Sherlock 2.0 : Les adaptations récentes de Sherlock Holmes
13 mai 2014 | Posté par Julie G. sous Cinéma, Séries, Tous les articles |
Ces dernières années, nous avons assisté à une déferlante d’adaptations de l’œuvre de Conan Doyle, plus ou moins fidèles au canon,[1] et plus ou moins sympathiques politiquement parlant. Cet article se propose d’étudier les implications politiques des diverses adaptations récentes de Sherlock Holmes.
NB 1 : Cet article se focalisera uniquement sur les adaptations modernes qui se revendiquent officiellement de l’œuvre de Conan Doyle, j’entends par là les séries dont le héros s’appelle effectivement « Sherlock Holmes », des œuvres comme Dr House ou The mentalist qui sont inspirées du personnage de Sherlock Holmes et de sa méthode ne seront pas traitées ici. Seront traités ici les deux films de Guy Ritchie : Sherlock Holmes (2009) et Sherlock Holmes : Jeu d’ombres (2011), la série de Steven Moffat et Mark Gatiss pour BBC One intitulée Sherlock ainsi que la série de CBS, Elementary.
NB 2 : Cet article contient des SPOILERS sur les films de Guy Ritchie, la série de CBS Elementary et la série de la BBC Sherlock, donc ne lisez pas si vous avez l’intention de regarder et que vous n’avez pas tout vu.
NB 3 : Cet article n’a pas vocation à comparer les qualités artistiques des différentes adaptations.
Sherlock est sexy
Sherlock Holmes est décrit par Conan Doyle comme un grand homme mince, sportif et élégant, mais il n’est à aucun moment présenté comme particulièrement beau ou séduisant. Si les anciennes adaptations tendaient à oublier le côté sportif de Sherlock Holmes et le côté militaire de Watson, les nouvelles adaptations insistent lourdement sur les capacités au combat de Holmes et Watson.
Alors que les personnages de Conan Doyle ne sont pas particulièrement beaux, on a choisi des acteurs séduisants pour les interpréter (Jude Law a été surnommé « Hotson », contraction de « Hot » et de « Watson » par la presse anglaise, dans la série de la BBC, John fait plusieurs références à la beauté de Holmes…). Ce choix est représentatif d’une vision très aphrodiste[2] de la production audiovisuelle actuelle. On choisit un personnage dont le physique ne devrait pas compter puisque sa caractéristique principale est l’intelligence pour en faire un personnage séduisant.
Comment on est passé de ce personnage…
A ce personnage.
De la même façon que Sherlock (et son acolyte) est passé au moule de l’aphrodisme, il est également passé à celui de l’héténormativité. Dans le canon, la sexualité de Sherlock Holmes n’est jamais abordée[3], comme c’est le cas pour un certain nombre de héros de la littérature et de la bande dessiné[4]. La majorité des anciennes adaptations ne mentionnent également pas la vie amoureuse du célèbre détective, celui-ci étant simplement qualifié d’« éternel célibataire ».
L’adaptation de la BBC est la seule à respecter l’absence de sexualité de Sherlock Holmes, mais alors que dans les livres, cette absence de sexualité est naturelle et à peine mentionnée, la série insiste lourdement sur l’anormalité cette asexualité. Cette anormalité est mise en valeur par le fait que Sherlock déchaîne les passions partout où il passe : Molly, Irène, Janine et bien sûr, Moriarty. On notera que l’asexualité de Sherlock est associée à son asperger tandis que l’homosexualité de Moriarty est associé à sa psychopathie… Pas étonnant que John passe son temps à répéter qu’il est hétérosexuel, c’est la seule façon d’être normal dans l’univers Moffat…
Stephen Moffat, exquis modèle de tolérance, a déclaré que « Sherlock n’est pas asexuel » et que « l’asexualité est inintéressante », alors que c’est pourtant ce qui est clairement montré dans la série. Les asexuels apprécieront…
http://www.asexualnews.com/index.php/entertainment/973-steven-moffat-says-sherlock-is-not-asexual
Dans l’adaptation de Guy Ritchie, Sherlock est un célibataire excentrique visiblement amoureux d’Irène Adler qui disparaît au 2ème épisode pour laisser sa place à Simza avec laquelle le détective entretient une certaine tension sexuelle qui n’est pas concrétisée dans le film.
Dans Elementary, Sherlock est traumatisé par la mort de sa bien-aimée et pratique une sexualité proche du BDSM. Notons que de nouveau, une sexualité « hors-normes » est associée à un trouble mental (en l’occurrence, le traumatisme).
Des menottes ? Ciel, cet homme a un problème…
Certes, en transformant Sherlock en homme séduisant, la série ou le film gagne en attractivité mais contribue de ce fait à entériner la vision aphrodiste qui existe dans le paysage audiovisuel. De même, en impliquant un personnage originellement asexuel dans une ou plusieurs relations amoureuses, on tend maintenir l’oppression que subissent les gens n’étant pas impliqués dans une relation amoureuse.
Mais la transformation de Sherlock n’a pas seulement pour effet de le rendre plus sexy mais aussi de le rendre plus viril. En effet, le détective voit sa masse musculaire augmenter à vue d’œil, et s’inscrit ainsi pleinement dans une tendance qui touche aujourd’hui de plus en plus d’acteurs et de personnages masculins…[5]
Sherlock a des abdos…Rhaaaaaaaaaaaaaaaa
Sherlock est viril, donc Sherlock est violent
Si dans le canon original, Holmes pratique les arts martiaux et Watson sors de temps à autre son revolver, la série de romans est globalement non-violente et plutôt centrée sur l’intellect.
Le film, et dans une moindre mesure les deux séries, ajoutent des scènes d’actions plus ou moins justifiées aux enquêtes du célèbre détective. Si l’ajout de scènes d’action, quoique discutable, est compréhensible, le fait que Sherlock bascule dans la violence gratuite l’est beaucoup moins. Ce que j’appelle violence gratuite est la violence qui n’est pas imposée par la situation scénaristique. Si un personnage se fait agresser, il n’a pas d’autre moyen de se défendre, si un personnage agresse un quelqu’un qui ne lui à rien fait ou quelqu’un qui n’est pas ou plus en état de se défendre, on peut parler de violence gratuite. La violence gratuite est très souvent corrélée à la vengeance, et ces deux attitudes sont très souvent associées à la virilité. La vengeance et la violence gratuite sont nauséabondes en elles-mêmes, mais se retrouvent en plus convoqués pour asseoir encore un peu plus la domination masculine.
Dans le premier film de Guy Ritchie, Sherlock pratique la lutte de façon sportive. Alors qu’il s’apprête à quitter l’arène pour suivre Irène Adler, son adversaire lui crache sur la nuque. Pour ce simple affront, Sherlock élabore et applique une stratégie pour combattre son adversaire et annonce froidement au spectateur que ce dernier mettra 6 semaines à s’en remettre physiquement et 6 mois à s’en remettre psychologiquement. La séquence est traitée exactement de la même façon que lorsque Holmes s’en prend à un criminel alors que l’adversaire en question, quoi qu’antipathique, est très clairement innocent. Le film glorifie donc une forme de violence viriliste et gratuite, basée sur l’idée que défendre son « honneur » justifie le passage à tabac d’un innocent.
La série de la BBC rajoute aussi un certain nombre de scènes d’action et un Sherlock violent gratuitement. Lorsque dans l’épisode 1 de la saison 2, une bande d’agents américains prend Mrs Hudson en otage, alors que ces agents sont neutralisés et ne représentent plus de menace, Sherlock prend leur chef et le défenestre violemment. Lorsque Lestrade l’interroge, celui-ci se rend bien compte que Sherlock ment mais il ne montre quasiment aucun signe de désapprobation envers ce dernier.
Le film valorise donc la vengeance de Sherlock la montrant comme un élément comique et une preuve d’affection envers sa logeuse (parce que la traiter correctement, ça demande vraiment trop de temps et d’efforts).
Un ennemi hors d’état de nuire…
Non, c’est le voleur, il s’est blessé plutôt gravement.
Quelques côtes cassées, le crâne fracturé, probable perforation du poumon…
Il est tombé d’une fenêtre.
La série Elementary est l’œuvre qui va le plus loin dans la violence de son héros mais également celle qui affiche le plus de recul et de critique face à cette violence. Lorsque Sherlock retrouve la trace de celui qu’il pense être l’assassin de sa bien-aimée, Irène Adler, il conçoit immédiatement le projet de l’arrêter seul et de le torturer à mort pour se venger. Mais, le film (la série?) déconstruit non-seulement le trope de la femme dans le réfrigérateur mais également celui du héros vengeur qui fait justice lui-même. Ce type de personnage que l’on retrouve dans Taken ou Jack Reacher, est porteur d’une idéologie particulièrement nauséabonde.
Or la série déconstruit ce trope de deux façons : premièrement car Sherlock s’est trompé et s’apprêtait à torturer la mauvaise personne (il est important de noter qu’il s’arrête avant de le torturer), deuxièmement car cet agissement est fortement désapprouvé par deux autres personnages importants du show : Joan Watson et le capitaine Gregson. Le désir de vengeance de Sherlock est clairement montré par la série comme relevant d’une attitude pathologique et non pas comme une attitude normale et compréhensible, contrairement à de nombreux films ou la vengeance est glorifiée. Le désir de vengeance de Sherlock est également montré comme parfaitement inutile, puisqu’il s’apprêtait à torturer la mauvaise personne. Il est cependant dommage que Holmes blesse M.
Sherlock est un être supérieur
Dans les nouvelles et romans de Conan Doyle, Sherlock Holmes est un être parfaitement civil et adapté à la société. Certes il est original, se tient lui-même en haute estime et peut parfois manquer de tact, mais le personnage n’est jamais défini comme systématiquement odieux, ou débordant d’égo. Cette facette du personnage est plutôt bien retranscrite dans les anciennes adaptations, mais les nouvelles adaptions, qu’elles soient officielles ou non, se sont données comme mot d’ordre de faire de Sherlock un personnage plus ou moins asocial et plus ou moins systématiquement méprisant, le summum étant atteint avec le Sherlock de la BBC et le Dr House (qui ne sera pas étudié dans cet article, bien qu’il s’agisse d’un personnage intéressant).
Sherlock Holmes est, intrinsèquement et dans toutes ses adaptations, un personnage supérieurement intelligent, ses qualités le rendent indispensables dans un certain nombre d’enquêtes et en font un détective très prisé. Cependant, cette fameuse supériorité lui donne-t-elle le droit d’être blessant et méprisant envers le reste du monde ?
Si le Sherlock de Guy Ritchie est parfaitement calculé pour fournir une dose d’insolence comique tout en restant sympathique au plus grand nombre (le genre de rôle donc Robert Downey Junior s’est fait une spécialité), les auteurs de la BBC ont clairement voulu rendre leur Sherlock Holmes le plus antipathique possible, il est donc odieux, égotiste et méprisant et ne semble respecter absolument aucune des convention sociales, ce dernier point pouvant être expliqué par le fait qu’il souffre d’une forme d’autisme appelé Asperger (information suggérée mais jamais confirmée par la série).
Il y a dans le choix de faire de Sherlock un être odieux une triple dimension politique : premièrement, celle d’excuser un comportement dominateur en pathologisant celui qui l’effectue, deuxièmement celle d’accepter un comportement méprisant car l’individu est un génie, un être supérieur à qui on dois tout passer, et troisièmement celle d’accepter un comportement dominant sous couvert d’humour.
Pathologiser un comportement de dominant, en l’occurrence, le comportement de la personne supérieurement intelligente qui se permet de mépriser les autres c’est faire passer un problème politique et social (l’élitisme intellectuel et le mépris des gens qui n’appartiennent pas à la classe intellectuelle) pour un problème individuel. De la même façon, tous les personnages sont invités à excuser le comportement odieux de Sherlock tout simplement parce qu’ils n’ont pas le choix, celui-ci étant le seul à pouvoir arrêter le criminel. Le public est également invité à considérer l’aspect méprisant de Sherlock comme profondément comique et politiquement incorrect. Ben voyons, des dominants qui écrasent des dominés, voilà qui est profondément novateur. On notera que ce genre de rôle est systématiquement donné à des hommes blancs et hétérosexuels, jamais on oserait montrer une femme consciente de sa propre supériorité et méprisante tout en restant un personnage sympathique.
Le Sherlock de Elementary est clairement pathologisé, entre son traumatisme et son addiction aux drogues, cependant il est nettement moins méprisant que ses homologues envers ses collaborateurs : il reconnaît la qualité du travail de Watson et du détective Bell, présente ses excuses au commissaire Gregson… Ceux-ci ne se laissent d’ailleurs pas écraser par Holmes et n’hésitent pas à le remettre à sa place en cas de besoin. La série déconstruit d’ailleurs l’idéologie du génie inné de Sherlock Holmes en montrant clairement que les capacités de Holmes sont dues à un entraînement et qu’il est possible de les acquérir, ce que Watson commence à faire au cours de la saison 1.
Celui de Guy Ritchie n’est pas du tout pathologisé, on le qualifiera plus facilement d’excentrique que de malade mental, et n’est pas non plus extrêmement méprisant,
Sherlock fait du Queer-baiting… mais reste hétérosexuel
L’une des principales caractéristiques des trois nouvelles adaptations de Sherlock Holmes est la relation fusionnelle qu’entretiennent Holmes et le Dr Watson. Cette relation n’est pas du tout fidèle à l’oeuvre originale où Holmes et Watson sont simplement bons amis, dans un certain nombre d’aventures, ils ne sont même plus colocataires puisque Watson a emménagé avec sa femme (. Dans le cas de l’adaptation de Guy Ritchie et de celle de la BBC, on peut même qualifier la relation entre John et Watson de Bromance. La bromance, généralement attachée au genre de la comédie, dérive directement du buddy film qui lui est plutôt attaché au film d’action/policier. Sherlock et Sherlock Holmes reprennent donc les codes de la bromance (amitié masculine reprenant les codes d’une relation amoureuse) pour les remettre dans le cadre du film d’action/policier. Comme l’a expliqué Fanny dans son article intitulé Bromance vs Womance, la bromance n’est absolument pas progressiste car elle réinsiste en permanence sur les codes de la virilité et le désamorçage de toute suspicion d’homosexualité, sans oublier qu’elle permet d’évacuer les femmes de l’intrigue.
Le Sherlock Holmes de Guy Ritchie et plus encore le Sherlock de la BBC jouent non-seulement sur la bromance mais utilisent le queer-baiting comme élément comique récurrent. Le queer-baiting c’est le fait de sous-entendre une relation homosexuelle entre deux personnages clairement définis comme homosexuels. Le site The Next défini le Queer Baiting ainsi :
Queerbaiting occurs when heterosexual characters—generally male, and generally protagonists—are frequently hinted at having sexual chemistry or more than friendly feelings for each other. They are mistaken for gay lovers; they stare longingly into each others eyes for seasons at a time; they are deeply, inescapably important to each other. Yet the audience is never allowed to forget for long that these characters are also deeply, inescapably heterosexual.
