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Black Mirror « White Christmas » (2014) : Un joyeux noël à tous les masculinistes !

Attention cet article contient des spoilers sur les deux premières saisons de Black Mirror et plus particulièrement sur l’épisode spécial de Noël, intitulé “White Christmas”.

TW : psychophobie, suicide, mort d’enfant, torture

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Black Mirror est une série de science-fiction britannique, créée par Charlie Brooker. Il s’agit d’une anthologie diffusée entre 2011 et 2014 sur Channel 4, puis par Netflix depuis 2016. Les épisodes se situent dans un futur plus ou moins proche et ont en commun de traiter de l’impact de la technologie sur la société. Lors de sa sortie, la série a reçu de nombreuses critiques élogieuses, autant pour la qualité de ses histoires que pour son propos (supposément) polémique.

Bien que de nombreux épisodes de la série soient politiquement problématiques,  je vais me concentrer dans cet article sur l’épisode spécial de Noël, diffusé sur Channel 4 le 16 décembre 2014. Cet épisode d’une heure et demi (plus long que les épisodes normaux) concentre à mon avis une bonne partie de ce qui est oppressif dans cette série.

Dans un chalet que l’on suppose perdu au milieu de nulle part, deux hommes qui travaillent ensemble depuis 5 ans se préparent à fêter Noël. L’un d’eux, Matt Trent (Jon Hamm), tente d’engager la conversation avec son compagnon, Joe Potter (Rafe Spall) qui ne parle pas beaucoup. Pour briser la glace, il commence à lui raconter son histoire…

Après ce prologue, l’histoire se déroule en trois récits distincts, mais prenant place au sein d’une intrigue plus large.

1er récit : Gentils pick-up artists et dangereuses psychotiques…

Le premier récit que raconte Matt Trent à son compagnon se déroule dans une réalité proche de la nôtre, dans laquelle une grande partie sinon la totalité de la population possède des caméras implantées dans les yeux, et où il est possible de se connecter grâce à internet à ces caméras et de voir au travers des yeux d’autres personnes. Matt utilisait donc cette technologie afin de coacher des hommes timides et de les aider à séduire des femmes en leur donnant des instructions en temps réel.

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Ce soir-là, il aidait un jeune homme timide nommé Harry (Rasmus Hardiker) à s’introduire (sans invitation) dans la soirée de Noël d’une entreprise afin de rencontrer une femme. Durant la soirée, Matt aide non seulement Harry à s’habiller et à prendre confiance en lui, mais également à manipuler et à mentir. Il lui conseille ainsi de faire semblant de connaître les gens présents (allant jusqu’à faire une recherche sur internet pour trouver un mensonge crédible afin de justifier sa présence), d’ignorer la femme qui l’intéresse et s’adresser à celle qui est juste à côté… Harry finit par sympathiser avec sa “cible”, Jennifer (Natalia Tena). Durant la conversation, lorsque celle-ci, confesse vouloir quitter son boulot mais en avoir peur, Harry l’encourage en lui disant qu’il ne s’agit que d’un “changement d’état”. Plus tard, en revenant des toilettes, Jennifer surprend Harry en train de parler à Matt (et aux autres hommes qui suivent la scène, grâce à la magie d’internet) et pense qu’il parle tout seul. Elle l’invite alors à le rejoindre chez elle. La soirée prend un tour dramatique lorsque Jennifer empoisonne Harry avant de se suicider à son tour, expliquant qu’elle n’en peut plus des voix dans sa tête et qu’elle a compris qu’il ressentait la même chose.

Bien que ce ne soit pas explicitement dit, le comportement de Matt Trent (ainsi que des autres hommes qui assistent à la scène), rappelle fortement celui des pick-up artists. Les Pick-Up Artists (ou PUA pour les intimes), terme qu’on pourrait traduire en français par « artistes de la drague » sont des hommes pour qui la séduction est un jeu et qui ont pour but de séduire le plus de femmes possibles (et bien sûr d’avoir des relations sexuelles avec elles). Les PUA forment une communauté et échangent de nombreux conseils et techniques. Le problème est que de nombreuses « techniques » enseignées et pratiquées sont oppressives et ne respectent pas le consentement des femmes.

Des liens pour mieux comprendre ce qu’il y a de problématique dans les pratiques des PUA » :

http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-violeur-quand-seduire-devient-faire-ceder/#more-2022

http://www.crepegeorgette.com/2013/09/11/pick-up-artists-seduction-a-la-francaise-et-consentement-des-femmes/

http://lesquestionscomposent.fr/toi-aussi-encourage-le-viol-comme-kamal/

http://www.toutalego.com/2013/08/pua-quand-un-site-de-drague-incite-au.html

Cet arc narratif aurait pu être une excellente façon d’aborder le problème des PUA, notamment la façon dont ces derniers utilisent les fragilités psychiques des femmes qu’ils rencontrent pour arriver à leurs fins ainsi que les conséquences d’un tel traitement sur les victimes. D’autant plus que les PUA ont tendance à viser les femmes psychiquement fragiles afin de pouvoir les manipuler à leur aise. L’épisode aurait également pu aborder en quoi il est problématique de filmer quelqu’un contre son gré ou à son insu (notamment lors de rapports sexuels). Malheureusement, tout ce qui aurait pu être intéressant est évacué au profit d’un discours psychophobe et misogyne.

Bien que Matt Trent soit clairement un manipulateur utilisant des méthodes douteuses, c’est la malchance et non pas lui (ni Harry) qui pousse Jennifer au meurtre et au suicide. En effet, les deux éléments qui poussent Jennifer à passer à l’acte sont d’une part le fait qu’elle croit que Harry entend lui aussi des voix lorsqu’il s’adresse à Matt dans le micro, d’autre part la conversation sur le changement d’état (Harry pense parler d’un changement de travail, ce que Jennifer comprend comme un encouragement à se suicider).

vlcsnap-2017-01-08-19h18m24s338 vlcsnap-2017-01-08-19h18m34s856 vlcsnap-2017-01-08-19h18m38s746« C’est un cauchemar, vous avoir, vous savez, dans ma tête, en train de nous regarder. De me dire quoi faire. »

Le film évacue donc toute potentielle critique des PUA et de leur façon d’exploiter les fragilités des femmes pour les manipuler puisque la mort de Harry et Jennifer est finalement provoqué de manière accidentelle. Cette évacuation est renforcée par le fait que Harry est montré comme un gentil garçon qui tente de faire machine arrière et d’amener ses camarades à le laisser tranquille puisqu’il “l’apprécie vraiment” et que “tout ceci devient trop réel”. Malheureusement, l’aspect virtuel/réel n’est pas développé. Ce qui est fort dommage, de nombreuses questions de sociétés actuelles sont liées à cette problématique. Il arrive souvent que les gens aient sur internet des comportements qu’ils n’oseraient pas avoir dans la « vraie vie ». Comme par exemple des comportements de harcèlement en ligne, de revenge porn (diffuser des photos érotiques ou dénudées d’une femme pour se venger d’elle) ou tout simplement des propos haineux. Les comportements d’agressions virtuelles ont des conséquences psychologiques bien réelles sur les personnes qui les subissent.

Certes, Mike Trent et ses acolytes derrière l’écran sont montrés comme des salauds qui n’attendent que d’espionner une relation sexuelle à l’insu d’une femme, mais comme ils ne sont finalement pas responsables, leur rôle est finalement mineur.

Cette séquence et la représentation du personnage de Jennifer sont également très psychophobes, dans la mesure où les auteurs jouent sur la notion de “fou dangereux”. Ce cliché selon lequel les personnes psychotiques sont nocives et font du mal autour d’elles est très répandu au cinéma.

La définition du cliché (trope) et des exemples sur le site TV Tropes (en anglais) :

http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/InsaneEqualsViolent

En plus d’être faux (les personnes ayant des troubles psychiques ont plus de chance d’être victimes de violence que d’en être auteur), ce trope est largement relayé par les journalistes. Il suffit de voir le nombre de fois où les médias qualifient l’auteur d’un crime violent ou d’un attentat de “malade mental”. Cette façon de qualifier systématiquement les auteurs d’agression (et notamment d’agression sexuelle) de « malades mentaux » relève d’une logique psychophobe (et raciste, puisque que lorsque le tueur n’est pas blanc et/ou chrétien, sa religion et sa culture sont immédiatement mise en cause) et permet d’éviter de s’interroger sur les causes sociales de ces agressions. On retrouve l’explication de la folie dans divers cas allant des viols « commis par des fous » qui n’ont rien à voir avec la culture du viol ou les actes terroristes qui n’ont aucune cause politique…

Plus d’informations ici :

Lettre ouverte à la psychologue qui explique le terrorisme par la folie

Ce cliché a une influence directe et délétère sur les personnes souffrant de troubles mentaux, tout particulièrement les personnes souffrant de psychose (schizophrénie, schizotypie, etc…). Considérés comme dangereuses, elles sont marginalisées et souffrent de discrimination sur tous les plans : amical, professionnel, amoureux…

Dans cet épisode, le comportement de Jennifer est de plus montré comme irresponsable puisque qu’elle ne prend plus ses médicaments. (Le dialogue joue sur le double sens du mot “drugs” qui en anglais signifie à la fois médicament et drogue, Harry comprend donc qu’elle a arrêté de prendre de la drogue).

vlcsnap-2017-01-08-19h14m42s919« Je n’ai réussi à tenir l’année dernière que parce que j’étais sous drogue/sous médicaments. »

Le spectateur est alors appelé à compatir au sort de ce pauvre Harry qui meurt empoisonné par une dangereuse psychotique qui l’empoisonne contre son gré…

On retrouve également dans cette séquence l’idée que si les neurotypiques font du mal aux neuroatypiques, ce n’est pas intentionnel, c’est un accident. Ce n’est pas de leur faute au fond.

Or la psychophobie est une oppression systémique qu’exercent les neurotypiques sur les neuroatypiques. Elle se manifeste de plusieurs façons, comme par exemple :

  • la négation du ressenti des personnes concernées : “Mais non tu n’es pas dépressif, reprends toi en main voyons !”, “il dit qu’il pense au suicide, mais c’est un caprice”
  • les insultes à caractère psychophobes
  • l’exclusion
  • le refus de mettre en place des stratégies adaptées quand c’est possible (pour le travail, dans les relations interpersonnelles)
  • les injonctions à la normalité
  • la culpabilisation

De nombreuses personnes souffrant de troubles psychiques sont passées à l’acte suicidaire en partie parce qu’elle n’étaient pas comprises, ignorées voir maltraitées par leurs soignants et leur entourage. Parce qu’en demandant de l’aide, elle se sont vue répondre qu’elles tentaient “d’attirer l’attention” ou qu’il s’agissait d’un “caprice”.

https://coupsdegueuledelau.wordpress.com/2016/10/05/traductionquand-la-transphobie-et-la-psychophobie-se-donnent-la-main-pour-pousser-un-ado-au-suicide/

Ici, la série inverse totalement une situation oppressive : dans la réalité, les neuroatypiques subissent de nombreuses violences physiques ou morales de la part des neurotypiques, alors qu’ici Jennifer empoisonne ce pauvre Harry qui n’avait rien demandé…

Cette partie de l’épisode se finit lorsque Mike est surpris par sa femme alors qu’il tente de détruire les preuves de ses activités de PUA sur internet…

2ème récit : La femme rompue

Dans le deuxième récit, Mike explique à son compagnon qu’il pratiquait son activité de PUA en amateur. Il décrit donc à Joe une de ses journées de travail afin que celui-ci devine quel était son métier.

On voit alors Mike interagir avec un œuf en plastique : dans celui-ci se trouve la conscience dupliquée d’une femme nommée Greta (Oona Chaplin) qui apparaît sous forme humaine dans un décor d’un blanc éclatant.

black-mirror3-pngMike annonce à la version électronique de Greta que son rôle sera de servir la version originale de Greta afin de satisfaire tous ses désirs (cuire ses toasts à la perfection, régler les lumière de la maison, la réveiller le matin…)

Alors que la version électronique de Greta se rebelle contre cette séquestration et cette exploitation, Mike brise sa volonté en simulant d’abord trois semaines, puis 6 mois d’inactivité totale, sans aucune stimulation sensorielle. Sans autre choix, la version électronique de Greta finit par se soumettre.

vlcsnap-2017-01-08-19h22m26s982A partir de maintenant, femme, ton boulot sera de t’occuper de la maison…

La dernière séquence montre donc la version électronique s’occuper de sa riche et oisive propriétaire.

Cet arc narratif est tout à fait intéressant puisqu’il interroge sur la possible souffrance des machines et pose la question d’une éventuelle conscience électronique. Mike justifie son travail à son compagnon choqué en arguant qu’il ne “s’agit que de ligne de codes”. De nombreuses questions philosophiques se posent donc : si une machine possède des sentiments, est-il moral de l’exploiter ? A quel point la copie d’une personne est-elle semblable à la personne originale ?

