n’ont pas encore 20 ans, qui n’aiment pas faire les boutiques et détestent porter des robes parce que ce n’est pas pratique pour bouger.
A tout hasard, ce film est un remake d’un film de 1956, avec ingrid bergman et yul brynner : http://www.imdb.com/title/tt0048947/
Toute la composante fantastique en est absente, il n’y a apas de raspoutine, mais la trajectoire d’anastasia y est similaire.
Et même si ce film m’a beaucoup fait rêvée quand j’étais jeune, je pense qu’il était encore plus sexiste – le plus gros changement tient de le personnage de Dimitri, qui dans le film d’origine est le général Bounine, un homme on ne peut plus viril et macho, qui essaie de « dresser » Anastasia, façon Pygmalion autoritaire. Elle résiste un peu, ce qui montre qu’elle a du caractère, et séduit ainsi le beau général (on le comprend), et à la fin du film ils s’enfuient ensemble (et là on ne comprend vraiment pas comment elle peut avoir craqué pour un enfoiré pareil… J’imagine que la morale est à chercher du côté des maris qui savent mater leurs épouses, ce genre de chose…)
Merci pour ce très bel article. Totalement d’accord sur la réécriture hallucinante de l’Histoire.
Le film est clairement réactionnaire.
Je me souviens qu’à l’époque, les critiques, sans doute lassées de Disney, s’étaient extasiées devant ce « bijou » qui concurrençaient la toute puissance de la firme aux grandes oreilles. Elles avaient fait exactement de même un an plus tard avec « Le Prince d’Egypte » de Dreamworks, carrément un des films les plus réac des 30 dernières années.
Dans le même temps, Disney produisait « Le Bossu de Notre-Dame » et « Mulan » : des films qui – aussi maladroits étaient-ils- étaient aussi, et pour l’époque, de véritables tentatives progressistes dans l’industrie hollywoodiennes.
Je ne suis donc pas d’accord pour dire que Anastasia aurait pu être un Disney, qui n’aurait jamais produit ce film à cette époque.
Bonjour,
techniquement je suis totalement d’accord avec ton article.
(D’ailleurs merci d’en avoir écrit un si détaillé sur le sujet).
Mais rappelons tout de même qu’il s’agit d’un dessin animé, un compte pour enfant, donc fatalement il faut des princesses et surtout pas raconté la réalité de la vie.
C’est quand même fait pour que les enfants rêves…
« Un (beau et viril) jeune homme ambitieux (qui tombe amoureux de la princesse) » : perdu ! Dimitri n’est pas beau. Plusieurs preuves : il a été dessiné avec la consigne de ne pas être beau (c’est pour ça qu’il a le nez cassé), les acteurs doublant les personnages influence souvent le chara-design : John Cusack n’est pas un sex-symbol (contrairement aux princes Disney). De plus, j’avais 13 ans quand le film est sorti et avec mes copines et cousines ont s’étonnait que Dimitri soit laid, nous qui étions habitués à des héros beaux gosses ! Il se trouve que son côté « ténébreux » le rende sexy, mais ça montre justement qu’on peut être séduisant sans avoir un visage parfait. Son animation est également peu élégante, il tort la bouche quand il parle, il a les paupières mi-closes… ce qui n’aide pas à le rendre « beau ». Il n’est pas viril, il est moins fort qu’Anastasia et est geignard (il se fait écraser les doigts quand Anastasia lui sert la main, il pleurniche quand il se prend un coup).
Bref, c’est juste pour faire « tapageur » que vous mettez cela dans l’intro ? Ca dépeint le personnage totalement à l’envers de ce qu’il est, ce qui ne donne pas du tout envie de lire l’article.
« Si le film critique le communisme (…), il ne mentionne absolument pas la répression mise en place » : si, si, si, à plusieurs reprises pendant la chanson « la rumeur de st petersbourg » : les habitants se mettent à chuchoter en voyant un policier leur jeter un coup d’oeil, les contrôles sont strictes…
« Les références claires au communisme sont (…) cliché (…on voit un marteau et une faucille sur une toque) » : en même temps, en Russie, on voit des symboles de faucille et de marteau PARTOUT, donc pour le coup, dans le film, ils ont été très sobres.
« Vladimir la console en lui disant qu’elle est une princesse, et donc une femme exceptionnelle… » ce n’est JAMAIS dit, les propos de Vlad sont : « moi je vois une ravissante jeune femme, fière et triomphante qui a de nombreuses occasions a su faire preuve d’autant d’autorité que tous les princes du monde ». Bref, il dit que malgré ses origines modestes, elle vaut autant qu’une personne de sang royal et met en avant ses qualités.
« Lorsqu’Anya croise Dimitri dans les escaliers et qu’un serviteur lui indique qu’il doit s’incliner devant elle (…) cette scène semble être là plus pour insister sur le côté romantique que sur le côté critique » : Perdu ! la différence de statut social est amené crescendo depuis la chanson « Paris tu nous ouvres ton coeur » où Dimitri comprend que le monde des riches n’est pas le sien et qu’il s’éloignera d’elle. L’intervention du serviteur révèle que ce n’est pas qu’un sentiment éprouvé par Dimitri, le monde est contre cette idée. Dimitri étant également très introverti, il ne dira jamais de but-en-blanc à Anastasia « on ne peut pas être ensemble parce que je suis pauvre », il faut que ce soit dit à Anastasia par d’autres personnages (Marie et le serviteur), car jusqu’ici, elle ne se rendait pas compte que retrouver sa famille signifiait perdre Dimitri.