On peut parler de queerbaiting quand des personnages hétérosexuels-généralement des hommes, et généralement les personnages principaux-présentent de nombreux indices d’une alchimie sexuelle ou de sentiments plus forts que l’amitié. Ils sont confondus avec un couple homosexuel, se regardent longuement dans les yeux, sont profondément et inexorablement importants l’un pour l’autre. Pourtant, le public ne peut jamais oublier très longtemps que ces personnages sont également profondément et inexorablement hétérosexuels.
http://www.uwbnext.com/editorials/please-do-not-bait-the-queers
Ainsi dans le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, Sherlock supporte très mal que le Dr Watson se marie et déménage, et se comporte de manière typiquement jalouse. L’interprète de Sherlock, Robert Downey Jr a même déclaré que le Sherlock qu’il a interprété était selon lui gay. (et ça a fait hurler les ayant droit…)[6]. Ainsi de nombreuses plaisanteries sont faites sur la relation « de couple » entre Holmes et Watson. Cependant il est par ailleurs clairement établi que Sherlock est amoureux d’Irène Adler, les références à une possible homosexualité de Sherlock ne sont donc bien que des « blagues ».
Car c’est bien là le problème du queer-baiting. Cela pourrait être progressiste que l’on suggère une relation amoureuse entre deux protagonistes masculins, si on n’insistait pas autant sur le fait qu’il ne s’agit que d’une blague. Le queerbaiting fonctionne sur le fait que les relations entre hommes sont encore taboues, et qu’une relation entre hommes est un sujet de plaisanteries. Au fond qu’est-ce qu’une relation homosexuelle sinon une vaste plaisanterie destinée à faire marrer le spectateur hétérosexuel devant sa télé ?
Le queer-baiting prétend intégrer des codes LGBT, tout en réaffirmant pleinement la norme hétérosexuelle. On peut ainsi attirer le public gay et lesbien en leur promettant des personnages qui leurs ressemblent, tout en restant consensuel et en reléguant les personnages effectivement homosexuels au second rang. Le queer-baiting ou sous-texte homosexuel/homoérotique avait un sens lorsque les relations homosexuelles étaient proscrites, aujourd’hui, il n’a plus de raison d’être.
Le queerbaiting fonctionne ainsi sur un double niveau : d’un côté faire marrer en jouant sur la bonne vieille blague de l’homosexualité, de l’autre faire miroiter la possibilité d’une relation homosexuelleà ceux qui rêvent de voir plus de personnages homosexuels LGBT à l’écran (qu’il appartiennent ou non à cette communauté).
Sherlock de la BBC est l’une des séries qui exploite le plus le queerbaiting. Dans le premier épisode de la série, Sherlock et John ont une conversation :
http://www.youtube.com/watch?v=-mYpOEqGBCo
Est-ce que tu as un petit ami ? Ce qui ne poserai pas de problème d’ailleurs. Je sais que ça ne poserai pas de problèmes.
Toute la série va s’appliquer à déconstruire cette affirmation…
Histoire d’être bien consensuel et politiquement correct, on fait déclarer aux deux personnages principaux qu’être gay c’est ok. Petite information à Steven Moffat et Mark Gatiss : Faire dire à ces personnages qu’être homosexuel est ok ne suffit pas si le reste de la série s’évertue à démontrer l’exact inverse.
Selon John Watson, être gay c’est OK, DU MOMENT QUE PERSONNE NE PENSE QUE LUI L’EST. En effet, John passe son temps à reprendre les personnages de la série qui pensent que John et Sherlock sont en couple (et ils sont nombreux !). Y’a pas de problème à être gay, hein, juste c’est humiliant que l’on pense ou puisse penser que je le suis.
On trouve d’ailleurs pas mal de best of vidéos illustrant bien ce leitmotiv :
http://www.youtube.com/watch?v=_FLz1TzWNi4
http://www.youtube.com/watch?v=U–S0_6l_mU
Et des mèmes internet :
http://knowyourmeme.com/memes/defensively-heterosexual-john-watson
D’une manière délicieusement ironique, alors que Moffat ne cesse de répéter que son héros n’est pas homosexuel, les fan-arts concernant le shipper Johnlock se multiplient, allant du dessin jusqu’à la web-série(http://www.lesinrocks.com/2014/02/01/cinema/sherlock-la-web-serie-gay-qui-va-faire-grincer-des-dents-11467546/). Une manière pour les fans de reprendre la main et d’insérer les relations vraiment homosexuelles là où il n’y a que du queerbaiting.
Moriarty, homocidal-maniac ?
Moffat et Gatiss poussent le bouchon un peu plus loin et vont jusqu’à l’homophobie dans le dernier épisode de la saison 1. Lors de la première apparition de Jim Moriarty, alors qu’on ne sait pas encore qu’il s’agit de la nemesis de Sherlock, celui-ci est présenté par Molly comme étant son petit ami. On voit alors Sherlock recueillir des indices selon le processus habituel de la série : du texte apparaît en blanc là où se trouvent les indices…
La série d’indices grâce à laquelle Sherlock déduit que Jim est homosexuel est tout simplement affligeante de clichés… Même si Sherlock déclare que l’indice le plus probant est qu’il a laissé son numéro de téléphone, à aucun moment les indices de l’homosexualité de Jim ne sont invalidés puisque l’infaillibilité bien établie de Sherlock en matière d’indices pousse les spectateurs à considérer ces fameux indices comme objectifs.
Non, non-cils teintés, signes clairs de crème à la taurine autour des rides…
Et également ses sous-vêtements. -Ses sous-vêtements ?
Visible au dessus de la taille. Bien visible. Marque bien particulière.
Signes objectifs d’homosexualité…
Au contraire, lorsqu’il rencontre Sherlock alors que son identité est révélée, Jim déclare que le caleçon qui dépasse du pantalon était un détail destiné à parfaire son déguisement de gay. Parce que c’est bien connu, tous les gays sont des fashions victims dont le caleçon dépasse du pantalon et si ton caleçon dépasse tu es forcément gay…
Même après que Moriarty soit apparu sous son vrai jour, un doute continue de subsister sur sa possible homosexualité… En effet, Moriarty utilise un vocabulaire de séduction pour s’adresser à Sherlock, et nourrit une obsession suspecte envers lui. L’interprétation extrêmement maniérée d’Andrew Scott contribue à renforcer cette idée. Alors que la série prend bien de réaffirmer régulièrement l’asexualité de Sherlock et l’hétérosexualité de John, elle laisse volontairement planer le doute sur la possible et même fort probable homosexualité de Jim ; Sherlock s’inscrit ainsi dans la grande tradition des personnages gays ou à la sexualité « déviante » qui sont en fait des psychopathes.
Plus d’exemples ici :
Feminist Frequency : http://www.youtube.com/watch?v=ZBlzjGnCMQk
That’s Gay : http://www.youtube.com/watch?v=g0fCyTSuIHQ
Comme le dit Anita Sarkeesian, ce genre de représentations contribue à renforcer la stigmatisation de l’homosexualité, l’idée que les homosexuels sont différents. Associer l’homosexualité au fait d’être psychopathe renvoie à l’idée qu’être homosexuel implique un dysfonctionnement du cerveau (rappelons que l’Association américaine de psychiatrie a cessé en 1973 de considérer l’homosexualité comme une maladie mentale, ce dont les auteurs ne semblent pas avoir conscience…) mais aussi à l’idée que les homosexuels sont dénués de morale et donc dangereux pour la société, idée qui a longtemps perduré. Cette astuce scénaristique est très efficace car elle joue sur la peur de l’homosexualité et de la perte de virilité mais elle tend à reconduire ces préjugés hétérosexistes et à entretenir cette peur de l’homosexualité.
A l’exact inverse, l’opposante de Sherlock Holmes, Irène Adler, deviendra une « gentille » en tombant amoureuse de Sherlock Holmes passant de l’homosexualité à l’hétérosexualité… Mais promis, on reparle d’Irène Adler…
Dans l’épisode 3 de la saison 1, le frère d’une des victimes est une véritable caricature d’homosexuel, maniéré, délicat… et bien entendu il s’avère qu’il est effectivement homosexuel (il a une relation avec l’agent d’entretien de la maison) et responsable du meurtre avec son amant.
Dans le monde de Steven Moffat, les gays sont des assassins correspondants aux pires clichés homophobes et les lesbiennes deviennent hétéro devant l’incroyable sex-appeal du héros, mais être homosexuel-le ce n’est pas un problème…
Sherlock est anglais… et il a comme un problème avec les étrangers
Sherlock Holmes (de Guy Ritchie) est situé dans l’Angleterre victorienne, il ne fait apparaître aucun personnage non-européen, mis à part le personnage de Simza et son clan de gitans. Les personnages de gitans ne sont pas diabolisés mais restent tout de même traités avec leur lot de stéréotypes. Tout le folklore « typiquement gitan » y passe : la diseuse de bonne aventure qui est aussi lanceuse de couteaux, les gitans voleurs, le goulasch de hérisson… Même si le personnage de Simza est un des personnages principaux du film, elle ne dépasse jamais le cliché de la « femme gitane » avec tous ses attributs et manque singulièrement de consistance.
Amis du cliché gentiment xénophobe, bonjour.
Sherlock aligne comme des perles les clichés sur les étrangers, pour commencer l’intégralité du casting principal est blanc (à l’exception de Sally Donovan qui est métisse mais reste un personnage anecdotique), ce qui était justifié dans le Londres victorien ne l’est plus vraiment dans le Londres des années 2010, mais MM Moffat et Gatiss n’ont visiblement pas souhaité pousser la modernisation jusqu’au bout. Sauf que quand on voit le traitement réservé aux personnages non-blancs, on est presque soulagé de ce constat. En effet, le personnage ethnicisés sont réduit à des clichés négatifs. Le deuxième épisode de la saison 2 se déroule au sein des triades chinoises, hormis la gentille fille chinoise qui s’occupe de théières. On retrouve donc des chinois cruels, experts en tortures raffinées et prêts à tout pour se venger.
Au contraire, les pakistanais de l’épisode 1 de la saison 2 sont loin d’être raffinés puisqu’en bons barbares misogynes ils s’apprêtent à décapiter une Irène Adler voilée… Bien que très courte, cette scène réussit à montrer un nombre records de clichés anti-islam. Pas mal pour une scène qui n’est justifiée par absolument rien dans l’intrigue…
Des clichés islamophobes se sont glissés dans cette image… sauras-tu tous les retrouver, lecteur attentif?
Parallèlement à ça, Elementary intègre deux personnages non-blancs dans son casting principal, et plus important encore, ces personnages sont compétents et ne servent pas de simples faire-valoir. La série intègre deux personnages afro-américains dans son casting régulier, le détective Marcus Bell et le mentor de Sherlock aux drogués anonymes, Alfredo. Ces deux personnages sont traités de manière assez fine puisque tous deux viennent d’un milieu difficile et ont réussi à s’en sortir. La série propose donc des personnages noirs positifs, avec des carrières intéressantes, sans nier le contexte économico-politique dans lequel vivent de nombreux afro-américains.
Sherlock a comme un problème avec les femmes
Les aventures originales de Sherlock Holmes sont atrocement pauvres en personnages féminins. Irène Adler n’apparaît que dans une seule nouvelle, Mrs Hudson et Mary Morstan ne sont mentionnée qu’au détour d’une phrase sans jamais être réellement développées, les clientes de Holmes sont généralement effacées et sans grand intérêt… Mais si le matériau original n’offre effectivement pas grand choix de personnages féminins intéressants, les adaptations modernes pourraient renverser cet état de fait en intégrant plus de personnages féminins à l’intrigue.
Joan Watson, partenaire de Sherlock
Elementary propose un parti pris fort puisqu’il transforme le personnage du Dr John Watson, en Joan Watson, femme non-blanche, interprétée par l’actrice d’origine sino-taïwanaise, Lucy Liu. Il est appréciable de constater qu’en plus de montrer une femme non-blanche à l’écran, la série n’en fait pas non-plus un cliché. Ainsi Joan Watson est un personnage intéressant, avec ses propres histoires en parallèle de Sherlock, une back-story et des compétences propres qui sont mise en valeur par la série. Elle échappe aux tropes propres aux femmes (elle n’est pas folle amoureuse de Sherlock et leur relation ne tombe jamais dans la séduction) et à ceux généralement réservés aux asiatiques (ce n’est pas une experte des arts martiaux et si elle finit par les pratiquer, c’est sous l’influence de Sherlock). Alors que leur lien est au départ purement professionnel (elle est son compagnon de sobriété), Joan Watson finit par avoir une réelle relation de partenariat et d’amitié avec Sherlock Holmes.
Cependant on peut tout de même noter que Watson n’est plus, contrairement à ses homologues masculins, un ancien médecin militaire mais une ancienne chirurgienne et qu’elle s’occupe souvent du « care » dans les enquêtes.[7] De même alors que les compétences apportées par Watson dans les livres et les autres adaptations sont généralement des compétences militaires, ici les compétences amenées par Joan sont très souvent médicales.
De compagnon de sobriété, Joan Watson, attirée par l’univers des enquêtes (quoi ? les femmes aussi peuvent s’intéresser à ce genre de choses et avoir envie d’aventure ?!) deviendra l’apprentie de Sherlock Holmes. Alors que la relation pourrait tomber dans un paternalisme insupportable, la série évite cet écueil puisque Joan, bien qu’en apprentissage, possède toujours des atouts que Sherlock n’a pas et aide à résoudre les enquêtes. La série en profite d’ailleurs pour souligner que les dons de Sherlock ne sont pas dus à une sorte de génie naturel et inné mais bien à un entraînement.
Watson qui sert d’autre chose que de faire-valoir… et puis quoi encore ?
Irène Adler, LA femme
Irène Adler est un personnage relativement discret du canon holmésien, elle n’apparaît que dans une seule nouvelle « A scandal in Belgravia » traduit en français par « Un scandale en Bohème ». Cependant, le personnage est très souvent représenté dans les adaptations car il s’agit de la seule femme ayant un minimum de consistance dans le canon (les autres se réduisant à la femme du Dr Watson, Mary, Mme Hudson et à quelques clientes) ainsi que l’une des quatre personnes ayant réussi à battre Sherlock Holmes. Certains analystes ont suggéré la possibilité d’un amour entre Irène Adler et Holmes mais Conan Doyle ne développe jamais sérieusement cette possibilité.
Dans la nouvelle « Un scandale en Bohème », le roi de Bohème, qui vient de se fiancer, se rend auprès de Sherlock Holmes pour lui demander de récupérer une photo compromettante en possession d’Irène Adler, son ancienne maîtresse, menace de diffuser par jalousie.
Par un concours de circonstances, Holmes devient le témoin de mariage d’Irène Adler. Plus tard il lui rend visite et découvre grâce à un stratagème où Irène cache la photographie, mais ne peut la récupérer tout de suite, il est ensuite percuté par un jeune homme qui se perd dans la foule.
En revenant chercher la photo le lendemain, Sherlock trouve une photo d’Irène accompagnée d’une lettre expliquant qu’elle a quitté l’Angleterre avec son mari et qu’elle garde la photo uniquement pour sa sécurité. Holmes comprend qu’il a été dupé lorsqu’Irène déguisée en jeune homme a reconnu le célèbre détective. Holmes conserve la photo d’Adler en souvenir.
On ne peut pas dire que la nouvelle de Conan Doyle brille par son féminisme, puisque les actes d’Irène sont déterminés principalement par ses sentiments (elle menace le roi de Bohème car elle est jalouse, y renonce car elle est amoureuse d’un autre homme…) et que l’auteur insiste copieusement sur l’exception que représente Irène Adler parmi les femmes, sans compter que Sherlock Holmes est généralement décrit comme misogyne. Cependant Irène Adler parvient à battre Sherlock Holmes grâce à son intelligence sans utiliser de séduction.