On nous montre deux choses à l’écran : d’une part un personnage féminin qui n’a aucune agentivité face à l’homme qui la brutalise, d’autre part une femme qui s’exploite toute seule.

vlcsnap-2017-01-08-19h23m21s564La femme rompue…

Montrer un homme qui torture un personnage féminin pour l’obliger à faire des tâches ménagères aurait pu être un moyen de dénoncer les rapports de domination qui structurent notre société. Cependant cette critique potentielle est annihilée par le fait que c’est finalement l’original de Greta qui a choisi cette situation et qui en profite.

Dans le même esprit, le deuxième épisode de la saison 2, intitulé “White Bear” montre une femme noire, Victoria (Lenora Crichlow) qui n’a également aucune agentivité (si au début de l’épisode, elle donne l’impression d’être un personnage actif, elle est en fait entièrement manipulée et torturée par des personnages blancs qui sont dirigés par un homme).

Ces violences envers des femmes sont déconnectées de toute idée de violence genrée ou de domination masculine et/ou raciste. Victoria est torturée, non pas parce qu’elle est une femme noire, mais parce qu’elle a commis un crime. Et la domination de la version électronique de Greta obéit à une logique purement capitaliste.

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La série nous montre donc des femmes torturées par des hommes (parfois de manière hyper complaisante, comme dans « White Bear ») sans jamais mettre cette violence dans le contexte d’une société patriarcale. Pire encore, la série nous montre que la femme est responsable de l’exploitation de son double numérique (ou de sa propre exploitation ?).

Dans la société actuelle, la majeure partie des tâches ménagères sont effectuées par des femmes au bénéfice des hommes (http://www.inegalites.fr/spip.php?article245). Dans les familles riches, les personnes exploitées pour les travaux ménagers sont généralement des personnes racisées et/ou issues de l’immigration. On retrouve ici une triple occultation de l’exploitation : celle des femmes par les hommes, celles des personnes racisées par les blancs et celle des classes populaires par les classes supérieures.

3ème récit : Ma femme, cette ignoble s******

Après que Matt a gagné la confiance de Joe, son compagnon, en lui racontant sa vie, celui-ci se livre à son tour.

Joe était très amoureux de sa femme, Beth. Suite à un dîner avec des collègues de celle-ci, Tim (qui est asiatique) et sa fiancée Gita, Beth annonce à son mari qu’elle est enceinte et qu’elle n’a pas l’intention de garder le bébé. Joe engueule alors sa femme en lui reprochant d’avoir bu, en l’accusant d’être égoïste et en tenant des propos violemment anti-avortement. Cette dernière finit par le “bloquer”, une manipulation qui rend Joe invisible et inaudible à ses yeux et elle-même invisible et inaudible aux yeux de Joe.

vlcsnap-2017-01-08-19h29m29s350Joe, incapable d’entrer en communication avec sa femme…

Joe passe la nuit sur le canapé et, le matin venu, tente de s’excuser pour son comportement, mais Beth a maintenu le blocage et s’en va définitivement sans autre explication. Joe découvre alors que le blocage le rend également incapable de regarder les photos de sa femme.

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Quelques mois plus tard, il recroise sa femme et constate malgré le blocage qu’elle est enceinte. Il tente d’entrer en communication avec elle, mais celle-ci fait appel à la police. Joe a interdiction formelle de l’approcher à moins de X pieds, sinon, il ira en prison. A partir de là, Joe devient obsédé par « son enfant » et commence à espionner sa femme en se rendant près de la maison de son père à chaque Noël. Il ne peut cependant pas voir celle qu’il considère comme « sa fille », car le blocage s’étend aux enfants des personnes bloquées.

Lorsque sa femme meurt dans un accident de voiture, le blocage est levé et Joe se précipite pour voir « sa » fille pour la première fois. Il prévoit même un cadeau pour elle, une boule à neige. L’enfant étant asiatique, il se rend alors brutalement compte que sa femme l’a trompé avec son collègue de bureau, Tim. Joe se précipite alors vers le père de Beth pour lui demander des explications et déclare plusieurs fois “qu’il veut voir sa fille”. Joe semble sous le choc et déconnecté de la réalité.

Devant les refus du vieil homme, il finit par se mettre en colère et fracasser le crâne de son ancien beau-père avec la boule à neige. Horrifié de son acte, Joe s’enfuit et laisse la petite fille seule dans la maison. Il explique à Mike qu’il a appris par les autorités que l’enfant était morte gelée en allant chercher de l’aide…

Cet arc narratif comprend de nombreuses thématiques chères aux masculinistes : la femme manipulatrice qui trompe et ment, le père que l’on prive de son enfant sans raison valable et le père qui croit que l’enfant d’un autre est son enfant.

Pour celleux qui ne sauraient pas ce qu’est le masculinisme : https://www.ababord.org/Le-masculinisme-ou-comment-faire

Encore une fois, la série renverse les rapports de force entre hommes et femmes. Alors que dans le monde réel, il est très difficile pour une femme d’obtenir la moindre protection légale contre son mari violent que ce soit pour elle-même ou pour ses enfants, dans le monde de Black Mirror, les pauvres maris innocents se retrouvent bloqués sans raison ! Difficile de voir ici, “les dérives de notre monde actuel” qui sont supposées être montrées dans la série.

Cette inversion des rapports de forces genrés est l’un des fers de lance des masculinistes. L’une de leurs stratégies principales est d’instrumentaliser des cas particuliers (comme par exemples un homme qui serait victime de violences conjugales ou un homme qui n’aurait pas obtenu la garde de ses enfants) pour faire croire qu’il s’agit de problèmes représentatifs des rapports hommes/femmes dans notre société, l’idée étant de montrer qu’au fond les hommes sont les victimes des femmes. Même la violence de Joe (le meurtre du beau-père et l’abandon de la petite fille dans la maison) est excusée car Joe est montré durant tout l’épisode comme la victime de Beth. La réaction de Joe est présentée comme étant le résultat de la souffrance qu’il a subie. Le scénario trouve donc le moyen d’excuser la violence masculine et de faire de la femme la réelle coupable. Une belle inversion de l’oppression sexiste donc.

vlcsnap-2017-01-08-19h35m10s150La victime de l’histoire…

Un bon exemple de ce discours réactionnaire est l’instrumentalisation du cas de Maxime Gaget, qui inverse également les rapports de force entre les genres :

https://stop-masculinisme.org/?p=162

Il ne fait aucun doute que les hommes peuvent être victimes de viol ou de violence conjugale, cependant, il convient de différencier les cas particuliers et les rapports sociaux. Or le mouvement masculiniste tente d’instrumentaliser des cas particuliers pour en faire des généralités.

Le troisième épisode de la saison 1 montrait déjà un homme découvrant l’infidélité de sa femme grâce à un dispositif permettant d’enregistrer tous les souvenirs d’une personne grâce à une caméra implantée dans l’œil et un système de stockage implanté dans le cerveau. Alors que le début de l’épisode semblait montrer un personnage persuadé à tort de l’infidélité de sa femme et se montrant soupçonneux sans raisons, le spectateur se rendait compte par la suite que non seulement ces soupçons étaient justifiés mais qu’en plus il n’était pas le géniteur de sa fille.  En plus d’être globalement misogyne, avec un personnage féminin menteur et manipulateur, ce retournement de situation invalide totalement le propos de l’épisode et plus globalement de la série. Le personnage principal n’est pas malheureux à cause de la technologie et de ses dérives, il est malheureux parce que sa femme l’a trahi et trompé.

La dernière partie de l’épisode « White Christmas » reprend le même principe avec un personnage féminin encore plus odieux. Alors qu’il aurait suffi qu’elle avoue la vérité à son mari et le quitte (ce qui lui aurait brisé le cœur mais lui aurait finalement permis de tourner la page), Beth se montre à la fois incohérente et totalement insensible à la détresse de son mari.

Alors que la fuite de Beth aurait pu lui permettre de reprendre le contrôle sur son propre corps face aux propos anti-avortement très violents de son mari, elle garde finalement le bébé. De plus, les propos de Joe semblent avoir été dictés par la colère et le désir d’avoir un enfant plus que par ses convictions politiques. Ce choix scénaristique évacue la problématique du contrôle du corps des femmes par les hommes en la ramenant à des propos émotionnels et non politiques.

vlcsnap-2017-01-08-19h29m09s463 vlcsnap-2017-01-08-19h29m14s893« -Tu te comportes en garce sans cœur qui tuerait un enfant. -Ce n’est pas juste. -Qui s’en débarrasserait parce que ça ne convient pas à ses plans. »

Le problème n’est pas de montrer une femme changer d’avis sur une grossesse et décider de continuer. Le problème est que rien n’est amené par le scénario pour justifier ce choix, pour la simple et bonne raison que le point de vue de Beth ou ses motivations ne sont absolument jamais abordées. Pire encore, toutes les actions et motivations de Beth qui sont montrées à l’écran ne semblent dirigées que dans un seul but : créer une histoire intéressante et émouvante pour le personnage masculin. Même son père, lorsqu’il se retrouve face à Joe dans la dernière séquence, ne parvient pas à donner une explication convaincante (ni pour Joe, ni pour le spectateur) au comportement de sa fille. Comme souvent dans la fiction, nous nous retrouvons donc avec un personnage féminin qui ne sert à strictement rien d’autre qu’à approfondir le personnage masculin.

On trouvait déjà ce type de procédé dans le 2ème épisode de la saison 1. Dans cet épisode, Bing encourage Abi à participer à un concours de télé-crochet, seule solution pour échapper à une vie entière d’exploitation. Mais le concours ne tourne pas comme prévu : alors qu’Abi participe au concours en tant que chanteuse, elle se retrouve recrutée contre sa volonté par l’industrie pornographique. À partir de ce moment, l’épisode ne se concentre pas sur la souffrance d’Abi qui est violée régulièrement, mais sur la souffrance de Bing qui souffre de la voir abusée. Si le personnage d’Abi est plus cohérent dans ses motivations, elle est d’une part assez passive, attendant que Bing l’encourage à participer et lui paye le droit d’inscription, d’autre part elle ne sert qu’à créer une histoire pour le personnage masculin, auquel le spectateur va être amené à s’identifier.

Épilogue : Les hommes blancs sont des victimes

Dans la dernière partie, on comprend que les deux personnages principaux se trouvent dans un environnement virtuel. Joe n’est pas réellement Joe mais une copie électronique de lui-même et Matt l’a manipulé pour obtenir de lui une confession pour le meurtre du père et de la fille de Beth.

Les deux personnages finissent tous les deux punis d’une manière atroce : la copie de Joe reste bloquée dans le décor de la cabane, obligé d’écouter la chanson qui passait à la radio lorsqu’il a tué son ex-beau-père, pour une durée de plusieurs milliers d’années et Matt, qui a passé un marché (pousser Joe aux aveux en échange de sa liberté) se retrouve “bloqué” par l’intégralité de la population. Il ne peut donc interagir avec absolument personne.

Ces deux punitions sont totalement disproportionnées, le crime de Joe est pratiquement montré comme un accident (il était dans un état second) et dû en grande partie à l’insensibilité de la femme. Pire encore, Matt n’est pas condamné pour sa capacité à manipuler et torturer des IA, il est condamné car “c’est un pervers” et qu’il a oublié de signaler un meurtre. Alors qu’ aujourd’hui, les hommes coupables de violences sexuelles ne subissent que très peu de peines (même quand ils sont jugés coupables), il me paraît difficile de croire que Black Mirror montre les dérives qui pourraient se produire dans un futur proche.

On notera également que c’est une femme de pouvoir qui condamne nos deux pauvres hommes… Cela pourrait paraître anecdotique mais cette scène finale résume finalement assez bien un propos central de l’épisode et même de l’ensemble de la saison : les hommes souffrent à cause des femmes. Ils sont rejetés par les femmes, manipulés par les femmes, torturés par les femmes. Même quand les femmes subissent des violences genrées (comme Abi dans l’épisode 2 de la saison 1), c’est l’homme qui souffre. Ou plutôt, c’est l’homme dont on montre la souffrance.

black-mirrorL’affreuse mégère et ses pauvres victimes émasculées…

 

Julie G.

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23 réponses à Black Mirror « White Christmas » (2014) : Un joyeux noël à tous les masculinistes !

  1. Article intéressant. D’ailleurs que ce soit John Hamm l’acteur principal de l’épisode est intéressant.

    Je suis juste pas d’accord avec votre interprétation de l’épisode White Bear.Je vous cite : « La série nous montre donc des femmes torturées par des hommes (parfois de manière hyper complaisante, comme dans « White Bear ») ».

    Si vous faites référence aux dernières scènes, je trouve qu’au contraire il y a un côté extrêmement dérangeant dans avec la peine infligée à cette femme.La continuité de la musique entre le moment où elle est de nouveau attachée et l’acteur-bourreau disant « surtout amusez vous » montre le côté horrible et sadique de la scène.

