Daybreakers (2010) : Le capitalisme, c’est la mort
9 décembre 2012 | Posté par Camille Rougier sous Cinéma, Tous les articles |
Parce qu’il est un film de genre lorgnant vers la série B, Daybreakers a été globalement ignoré par les critiques autorisés, qui n’ont le plus souvent que mépris pour ce qu’ils considèrent comme du cinéma de divertissement bassement commercial[1]. Or cette œuvre est pourtant loin d’être sans intérêt, du moins pour qui est un tant soit peu sensible au sens politique et social des films, c’est-à-dire tout simplement à ce qu’ils racontent.
Sorti en 2010, dans une période de crise prolongée du capitalisme mondialisé[2], le film réinvestit de manière assez originale et cohérente la mythologie du vampire pour lui faire servir un propos résolument anticapitaliste. Ici, les vampires ne sont plus les membres d’une aristocratie finissante, mais les incarnations d’un capitalisme vampirisant le sang du peuple, et voué à périr de ses contradictions…
Le capitalisme comme système d’exploitation vampirique
Daybreakers dresse un portrait sans concession du capitalisme. Ce dernier y est montré sans ambiguïté comme un système fondé sur l’exploitation massive des corps humains, une sorte de gigantesque entreprise vampirique se nourrissant du sang du peuple. Dans sa tour d’ivoire, l’immonde patron d’une société d’hématologie contemple son œuvre : des centaines de corps humains entreposés pour être vidés de leur sang jusqu’à la dernière goutte.
L’exploitation rationnelle des corps et du sang du peuple
Parce que sa volonté d’extension illimitée se heurte aux limites d’un monde fini (ici parce qu’il n’y a bientôt plus assez de sang humain pour nourrir les vampires), ce système d’exploitation est voué à mourir. Alors qu’ils se croyaient immortels, les vampires capitalistes découvrent avec effroi qu’ils ont besoin pour survivre de ceux/celles dont ils organisent l’extermination. Leur véritable nature apparaît alors : ils ne sont pas une race d’être supérieurs, mais seulement une armée des ténèbres ne faisant que répandre la mort autour d’eux. Toute la première partie du film décrit ainsi le capitalisme comme un système mortifère miné par des contradictions insolubles, et donc voué à l’autodestruction.
Loin de se contenter de répandre la mort autour de lui, ce système produit aussi ses propres monstres. Lorsqu’ils sont privés de sang humain pendant trop longtemps, les vampires entrent en effet dans un processus de lente décrépitude les menant jusqu’à la mort. Ceux qui tentent de se nourrir de leur propre sang se transforment quant à eux en monstres, les « subsides », créatures aux allures de chauves-souris, assoiffées de sang, et se nourrissant d’autres vampires. Dans les souterrains glauques du métro, les journaux télévisés informent ainsi la population de l’évolution de la « crise des subsides » (dont le nom fait volontairement écho à la « crise des subprimes » qui a touché la société états-unienne quelques années plus tôt[3]).
Le « subside », rejeton ultime d’un système malade et mortifère
En nous montrant le pouvoir capitaliste cherchant à exterminer cette classe de monstres qu’il a lui-même produits (et qui évoquent un peu des sans-abris abandonnés par la société), le film dénonce clairement la logique répressive par laquelle nos sociétés capitalistes prétendent résoudre les problèmes qu’elles ont créés : à coup de matraques et de peines de prison…
Solidaires, les pouvoirs économique, scientifique et militaire organisent ainsi la pénurie et l’exploitation des corps. Alors qu’il semble au départ poursuivre un but possiblement philanthropique en dirigeant des recherches pour découvrir un substitut au sang humain, le patron de l’entreprise d’hématologie apparaît très rapidement comme uniquement préoccupé par le profit. S’il recherche un substitut au sang, ce n’est pas pour mettre fin à l’exploitation des humains, mais avant tout pour obtenir le monopole d’un produit bientôt vital grâce auquel il pourra continuer de s’enrichir. La recherche scientifique est donc ici entièrement subordonnée au pouvoir économique, et apparaît comme partie prenante de cette logique de mort et d’exploitation des corps (cf. la scène d’expérimentation sur un cobaye vampire qui se termine en véritable boucherie).