Les nouvelles adaptations tendent à impliquer Irène Adler dans une relation amoureuse avec Sherlock Holmes car il s’agit du seul personnage féminin pour lequel Holmes présente une quelconque forme d’intérêt : Celle de Guy Ritchie entretient une relation d’amour tumultueuse avec Sherlock Holmes, celle d’Elementary est sa seule femme qu’il ait réellement aimé et celle de la BBC est amoureuse de Sherlock. Ramener Irène à sa relation avec Sherlock est carrément réducteur et renvoie à une vision essentialiste de « LA femme », celle d’un être principalement défini et contrôlé par ses sentiments.
Dans Sherlock Holmes de Guy Ritchie, Irène Adler, interprétée par Rachel McAdams est une aventurière et une femme d’action. Il est montré qu’elle sait se battre, Watson mentionne àmoment donné qu’elle a battu Holmes 2 fois, et elle prend une part relativement active dans l’intrigue du premier film, aidant Holmes et Watson à arrêter Lord Henry Blackwood.
Cependant Irène souffre d’un certain nombre de clichés sexistes : elle devient damoiselle en détresse dans le premier volet, lorsqu’elle se retrouve suspendue à un crochet de boucher sur une chaîne de découpe après avoir été capturée par Lord Blackwood. Elle se retrouve également battue par Holmes à la fin du film, qui, non content de l’arrêter, se sent obligé de l’aider à s’évader en lui glissant la clé dans son corsage. Irène Adler se retrouve non seulement battue mais également de nouveau en situation de détresse avec l’homme qui vient la sauver.
Au début du deuxième volet, Irène Adler, qui était pourtant un personnage intéressant et fort devient ce qu’on appelle « une femme dans le réfrigérateur », c’est à dire un personnage féminin important pour l’intrigue qui meurt dans le seul but de rendre le personnage masculin plus intéressant. La mort d’Irène Adler sert à enrichir le personnage de Sherlock Holmes et à rendre personnel son combat contre Moriarty, mais ne développe aucune intrigue réelle, contrairement, par exemple, à la mort de Rachel Dawes dans The dark knight qui permettait de justifier le basculement de Harvey Dent dans la criminalité.
Le personnage d’Irène est sacrifiée sans que cela ait une réelle utilité pour l’histoire, simplement pour que Sherlock Holmes ait une backstory tragique (il a perdu la femme qu’il aimait) et pour montrer la cruauté de Moriarty.
Stuffed into the fridge sur le site TVTropes : http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/StuffedIntoTheFridge
La vidéo de Feminist Frequency sur la genèse de ce trope et pourquoi il est problématique : http://www.youtube.com/watch?v=DInYaHVSLr8
Le film fait également preuve d’essentialisme en montrant une Irène Adler forcément trahie par ses sentiments (on a beau être une criminelle de classe internationale, on reste une fâââââââââme, on ne peut pas s’en empêcher) et très sexualisée, utilisant sa séduction comme une arme, notamment contre Sherlock.
LA femme qui utilise sa séduction…
Alors que l’héroïne de la nouvelle de Conan Doyle agissait seule et pour son propre compte, celle du film agit pour le compte de Moriarty, réduisant ainsi son intelligence aux compétences d’un homme.
C’est probablement la BBC qui maltraite le plus le personnage d’Irène Adler, interprétée ici par Lara Pulver. Si elle est sexualisée dans le film de Guy Ritchie, on ne peut pas dire qu’elle soit réduite à son corps et à sa sexualité, le personnage présente d’autres caractéristiques qui la définissent, tandis que dans la série de la BBC, le personnage est constamment renvoyé à sa sexualité et à sa féminité.
Dès sa première apparition dans la série, Irène est essentialisée, apparaissant au travers de gros plans sur des parties de son corps, de préférence associés à des attributs typiquement féminins, c’est-à-dire des plans de bouche en train d’être maquillée, d’yeux en train d’être fardés et de mains au ongles vernis. Ce découpage des femmes en morceaux, que j’avais déjà traité dans Pretty woman, est directement issu de la pornographie et permet de réduire les femmes à l’état l’objet, de la réduire à des parties de son corps. Ce qui est d’autant plus pervers c’est que la sexualité d’Irène Adler est son arme principale. Contrairement à Jim Moriarty qui n’utilise que son intelligence, Adler se sert de sa séduction pour dominer les hommes. On retrouve donc le double cliché de la femme manipulatrice et de l’homme dominé par son pantalon (ce cliché, qui, s’il peut paraître amusant quoique légèrement misandre est en réalité une façon de dédouaner les hommes du viol et d’essentialiser le besoin de sexualité chez ces derniers). L’hyper sexualisation d’Irène, qui est surtout là pour que le spectateur (forcément) masculin puisse se rincer l’œil, est ainsi habilement déguisée en empowerment… Male gaze, quand tu nous tiens…[8]
La première apparition d’Irène à l’écran, ongles rouges et dentelles…
LA femme…c’est ça.
Comme sa consœur américaine, Irène est trahie par ses sentiments pour Sherlock. Cependant, alors que le film traduit un respect et une affection mutuelle malgré la victoire de Sherlock (qui lui-même s’est fait avoir plusieurs fois à cause de ses sentiments pour Irène), l’Irène anglaise est allègrement humiliée par un Sherlock tout puissant qui, après l’avoir détruite et littéralement obligée à mendier se paiera le luxe de venir la sauver de méchants pakistanais. On se demande d’ailleurs bien pourquoi, alors qu’à aucun moment le scénario n’implique de personnages orientaux et qu’à aucun moment Karachi n’est mentionné, avoir ajouté de méchants arabes qui s’apprêtent à décapiter la femme voilée dans la dernière séquence ?)
L’Homme est venu me sauver… Gloire à lui.
On rajoutera qu’Irène Adler et sa fabuleuse intelligence sont tout de même dépendante de Moriarty qui fournit le plan.[9]
Elementary détourne le personnage d’Irène Adler de façon intéressante, en déconstruisant à la fois le trope de la « femme dans le réfrigérateur » et celui de la damoiselle en détresse. Durant toute la saison 1, Sherlock est obsédé par l’assassinat atrocement brutal de l’amour de sa vie, Irène Adler, par Moriarty et est mu par un désir de vengeance. On se retrouve ainsi dans le schéma classique de l’homme souhaitant venger sa bien-aimée. Dans la fin de saison, Sherlock retrouve Irène dans une position de damoiselle en détresse (elle aurait été kidnappée et séquestrée durant plusieurs mois) et tente de la sauver. Ces deux tropes sont déconstruits lorsque Sherlock comprend qu’Irène est Moriarty. En transformant non-seulement le partenaire de Holmes mais également son pire ennemi en femme, les créateurs d’Elementary font preuve d’une forme audacieuse de genderbending et posent un parti pris féministe rafraîchissant, d’autant plus intéressant quand on voit le traitement des personnages féminins dans les autres adaptations et plus largement dans le reste de la production audiovisuelle actuelle.
Irène Adler est donc une femme compétente, capable de diriger un réseau et auquel des hommes obéissent, elle n’est pas caricaturée comme le sont d’habitude les femmes de pouvoir : elle n’est ni castratrice, ni hystérique, elle est traité quasiment comme un antagoniste masculin. Malheureusement le personnage n’échappe pas à des caractéristiques essentialistes : puisque encore une fois Adler/Moriarty est trahie par ses sentiments (décidément !). Sherlock la piège en lui faisant croire qu’il a fait une overdose et en allant le trouver à l’hôpital, elle est arrêtée par la police.
Je suis un génie du mal, mais je le suis fait avoir car Sherlock était plus intelligent (normal, c’est le héros)
Je suis un génie du mal, mais je le suis fait avoir car Sherlock était plus intelligent (normal, c’est le héros)
Je suis un génie du mal mais je me suis fait avoir par mes sentiments parce que je suis une femme.
Plus tard dans la saison 2, on apprend qu’Irène est mère d’une petite fille qu’elle a fait adopter par un couple. Lorsque celle-ci est kidnappée, Irène se bat évidemment de toutes ses forces pour la récupérer. Si les scénaristes évitent de caricaturer le personnage sur sa facette de méchante, pourquoi lorsqu’ils veulent humaniser le personnage et le rendre émouvant jouent-il exclusivement sur une vision essentialiste de « LA femme » à base de sentiments amoureux et de maternité ?
On pourrait objecter que les trois versions de Sherlock ont également des sentiments pour Irène Adler, et peuvent même se faire piéger par elle ou l’avoir été dans le passé. Cependant au final, Sherlock parvient à dominer ses sentiments pour triompher d’Irène alors qu’elle-même est submergée et ne peut lutter contre eux.
Mary Morstan, madame Watson
Dans Elementary, le personnage équivalent à Mary Morstan n’a pas (ou pas encore) été exploité.
Dans les films de Guy Ritchie, Mary Morstan est relativement conforme au personnage des livres : douce, jolie, dévouée… Le personnage est très en retrait par rapport aux personnages masculins et à celui d’Irène Adler et ne tient aucun rôle réellement actif dans l’intrigue. Le personnage, qui est uniquement défini par sa relation avec John Watson, sert principalement à développer et mettre en valeur la relation entre Sherlock et le docteur Watson. Son mariage avec ce dernier bouleverse le lien qui unit les deux hommes et rend le célèbre détective terriblement jaloux. Le personnage sert également à introduire quelques effets comiques, commele personnage de Mycroft Holmes. Cela devient problématique lorsque l’effet comique joue sur une violence envers les femmes. Au début du deuxième film, Sherlock jette Mary hors du train alors que celui-ci passe au-dessus d’un pont. Certes, cet acte est justifié scénaristiquement, puisque le train est attaqué et qu’il permet de mettre Mary en sécurité (toujours éloigner les femmes de l’action, on ne va pas non-plus leur laisser une vraie place dans le film !) mais la façon donc la séquence est mise en scène amène le spectateur à rire d’un acte de violence envers une femme. Le personnage de Mary n’a pas d’existence réelle, pas de personnalité, est n’est qu’un faire-valoir pour mettre en valeurles autres protagonistes de l’histoire.
La femme poussée hors du train… un grand classique de comédie.
A l’inverse, le personnage de Mary Morstan dans la série de la BBC est une véritable bouffée d’air frais, surtout en comparaison de la pauvreté des autres personnages féminins. Elle possède une réelle personnalité, un solide sens de l’humour et lors des deux premiers épisodes, bien qu’elle soit parfois en périphérie, ses actes ont de réelles conséquences sur l’intrigue. Lors du troisième épisode on apprend que Mary est loin d’être celle que l’on croit, elle est en fait un ancien agent qui a changé d’identité. Le personnage est ainsi doté de compétences (que l’on entrevoyait dans les deux épisodes précédents), d’une backstory, d’une psychologie développée et d’un rôle réel dans l’intrigue.
Une femme d’action compétente ! Voilà une chose à laquelle Moffat ne nous avais pas habitué-es !
On aurait dû se douter qu’il y avait baleine sous gravillon…
Malgré toutes ses compétences et sa brillante intelligence, Mary se retrouve dans le rôle peu valorisant et peu actif de la damoiselle en détresse. Elle est même carrément exclue de l’intrigue dans la dernière partie de l’épisode, puisqu’elle est droguée par Sherlock.
La femme, passive, comme il se doit…
Avec le personnage de Mary, la série retombe dans le même écueil qu’avec Irène Adler, un personnage féminin présenté comme compétent et intelligent se retrouve à la merci des hommes qui doivent la sauver. Il est particulièrement frustrant de voir un personnage avec autant de potentiel être réduit à si peu, d’autant que Sherlock insiste sur le fait que Watson est systématiquement attiré par le danger (son meilleur ami est détective privé, il travaillait dans l’armée-le premier épisode insistait d’ailleurs sur le fait que Watson s’ennuyait dans sa vie quotidienne et désirait plus d’action-et que c’est justement le fait qu’elle soit une dangereuse tueuse qui l’attirait vers Mary, sans qu’il s’en rende compte.
Même quand elles sont des tueuses à gages internationales, chez Steven Moffat, les femmes ne rêvent que de revenir à une vie tranquille et conjugale, contrairement aux hommes qui eux ne rêvent que de danger et d’excitation.
Mrs Hudson, la logeuse
Mrs Hudson est traitée de façon relativement classique dans le film de Guy Ritchie, il s’agit d’une femme entre deux âges, plutôt soigneuse et sévère. Le personnage n’a pas réellement d’utilité dans l’intrigue ou le film et ne sert encore une fois qu’à mettre l’excentricité du personnage de Sherlock en valeur.
Mrs Hudson dans la série de la BBC est un personnage plus intéressant et travaillé, mais guère moins misogyne. En effet, Mrs Hudson est principalement là pour l’effet comique, constamment à côté de la plaque, traitée en domestique par ses deux locataires et perpétuellement humiliée par Sherlock… Le personnage ne cesse de répéter qu’elle n’est pas leur femme de ménage tout en continuant à le faire. L’exemple type de la femme qui tente de se rebeller contre son rôle domestique pour la forme mais au fond est ravie de servir du thé aux hommes.
Encore une fois Elementary fait un choix artistiquement et politiquement audacieux puisque Mrs Hudson, devient une jeune femme transgenre à la vie sentimentale mouvementée qui trouve refuge chez Holmes et Watson. Miss Hudson est une experte en grec ancien et si elle accepte de faire le ménage pour Watson et Holmes ce n’est que temporairement, le temps de retrouver une situation plus stable et de devenir indépendante. Ms Hudson est respectée par Holmes et Watson et ses compétences sont mises en valeur puisqu’elle est la seule qui parvient à classer correctement les livres de Holmes. Malheureusement, ce personnage très progressiste n’apparaît que dans un seul épisode et n’est plus citédans la suite de la série. On appréciera néanmoins que le rôle ait été proposé à une actrice transsexuelle et non pas à une actrice cisgenre comme c’est trop souvent le cas.
Molly Hooper, l’amoureuse transie
Molly Hooper est un personnage créé pour la série Sherlock. Si ajouter des personnages féminins alors que le canon en manque cruellement part plutôt d’une bonne intention, le personnage de Molly est tellement misogyne qu’il aurait mieux valu s’abstenir. Que l’on soit bien clair, le fait de montrer une femme amoureuse d’un homme qui ne l’aime pas en retour n’est en aucun cas sexiste. Par contre, ce qui est profondément misogyne c’est de définir un personnage féminin par le seul et unique fait qu’elle est amoureuse du héros, de lui faire adopter une attitude soumise de façon quasi systématique, tout particulièrement quand le héros est là et de la montrer se faire humilier régulièrement par ce même héros. Que Molly ne puisse s’empêcher d’aimer Sherlock même si cet amour n’est pas réciproque, certes, mais est-elle obligée de s’écraser systématiquement devant lui ? Dans une scène de l’épisode 3 de la saison 1, Molly en vient elle-même à dire qu’elle ne compte pas…
Vous pouvez me voir. Je ne compte pas.
Si c’est toi qui le dis…
Si Molly et son travail de légiste ont parfois une utilité dans la résolution des enquêtes, elle reste en général en périphérie des intrigues, à sa place de femme…
Les autres
D’une manière générale, Sherlock compte son lot de femmes qui sont soit de douces femmes en détresse (Soo-Lin Yao dans l’épisode 2 de la saison 1), soit perpétuellement ramenées à leur séduction (surtout sur Watson) (le Dr Mortimer dans l’épisode 2 de la saison 2, les petites amies de John…), soit tout simplement de véritables garces vénales (Kitty Riley la journaliste manipulatrice aux dents qui rayent le parquet dans l’épisode 3 de la saison 2, ou Janine, cliché ambulant sur pattes qui ne rêve que de se marier avec un homme rencontré quelques semaines plus tôt mais se remet parfaitement d’avoir été manipulée et utilisée en vendant son histoire aux magazines…).
La série met également en scène quelques antagonistes comme Shan (S1E2) et Irène Adler mais celles-ci dépendent complètement de Moriarty, parce qu’une femme c’est incapable de construire des plans toute seule…
Le sentiment général de Sherlock envers les femmes…
Des adaptations modernes, Elementary est probablement la plus progressiste et la plus intéressante politiquement, la série se démarque des autres par des choix politiques audacieux et plutôt engagés. Sherlock Holmes, lui, reste au niveau des autres productions hollywoodiennes, c’est-à-dire que le film n’est ni pire, ni meilleur politiquement que les autres sorties des studios (autres sorties qui sont assez affligeantes politiquement, il faut dire…)
Sherlock est certainement la pire adaptation des trois d’un point de vue politique, reflétant sans surprise l’atmosphère générale des séries Stephen Moffat[10]
Julie G.
[1] On designe par « Canon Holmesien » les romans et nouvelles écrits par Conan Doyle lui-même.
[2] Pour plus d’infos sur l’aphrodisme au cinéma et pourquoi il est problèmatique l’article de Paul Rigouste : http://www.lecinemaestpolitique.fr/en-finir-avec-laphrodisme-au-cinema/
[3] Certains commentateurs considèrent qu’il existe une relation homosexuelle entre Holmes et Watson cachée dans l’œuvre.
[4] Tintin, Blake et Mortimer, etc…
[5] Cf. L’article de Paul Rigouste sur l’augmentation de la masse musculaire à Hollywood…
[7]Cependant ce fait peut s’expliquer par l’asociabilité et le manque de tact de Holmes ainsi que par le fait qu’elle exerce le métier de compagnon de sobriété.
[8] L’article de „ça fait genre“, sur le male gaze : http://cafaitgenre.org/2013/07/15/le-male-gaze-regard-masculin/
[9]L’article de Liam sur l’épisode « The woman » : http://www.lecinemaestpolitique.fr/sherlock-saison-2-episode-1-the-woman/
[10]http://www.madmoizelle.com/steven-moffat-sexisme-230364
Autres articles en lien :
- Sherlock, saison 2, épisode 1 : « The Woman »
- Snowpiercer (2013) : Ces « queutards » de révoltés
- Spring Breakers
Bonjour et merci pour l’article!
Quelques amis m’avaient longuement fait l’éloge du Sherlock, je m’en méfiais jusqu’à maintenant, étant donné que je soupçonnais fort le délit de queerbaiting, chose en quoi votre article me conforte totalement.
Pourtant, j’ai cru noter que vous ne faisiez que principalement la chronique de la première saison, or, j’ai cru comprendre çà et là que les hétéros étaient scandalisés par la dernière saison et que la série laissait la part belle à ce qu’ils appellent des fantasmes pour « fangirls et fanboys ».
Qu’en est-il réellement du coup ? La série est-elle devenue moins misogyne et plus gay friendly ?
Je m’en voudrais de perdre mon temps devant une série qui m’apparait pour le moment comme quelque chose à éviter absolument.
GoG
Bonjour et merci pour le commentaire !
Sherlock est pour moi d’un point de vue artistique, une excellente série, c’est pour cela que ça m’ennuie d’autant plus qu’elle soit aussi nulle politiquement.
Au contraire la dernière saison joue encore plus sur le queerbaiting (et c’est cela qui a pu scandaliser les hétéros, encore que je n’ai pas entendu parler de cela) et touche des sommets de misogynie avec Janine et le gâchis de Mary Morstan.
J’ai essayé de chroniquer les trois saisons d’un point de vue global.
« A éviter absolument » est quelque chose de très subjectif, mais si vous ne supportez pas le queerbaiting, je pense que vous pouvez éviter Sherlock.^^
Bonjour et merci pour votre réponse.
Je ne supporte que très (très) modérément le queerbaiting et la misogynie dans les séries (trop dégouté par pas mal de mangas qui surfent allégrement sur les deux), donc je crois que je vais en effet passer mon chemin.
ça nous aura permis avec mon ami, de ne pas perdre trois saisons en frustration sur une série qui a l’air d’avoir malgré tout d’autres qualités. (C’est toujours dans ces cas là que le bas blesse le plus).
On a déjà de quoi s’arracher quelques cheveux (sur le male gaze) avec Game of Thrones, on ne va pas en rajouter.
Merci encore!
GoG
Le problème de cette théorie sur l’homophobie de la série Sherlock, c’est que l’un des Showrunner (Gatiss)est lui-même homosexuel. Même si cette théorie semble être basé sur des preuves cela me paraît « légérement » contradictoire et incohérent qu’un scénariste homosexuel crée une série homophobe…
Pour le reste une analyse très intéressante.
Le problème de cette théorie sur l’homophobie de la série Sherlock, c’est que l’un des Showrunner (Gatiss)est lui-même homosexuel. Même si cette théorie semble être basé sur des preuves cela me paraît « légérement » contradictoire et incohérent qu’un scénariste homosexuel crée une série homophobe…
Etre née femme n’empêche pas certaines d’être sexistes ou misogynes…
Ce n’est pas parce que Gatiss est homosexuel qu’il est immunisé contre les clichés, raccourcis et l’homophobie…
Combien de fois a-t-on entendu des populations « victimes » reprendre les discours des dominants ?
Même si vous abordez des problématiques bien réelles dans Sherlock BBC, plusieurs points me semblent à remettre en perspective. La série n’est pas terminée, et tout le débat actuel dans le fandom est bien de savoir si on a assisté dans la saison 3 à un renforcement du queerbaiting ou bien à un véritable tournant dans la présentation d’un Sherlock gay et d’un John bisexuel. Il s’agit d’une théorie qui fait l’objet de très nombreuses et très longues publications, notamment sur tumblr. Le personnage de Mary est également présenté dans votre article de façon bien biaisée me semble-t-il, étant donné qu’il est fort possible voire probable qu’elle évolue vers quelque chose de très noir, peut-être en lien avec Moriarty.
Enfin, toutes vos références au canon de Conan Doyle sont à remettre en lumière avec l’époque. Ni le féminisme, ni la défense de l’homosexualité ou de l’asexualité ne sont opératifs dans ce cadre, on ne peut pas analyser les personnages du canon avec les mêmes outils politiques que les séries contemporaines.
Pour conclure, l’intérêt de la série de la BBC sera à analyser une fois que l’arc narratif principal, à savoir la construction de la relation entre Sherlock et John, sera terminé, vraisemblablement à la fin de la saison 5…
Bonjour! Deux commentaires.
D’une part, j’abonde dans le sens de MZ. On ne peut extraire une oeuvre de son contexte psycho- socio- politico-économique (!) du moment de sa création sans perdre des informations importantes.
Chaque re-création d’une oeuvre porte nécessairement des codes en rapport avec son époque/lieu de production.
Le canon holmesien est basé sur des textes courts. Pas d’images, évidemment. Quelques dessins. Fin du XIXe siècle britannique. Milieu bourgeois, plutôt « de gauche »…
Nous ne sommes évidemment pas dans le même contexte, en particulier sur le plan de l’économie de la distraction qui impose le recyclage intensif de tout ce qui a été fait. Il s’agit d’une facilité pour attirer les client(e)s: Ah oui: Sherlock Holmes! Superman!… etc.
Ce qui ressort des re-créations est intéressant à étudier, mais le rapport avec l’oeuvre originale est toujours délicat…
On pourrait aussi, second commentaire, envisager les comparaisons d’oeuvres en termes de rapports sociaux, d’économie et de politique.
La représentation de la sexualité n’est qu’un des aspects du « problème » qui, à mon sens, ne devrait pas occuper toute la place. C’est bien sûr intéressant, mais ce n’est pas tout (surtout dans le rapport avec la fin du XIXe britanniques, où les codes étaient certainement entièrement différents de ceux d’aujourd’hui. ça ne veut pas dire que l’homosexualité, etc. n’existaient pas, mais qu’ils s’exprimaient différemment dans le champ social).
Les rapports, par exemple, avec l’autorité policière, sont-ils similaires? Et avec les hiérarchies politiques (Mycroft) et économiques ?…
D’autres sujets, encore, à envisager! 🙂
@ MZ et Michel
Je ne vois pas bien où vous voulez en venir exactement quand vous critiquez les comparaisons avec les livres de Doyle (« Enfin, toutes vos références au canon de Conan Doyle sont à remettre en lumière avec l’époque. Ni le féminisme, ni la défense de l’homosexualité ou de l’asexualité ne sont opératifs dans ce cadre » ou « Nous ne sommes évidemment pas dans le même contexte »).
J’ai l’impression que votre discours est une énième version du « on ne peut pas critiquer les séries et films d’aujourd’hui qui s’inspirent d’œuvres qui datent d’autres époques, car c’était un autre contexte politique ». Personnellement, je ne vois vraiment pas où est le problème dans le fait 1/ de critiquer des œuvres actuelles que l’on regarde aujourd’hui dans notre société (on s’en fout qu’elles s’inspirent de trucs d’autres époques non ?), et même 2/ dans le fait de critiquer des œuvres du XIXème avec nos critères politiques « d’aujourd’hui ».
Pour moi, votre discours ressemble à un discours qui prend dangereusement les atours de l’objectivité scientifique (historique en l’occurrence) pour empêcher de réfléchir à la dimension politique des œuvres que l’on lit ou regarde nous aujourd’hui (que ces œuvres datent d’aujourd’hui ou de mathusalem). Vous voyez ce que je veux dire ?
En plus, Julie n’analyse pas le canon holmesien pour lui-même, mais s’en sert juste pour mettre en évidence les choix politiques qui sous-tendent les écarts par rapport à ce canon. Du moins il me semble. Du coup j’ai vraiment du mal à comprendre ce que vous lui reprochez.
@ MZ
Est-ce que le fait que la série ne soit pas terminée empêche de critiquer politiquement les premières saisons? Est-ce que si, par miracle, les dernières saisons devenaient progressistes, cela changerait quelque chose au fait que les première sont à vomir politiquement ?
La fin d’une histoire peut changer radicalement la dimension totale de celle-ci, il suffit de regarder les réactions des spectateurs à la sortie de Munich à la base thriller pro-israélien devenant en conclusion un film complètement paranoïaque, désamorçant les idéologies du personnage principal.
Le problème du site est qu’il cite justement le canon Holmesien pour ce qu’il n’est pas à savoir un matériel progressif, du moins pour l’époque. Les avancés présentées sont plus nuancés. Ainsi la victoire d’Irène Adler ne s’est obtenue, de l’aveu même du personnage, que par la fuite et non par la confrontation directe.
Je dois rappeler qu’Arthur Con
Toucher à ce canon est un art délicat en un sens qu’il faut sortir le personnage d’un contexte pour le remettre dans un contexte actuel.
Edit ligne 9 :
*Arthur Conan Doyle ne portait pas le personnage en haute estime, encore moins à la fin de sa vie (et pour cause, il a détruit la vie de Doyle en l’empêchant d’écrire autre chose que Sherlock), et essayait de le rendre insupportable par tous les moyens possibles.
Il n’est donc pas vraiment un exemple et le rendre féministe aurait dénaturé le personnage. C’est possible mais il aurait fallut changer d’autres traits pour que le personnage ne deviennent pas bancal.
Edit fin:
*Alors les œuvres actuels devraient-elle au moins être plus critique à l’égard de Holmes? C’est là aussi complexe car rendre le personnage principal antipathique est souvent rédhibitoire pour le spectateur lambda d’autant plus qu’Holmes n’est pas seulement un homme mauvais. Il essaye d’avoir des relations sociales, notamment avec Watson, qui sont antinomique avec le personnage. En soit et au vu de l’avancée de la série, on peut espérer une relative rédemption.
Pour moi, ce texte n’est pas une analyse politique au sens large.
Il s’agit d’une analyse des relations, disons psycho-sexuelles entre les personnages.
Une analyse « politique » pour moi s’étend au-delà des questions de sexualité.
D’autre part on peut A LA FOIS considérer les différences historiques et garder un avis politique sur ce qui est montré ici et maintenant.
« Pour moi, ce texte n’est pas une analyse politique au sens large.
Il s’agit d’une analyse des relations, disons psycho-sexuelles entre les personnages.
Une analyse « politique » pour moi s’étend au-delà des questions de sexualité. »
Si vous voulez juste dire que ce texte n’analyse pas absolument toutes les dimensions politiques des séries et films Sherlock (mais esquisse juste une analyse de l’aphrodisme, du virilisme, du sexisme, l’hétérosexisme, du racisme ou de l’élitisme), OK (en même temps, ça me semble difficile d’être absolument exhaustif à ce niveau, et je ne crois pas que Julie a affiché à un quelconque moment cette prétention).
Mais j’ai un peu peur qu’au fond ce qui vous gêne ce soit plus que ces dimensions-là soient mises en avant, par rapport à d’autres dimensions que vous considérez vous comme « plus politique », la « vraie politique » qui « s’étend au-delà des questions de sexualité » pour les englober. Ne seriez-vous pas de ces gens qui pensent que le féminisme ou la lutte contre l’hétérosexisme (par exemple) sont des luttes politiques secondaires par rapport à la « vraie politique » (la lutte des classes, l’anticapitalisme) ?
De plus, votre manière de parler de mécanismes d’oppression (sexiste, hétérosexiste, etc.) en termes de « relations psycho-sexuelles » me semble franchement dépolitisante. Le sexisme ce n’est pas juste des relations individuelles entre les gens, c’est un système d’oppression au sein duquel une classe (les hommes) en domine une autre (les femmes), et c’est pareil pour les autres rapports de domination étudiés par Julie (racisme, hétérosexisme, aphrodisme, etc.). Or, j’ai l’impression que pour vous ce n’est pas de la politique en ce sens (ou de la « vraie politique »), mais juste une question de « relations entre individus ». C’est le cas ?
« D’autre part on peut A LA FOIS considérer les différences historiques et garder un avis politique sur ce qui est montré ici et maintenant. »
Ok, on est d’accord alors. J’avais juste un peu peur que le fond de votre remarque soit un peu élitiste (à base de « il faut s’y connaître en Histoire et avoir lu des bouquins pour être légitime à critiquer Sherlock »).
coucou michel,
voulez-vous dire que les relations que vous appelez « psycho-sexuelles » n’entre pas dans le domaine politique?
pour vous, « le politique » c’est quoi alors?
pour moi, les représentations que l’on se fait des hommes et des femmes, des relations entre elleux, les représentations que l’on se fait des sexualités humaines (dans toutes leurs formes diverses et variées), tout ca c’est hautement politique, précisemment parce que l’on vit dans une sociéte où les femmes sont discriminées, ainsi que toutes les sexualités qui s’écartent de l’hétérosexualité normative.
cette domination des hommes sur les femmes et de cette norme hétéro-normative, tout ca est source de souffrances, d’oppressions, de discriminations etc. d’une population sur une autre…quoi de plus politique que ca?
seriez-vous d’accord que les relations entre les patron-ne-s et les travailleurs-euses est quelque chose de politique, parce qu’elles sont sources d’oppressions systématique d’une population (ou classe) sur une autre?
ou alors peut-être reprochez-vous à l’analyse de ne pas prendre en compte TOUS les domaines politiques? je ne pense pas que l’auteure prétende à l’exhaustivité, loin de là 🙂
C’est peut-être le problème du site qui a une ambition haute et louable, mais dont la majorité des auteurs traitent généralement les sujets de la manière (à savoir des points de vue du sexisme, racisme et parfois de l’idéologie économique, mais sous-tendue à l’idée de domination patriarcale). Dieu soit loué, la science politique, mais aussi l’art cinématographique, ne se limite pas à ça.
