Répondre à: L’inversion des rapports de domination est-elle pertinente ?
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Je n’ai pas vu tout ça, mais cette question de l’inversion du rapport de domination me fait immédiatement penser à La Planète des singes (1968), film qui repose sur une inversion du rapport de domination entre humains et animaux, et aussi susceptible d’être lu comme une allégorie sur la domination raciale (c’est d’ailleurs surtout comme ça qu’il a été lu à l’époque apparemment).
Je trouve que les réceptions contradictoires dont ce film a pu faire l’objet confirment ta méfiance vis-à-vis de ce genre de films reposant sur l’inversion du rapport de domination. En effet, comme l’explique Eric Greene dans son bouquin « Planet of the Apes as American Myth », ce film est devenu culte aussi bien chez des militants anti-racistes que chez des groupe de skinheads, qui utilisaient par exemple l’expression « planète des singes » lors de manifestations pour mettre en garde contre l’effondrement de la suprématie blanche (attention, la Terre est en train de devenir la « planète des singes », c’est-à-dire « la planète des Noir-e-s »).
Je ne vois pas du coup pourquoi on ne retrouverait pas la même chose aujourd’hui pour les films inversant la domination masculine pour mettre en scène un matriarcat. Surtout en ces temps où le masculinisme est vraiment dans l’air du temps. A mon avis, ce genre de films est assez ambigu pour bien plaire aux masculinistes. Car comme tu dis, au final, ce qu’on voit dans ces films c’est exactement la même chose que ce qu’on voit dans les films purement masculinistes, type Le bonheur est dans le pré, Calmos, la Chasse, Carnage, etc. : des pauvrezomes dominés par des femmes.
Dans le genre « expérience de pensée autour des rapports de domination », je pense que celle présentée par le film Notre univers impitoyable, de Léa Fazer, est beaucoup plus intéressante politiquement (même si la fin du film me semble aussi assez dangereusement ambiguë, voire assez craignos si je me souviens bien). Là y a pas d’inversion, car on ne quitte pas le cadre du patriarcat, c’est une autre expérience de pensée qui est au centre. Je n’en dis pas plus si tu l’as pas vu. Mais je te le conseille, il y a des trucs vraiment chouettes dedans si je me souviens bien.
- Cette réponse a été modifiée Il y a 10 années, 10 mois par Paul Rigouste.