    • Je suis parfaitement d’accord avec vous, pour moi Whitebear montre la différence entre vengeance et justice, et soulève des questions très intéressantes.

  2. WOAW !
    Je ne connaissais cette série que de nom mais ça ne me donne pas du tout envie de la voir !

    Je n’arrive pas à comprendre comment des personnes arrivent à « tolérer » de la torture lorsque ça touche des robots qui ont autant l’apparence de VRAIS humains (ou animaux d’ailleurs) !
    Quand l’apparence est à ce point ressemblante, je n’arrive personnellement pas à dissocier et à imaginer que ce n’est pas une vraie personne et que je pourrais lui faire tout ce que je souhaite, y compris les pires horreurs…
    Je trouve qu’on peut vraiment y faire la parallèle avec les robots ou poupées sexuelles très (trop) ressemblantes à des femmes.

    D’ailleurs, si on demande à celle-ceux qui cautionnent ça s’ils seraient ok pour leur donner l’apparence d’enfants dans ce cas, puisque ce ne sont « que » des robots, là tout à coup, ça devient inadmissible et pervers à leurs yeux, j’ai remarqué (testé sur des forums de discussion)…

    Comme quoi, que la femme soit vue comme un objet, ça ne dérange toujours pas certaines personnes.

    • Coucou Vitany
      je ne suis pas trop d’accord avec toi, je trouve ça au contraire très facile de torturer une « machine à l’apparence humaine » quand on ne se pose pas de question.
      J’ai pensé au jeu vidéo « Les Sims » en lisant ton commentaire, et moi quand j’étais plus jeune et que je jouais à ce jeu je trouvait ça très marrant de mettre les personnages dans des situations de tortures (et je n’étais pas la seule), ou de les tuer de toutes les manières possibles. Maintenant en y réfléchissant, je vois très bien l’aspect malsain de la chose, comme les enfants qui torturent des animaux pour jouer, mais on se prend facilement au jeu quand c’est virtuel.
      Je ne dis absolument pas que cet pulsion mortifère est inée, au contraire je pense que si les enfants réagissent de cette manière, c’est en partie en observant leurs ainé-es.

      • je ne suis pas trop d’accord avec toi, je trouve ça au contraire très facile de torturer une « machine à l’apparence humaine » quand on ne se pose pas de question.
        J’ai pensé au jeu vidéo « Les Sims » en lisant ton commentaire, et moi quand j’étais plus jeune et que je jouais à ce jeu je trouvait ça très marrant de mettre les personnages dans des situations de tortures (et je n’étais pas la seule), ou de les tuer de toutes les manières possibles.

        Alors je réitère, pour moi ça n’est pas possible et je ne l’ai d’ailleurs jamais fait, même pas dans les jeux vidéos tels que les Sims !

        Après, effectivement comme tu le dis, des personnes voyant régulièrement ce genre de comportement chez d’autres seraient plus à même de le reproduire je pense…

        Mais comme je l’ai précisé, chez TOUTES les personnes qui adhéraient au fait que des robots-femmes par exemple seraient utilisées, « violées », torturées, etc…, dès qu’on leur propose de remplacer par des enfants, là elles s’insurgent !
        Je n’ai jamais eu de réaction comme quoi, si ça avait l’apparence d’enfants, ça ne serait pas grave non plus puisque ce ne sont que des robots.

        Je trouve donc qu’il y a quand même une corrélation dans l’esprit de ces gens, comme quoi c’est moins « dommageable » suivant qui est représenté

        • Si on compare avec les animaux (les vrais, pas les imitations), on constate que beaucoup de gens sont moins sensible au sort d’une poule que d’un chat ou un chien par exemple…

          La fameuse « échelle de valeur des vies » si chère à beaucoup d’êtres humains… 🙁

          • Ah oui, pour ce qui est des enfants qui choquent plus, je ne disais pas le contraire. C’est un peu comme de transposer le sexisme en racisme pour faire prendre conscience aux gens du problème: il y a des dominations que l’on est plus habitué à repérer que d’autre.

            Je dis juste que lorsqu’on a affaire à du virtuel, on peut facilement dépasser les bornes. D’ailleurs il y a eu pas mal d’études à ce sujet (je n’ai pas les références par contre) qui montrait que la plupart des personnes étaient capables d’horreurs (comme la torture) quand le virtuel entrait en jeu.

          • D’ailleurs il y a eu pas mal d’études à ce sujet (je n’ai pas les références par contre) qui montrait que la plupart des personnes étaient capables d’horreurs (comme la torture) quand le virtuel entrait en jeu.

            Ca ne m’étonne pas du tout… malheureusement… :’-(

    • La torture est clairement dénoncée dans l’épisode… Il faut bien comprendre que Black Mirror est une série présentant des dystopies qui sont une critique de la société actuelle, tout ce qui se passe dans les épisodes est présenté de manière négative à quelques rares exceptions près (et dans les exceptions, je tiens à citer un épisode de la saison trois qui raconte une magnifique histoire d’amour entre deux femmes (dont une racisée) et présente cette fois la technologie comme une échappatoire).
      Je trouve donc cet article plutôt injuste vis-à-vis de la série car elle a le mérite d’être innovatrice et de déranger. En tant que féministe je n’ai jamais ressenti les choses telles que présentées, à part pour le 3e récit ou le masculinisme est assez évident. Pour le reste, je n’y ai toujours vu que dénonciation. Dommage de descendre une si bonne série alors que le masculinisme est bien plus présent dans la plupart des autres…
      Vitany je te conseille vivement de la regarder pour te faire un avis, c’est une série qui marque.

      • SPOILERS S03E04 « San Junipero »
        C’est une tangente par rapport au thème de cet article, mais l’épisode de la saison 3 dont tu parles m’a pas mal gênée personnellement, justement parce qu’il est soudain (dans le contexte de cette série) tellement complaisant face à des technologies (dont on est encore loin, je crois comprendre) finalement assez similaires à celles qui sont dénoncées dans cet épisode-ci, à savoir le transfert/la copie de la conscience dans un univers virtuel.

        Moi aussi j’ai trouvé l’histoire magnifique, les personnages trop chouettes, j’ai kiffé la représentation de lesbiennes non-blanches et tout et tout. Mais d’une part c’est dommage qu’on ne voit des lesbiennes que quand leur orientation sexuelle est un élément central du scénario, et pas juste « comme ça », parce que hey ça existe en fait et que l’hétérosexualité ne devrait pas être le choix par défaut dans un scénario.

        mais surtout, une telle complaisance envers la technologie dans une série technocritique?? pourquoi? on a pas besoin de Black Mirror pour esthétiser/romantiser le transhumanisme (c’est exactement ce que fait l’épisode à mon sens), il y a déjà plein de monde qui s’en charge.

        Alors je suis peut-être parano; mais est-ce que, en plus d’être un point d’appui scénaristique (permettant de condamner l’homophobie version trashcore au passage, check gauchiste), le fait que l’histoire soit celle d’une romance hyper chouchou et « progressiste » de ouf niveau représentation, ne sert pas à faire mieux passer la pilule d’un discours par ailleurs totalement technophile?

        Je (re)précise, cela dit, cette critique cohabite complètement en moi avec un gros LOVE pour cet épisode, je l’ai vraiment vraiment kiffé 🙂

    • Je ne connaissais cette série que de nom mais ça ne me donne pas du tout envie de la voir !

      Et c’est dommage, car Black Mirror est pour moi une des meilleurs séries de ces dernières années, la réalisation et les scénarios sont excellents et s’il vous plaît ne vous arrêtez pas à une critique biaisée d’un unique épisode, qui pourrait faire croire que la série est masculiniste et misogyne.

      • « s’il vous plaît ne vous arrêtez pas à une critique biaisée d’un unique épisode, qui pourrait faire croire que la série est masculiniste et misogyne. »

        Pourquoi cette critique est « biaisée » selon vous ? Juste parce que vous n’êtes pas d’accord ? Sinon un argument ça serait pas mal… juste pour ne pas donner l’impression de rejeter cette critique par principe…

  3. « Le personnage principal n’est pas malheureux à cause de la technologie et de ses dérives, il est malheureux parce que sa femme l’a trahi et trompé. »

    Bien sur que non! C’est tout le principe de Black Mirror : la dystopie est admise (et en general appréciée) par tous, personne ne la remet en cause dans l’épisode. C’est nous en tant que spectateur qui la trouvons horrible.

    De meme que peu d’entre nous remettrait en cause les reseaux sociaux (intrusion dans la vie privée…), si l’on decouvrait grace à eux que notre conjoint nous trompe.

    Vos critiques sont justes même si je vous trouve un peu dure… BM est, je trouve, une des rares séries qui, en plus d’etre tres prenante, fait intervenir des personnages de premier plan qui ne sont pas uniquement des hommes blancs. Mais peut etre que je me satisfais de peu.

    • Vos critiques sont justes même si je vous trouve un peu dure… BM est, je trouve, une des rares séries qui, en plus d’etre tres prenante, fait intervenir des personnages de premier plan qui ne sont pas uniquement des hommes blancs. Mais peut etre que je me satisfais de peu

      Personnellement je trouve que lorsqu’une oeuvre est vendue comme plutôt « progressiste »/féministe/antiraciste/(etc) c’est encore plus important d’être critique. Lorsqu’une oeuvre affirme porter certaines idées, elle s’expose (à juste titre) à être bien plus scrutée et critiquée par celleux qui partagent ces idées que si elle n’avait pas hissé cette enseigne. C’est une question de cohérence: tu prétends être féministe/antiraciste/anticapitaliste/(autre), maintenant assume!

      donc à mon sens il n’y a pas de contradiction ou de perte de temps à critiquer une oeuvre « moins pire » que la moyenne, ou, comme Black Mirror, dont en ce qui me concerne, je peux trouver que par certains aspects elle est « dans mon camp » (un « camp » purement subjectif et personnel, mais je pense ne pas être seule dans ce cas parmi les lecteurices de ce site).

      Et puis n’oublions pas qu’on parle d’une série à succès, elle se fait probablement pas mal de thunes. Or pour ça elle a cherché (et plutôt réussi on dirait) à mobiliser un certain discours visant à toucher un certain public, qui constitue son marché, son coeur de cible, et donc son espoir de rentabilité.

      Donc quelque part elle exploite des idées qui ont été gratuitement développées et mises à disposition par des tas et des tas de militant.es bénévoles.

      On peut aller jusqu’à considérer que la production culturelle a une dette envers les mouvements/penseureuses/militant.es dont elle mobilise les idées. Donc c’est la moindre des choses qu’on s’autorise à attaquer frontalement une série sur ses aspects problématiques, lorsque comme Black Mirror elle fait son beurre sur un public relativement politisé. Elle nous doit des comptes, littéralement!

      (je précise que perso je suis mal à l’aise de pousser cet argumentaire économique trop loin, je trouve que ça a vite ses limites quand on essaie de donner une valeur en € à des idées. Simplement ça peut aider à se sentir complètement légitime à critiquer une oeuvre, à plus forte raison quand celle-ci est défendue avec des arguments style « mais je suis de ton côté, attaque moi pas »)

  4. Déjà, merci beaucoup pour cet article. J’aime énormément Black Mirror, je trouve que la série pose pleins de questions très intéressantes mais « White Christmas » était pour moi une énorme déception, notamment pour les points que vous abordez dans cet article (particulièrement l’histoire de Joe, pour son sexisme évident). J’ai uniquement trouvé la passage avec Oona Chaplin intéressant, parce qu’il posait d’excellentes questions (dont vous avez déjà parlé) et je pense que l’épisode aurait dût se concentrer sur cet aspect, car même s’il est intéressant, il est trop court pour aller à fond dans le sujet.

    Par contre, je ne suis pas du tout d’accord avec votre analyse de « White Bear ». L’épisode ne parle pas vraiment de la violence contre les femmes/les personnes de couleur, il parle de justice.
    Pendant presque tout l’épisode, on nous invite à nous attacher à Victoria: elle est chassée sans raison, elle est amnésique… Quand on nous révèle la vérité, on est évidemment choqué d’apprendre que depuis le début, on suit un personnage qui a commit un meurtre (surtout aussi horrible).
    Mais, selon moi, la subtilité de l’épisode, c’est que même après cette révélation, on nous invite toujours à prendre Victoria en pitié. Ce qui lui arrive est injuste, violent et l’horreur de son crime ne justifie pas le châtiment qu’elle reçoit. Il est évident que, dans la logique de l’épisode, Victoria ne mérite pas ce qui lui arrive: lorsqu’elle est escortée dans la maison où on effacera à nouveau sa mémoire, on reste proche d’elle alors que la foule prend plaisir à l’humilier, les scènes post-générique montre les clients et les membres du personnels comme étant des personnes détestables (prenant plaisir en regardant quelqu’un se faire torturer). La scène où elle se refait effacer la mémoire à la fin est, selon moi, un parfait exemple: alors qu’il n’y a plus de public, le directeur du parc installe la machine permettant d’effacer les souvenirs et lui montre des vidéos de la petite fille qu’elle a tué. Dans cet scène, il est montré comme un personnage extrêmement sadique.
    Parce que, l’épisode parle de justice et justement, ce qui se passe au « White Bear Justice Park », ce n’est pas de la justice. Le traitement que subit Victoria n’a rien de justice, l’épisode montre une société prête à basculer dans la vengeance la plus primaire. Et selon moi, c’est ce qui en fait un épisode très intéressant.

    Par contre, je suis totalement d’accord sur le commentaire sur « The Entire History of You », pour moi, l’épisode détruit tout son message super intéressant en donnant raison au personnage principal. Une fin où sa femme le quitte parce qu’elle avait peur de lui et de sa parano aurait, selon moi, eut beaucoup plus de sens.

    Est-ce que vous comptez faire d’autres articles sur les épisodes de Black Mirror? J’ai beaucoup aimé cet article et je serai ravie d’en lire d’autres.

  5. Bonjour,
    Alors c’est la première fois que je poste sur ce site, et je suis assez d’accord avec le fait que White Christmas est un mauvais épisode de Black Mirror, par contre je ne suis pas totalement d’accord avec votre point de vue et j’aimerais en exprimer un autre pour partager nos expériences.

    Premièrement: Je ne sais pas a quel moment ces 2 personnages masculins sont des victimes, parceque pour moi, l’épisode est très clair: ce sont 2 connards qui méritent leur sort. Ils sont tout 2 méprisables, et ont commis l’irréparable, donc je ne comprend pas par quel tour de passe passe il ne mériterait pas leur sort, et je n’ai pas l’impression que la série nous les présente comme des victimes.

    Deuxièmement: quelque soit l’histoire, c’est raconté de leur point de vue (des 2 ass@@@), un point de vue totalement biaisé et sans empathie qui les dédouane de leur responsabilité, et heureusement que c’est comme ca, sinon ils seraient devenu de vrais victimes. Quand le gars décrit la femme incohérente, moi je ne vois pas une femme incohérente mais un mec qui cherche a minimiser sa responsabilité. Il en est donc d’autant plus lâche, je vois un couple dysfonctionnel parce que le gars a aucun moment ne tiens compte de sa conjointe, il ne l’écoute pas, ne l’entend pas. Imaginons comme vous le demandiez que l’homme décrive objectivement la situation et cherche à comprendre sa femme , mécaniquement ils seraient moins méprisable et deviendrait une victime.

    Bref, cet épisode pour moi dépeint 2 hommes qui sont méprisables, et en plus n’assument pas leurs actes, donc ils méritent leurs sorts.

    Pourquoi c’est un mauvais épisode de Black Mirror: parce que cet épisode ne pose pas vraiment de question de société (mis a part le segment du milieu qui aurait du être le focus et aurait pu être réussi)et parce que les 2 hommes dépeint sont juste des lâches pas très intéressants.

    Après, peut-être que beaucoup d’hommes les voient en victimes de ces femmes, mais en tous cas, pour moi, ce sont les femmes qui sont victimes de ces manipulateurs lâches de surcroît et l’épisode ne laisse aucun doute pour moi.

    • J’ai pour ma part eu l’impression forte que le film cherche à créer de l’empathie envers « celui qui est interrogé ». C’est d’abord un sentiment, mais si je devais décrire ce qui à joué en ce sens:
      – il semble franc, sincère: on ne lui met pas de défauts « avilissants »;
      – on nous le présente même comme victime de sa femme qui le trompe;
      – il semble sincèrement regretter son acte qui est montré comme dû à un choc émotionnel, ses autres actes de violences peuvent aussi être expliqués par cela (et non pas par appât du gain, sadisme, ou autres raisons plus avilissantes);
      – la punition absurde de la fin – coincé un millier d’année dans le lieu où il tué, avec la musique en boucle – et le sadisme des policiers qui lui donnent le posent encore en victime.

  6. Sur un autre épisode, cette brève de Noah Berlatsky:

    « Nosedive » is dystopia as envisioned by someone who in their entire life has experienced at most moderate inconvenience.

    On pourrait appliquer cette critique à toute la série. La dystopie, telle que se l’imagine les privilégiés.

    • Même si la critique mérite sans doute d’être formulée, je sais pas si elle passe si bien que ça quand elle vient d’un mec blanc hétéro, qui se pense féministe mais gueule contre des militantes et se fait publier dans Playboy…