Disserter si longuement sur Sherlock Holmes sans même mentionner l’adaptation de Hawkesworth avec Jeremy Brett qui reste absolument indépassable me paraît un peu vain..
Je ne connaissais pas cette version, mais il est impossible d’analyser toutes les adaptations de Sherlock Holmes, y compris les interprètes mythiques.
J’ai choisi d’analyser les versions récentes car ce sont celles qui sont le plus diffusée et ont donc le plus d’influence…
Vous ne pourrez qu’être séduit:
http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=2974.html
Indépassable car résolument fidèle au Canon, à ceci près que les personnages sont développés selon les codes -qui me semblent disparus aujourd’hui- d’un humour typiquement anglais que l’on se plaisait à retrouver dans les anciennes séries policières britanniques (« Chapeau melon et bottes de cuir », « Le Prisonnier »…).
Les puristes déploreront le côté guindé, peut-être un peu trop aristocratique du Sherlock Holmes incarné par Jeremy Brett (gravement malade lors des dernières saisons, ce qui explique sa triste métamorphose). Watson, successivement interprêté par Richard Burke et Edward Hardwicke, est fidèle à la description de Conan Doyle. Les personnages secondaires sont tels que Conan Doyle les a voulus : un Mycroft diplomate et excentrique, un Moriarty sombre et machiavélique, un Lestrade lourdaud et naïf, une Mary Morstan effacée, une Irène Adler anecdotique. Il s’agissait manifestement dans cette série produite par Granada de mettre en image le Canon au plus près de la narration, et de rendre une atmosphère, un climat victoriens, aussi crédibles que possible. Le challenge est parfaitement abouti, même si avec le recul la série évoque aujourd’hui certaines adaptations des années cinquante et soixante (Peter Cushing fut un excellent Holmes, plus proche que Brett du personnage de Conan Doyle). C’est l’époque qui a changé, et les états d’esprits. Le mythe holmesien demeure.
Juste une petite remarque: le lien vers le site asexualnews est maintenant brisé. On peut lire une copie du texte d’origine via ce lien (entre autres):
http://fandomsandfeminism.tumblr.com/post/37117424243/dont-get-your-hopes-up-sadly-steven-moffat-a
Sinon, l’article est intéressant, bravo. Bonne journée.
Merci !
Je dois dire que même si ces séries « déconstruisent » en montrant que tout n’est pas rose dans la vie de l’homme parfait (comme le font, au hasard, Breaking Bad, Dr House ou Dexter), on est invité à s’identifier et à sympathiser avec le héros, qui a droit à tout ce qui a été promis aux jeunes garçons, et les hommes comprennent bien ça. Tous ces héros sont des alpha-males, et la plupart des hommes s’en foutent bien qu’une vague remarque critique l’oppression des femmes qu’ils font, car ils ont le pouvoir, et ces séries le leur rappellent.
(Il suffit de voir quels personnages sont haïs : les femmes « trop connes ». Skyler qui quitte son mari dans Breaking Bad devient la salope numéro 1, alors que Skyler qui se soumet à son mari dans la dernière saison, c’est normal)
A propos du personnage de Skyler dans Breaking Bad, j’avais lu ça :
http://www.lesinrocks.com/2013/08/buzzodrome/lactrice-breaking-bad-anna-gunn-sinquiete-du-deferlement-haine-sexiste-envers-personnage-tribune/
http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2013/08/27/serie-tv-lepouse-breaking-bad-est-haie-misogynie-245234
Ce qui est « marrant », c’est que ces articles renvoient l’origine de la misogynie exclusivement aux spectateurs de la série (la haine envers ce personnage de femme forte « révèlerait » la misogynie de certains spectateurs), mais n’envisagent jamais que la série elle-même pourrait être misogyne, et inviter ainsi à cette haine envers l’actrice et son personnage…
J’approuve totalement cet article !
J’aime beaucoup les deux films de Guy Ritchie, même si pour moi, très clairement, seuls Robert Downey Jr et Jude Law sont finalement vraiment importants dedans…
J’aimais bien la série Sherlock… et puis, au bout de la troisième saison, j’ai commencé à m’en lasser… me lasser de ce Sherlock méprisant et tout-puissant, me lasser du fait que Molly et Mrs Hudson (et toutes les femmes en général) soient constamment rabaissées, lassée que Watson fasse sans arrêt la carpette devant Sherlock, lassée que tout le monde lui excuse tout sous prétexte que c’est un génie…
Et j’en suis venue en fait à commencer à détester vraiment ce personnage, à ne plus jamais être émue ou intéressée par lui et à le trouver insupportable…
Je ne suis donc pas sûre de suivre la prochaine saison de Sherlock de la BBC…
Et puis je me suis intéressée à Elementary et… quelle bouffée d’air frais ! Pas de misogynie, pas de racisme, pas d’irrespect, un Sherlock humain avec ses forces et ses faiblesses, une Watson intéressante qui ne fait pas tapisserie, des personnages secondaires mis en valeur sans préjugés !
Perso, j’adore ! (et ça me rend le visionnage de Sherlock BBC encore plus insupportable après-coup)
Coucou Vitany,
Je suis entièrement d’accord avec toi en ce qui concerne le Sherlock BBC, c’est vraiment pour moi un des personnages les plus détéstables qui soit, et la série ne cesse de l’excuser et de nous faire comprendre que de toute facon le monde a tellement besoin de lui que tout lui est permis et c’est tant mieux et que c’est même censé nous faire rire.
Je suis également entièrement d’accord en ce qui concerne Molly et Mrs Hudson, c’est vraiment des personnages complètement sexistes (au sens bien sûr où l’écrivain est sexiste dans leur écriture).
Je trouve cette série assez classe esthétiquement, mais tellement horrible politiquement que je comprends absolument que vous ne puissiez plus le regarder 🙂
ben en fait, j’avais déjà eu du mal avec cet aspect dans la première saison… mais je m’étais dis que ça allait s’améliorer pour la suite…
Et arrivée à la fin de la troisième saison, je me suis bien rendue compte que non seulement ça s’améiorait pas mais qu’en plus, ça empirait !
Sans compter que je trouve que c’est un manque cruel d’évolution des personnages… aucun des personnages n’évolue, même pas le principal (Sherlock) ! en général, le but d’une série, c’est que les personnages évoluent, changent… mais là, rien ! on se contente des mêmes running gag, des mêmes enquêtes, du même schéma… et c’est terriblement lassant !
en plus, 3 saisons de 3 épisodes (9 en tous) et rien de changé ! c’est hallucinant quand même je trouve ! mdr
Il faut rappeler que neuf épisodes, c’est une durée relativement court pour la série.
De plus un très grand changement de personnage détruit la crédibilité psychologique du scénario (en gros on voit l’art narratif de la taille d’une chaine de navire). Et enfin le canon est politiquement dégueulasse. L’évolution existe mais est subtile : Sherlock qui laisse partir John et Mary et annonçant, heureux, le fait que Mary soit enceinte? Pas vraiment dans les manières du connard qui découpait du corps dans l’épisode 1. Les flash-back avec Irene Adler et Moriarty qui le hante? Pas vraiment raccord avec le Palais Mental hyper soigné que Holmes prétend avoir.
Julie
Personnellement la série que je préfère est Sherlock, car ce qui m’intéresse le plus chez le personnage ce sont ses capacités de déduction et d’action et son intolérance à l’ennui. Sur le plan psychologique Sherlock Holmes reste un personnage arrogant (cf. canon)et victorien. J’ai trouvé la série elementary originale et vraiment « moderne américaine » mais je suis désolé, Joan Watson me fait bailler d’ennui et Miller est certes excentrique en Holmes mais pas assez hors norme. J’ai adoré Dormer en Moriarty mais vous avez raison, il aurait été super qu’elle soit sa complète Némésis jusqu’au « corps à corps » final 😉 . Mais là encore la série américaine manque de punch et d’adrénaline… elle se traîne malgré ces changements de genre excitants dans un cadre peu original. Il faut que Holmes soit insupportable, arrogant, mysogyne, cynique, moqueur. J’aurais aimé qu’il soit davantage un cas pathologique (a « freak » comme le dit si bien la policière noire ds Sherlock). Downey junior ne convient pas du tout à Holmes. Il est trop…normal. Miller est mieux.
D’un point de vue « cinématographique », Sherlock BBC est vraiment au dessus du lot. Je trouve que les films de Guy Ritchie sont du mauvais steampunk (quoiqu’un niveau au dessus de cette catastrophe qu’était la Ligue des gentlemen extraordinaires.
Elementary est une bonne série, mais autant elle est politiquement la plus progressiste et les relations entre les personnages sont bien construites, autant les intrigues policières à proprement parlé sont assez banales (à l’exception de l’arc Moriarty/Irène). Mais il est clair qu’avec 22 épisodes, on fait des intrigues moins léchées qu’avec 3.
Ceci étant, je suis d’accord avec ce que vous dites de Sherlock BBC a deux bémols près. Je ne trouve pas que Sherlock et encore moins John soient beaux en encore moins musclés. Ils sont jeunes (mais c’est conforme au canon) et Sherlock a une certaine allure, mais dire qu’ils sont représentatifs d’une vision très aphrodiste de la production audiovisuelle actuelle me semble excessif. En règle générale, je trouve d’ailleurs que les productions BBC sont moins touchées l’aphrodiste que les américaines ou françaises.
En outre, je regrette que ne soit pas évoqué Mycroft dont on découvre dans la dernière saison qu’il est en fait plus brillant que Sherlock et qui est néanmoins bien moins insupportable.
Je rejoins Yael et je rajoute qu’il existe justement sur ce site un article comme quoi les acteurs deviennent de plus en plus musclés (de mémoire, je crois que c’est de l’aphrodisme au cinéma). La grande perche de Cumberbatch n’est pas vraiment taillée sur le même modèle.
Loin de moi l’idée de critiquer l’article que j’approuve sur le fond, mais deux petites remarques sur le premier point:
L’aphrodisme : Je ne suis pas sure qu’on puisse considérer Benectict Cumberbatch comme quelqu’un de beau. D’ailleurs on peut remarquer que les personnes qui le qualifient comme tel sont des fans de la série. C’est le rôle et le charisme du personnage de Sherlock qui font que l’acteur devient séduisant aux yeux des spectateurs. Généralement (après je ne me base que d’après mon expérience personnelle) les gens ne regardant pas « Sherlock » ont plutôt tendance à trouver que l’acteur a « une tête d’alien » et qu’il est « immonde ». Pour moi on est typiquement devant le cas d’une personne au physique plutôt moyen mais qui a suffisamment de charme pour le faire oublier (est-ce que ce cas de figure rentre dans l’aphrodisme ? Je ne maitrise pas le sujet)
Ensuite pour la musculature de l’acteur (la photo provient de l’épisode 1 saison 2) elle a posé problème au réalisateur. Dans la saison 1 Benedict Cumberbatch était beaucoup plus fin mais s’est musclé dans l’intervalle des deux saisons pour son rôle au théâtre de frankenstein/la créature. Au delà de poser problème de faux raccords (étant donné que la saison 1 et 2 sont censées s’enchainer temporellement) Moffat a expliqué que Sherlock Holmes n’était pas une montagne de muscles ou même un personnage particulièrement athlétique. Il domine les autres par son intelligence et pas par son physique. Il n’est pas censé être sportif ou musclé (je peux essayer de vous retrouver la vidéo si vous voulez).
Voilà sinon il y a une petite coquille dans la partie « Sherlock est anglais… » : la triade chinoise est dans l’épisode 2 saison 1 et non pas dans l’épisode 2 saison 2. D’ailleurs dans l’épisode 2 saison 2 on voit un autre couple gay (les aubergistes de Backerville. D’ailleurs devant eux John ne nie pas être en couple avec Sherlock et les laisse croire qu’il est son compagnon, je crois que ça arrive une autre fois dans la série avec C.A.M.), j’aimerai savoir pourquoi vous ne les évoquez pas ?
Oh et aussi un truc que j’avais trouvé intéressant dans la saison 3, que pensez vous que John soit présenté comme la demoiselle en détresse de Sherlock ? Car au final ce n’est pas du tout Mary qui tient ce rôle. Elle se débrouillait parfaitement bien toute seule mais son mari et Sherlock ruinent son plan en intervenant alors qu’elle est sur le point d’exécuter C.A.M. Le fait qu’elle n’intervienne pas à la fin de l’épisode 3 n’est pas justifié par le fait qu’elle soit une femme (Sherlock respecte beaucoup plus ses capacités que celles de John) mais parce qu’elle est enceinte jusqu’au yeux.
J’aimerai aussi savoir si pour vous le fait qu’on apprenne saison 3 que Mrs. Hudson a dirigé un cartel de drogue avec son mari change quelque chose à la construction de son personnage positivement ou négativement.
Bonjour LVD,
Alors il me semble avoir lu une interview de Moffat dans laquelle il expliquait qu’ils avaient choisi Cumberbatch justement parce qu’il est sexy, Moffat, grand féministe, a ajouté que si les femmes regardaient la série c’est parce qu’elles trouvaient Sherlock sexy… Ben oui nous les femmes sommes incapables apprécier une série pour son scénario.
J’ignorai les raisons de cette musculature, reste que malgré tout le personnage de Sherlock dégage une certaine allure, un certain sex-appeal, qui certes ne met pas tout le monde d’accord mais est bel et bien là.
Pour les aubergistes de Baskerville, faudrait que je revois la scène mais soit j’ai pas capté en voyant la scène, soit j’ai simplement oublié au moment de rédiger l’article. Merci pour la remarque.
John devient temporairement damoiselle en détresse lorsqu’il est sous sa statue qui va bruler, mais le personnage est globalement actif dans toute la série.
Effectivement Mary est active au début, mais au final elle est obligée de supplier Sherlock et Watson et se retrouve évacuée de l’intrigue sous prétexte qu’elle est enceinte.
Pour Mrs Hudson, j’avoue que je n’ai pas analysé cette information a propos d’elle, mais ce qu’on sais du passé de Mme Hudson n’influe jamais réellement sur l’intrigue donc au final je dirais que c’est de la déco, un détail sans importance.
Ok merci pour cette réponse ^^
Deux notes:
Le personnage de Sally Donovan est systématiquement regardé de haut par les personnages de Sherlock BBC alors que c’est une femme de couleur compétente dans un travail dominé par les hommes blancs. De plus les critiques qui lui sont faites sont infondées et alors que le personnage d’Anderson (lui aussi antagonisé dans le premier épisode) a droit à un arc de rédemption au début de la saison 3, Donovan en reste au rôle de « bitch » que Holmes et Watson peuvent critiquer.
Le fandom a néanmoins redonné au personnage ses lettres de noblesse en postant énormément d’analyses et de fanworks sur le personnage (comme cela a été fait avec Molly).
Cette vidéo est d’ailleurs très bonne: http://youtu.be/VL6Yi5lpUYQ
Globalement Sherlock BBC ne m’impressionne pas pour ses personnages féminins et le personnage de Sherlock. J’ai été dégoûté par le traitement du personnage de Janine en 3×3, le fait que Holmes soit pardonné par l’intrigue rend l’ensemble encore plus nauséabond.