De son côté, l’armée est aussi instrumentalisée par le capital, capturant les humains pour que leur sang serve de nourriture aux vampires, neutralisant les mouvements de révolte, et nettoyant la ville de la misère produite par le capitalisme.
La société à laquelle donne naissance le mode de production capitaliste n’est guère plus attrayante. Univers glacé uniquement éclairé par la lumière des néons (les vampires ne supportent pas la lumière du soleil), la ville est un lieu sans vie où les vampires ne semblent se rendre que pour travailler. Les banlieues sont elles aussi complètement déshumanisées, constituées d’interminables pavillons tous identiques et ultra-sécurisés.
Ce monde froid et sans vie est d’ailleurs significativement opposé dans le film à la nature où se réfugient les humain-e-s pour organiser leur rébellion face au système qui veut leur mort[4].
Le capitalisme blanc patriarcal
Pour compléter le tableau, le capitalisme est clairement associé dans le film au pouvoir patriarcal et blanc. Les trois représentants des pouvoirs économique, militaire et scientifique sont des hommes blancs, et le peu de femmes que l’on voit dans les scènes se déroulant dans le monde des vampires ont des positions subordonnées. A l’inverse, les femmes (ainsi que les non-blancs) sont beaucoup plus nombreuses dans les communautés humaines et semblent y avoir un plus grand rôle, même si le leader charismatique du camp des rebelles est un homme blanc éminemment viril.
L’alliance des pouvoirs économique, scientifique, et militaire : le capitalisme blanc et patriarcal. Mais où sont les femmes et les noirs ? Du côté de la révolution.
Le patron de l’entreprise d’hématologie est l’incarnation par excellence de ce pouvoir patriarcal. Contre la volonté de sa fille qui a refusé de devenir un vampire et a rejoint le camp des humains, il la retrouve et la séquestre chez lui, pour ensuite la faire violer par un militaire afin qu’elle devienne comme lui.
Intelligemment, le film ne cède aucunement à la tentation (assez fréquente dans le cadre de l’univers des vampires) d’érotiser cette scène de « pénétration » du personnage féminin. Pas le moindre début de frémissement de plaisir ici chez la victime, juste de la souffrance. Aucune ambiguïté donc : cet acte est un viol, avec tout ce que cela suppose de rapport de force entre les sexes. Refusant ce sort qui lui est imposé, la fille se suicidera en suçant son propre sang, signant ainsi sa propre mort (les vampires devenus « subsides » sont en effet immolés par l’armée).
Plutôt mourir que de vivre sous le patriarcat[5]
Il est du coup assez dommage que, malgré ces tendances anti-patriarcales, le film utilise souvent des schémas narratifs allant dans le sens opposé. En effet, le récit est très nettement phallocentré (le personnage principal et le meneur sont des hommes), et on a droit à la fin à l’indémodable configuration où les héros masculins vont héroïquement secourir le personnage féminin retenu prisonnier. Certes, le protagoniste masculin n’est pas franchement viril, comme en témoigne par exemple la manière par laquelle il parvient à neutraliser le méchant (en le prenant justement au piège de son aspiration à la virilité : « qui est le vrai lâche ? »). Mais le leader cool et classe de la rébellion vient contrebalancer ce « manque », formant ainsi avec le héros un duo masculin combinant science et action (et la femme dans tout ça, elle apporte quoi ? le charme ?). On a ainsi droit avec lui à quelques moments ambiance « flingues et grosses bagnoles ».