« Dimitri est, d’une certaine façon, LE prolétaire sur 10000, celui qui est exceptionnel » je n’ai pas du tout cette sensation. Dans la chanson d’intro de St Petersbourg, on voit beaucoup de sortes de personnes qui mènent leur vie soit avec des combines, soit en travaillant, ils sont loin d’apparaître comme des losers. On ressent que le post-révolution a mis le pays dans le chaos et que chacun survit à sa manière. L’aristo Vlad est déchu et vit avec un prolo mais c’est un personnage peut appréciable : il ne pense qu’à la récompense, pas au bien d’Anastasia et finit par vivre aux crochets de Sophie, jouant les amoureux transit alors qu’il ne l’a pas vue depuis des années.
« impressionné devant sa beauté (LE critère le plus important quand on est une femme…). » il est déjà amoureux d’elle quand elle est habillée en guenilles. Il l’aime pour sa personnalité. Une fois « bien » fringuée, il découvre juste qu’elle n’est pas « plate comme une limende », le seul argument qu’il avait réussi à sortir à Vlad. De plus, malgré le regard que Dimitri peut porter sur elle, Anastasia ne réagit jamais, ça ne l’influence pas.
« Bluth et Goldman, pourtant créateurs du progressiste Fievel et le nouveau monde, semblent vouloir revenir à une vision rétrograde des femmes et surtout à une vision arrangée de l’histoire…. » Non mais une conclusion pareille mérite des baffes, c’est pas possible ! Quand Disney met des femmes dans ces films, c’est LE personnage principal et au mieux, on a droit à un autre perso féminin planqué quelque part. Anastasia FOISONNE de personnages féminins divers en physiques et en âges DU JAMAIS VU ! (3 vieilles, 3 quadra, 6 jeunes femmes) Le bechdel test réussi dans pleins de combinaisons (Anastasia + Marie, Anastasia + Tuberculoff, Anastasia + Sophie, Marie + Sophie et ce sont des échanges riches, qui ont un réel lien avec l’intrigue). ANASTASIA nous renvoie du girlpower du début à la fin, aucun personnage n’est soumis.
Ce film est aussi réac qu’il est graphiquement léché.
Le révisionnisme de la révolution russe est ahurissant!
Pas de créativité au niveau de l’anime : tous les persos humains sont rotoscopés et en plus les acteurs qui ont servi de modèle jouent mal .
Sinon ,les décors sont très spectaculaires…
Personnellement, je trouves que c’est un film de droite qui convient aux électeurs du sud profond des USA (Alabama, Arkansas, Géorgie, Kentucky, Mississippi, Louisiane, Texas…) :
-Alors que la vraie cause de la Révolution russe est la première guerre mondiale, le régime autocratique tsariste, le système féodal… le film nous décrit les russes comme des imbéciles dégénérés, manipulés par Raspoutine. ça me fait penser à la doctrine nazie qui définit les russes et tous les autres slaves comme des sous-hommes.
-Raspoutine, décrit comme un sorcier, alors qu’il a été assassiné en 1916, à la veille de la révolution de Février 1917.
-Il y a eu deux révolutions : l’une en février qui a chassé le Tsar (Lénine se trouvait en suisse), l’autre en Octobre.
-Le film valorises la noblesse, alors qu’elle se vautrait dans le luxe et le caviar et que les paysans meurent de faim.
C’est un film pro-tsariste qui défends un système féodal !
Je suis d’accord avec l’article.
Par contre, je ne suis pas d’accord à ce que les commentaires disent au sujet de la fin du film.
Le film n’essaie pas de nous dire Femme au pouvoir=Pas bien.
Dans le contexte de la fin du DA, la monarchie et les Romanov sont montrés comme des choses condamnées à l’oubli parce que le régime Tsarien n’existe plus et n’a plus d’impact sur le monde.
Donc être Impératrice ou Princesse ne sont plus que des rangs sociaux sans impact politique ou autre sur la population vu que l’Impératrice mène un train-train de richarde sans avoir aucune influence sur le monde.
Si Anya avait décidé de redevenir Anastasia pour de vrai, elle aurait fini comme sa grand-mère: une richarde oisive sans influence politique qui n’aurait jamais pris de décision pour le monde.
De plus, elle ne se sentait pas à sa place chez les riches parce qu’elle a grandi en tant qu’orpheline sans le sou, ce qui veut dire qu’il est logique qu’elle abandonne sa place de Princesse parce qu’elle se sent plus proche de Dimitri qui a également grandi en tant qu’orphelin sans le sou.
De plus, elle avait déjà des doutes sur son nouveau rang avant d’apprendre que Dimitri avait refusé la récompense parce qu’elle disait « Oui je suis heureuse » sans conviction à sa grand-mère en baissant la tête.
Anya voulait découvrir qui elle était et, quand elle l’a découvert à la fin, elle a besoin de se détacher du passé pour avoir un avenir.
Parfois, il faut réfléchie avant de faire des conclusions hâtives.