Deuxième note:
On peut lire la défaite de Moriarty dans Elementary d’une manière totalement différente selon moi. Elle perd parce qu’elle a sous-estimé une femme, Joan Watson. Selon moi elle n’aurait pas pu « mieux » perdre vu que Moriarty n’a absolument pas pris en compte que Watson puisse être une menace réelle.
Bonjour,
Effectivement, le personnage de Sally Donovan est traitée de façon horripilante par Sherlock et par la série. Elle est notamment diabolisée dans le dernier épisode de la saison 2 ou c’est la première a mettre en doute Sherlock.
très bonne vidéo, merci. Cette jeune femme a l’air d’en avoir d’autres intéressantes.
le perso de Janine montre bien a quel point Moffat et Gatiss sont incapables de créer des perso féminin. Les motivations du perso sont complètement ridicules et caricaturales.
Pour la défaite de Moriarty, les deux aspects, le positif et le négatif vont ensemble : Irène s’est laissé avoir par ses sentiments, parce qu’elle est une femme et Watson a réussi à la percer à jour mieux que Holmes.
J’ai envie de faire un tout petit parallèle au point aphrodisme de ces adaptations avec par exemple l’adaptation Burtonienne de Sleepy Hollow, histoire originale dans laquelle Ichabod Crane est décrit comme un être malingre voire ingrat d’apparence, et particulièrement désagréable, méprisant et condescendant… et particulièrement intéressé (notamment par la richesse de la famille de Katrina)
Le voir joué par un Depp sexy, propret, un brin timide et affable, et au grand coeur est assez révélateur là aussi.
Dans le même genre je me rappelle avoir lu la nouvelle minority report qui démarre par le héros qui se trouve trop gros et trop dégarnis si je me souviens bien…
Dans le film c’est Tom Cruise…^^
Par contre au niveau mental j’ai l’impression que c’est l’inverse, Burton a lissé le perso tandis que Moffat en a fait un perso odieux.
Enfin dans la nouvelle de K-Dick, le personnage ne court presque pas et il n’y a pas vraiment de course poursuite. Donc le physique est moins important.
Et Sherlock était déjà odieux dans les écrits. C’est juste que ce trait de caractère semble logique de part les manières aristocratiques de Sherlock (et son frère).
Mon dieu, quelle pauvreté dans l’analyse du personnage de Sherlock. Décidément, ce n’est pas la lecture plate de trois nouvelles du « canon » qui feront de vous un holmesien accompli.
Partant de ce constat, il est normal que vous soyez à côté de vos pompes tout au long de cette bien ennuyeuse analyse. Et quid de la mauvaise foi ? Je veux dire Benedict Cumberbatch musclé et viril ?! En prenant la seule photo du personnage dénudé dans la série pour appuyer votre propos. Bien sur, ce n’est pas son mètre quatre vingt dix ou bien sa voix grave et profonde proche de celle de Jeremy Brett qui l’ont prédisposés à incarner le rôle … Et il est vrai que le Watson campé par Martin Freeman colle enfin aux dimensions du militaire à la Schwarzenegger que ce gros vilain de phallocrate de Moffat essaye d’imposer dans toutes ces créations !
Votre problème est d’attaquer ces œuvres sur leur contenue politique là où elles n’ont qu’une dimension artistique. Sherlock reste une oeuvre profondément intelligente, dont le personnage principal est misogyne. C’est d’ailleurs ce qui représente son intérêt, avec ses nombreuses autres failles : addiction à la drogue, égocentrisme, autodestruction … Et surtout, il appartient à une dimension mythique : il est ancré dans notre culture populaire, comme le sont un Mickey Mouse ou un Superman. C’est une figure iconique, avec ses codes précis et il évoque en conséquence des images bien identifiées pour les connaisseurs intransigeants comme pour le spectateur lambda. En cela, il est très proche d’une autre figure mythique de part les thèmes abordés : celle de Batman !
De toutes ces adaptations, celle de Moffat est brillante, là où sa version américaine brille par sa pauvreté et son traitement trop prisonnier des carcans hollywoodiens. Alors je comprends les motivations de votre site, mais ne faites pas d’analyses politisées là où il n’y a rien à exploiter, et par pitié arrêter avec vos raccourcis d’étudiants de L1 en littérature. Moriarty n’est pas psychotique parce qu’il est attiré sexuellement par Sherlock, il est psychotique parce qu’il est … Psychopathe ! Waou, le choc pas vrai. Mais il faut en avoir dans le pantalon pour dire que cette série décrit la communauté homosexuelle comme déviante et dépravée lorsque l’on sait que Mark Gatiss, l’autre papa de Sherlock et scénariste des épisodes en question est gay et militant pour les droits des homosexuels.
Bref, je vous conseille donc d’occuper votre temps libre à une activité moins dommageable pour la critique et l’intellect, comme jouer avec vos crottes de nez par exemple, ce qui devrait remplir à merveille vos samedis après-midi.
Voilà encore une personne pour nier toute implication politique à un média de masse sous prétexte que ce ne serait que des choix qui ne regardent que les auteurs, et que des choix artistiques.
Quand bien même ce serait vrai, le public s’en fiche des intentions des auteurs, ils vont interpréter le résultat final selon ce qu’ils vont en comprendre et en retirer de plus simple et primaire, même inconsciemment.
C’est fou comme les gens auto-proclamés « élites » (« holmesien » ou autre) ne peuvent concevoir qu’une œuvre de ce type-là (c’est à dire un produit de consommation industriel, hein, avant tout) ne peut pas plus être « neutre » politiquement parlant qu’un employé d’une entreprise qui refuse de prendre parti quand sa collègue est manifestement harcelé ou insultée par son patron…
Je voudrais réagir aussi par rapport à ce qui est dit sur Moriarty, je réponds donc ici… Je ne suis pas la seule à être choquée, c’est rassurant ? Ou pas ? Je vous avoue franchement avoir eu la sensation, concernant ce point comme un certain nombre d’autres, que vous l’auteur avait envie de trouver certains trucs… Et que ça prenait parfois le pas sur ce qui ressortait réellement de la série. Moriarty en est un excellent exemple. C’est un super vilain tout ce qu’il y a de plus dingue. C’est diaboliquement diabolique, tout ça. D’accord. Il est peut être gay, il ne l’est peut être pas. D’accord. Sa sexualité on s’en tamponne comme de ces vilains zigouigouis blancs sur les quartiers de clémentine, vous savez, ceux qu’on essaye d’enlever comme si on avait encore 5 ans. Parce que, clairement, ça n’a aucun rapport avec le fait qu’il s’agisse d’un psychopathe complètement frappe-à-dingue. D’ailleurs, s’il était gay, ça nous donnerait un personnage prioritaire de l’intrigue gay, en quoi serait-ce négatif ? Les personnages psychopathes n’ont pas le droit d’être gay ?! XD Ahem… (D’ailleurs, Mycroft aussi il est gay, on en parle ?)
Quant à dire que le casting de Sherlock correspond à l’idéal beauté de la mort qui tue… John watson, Madame Hudson, Molly, Lestrade, Mycroft, Moriarty, Mary, enfin… Tous les personnages quoi, ont juste des tronches totalement normales ? Voire moches ? Voire chelou ? C’est justement ça que je trouvais rafraichissant. Le propre des séries anglaises, en somme. Quant à Benedict, je rejoins l’avis de nombreuses personnes : regardez juste son visage de façon objective, on n’est pas dans un standard de beauté avec la symétrie et tout le toutim. Bouche chelou, grande asperge, tout ça. Il a certes du charme, comme ces personnes qui dégagent quelque chose quand elles jouent. Une présence scénique incroyable, mais son visage est très, très atypique, il n’a aucun trait parfait ou quoi que ce soit. D’ailleurs dans de nombreux films qu’il fait je le trouve, personnellement, tout sauf beau ? Il n’a jamais la même tête remarquez. Ne vous arrêtez pas à Sherlock. Il me fait penser aux acteurs de Doctor Who, qui ont généralement un physique atypique mais qui dégagent quelque chose d’incroyable qui fait que oui, on peut les trouver époustouflants. Et tellement plus, que, « beaux ». Même s’ils ne sont pas du tout ce modèle américain qu’on retrouve dans presque toutes les grosses productions dégoulinantes de clichés physiques à vous en donner la nausée. (Mycroft sur son tapi roulant, on en parle ?)
Il y a des tas d’autres points qui n’ont fait aucun sens chez moi parmi ce qui est dit mais notamment concernant le caractère détestable de Sherlock. C’est justement détestable ? Ce n’est pas du tout présenté comme acceptable, au contraire. Je ne trouve pas qu’il s’agisse de quelqu’un de bien. Et ce sentiment me semble partagé par la majorité du public. Sherlock est un enfoiré, on peut se le dire, trinquer un coup et le considérer comme acquis. C’est le concept même de l’anti-héro. D’ailleurs, cette série tend à s’acharner à nous prouver qu’aucun de ses personnages n’est parfait, ni très admirable, si ça n’est peut être, justement ceux que l’on a tendance à laisser de côté. On les oublie, et SBIM, ce sont eux qui sauvent la vie de ce petit merdeux de Sherlock. Et ça, justement, c’est bien plus réaliste. Sherlock est méprisable dans la façon dont il traite avec Janine, mais encore une fois, ne se comporte-t-il pas de la même façon avec tout le monde ? Même sa propre famille ? Ce n’est pas tant son rapport aux femmes qui pose problème, que son rapport à l’autre tout court. Et c’est ici que John Watson prend tout son sens puisqu’il est le point de départ d’une évolution lourde et difficilement assumée par Sherlock. Je trouve que son personnage a fait beaucoup de chemin, entre la saison 1 et l’épisode de Noël.
Le personnage de Mary a pris énormément d’importance également, moi qui tremblait rien qu’à l’idée de son insertion dans la série, je m’attendais à cette épouse fade et sans aucun intérêt, et je suis tombée de tellement haut qu’il m’a fallu trois secondes pour décider qu’il s’agissait désormais de l’un de mes personnages favoris. J’ai hâte de la voir évoluer au sein du scénario, elle aussi.
Je passe sur la bromance et compagnie. Personnellement, je trouve que la relation des deux personnages principaux est plus qu’ambiguë, et de nombreux protagonistes le font d’ailleurs remarquer en insistant que si, clairement, ils se comportent comme un vieux couple, lorsque John nie. Le mariage de John en est un exemple édifiant, puisqu’ils finissent par se dire « on ne peut quand même pas danser à trois »… Mary semble beaucoup plus assumer la chose que John qui, oui, je vous rejoins totalement, le rejette (du moins, le rejetait – mais encore un coup le mariage était assez… bizarre… Même de sa part à lui) haut et fort. John n’assume pas tellement ? Mais, ça ne veut pas dire que c’est normal ou bien, justement. En fait, je ne trouve pas que les petits vices et les petites dérives des uns et des autres soient nécessairement un message politique critiquable : au contraire, je trouve qu’on peut totalement condamner le comportement des personnages, ne pas trouver qu’il est juste ou judicieux. D’ailleurs, les personnages se chargent eux même d’en discuter entre eux parfois. Ils sont pétris de défauts, et de tabous, et d’incertitudes, personnellement je trouve ça intéressant.
J’ai du mal à tout revoir, très honnêtement. J’étais assez perplexe par certains raccourcis que vous avez fait ou par certains ressentis dont je n’ai même pas entraperçu l’ombre quand j’ai regardé la série. Je m’engage souvent dans de grosses révoltes à tort et à travers pourtant, en particulier pour lutter contre de très – trop – nombreux clichés sexistes, homophobes ou même racistes. Mais il y a certains trucs, je ne vous le cache pas, que je n’ai pas compris là…. Pourtant oui, il y en a des tas des défauts dans cette série. Et certains problèmes que vous soulevez sont intéressants. Mais des fois, vraiment, je pense qu’il faut éviter de sombrer dans la paranoïa aussi, par exemple sur le point moriarty-un-méchant-qui-est-gay. Je suis très, très, mitigée concernant l’article au final à cause de ces points là. ._.
Enfin, hormis sur des sujets ou des situations vraiment craignos, je trouve ça dommage de partir en vrille sur des ressentis assez subjectifs (l’un des super-vilains de la série est PEUT ÊTRE gay => donc ça veut dire que les gays sont des super-vilains ?! => donc ça veut dire que mettre un méchant qui est gay – ou pas mais dans le doute – c’est être homophobe)… Quel rapport avec le fait de ne pas réagir quand quelqu’un est harcelé ? Là je trouve que les expériences et les souffrances des uns et des autres ressurgissent au travers d’autres trucs, de façon détournée, et sans déconner, c’est délétère pour tout le monde. On n’a le droit de ne pas être d’accord sur certaines choses que vous évoquez, les uns et les autres, on a le droit d’avoir des personnages détestables dans les séries, et surtout : il faut éviter d’être tellement, tellement certain qu’on a raison. Dès que quelqu’un répond qu’il trouve que ça se barre légèrement en cacahuète certaines des affirmations faites dans l’article, j’ai l’impression que direct on en vient à l’accuser d’être un vilain manipulateur de foule au travers des média-qui-lobotomisent-les-gens ou bien d’être un putain d’enfoiré qui laisse ses collègues féminines se faire harceler… Seriously les gens ? XD Je n’ai peut être pas lu les bons commentaires hein ? Un peu d’amour et d’eau fraiche sur le monde, ça serait cool.
Allez, je me lance dans une réponse probablement pas brève à ce courageux article — vu la quantité de matière à traiter et les polémiques qu’il risquait (et n’a pas manqué) de soulever.
En toute honnêteté, je suis restée un peu scotchée devant la déferlante de critiques à l’égard du Sherlock BBC, dont je suis devenue en dix minutes une fan inconditionnelle… au point d’avoir visiblement manqué d’esprit critique tant j’ai été subjuguée par l’esthétique, la musique, les personnages, les intrigues, etc. Mais force m’est de reconnaître que la plupart des éléments abordés ici me paraissent assez justifiés.
Cependant… deux points me laissent songeuse : la question de l’aphrodisme et celle du queer-baiting et de l’homophobie.
Pour le premier point, d’autres personnes ont eu la même réaction que moi : « Ah bon, Sherlock, aphrodisme ?! » Le personnage m’a justement semblé plutôt fidèle à l’image que je m’en faisais (encore que je l’imaginais plus vieux dans les bouquins, mais c’est juste que j’étais très jeune quand je les ai lus et que je calculais pas les dates), et je suis assez d’accord avec les commentaires d’Ozzy et de LVD sur ce point. J’avais bien croisé la sortie de Moffat, pour qui les femmes regardent la série parce que l’acteur est beau, et j’en étais restée pantoise. In fine, c’est pour moi la présence incroyable de l’acteur et l’écriture du personnage qui me font trouver celui-ci beau (et c’est valable pour la plupart des personnages de la série) : Sherlock est surintelligent, génial, sublime, donc finalement presque beau. Et c’est assez intéressant, je trouve : ça corrobore l’idée qu’il n’est pas nécessaire de prendre des acteurs ou actrices répondant parfaitement aux canons de beauté infligés par notre société pour en faire des personnages magnifiques. Certes, ce n’était pas l’intention de Moffat, mais ça pourrait être entendu de cette manière par un certain nombre de gens (y compris de producteurs/trices), ce qui me semble plutôt une bonne chose.
Quant au queer-baiting… Je suis là aussi un peu tombée des nues en lisant l’article. Non pas que l’analyse me semble à côté de la plaque, mais je ne l’avais vraiment pas vu un seul instant sous cet angle. Pour moi (et il faut que je situe mon point de vue : en tant que lesbienne), le jeu autour de la possible homosexualité d’un ou de plusieurs personnages (et pas des moindres) est un élément particulièrement jouissif de la série – parce que ce jeu est explicite, qu’il est fin et bien mené (trouvè-je) et drôle (me semble-t-il). En y réfléchissant bien, je mets peut-être le doigt sur ce qui m’interpelle dans le fait que vous y voyiez du queer-baiting : le queer-baiting implique que l’hétérosexualité des personnages soit affirmée et réaffirmée sans cesse, ce qui ne me semble pas être le cas ici. En effet, rien ne nous dit, rien ne permet d’affirmer que Sherlock est hétérosexuel (ou homosexuel) – excepté Moffat, mais comme le souligne V3nom, et comme ça a déjà été dit sur le site, « le public s’en fiche des intentions des auteurs, ils vont interpréter le résultat final selon ce qu’ils vont en comprendre ». Sherlock est peut-être hétéro, peut-être homo, peut-être bi, peut-être asexuel (et en « pratique », plutôt la dernière option : on ne lui connaît pas de relations sexuelles – comme dans le canon). Tous les fantasmes sont donc permis, si j’ose dire.
Watson, en revanche, montre et clame effectivement son hétérosexualité à tout va, ce que je lis de deux manières (selon mon humeur) : soit c’est la réaction d’un hétéro-de-base pour qui l’homosexualité est quand même un peu taboue et qui supporte mal ces suspicions, et dans la mesure où ces scènes sont délibérément comiques, on peut imaginer qu’elles moquent le ridicule de Watson (qui au fil du temps apprendra peut-être même qu’en fait, c’est pas grave qu’on le prenne pour un homo – d’autant plus que les réactions ne sont jamais hostiles) ; soit c’est un clin d’oeil, une sorte de coming-out en symétrie inversée : pour une fois, ce n’est pas aux homos de clamer qu’ils ne sont pas hétéros (l’hétérosexualité étant généralement présupposée par défaut jusqu’à preuve du contraire), ce qui est assez plaisant de mon point de vue. Quant à la plupart des autres personnages, on ne sait rien de leurs amours, de leurs attirances ou de leur sexualité, même pas Moriarty.
Et je ne suis pas certaine d’être d’accord avec le caractère homophobe du traitement de l’apparition de Moriarty, ma lecture en est assez différente : de nombreux clichés sont convoqués et le génial Sherlock décrypte ces clichés aussi efficacement que… n’importe qui ; autrement dit, il tombe dans le panneau comme un débutant. L’histoire du caleçon pour « parfaire le déguisement » va pour moi dans ce sens ; non, tous les gays ne sont pas des fashions victims, mais il y en a, et ça fait partie de certains codes (parmi d’autres) ; en convoquant ce type de clichés, Moriarty se déguise littéralement, crée un faisceau d’indices concordants et Sherlock tombe dans le piège (ce qui fait de Moriarty un personnage « à la hauteur », capable de se jouer de Sherlock). Reste à savoir pourquoi il cherche à se faire passer pour gay aux yeux de Sherlock, et il y a plusieurs options, dont : soit il est gay et attiré par Sherlock (comme le suppose l’article ?), que celui-ci soit lui-même gay ou non ; soit il ne l’est pas mais sait ou suppose que Sherlock l’est. Finalement, rien ne nous dit que Moriarty est gay, et trouver que le doute plane à cause du jeu maniéré de l’acteur revient à interpréter le personnage en convoquant un cliché (parce que c’est bien connu, les gays sont tous maniérés). S’il est « effectivement » gay, sa capacité à jouer sur des codes et des clichés tout en ne les adoptant pas pour lui-même participe à mon sens à la déconstruction desdits clichés (ce qui est une bonne chose), et donne encore plus d’épaisseur au personnage. S’il ne l’est pas, ça montre que l’on peut être maniéré sans être homo pour autant, ce qui est difficilement audible pour un paquet de gens et déconstruit à nouveau un cliché pesant. Dans tous les cas, j’ai du mal à trouver de l’homophobie dans la série.
Je ne conclus pas, j’ai déjà fait assez long ! Si vous avez eu le courage de tout lire, vos réactions m’intéressent, n’hésitez pas 🙂
2 points de vue en un qui sont tout à fait intéressants (et bien écris autant que respectueux en passant).
Pour l’aphrodisme, bien qu’il s’agisse en premier lieux de beauté physique normative et arbitraire, j’ai tendance à pense qu’il est possible de tomber un peu dans une sorte d’élitisme de « prestance », de « clinquant » (et ce que j’appellerais les codes du « dandy » sont parfait pour ça), et hélas cette surcouche aujourd’hui assez éculée du « génie détestable, mais tellement génie qu’on lui passe tout » n’arrange rien à l’affaire.
Quoi qu’il en soit on gravite toujours autour de la photographie, de l’exposition du personnage concerné vis à vis des autres personnages, et la distance grandit avec les personnages de 3ème plan. On reste dans cette sphère du self made man exceptionnel, implicitement doté dans une représentation essentialiste, et inaccessible.
Peut-être que le cinéma devrait s’affranchir, au moins pour certains sujets ou thèmes, de cette grandiloquence où le héros peut être réduit à une addition de superlatifs sans fin.
Pour le queer baiting, je suis moins rodé à la question, mais ton expérience décrite ainsi apporte une bonne légitimité quant aux deux alternatives d’interprétation que tu exprime, et qui son très probables je pense. (en particulier la seconde qui montrerait donc une personne pouvant être maniérée sans être nécessairement gay, ce qui effectivement change par les temps qui courent)
Mais finalement je me demande si encore une fois le tort que je pourrais trouver à une mode de réalisation couramment répandue en ce moment, c’est d’être toujours confortablement « ouvert » à toutes les interprétations pour finalement ne jamais rien avoir à assumer.
Je rajoute une précision quant à ma dernière phrase (dommage qu’on ne puisse éditer): Concernant la sexualité des personnages, quelqu’oeuvre que ce soit, il serait également et malgré ce que j’ai dit assez rafraichissant d’avoir une série/film/trucmuche qui non seulement ne justifie plus nécessairement la sexualité de ses personnages, mais n’y fait même peut-être jamais référence, pour éviter d’avoir, au moins à un moment, à risquer de les réduire à leur préférence de couette. (on ne parle jamais ou presque de préférence culinaire, musicale, tout un tas d’autres choses qui sont moins de l’ordre de l’intime, mais également apparemment moins affaire d’exposition publique)
Au final cette « question sexuelle » est le miroir des heurts et débats de société, mais tout comme je trouve que le « public » s’émeut d’une chose qui ne regarde pas la sphère publique, je ne suis pas certain qu’il soit très justifiable pour un réal de faire également dans cette exposition publique d’une des questions les plus intimes qui soient. (et de participer à la banalisation de cette exposition)
J’avais hésité à rajouter, en disant « Tous les fantasmes sont donc permis », que c’était aussi certainement intentionnel : laisser la porte ouverte à plusieurs interprétations et permettre ainsi des identifications plus diverses me paraît une excellente chose (pour les spectateurs), mais ce n’est pas forcément la motivation principale des auteurs, qui peuvent tout bonnement souhaiter toucher un large public – et j’entends par là faire de meilleures audiences qu’une série moins ouverte à une multiplicité de lectures… Je ne jurerais pas que c’est ici l’intention principale des auteurs, mais ça peut effectivement jouer. Et pourtant, encore une fois, c’est la réception du « produit fini » qui est intéressante, plus que les intentions des réalisateurs.
Et je suis complètement d’accord avec le reste de ton commentaire !
Coquilles : « Le queer-baiting c’est le fait de sous-entendre une relation homosexuelle entre deux personnages clairement définis comme **homosexuels**. »
Si j’ai bien compris, hormis Elementry – dont je n’ai vu seulement que quelques épisodes – qui accumule les bons points, les autres versions récentes du célèbre détective sont : homophobes, violentes, misogynes et les personnage, de sombres connard.
Reprenons points par points.
Sherlock est sexy
Déjà, ça commence mal. Rien a dire pour les personnages incarnés par RDJ ou John Lee Miller, deux énormes bellâtres. Par contre, pour Cumberbatch, il faut arrêter de déconner. Certes, on sent l’exercice physique sur les rares plans torse nu, mais on ne peut pas dire qu’il possède un visage d’ange, ou respectant les canons de beauté. Il est même de prime abord, selon moi, assez repoussant. Si il devient attirant, c’est avant tout par ce qu’il dégage : un charisme fou, une sorte d’aura d’intelligence et de supériorité. (Je vous vois déjà fulminer car j’ai associé attirance et supériorité…).
Et puis allez pour appuyer les propos, parlons de Watson, mais pas n’importe lequel, concentrons nous sur Jude « Hotson » Law. C’est un exemple qui fonctionne bien ça ! Mais c’est clair qu’il faut faire impasse sur le Watson de Martin Freeman, surement physiquement trop banal pour convenir a l’argumentation. On raye ? On raye. Il nous reste un Watson, ou putot une Watson. C’est vrai, je vous l’accorde, c’est un parti pris intéressant d’avoir pris une femme qui plus est d’origine asiatique, je n’ai rien contre. Mais quid du fait que Lucie Liu fut à son apogée élue actrice la plus sexy du monde ? Il y a un problème si RDJ est sexy, il n’y en a pas si une femme est sexy ? Réponse : Mais non, t’as rien compris, Lucie Liu est une femme asiatique avec un role fort, elle n’est pas là pour racoler du mâle.
Pour ce qui est de la sexualité respective des différents Sherlock, je crois qu’on assiste a une palette bien garnie, de l’hyperactif au non-actif. C’est tout de même fort pour le même personnage, et on pourrait apprécier le « choix », ou au moins l’originalité des scénaristes. Mais il faut que vous trouviez des problèmes a tous. L’asexuel vous semble (trop) montré du doigt. Avoir un personnage aussi populaire et pourtant asexuel, dans une société de plus en plus aphrodisée (?) devrait vous réjouir. On parle d’un caractère peu commun ou du moins peu représenté, et vous parlez d’anormalité. C’est bien vous qui utilisez le terme d’anormal. Dans la série, les autres personnages ont l’air de trouver ça étrange, mais ne font pas pour autant les jugements de valeur que vous faites, sous couvert de les combattre … Mon problème préféré, c’est celui là : « De même, en impliquant un personnage originellement asexuel dans une ou plusieurs relations amoureuses, on tend maintenir l’oppression que subissent les gens n’étant pas impliqués dans une relation amoureuse.« . Parbleu, que j’ai ri. J’espère que les gens ne sont pas tordus à ce point. Moi même en tant que célibataire, je ne me suis pas senti sous pression par les réussites et/ou échecs amoureux du détective à l’écran, quand bien même il aurait, ou non, envie d’utiliser sa kike.
Et puis finalement, qu’ils soient des fornicateurs débridés ou de non fornicateurs bridés, les différents personnages apparaissent tous comme des personnages intéressants et attachants. Donc commencer l’article par les réduire a leur attributs physiques et sexuels, dans le but de dénoncer leur aphrodisation (aphrodicité ? aphrodisement ?) me semble hors de propos.
Sherlock est viril, donc Sherlock est violent
On aurait peut être du plutôt intituler la section « Sherlock est un Homme (notez le H majuscule), donc Sherlock est violent ». Et oui les copains, la toute jeune culture a parfois du mal à faire le poids face à la bonne grosse nature. L’Homme né et meurt violent. Je serais bien plus choqué si je voyais un bisounours résoudre crime sur crimes, épisodes après épisodes tout en ne s’emportant que très rarement (oui, je suis choqué devant Maigret et Derrick). D’accord, la violence c’est mal, mais la violence ça existe. Et là, vous citez l’oeuvre originale parce que ça vous arrange pas mal, alors qu’on en entend pas parler quand les scénaristes ont l’idée de changer les chromosomes de Watson.
Et puis merde, des deux exemples pris dans le premier Sherlock Holmes de Ritchie je n’arrive pas a discerner lequel est le plus mauvais. Dans le premier exemple, Sherlock se fait cracher dessus dans la nuque et il éclate méchamment ledit cracheur. Il l’éclate peut etre un peu fort et trop calmement a votre gout, mais il vient de se faire cracher dessus ! Même le Dalaï-lama se serait énervé ! Et pour le vilain homme de main qui se fait décaper de la même façon au tout début du film, on comprend bien que Sherlock n’a pas tellement le temps de discuter … « Excuse moi vil homme de main, aurais tu l’obligeance de t’écarter de mon chemin. En effet, ton patron s’apprête à sacrifier une jeune demoiselle et je suis assez short dans le timing »
De plus, on comprend bien que les trois personnages sont torturés par leur génie, et réagissent de manière impulsive. Rien de bien choquant avec le fait qu’ils soient un tantinet violent.
Et puis, la violence n’est pas ce que l’on retient des adaptations, les adaptations ne tournent pas autour de la violence. A quoi bon en débattre ?
Sherlock est un être supérieur
Ici, je n’ai rien à dire. Les faits sont là, et l’analyse politique est même très intéressante. Même si pour le Sherlock odieux de la BBC, les autres personnages lui excuse son sale caractère par le fait qu’il résout les enquêtes, certes, mais de ce fait, fait le bien. Il n’est pas qu’un simple dominant despotique mais une sorte de héros tout puissant. Le mépris qu’il dégage est balancé par ses bonnes actions. Même si accepter la domination pour le bien de tous et une aube nouvelle n’est pas le plus ingénieux des messages …
La Bromance
La plus belle des bromances reste pour moi et a jamais le « guy love » de Turk et JD dans Scrubs. Incorporer une bromance dans une histoire est un formidable appel a la tolérance. Cela montre que l’on peut être aussi hétéro que James Bond et être si proche d’un homme qu’on peut être pris pour un couple. En gros, quelque soit tes inclinaisons sexuelles, tu n’as pas a avoir peur d’aimer tout le monde, même les garçons. Mais non, pour vous le seul but d’une bromance c’est de faire péter l’audimat en attirant tous les LGBT … Et a chaque fois que le Watson BBC, affirme haut et fort qu’il n’est pas homo, qu’on le voit tout gêné face aux regards malicieux des collègues, on se dit qu’il est un peu couillon. La réaction de 95% des gens face à ces (nombreuses) scènes est : « c’est pas grave copain, t’as rien a prouver ». Sauf que votre réaction, je l’entends comme : « mais regardez ce réactionnaire, il n’est pas a l’aise avec l’homosexualité, au bûcher, au bûcher !« .
Sherlock et les femmes
Je vous trouve quand même assez dur. Pour Mme Hudson, on ne va pas s’appesantir, le personnage n’a de fait que très peu d’intérêt. C’est la gentille logeuse un peu dépassée.
Mais pour Mary, c’est la seule qui dans le film de Guy Ritchie fait fermer sa gueule à Sherlock, là où son mari le militaire se laisse marcher dessus. Un grand verre d’eau pour refroidir le mâle puant.
Et pour Irene Adler, elle est a chaque fois présenté comme une sorte de double féminin de Sherlock. Aussi intelligente que dangereuse. Elle est surement très (trop) sexualisé, mais une femme intelligente se doit d’utiliser ses atouts, surtout dans sa profession, ou elle n’est pas intelligente. Quand on voit la vitesse ou, dans les films, les hommes se font berner par une paire de nénés se serait dommage de ne pas en profiter … Mais bon, bien sur, le cliché qui nous montre comme de gros pervers nous est bien utile quand on part commettre une demi-douzaine de viols, qui est soit dit en passant notre activité favorite … Qu’est ce qu’il ne faut pas attendre …
Votre article intéressant mais similaire aux autres, comme toujours, il y a une impression de déjà vu dans vos articles, même si j’ai beaucoup apprécié celui sur « Insaisissables ». En lisant certains articles, je me suis rendue compte que vos arguments contre certains films sont toujours les même: anti-féministe, xénophobes, islamophobes, anti-spécisme, racisme etc… Vous venez nous dire après ça que c’est le cinéma qui est politique. On voit bien que vous avez une opinion toute tracée, et en dénonçant les mêmes choses, vos articles sont politiques également. je n’en dirai pas plus;
coucou hermione5754,
» En lisant certains articles, je me suis rendue compte que vos arguments contre certains films sont toujours les même: anti-féministe, xénophobes, islamophobes, anti-spécisme, racisme etc… «
D’accord, mais ptet que c’est parce que ces films sont anti-féministes, xénophobes, islamophobes, spécistes, racistes etc.?
Si vous n’êtes pas d’accord avec les arguments de certains articles (ou tous!), on est toujours très content-e-s de recevoir des critiques et discuter.
Après, je suis entièrement d’accord avec vous, nos articles sont politiques, mais comment pourrait-il en être autrement? Et d’ailleurs, en quoi ça serait souhaitable qu’ils ne soient pas politiques, vu que c’est précisément de ça dont on parle?
Merci ! Ça fait quelques (dizaines) d’articles (en comptant les commentaires, tous) que je lis sur ce site sans m’arrêter (alors même que j’ai 1000 autres impératifs là tout de suite, pour vous donner une idée, ça me fait procrastiner une dizaine de fois plus que lire du xkcd, des smbc, du dtc, vdm ou des gifs marrants en masses, tellement c’en est prenant, j’en ai perdu quelques jours à lire x) et depuis mon tricot n’avance plus, mes révisions pas plus), tellement c’est génial. J’ai bien aimé la série sur Disney (que j’avais depuis toujours haï pour son manichéisme et son essentialisation à outrance, ça précède de loin ma politisation (du moins je m’interrogeais déjà sur la pertinence du concept de « mal » et « méchanceté » quand tout ça s’expliquait facilement par le déterminisme social, l’individualisme et la compétition)) que j’ai presque fini, et je dois avouer que ce qui me plaît le plus c’est quelques articles déconstruisant nombre de normativités dans les productions que j’ai pu apprécier, genre celles de Moffat (dont j’aimais le style qui se rapproche du style de Doctor Who, celui qui se rapproche de Douglas Adams vous voyez ?), du fait que j’aimais beaucoup et que je trouve très important d’y déceler les éléments anti-subversifs qui s’y glissent facilement (encore que c’est de plus en plus grossier et visible, je pense à la fin de la dernière saison traduite, avec un meurtre, qui est juste minable, au vu des nombreuses façon plus intelligentes et intéressantes de résoudre ça, ce qui déçoit on ne peut plus dans un climat assez islamophobe et presque étatiste qui m’a énormément dérangé).
J’avais pour l’instant en grand whovian beaucoup apprécié Sherlock à première vue, et j’avoue avoir aimé la version de Guy Ritchie quoi qu’en gardant quelques doutes (oui l’aphrodisme m’avait vraiment fait douter au départ, mais le style rapide et prenant et surtout la BO géniale d’une qualité comparable à ce qui se trouve dans Doctor Who ou Sherlock m’avait pas mal pris)… …que de détails que j’avais même pas remarqué ! Ni l’homophobie ni le racisme… et pourtant ça saute aux yeux maintenant… >< On s’en sent presque (euphémisme) bête (idem).
Je réitère les propos de grand nombre de commentateurs contre l’aphrodisme de Sherlock jusqu’ici : Cumberbatch n’est pas sexy en soi, c’est son style, sa façon exceptionnelle de jouer et de coller dans son comportement avec une attitude très très élitiste voir viriliste en certains points (ce qui m’avait dérangé : j’avais depuis longtemps et toujours malgré moi apprécié l’élitisme intellectuel en le voyant opposé au classisme, au biologisme, à l’aphrodisme et aux valeurs viriles en général, sauf que là ça fait presque apprécier ces mêmes valeurs virilisantes en les confondant avec cet élitisme intellectuel jusqu’à presque les faire passer pour subversives…), c’est cet esprit de Sherlock qui fait que l’on l’associe très vite vite à de la beauté, mais celle-ci est purement construite par la vision qu’on a du personnage, et à mon sens ça donne une impression initiale anti-aphrodiste…
Mais pour le reste c’est vrai qu’au final ce qui est le plus rageant en prenant conscience des lacunes politiques de ces œuvres est que ça réussit à se faire passer pour subversif voir antiautoritaire et se faire largement plébisciter pour une telle impression alors même que ça revéhicule de telles valeurs de façon inconsciente… C’est à mon sens extrêmement intéressant et important de donc relever tous ces points dessus.
Il est aussi — je suis très d’accord là-dessus — vrai que Moffat a une imagination géniale et un potentiel colossal en ce qui concerne la production de conceptions subversives, conceptions qu’il arrive ensuite la plupart du temps à détruire complètement pour réancrer encore plus fort les normes chez ceux qui jusque là s’étaient épris de son œuvre pour son apparence subversive. Moffat est très fort pour inventer des trucs géniaux puis repasser et tout détruire (je pense aux anges pleureurs de Doctor Who notamment, qu’il a osé faire bouger dans la saison 6, cassant tout l’aspect terrifiant de l’imaginaire invisible) sans aucune raison. Après tout c’est cette même personne qui a introduit Jack Harkness dans Doctor Who et l’a presque fait tendre dans le militantisme LGBT, pour ensuite introduire un sexisme et une homophobie cachée aberrante… C’est très triste… (c’est aussi ce qui me fait être content de plus regarder Doctor Who régulièrement depuis que Moffat a tout bousillé.)
C’est triste de voir un si grand potentiel gâché et ses débris répandus partout…
Sur ce merci, merci, merci pour vos analyses, merci et encore merci pour absolument tout ! 😀
Bonne continuation, camarades de la déconstruction ! <3
Je ne saisis pas vraiment l’intérêt d’un tel article, pour être honnête… Oui, les homosexuels sont différents des hétérosexuels, en cela qu’ils ont une sexualité différente, et j’irai jusqu’à dire que la sexualité, qu’elle soit présente ou absente, joue un rôle majeur dans la vie des humains. Aujourd’hui encore, un crachat ou une insulte peuvent déclencher une montée d’adrénaline chez les garçons les mieux élevés et les plus doux. Quant au fait de reprocher à Irène Adler d’utiliser la séduction parce qu’elle est une femme ne me semble pas avoir vraiment plus de sens que de le reprocher à un personnage masculin: c’est une commodité scénaristique, puisqu’elle reprend les codes du patriarcat, qui n’ont pas besoin d’être expliqués, ce qui est plus simple, mais le plus important, plutôt que de s’insurger sur la présence de menottes en tête du lit d’un homme traumatisé, ne serait-il pas de commencer à aider les gens à être indépendants de ces modèles, ce qui n’empêche pas d’apprécier les oeuvres qui les reprennent, et de prôner la responsabilité individuelle ? Pour être honnête, j’ai un pu l’impression de voir ici, à échelle réduite, le même comportement que la plupart des révolutionnaires ayant instauré un dictature : « Le peuple est malheureux,nous lutterons pour le peuple, mais le peuple ne sait pas ce qui est bon pour lui, aussi nous gouvernerons à sa place ». Et l’indépendance intellectuelle, et le droit à l’erreur ? Je n’ai jamais vu, ni du côté des racistes, ni des anti-racistes, ni du côté des phallocrates ni de celui des féministes, beaucoup d’engagement pour donner aux gens les outils qui leur permettront de choisir leur morale de vivre librement et en conscience.
Je n’ai jamais vu, ni du côté des racistes, ni des anti-racistes, ni du côté des phallocrates ni de celui des féministes, beaucoup d’engagement pour donner aux gens les outils qui leur permettront de choisir leur morale de vivre librement et en conscience.
Ben oui, vous êtes tellement au-dessus de tout ça, vous…
Bonjour! Alors je tiens à vous remercier pour cet article, très intéressant et je suis d’accord avec vous sur pratiquement tous les points évoqués, même si tous ces clichés me font hurler de rire dans la série avec Benedict Cumberbatch et dans les films avec Robert Downey Jr. Il y a seulement un point parmis lesquels je ne suis pas d’accord. Lorsque vous parler des clichés islamophobes, je ne vois pas en quoi c’est un cliché? Je ne comprend pas, après je ne crois pas avoir vu l’épisode là, mais je ne vois pas en quoi c’est un cliché islamophobe? Allez en Orient en ce moment, les chrétiens d’Orient s’y font massacrer à cause de leur religion. Alors il ne faut pas généraliser en disant que tous les musulmans sont des islamistes, c’est faux! Mais là pour le coup, je pense que dans cette épisode il ne font que monter la vérité de ce qui se passe dans ces régions, à notre plus grand malheur, ainsi qu’à celui des autres musulmans. bon d’accord, peut être qu’au Pakistan cela ne se passe pas comme ça, mais du moins ouvrez les yeux, allez dans ces régions et vous viendrez me dire si il n’y a pas de décapitations, ou de massacres, envers les étrangers aussi… Il n’y a pas que le méchant « homme blanc » qui massacre, mais malheureusement il y a aussi le bon « homme de couleur ». Il faut arrêter de dire que les blancs sont des méchants racistes et les étrangers les gentils. L’homme est capable du meilleur comme du pire, et ce peut importe sa couleur. Alors je ne pense pas que ce soit un cliché, mais plutôt une triste réalité, poussée à l’extrême je vous l’accorde, mais tristement réelle, oui…
Je suis à 100% d’accord avec Hermione5754, même si j’apprécie vos articles. Je rejoins son commentaire.
Absolument! Tout a fait d’accord cette analyse
Est d’une bien-pensance…
Bonjour, j’ai trouvé votre analyse intéressante, mais je ne peux malheureusement pas approuver certains points, à savoir la misogynie et l’islamophobie (Sherlock BBC).
En ce qui concerne la xénophobie, je tient particulièrement à préciser que le principe de la série Sherlock est de réactualiser les aventures du détective et de les raconter à nouveau à la lumières des enjeux sociaux\politiques actuels (21e siècle).Donc, je ne pense pas que Mark Gatiss ni Steven MOffat avaient pour but de faire étalage de clichés islamophobique (ce qui, admettons le, est un bien grand mot que l’on ne doit pas employer à la légère ). Aussi, le radicalisme est bien un sujet actuel. On aurait pu justifier la mort d’Irène Adler par n’importe quel autre sujet d’actualité (Les guerres en Orient par exemple). Je ne pense pas pour autant qu’il faut crier au scandale ou à l’islamophobie à chaque fois que ce sujet est représenté à l’écran (comportement assez courant de nos jours).
Quant à la mysoginie, il ne faut pas oublier que les personnages de Sherlock évoluent énormément au cours de la série, particulièrement dans la saison 3 et particulièrement les femmes. Sherlock lui-même change son comportement envers les femmes de la séries et ces dernières (Molly, Mary, Mme Hudson) s’affirment de plus en plus et prennent une ampleur considérable. Un épisode entier (le 10) est même dédié au respect des femmes et à leur place dans la société.
Bref, je ne critique pas votre article, je met juste en lumière certains faits qu’il est facile de ne pas voir si on a pas regardé la série jusqu’au bout ou si on ne prête pas assez d’attention.
Bonjour, j’aimerais juste réagir vite fait sur ce que vous dites de la série de la BBC, comme à peu près les trois-quarts des commentaires précédents.
Beaucoup de choses ont été dites dans les commentaires et je suis d’accord principalement avec l’argumentation de Wawa (je crois). Notamment par rapport à l’homophobie de la série. Je dirais juste en plus que le problème de Watson avec le fait que les gens le crois en couple avec Sherlock est plus une allusion comique aux « moeurs guindées » britanniques telles qu’on les imagines. C’est à dire coincées, etc. Et de plus je crois que ce qui gêne Watson aussi est plus le fait qu’on le crois en couple avec quelqu’un alors que justement il ne l’est pas, et ce indépendamment de son sexe.
Enfin, j’aimerais savoir si vous avez vous l’épisode de noël (qui est sorti pour le Nouvel An) The Abobinable Bride. Parce que cet épisode est quand même une ode à la lutte des femmes contre le patriarcat, le machisme et tout ce qui en découle. C’est un épisode où Sherlock perd face à des femmes et admets toutes ses erreurs dans sa façon de les traiter.
Bonjour,
Petit coup de gueule de concernée: j’en ais ultra assez des gens qui justifient le caractère odieux de leur perso par « ben, c’est normal, ils sont autistes asperger ».
J’vais pas vous mentir: on a des c*nnards parmis nous, comme partout.
Mais je connais plein d’aspies qui sont hyperempathiques (pour ma part, je me peux pas voir ne serait’ce qu’un film violent (même si la « violence » reste soft et hors champ.) et/ou dure psychologiquement, parce que je me prend la douleur des persos en pleine face, y compris quand c’est daté et/ou un gros nanar.) ou qui essaient de faire de leur mieux pour aider les gens qu’ils croisent.
De plus, les personnes autistes ont 90% plus de chances d’être LGBT que les neurotypiques (dans mon groupe de paroles de femmes autistes, j’ai croisée plus de lesbiennes/bi/ace/femmes trans ou personnes non-binaires que d’hétéros cis.) donc faire du queerbaiting, c’est pourri.
D’ailleurs, Cumberbatch a tenu des propos psychophobes sur les autistes, d’après les quelques sites militants américains que j’ai visité.
Histoire de faire contrepoid vous connaissez ?
https://www.bedetheque.com/BD-Difference-Invisible-La-difference-invisible-287337.html
Personnellement j’ai trouvé cet ouvrage plutôt bon
Tant de personnes sont aspies de nos jours qu’on se demande si y a réellement autant d’aspies que ça..
Bonjour pour ma part je suis très fan de cette série Sherlock de la BBC bien que je reconnaisse qu’elle ai tous les défauts que vous soulignez…cependant je trouve que la série reste assez réaliste et en cela reprend des romans (Sherlock un peu misogyne même si là le personnage est beaucoup plus inadapté)
Reconnaissons tout de même que mark gatiss étant gay peut être que ses personnages homos sont un reflet de ce qu’il voit ou sent dans l’homosexualité même si ce n’est qu’une supposition…je veux dire laissons LE DROIT aussi aux femmes d’être inintéressantes et aux homos d’être névrosés tant qu’il n’y a pas que ça ! Je veux dire que tout existe et qu’un gay psychopathe peut aussi bien exister qu’un gay normal..et en même temps personne n’est normal dans la série bien sûr…Irène est une domina chose qui en fait n’existe quasiment pas Watson est un hétéro qui passe son temps avec un mec Sherlock est un « puceau » qui déchaîne les passions…tous sont excessifs donc je ne crois pas qu’il faut y voir une société parfaite mais plutôt un monde étrange..