  7. Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec la plupart des critiques formulées dans cet article.
    Je trouve que l’article prend la série de façon très premier degré alors que la série se regarde avec recule. Ainsi le problème des PUA est abordé et je dirais même décrié, puisque cette série s’attache à porter un regard « dur » sur notre société, ainsi ce n’est pas parce qu’un problème est abordé mais n’est pas l’unique resort du tragique de l’histoire que ce problème est évacué(j’espère que je suis compréhensible). Car vous analysez cette histoire comme « Jennifer est folle et c’est pour ça que Harry meurt » mais la série est faite en premier comme une critique de la société et de ses liens avec la technologie ce qui, moi, m’a fait prendre cette histoire de façon totalement différente, Harry poussé par une société(au travers des PUA) qui ne pense plus les relations, amoureuses entre autre, en terme de rencontres humaines mais en terme de « gains » sexuels, en quelque sorte, n’a pas cherché à connaître plus Jennifer, et ne s’est donc pas aperçu de sa détresse, qui pour lui et ses acolytes est juste devenue une porte d’accès en terme de manipulation, c’est donc Harry et ses PUA qui ont, sans le vouloir, poussé Jennifer au suicide et au meurtre par mauvais calcul finalement(ce qui rejoint ce que vous dites « les neurotypiques font du mal aux neuroatypiques, ce n’est pas intentionnel », ce point étant en effet, comme vous le démontré, problématique.
    Alors sur la seconde histoire, en effet il n’aborde en rien les relations homme-femme dans une société patriarcale ce qui en effet aurait pû être aborder par ce procédé, il s’agit plus là d’humains exploitant une autre forme de vie, on peut y voir là une critique de la domination humaine par exemple sur les animaux, ou des pays riches sur les pays pauvres, cette idée que nous vivons une vie confortable et que nous ne nous interrogeons pas sur les effets de notre mode de vie sur autruis, les gens mangent des produits issus de l’exploitation animale sans se dire que cette exploitation n’est pas éthique, de même que nous consommons des produits fait dans des conditions déplorables dans d’autres parties du monde sans nous dire que notre volonté de confort se fait au détriment des besoins élémentaires d’autres individus, et ce tout simplement parce que l’acte d’achat est totalement déconnecté de la « production »(là, la femme sait juste qu’elle a une vie plus facile, et ne cherche pas à savoir pourquoi ni comment).
    De même que White Bear n’est pas vraiment complaisant, il faut surtout avoir à l’esprit que BM pose des questions d’éthiques sur des possibles évolutions de la société, c’est alors à nous de faire le reste du chemin de réflexion…
    Concernant la 3ème histoire, là en revanche je suis plutôt d’accord avec la critique faite, les choix de Beth ne sont pas expliqués, ce qui laisse donc au spectateur une possible interpretation un peu misogyne. Mais on peut aussi voir cette histoire comme une critique du fait que l’influence de la technologie sur les comportements sociaux. Les réseaux sociaux sont plus une manière de se montrer plutôt que de partager, ce qui encourage nos égocentrismes « naturels », de ce fait nous faisont passer nos besoins/envies personnels(ici ne pas subir une dispute dont Beth est responsable et qui conduirait à son blame dû à son infidélité)avant les besoins des autres(Joe ne connaitra pas la raison de la rupture, ni « sa » fille). En revanche on observe quand même que Joe n’est pas tout blanc il est un peu montré comme un « beauf » un peu lourd quand il a bu…
    Mais je reconnais que cet arc est très mal abordé et laisse toute sa place à une interprétation misogyne et aux idées masculinistes.
    Concernant le troisième épisode de la saison 1 je trouve encore une fois que l’interprétation n’est pas vraiment pertinente car ce qui est critiqué dans cette histoire c’est finalement la jalousie et la perversité que le système encourage(comme une critique aux téléphones portables qui est une zone privée qui peut nourrir la jalousie et la curiosité perverse des gens peu sûr d’eux(et donc de leurs conjoints).
    Dans le dernier arc/acte, on peut y voir une justice totalement inhumaine et en effet la présence d’une femme est assez malheureux(mais il peut aussi s’agir d’un épisode écrit en effet par une personne misogyne, ce qui n’invalide en rien les questions soulevées,pour moi, par cet épisode)

  8. Il est dommage que Julie G, n’ait rien compris à la série Black Mirror, et l’analyse par son biais de confirmation sur le masculiniste (alors que les hommes y sont bien punis dans les 3 histoires, et en grande partie souvent de leurs fautes).

    Mais c’est une constante chez le cinéma est politique, on ne comprend rien à un film, mais on le regarde avec un axe biaisé et on s’ingénie à faire rentrer un carré dans un trou rond en tapant fort dessus et en comptant sur la flexibilité du carré, mais non, vous dites n’importe quoi sur tout, Paul Rigouste en tête, et on en arriverait presque à croire que vous êtes là pour donner tort au mouvement féministe, plutôt que pour l’appuyer, tant vous pouvez sortir des poncifs et des conneries, en plus de rien biter aux films et séries que vous regardez.

    Le mieux étant celle-là « À partir de ce moment, l’épisode ne se concentre pas sur la souffrance d’Abi qui est violée régulièrement, mais sur la souffrance de Bing qui souffre de la voir abusée. »

    Non, Abi fais un choix conscient de devenir actrice porno, parce que le système lui tourneboule la tête certes, mais personne ne la force, et elle n’est pas violée, ni abusée, elle est actrice porno et payée pour ça, et même bien payée quand on sait ce qu’une actrice porno peut toucher par rapport à un homme d’ailleurs.

    On combat Promouvoir mais on sort les mêmes conneries bigotes, remettez-vous un peu en question les gens.

    Et Abi devient une actrice porno, mais Bing lui devient un prédicateur TV inutile (genre tv évangéliste mais de la catastrophe). Son acte personnel est important, car unique, mais la reproduction chaque semaine, évoque les « Bonjour Tristesse » pourri sur youtube (le mec est comédien et rêve de percer dans le milieu), et autres SJW en carton.

    • Non, Abi fais un choix conscient de devenir actrice porno, parce que le système lui tourneboule la tête certes, mais personne ne la force, et elle n’est pas violée, ni abusée, elle est actrice porno et payée pour ça, et même bien payée quand on sait ce qu’une actrice porno peut toucher par rapport à un homme d’ailleurs.

      Abi est droguée avec une drogue en cannette qui s’appelle « Cuppliance » (en anglais compliance se traduit par conformité, complaisance ou acquiescement, et cup veut dire tasse)

      Vous noterez d’ailleurs que Bing fait bien attention de ne pas boire et garde la cannette d’Abi pour faire croire qu’il a déjà bu.

      Bing fait donc un choix éclairé (pour autant que ce soit possible dans ces conditions) mais Abi certainement pas vu qu’elle est droguée.

      Peut-être que nous ne comprenons rien, à ce que nous regardons, mais visiblement vous non plus.

      (Et je n’ai strictement rien contre les actrices porno qui sont libre de faire ce qu’elle veulent…)

    • « Choix conscient » ? C’est très inquiétant, vous ne semblez pas savoir ce qu’est un choix conscient, n’est-ce pas ? L’épisode montre très clairement qu’elle est droguée, et lorsqu’on lui propose de devenir actrice porno, extrêmement confuse et hésitante, choquée et perdue : elle ne dit même pas « oui » franchement, mais balbutie un vague « je suppose », sur une scène où elle est regardée en direct par des milliers de spectateurs qui hurlent et scandent »do it! » « do it! ». L’un des juges la culpabilise même en l’accusant de faire perdre leur temps aux téléspectateurs, ce qui peut être interprété comme une menace de représailles ou de bullying par la suite, si elle revient à sa place habituelle dans cette société.

      Bref, « choix conscient » mon cul. Si c’est ce que vous considérez comme un consentement éclairé, c’est assez inquiétant, je dois dire.

      Qui plus est, vous n’êtes manifestement pas au courant – ou refusez de voir car c’est inconfortable, je suppose – des violences sexuelles et abus de toutes sortes qui sont très répandus dans l’industrie du porno.

      Quoi qu’il en soit. Merci à Julie G pour cette critique qui reflète plusieurs points que je m’étais déjà faits, notamment à propos du « Legal Block » dont souffre le mari de Beth: sérieux, les femmes ont toutes les peines du monde à obtenir des protections contre leurs agresseurs, et on veut nous faire croire qu’un mari se retrouverait bloqué, commme ça, sans aucune raison, juste parce que la femme le demande? Black Mirror est sensé représenter la société, faut avouer que c’est assez mal fichu dans ce cas là.

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