Ce resurgissement contradictoire d’une masculinité « couillue » du côté des rebelles fait au passage écho à cet impensé viriliste malheureusement assez répandu au sein de pas mal d’organisations révolutionnaires (souvent très majoritairement masculines) qui veut que « la révolution, c’est avant tout un truc d’hommes »…
Au final, le regard que porte le film sur ce personnage reste assez ambigu, rendant ainsi possible deux types de lecture (au premier et au second degré). D’un côté, Elvis est un personnage plutôt comique, dont le nom même indique qu’il est à prendre plus au second degré qu’au premier. Mais d’un autre côté, il est aussi magnifié par la mise en scène, qui en fait ainsi un leader charismatique cool et classe. Peut-être que cette d’ambiguïté permet au film de jouer sur deux tableaux en ne s’aliénant ni le public excité par ce genre de représentations de la masculinité, ni celui préférant la regarder avec un regard distancié et critique.
Les voies de la rédemption
Edward : « Que voulez-vous ? »
Elvis : « La même chose que vous : un avenir »
Le film est centré sur un homme qui va passer du camp des vampires à celui des humains, c’est-à-dire du camp des capitalistes à celui des révolutionnaires. Dès le départ, il est posé comme un rebelle en puissance (on apprendra d’ailleurs qu’il n’a pas fait le choix de devenir un vampire, mais que son frère l’y a forcé). Il refuse à plusieurs reprises de boire du sang humain, préférant mourir que de continuer à vivre du sang et de l’exploitation d’une autre espèce (un héros très vegan en un sens…[6]). Les plantes qu’il cultive chez lui symbolisent elles aussi son aspiration à échapper à cette société aseptisée et mortifère. Enfin, dégoûté par l’exploitation et l’instrumentalisation des humains sur lesquelles repose le fonctionnement son entreprise d’hématologie, on comprend qu’il ne continue à y travailler que parce qu’il espère y trouver un remède contre l’exploitation des humains (un substitut au sang humain). Mais, comme on le verra, tout cela est peine perdue, car dans Daybreakers on ne s’oppose pas au capitalisme de l’intérieur mais de l’extérieur. Rien d’autre ne peut naître de système pourri que la mort et la destruction. Il doit donc mourir de sa belle mort, pour que sur ses cendres puisse naître un monde nouveau.
C’est d’ailleurs par l’immolation que le héros atteindra la rédemption et redeviendra un humain. Pour trouver le remède à la maladie capitaliste, il lui aura fallu comprendre que celui-ci se trouvait « à l’intérieur du corps », c’est-à-dire en lui, et non dans une hypothétique découverte miracle qui serait venue tout résoudre de l’extérieur (ce substitut au sang qu’il cherchait depuis des années). Dans le même esprit, Elvis décrit ainsi le moment de sa conversion, de sa prise de conscience révolutionnaire : « Je me souviens que quand le soleil m’a frappé, ça a été comme un éclair démarrant mon cœur. C’était comme si quelqu’un ramenait de l’air dans la pièce ».
Le film donne ainsi une dimension quasi-religieuse à la conversion révolutionnaire. Comme on l’a dit, celle-ci passe par une immolation, sorte de purification par laquelle l’être corrompu est lavé de ses péchés. Cet acte, au passage éminemment viril, évoque à la fois un rite de passage et un baptême du feu. Après avoir surmonté cette épreuve, le converti peut alors enfin voir la lumière…
Pas facile de devenir un révolutionnaire… Le ressuscité
Mais si l’on fait abstraction de toute cette imagerie à la fois virile et mystico-fumeuse de la conversion quasi-religieuse à la « cause révolutionnaire », reste l’idée que la révolte et la révolution sont du côté de la vie alors que les puissants et leurs complices sont du côté de la mort, au sens où ceux/celles qui se laissent vaincre par l’inertie de la logique capitaliste sont pareils à des morts-vivants, tandis que ceux/celles qui s’y opposent et luttent contre elle sont les seul-e-s dont le cœur bat vraiment…
Si l’on peut devenir vampire de manière purement passive (en étant mordu), ce n’est que par un choix conscient et volontairement que l’on peut redevenir un humain. Certes, le sang des « convertis » est contagieux, de telle sorte que les vampires mordant nos deux héros se transforment à la fin en humains. Mais cela ne prend pour eux que la forme d’une punition (ils redeviennent ainsi mortels et finissent dévorés par leurs semblables). