Répondre à: Mad max : Fury road

Accueil Forums Le coin pop-corn Films Mad max : Fury road Répondre à: Mad max : Fury road

#31914
Stardama
Invité

J’ai vu le film en ayant en tête mon expérience sur le déconstructivisme acquise par la lecture des articles de ce site et j’ai trouvé qu’il allait plus loin dans la posture féministe que la grande majorité des œuvres critiquées sur ce site, je n’ai pas vu d’erreur majeur, je peux détailler mon point de vue si vous le souhaitez. D’ailleurs Georges Miller a engagé comme co-scénariste une personne dont le métier était de s’occuper des femmes en difficulté dans les zones de conflit et autres, elle a transmise aux actrices son expérience sur les attitudes qu’ont les gens dans les milieux similaires à leurs personnages – il y a une interview d’elle disponible quelque part.

Que pensez-vous des autres aspects féministes du film, Mr Rigouste, à part ces vêtements ? Vous donneriez une bonne note globale si vous deviez écrire un article ?

Et juste pour parler de cet aspect-là brièvement, voila mon avis qui n’est pas le même que le votre (ne vous en vexez pas 🙂 ) :
1) C’est le désert, ils ont à peine de quoi manger, en mode survie, alors sûrement pas de vêtements de rechange. J’avoue ceci dit que la situation aurait pu évoluer par la suite, d’accord avec vous là-dessus. Mais ça arrive quand même, les Vulalinis sont couvertes, et regardez les images de ce site http://comicbook.com/2015/05/16/mad-max-fury-road-blazes-a-trail-to-escape-patriarchal-storytell/, la cinquième en partant du bas ; Capable (la rousse) a enfilé une tenue plus adaptée.

2) J’interprète la scène avec la femme nue comme un moyen pour la tribu d’appâter les mâles passant par là, en retournant le cliche typique de la belle femme en détresse, afin soit de se défendre face à des salauds, soit de les détrousser (il faut bien vivre).

3) Point le plus important : à mon avis, il faut bien prêter attention aux angles de la caméra. Ces femmes-là, les évadées, sont presque toujours filmées en plan taille ou de plain-pied et les gros plans le sont essentiellement sur le visage. Dans le premier cas on insiste sur leurs actions (pendant les batailles par exemple), l’ensemble du corps étant montré comme représentatif de leur volonté et de leur force. Dans le deuxième cas elles deviennent libre d’interpréter une gamme d’émotion par leurs seules expressions faciales et quelques paroles (ex, quand elles accusent Nux dans la cabine). Ce traitement visuel marque ainsi à mon sens une contre-érotisation qui va à l’encontre de ce qu’on peut penser en voyant leur tenue ; leurs attributs sexuels ne sont jamais mis en avant et leurs actes, leurs paroles, leur détermination, et leur rapport avec Furiosa, font que le spectateur est tout de suite invité à les considérer comme bien plus que ce que leur apparence peut suggérer : allusion possible à la réalité du harcèlement ? Du genre « c’est pas parce qu’un femme est habillée « sexy » pour vous que ça vous donne le droit de la considérer comme un objet de désir, elle est humaine avec ses sentiments et ses motivations, et elle est sûrement bien plus forte que vous ». Voyons par exemple la scène de la douche ou Angharad s’avance vers Max pour lui donner de l’eau, le traitement qui est fait de la séquence la montre clairement supérieure à lui ; malgré la menace de son arme (attribut masculin) qui s’oppose à son apparente vulnérabilité (attribuée typiquement aux femmes), elle parait sans crainte et nettement plus assurée (et humaine) que Max, qui tremble et qui grogne. Pas de male gaze.
D’ailleurs pour finir sur cette scène de la cage suspendue ; le plan d’ensemble est adopté jusqu’à ce que la personne descende, se rhabille et court vers Furiosa ; l’exposition corporelle semble ainsi limitée au maximum, j’ai trouvé ça intéressant.

Bref on n’est pas obligé d’être d’accord là-dessus, personnellement j’ai trouvé ce film rafraichissant car il cassait joliment les stéréotypes de « féminisme masculiniste » tels qu’ils sont expliqués sur ce site dans l’article sur « Boulevard de la Mort », par exemple. Bien au delà du typique « gros flingues et gros lolos », j’y ai vu un égalitarisme genré rare ainsi qu’une remise en cause métaphorique du patriarcat et des schémas virilistes aliénants qu’il implique. Bonne journée à tous !

Commentaires clos