Répondre à: Pourquoi la chanson "Je ne dirai rien" de Black M est répugnante.

OK, je propose le modèle suivant, à envoyer par email ou par courrier papier (par la poste, ce serait peut-être mieux: il est moins facile d’ignorer des dizaines de lettres qui s’empilent sur votre bureau).

« Bonjour,

Je m’appelle (on se présente. Eventuellement, on raconte son histoire perso, on dit par exemple qu’on est lycéenne, père de famille ou éducateur/trice, on dit à quelle fréquence on entend des propos sexistes).

Si je vous écris, c’est pour vous parler d’une chanson diffusée régulièrement sur votre radio. Je vais être franc-he: je n’aime pas du tout cette chanson. En fait, je trouve qu’elle diffuse des messages malsains pour les adolescent-e-s. Voici pourquoi.

L’auteur de cette chanson reproche aux femmes d’être coquettes et d’aimer attirer l’attention. Or, il n’y a absolument aucun mal à porter de jolis vêtements. Chaque femme a le droit de porter les vêtements qu’elle veut sans rendre de comptes à personne. Paradoxalement, il reproche aussi aux femmes d’avoir de « grosses cuisses » et de ne pas être assez attirantes à son goût. Il y a une volonté de ramener les filles et les femmes à leur seule apparence physique qui est profondément dérangeante.

Plus dérangeant encore, Black M reproche aux femmes de ne pas vouloir sortir avec telle ou telle personne. Or, les femmes ont leur libido et leur libre arbitre. Elles ont le droit de fréquenter qui elles veulent, comme elles le veulent. C’est un peu facile de dire « oh, tu me mets un râteau parce que je n’ai pas beaucoup d’argent, c’est injuste ». Quand on n’est pas attirée, on n’est pas attirée, point. En outre, Black M reproche aux femmes d’être attirées uniquement par les hommes riches alors que lui n’hésite pas à les attaquer sur leur physique. S’il ne s’intéresse qu’aux femmes d’une beauté conventionnelle, il peut difficilement reprocher aux autres d’être matérialistes!

Pire encore, cette chanson contient une menace de viol. La phrase « Fixé j’me vois poser dessus avec un gros spliff – Fais moi voir les bails j’te ferais voir la luxure » est claire. Je conçois que personne n’a envie de se prendre un râteau mais cela ne justifie JAMAIS un viol. Encore pire, il fait porter le blâme du viol sur la victime en laissant entendre que quand une femme est violée ou agressée sexuellement, c’est de sa faute, parce qu’elle s’est habillée de façon provocante. Or, c’est un mythe. Cette chanson propage des idées fausses sur les agressions sexuelles, présentant les hommes comme des animaux totalement incapables de se contrôler et blâmant les survivantes de viol pour avoir « provoqué » l’agression en s’habillant comme elles le veulent. Il y a là une déculpabilisation des violeurs qui est franchement inquiétante.

Je ne vous demande pas de censurer cette chanson. Ce que je vous suggère, c’est d’organiser un débat sur le slut-shaming et la culture du viol à une heure de grande écoute. Vos auditeurs sont pour la plupart des adolescents et des jeunes adultes dotés d’un grand potentiel, et ce serait formidable de les aider à développer ce potentiel pour qu’ils deviennent des adultes respectueux et ouverts d’esprit. J’aimerais vivre dans un monde où les adolescentes peuvent prendre leurs propres décisions sans être traitées de « putes » ou de « salopes ».

J’espère que ma lettre a attiré votre attention.

Bien cordialement.

(nom) »

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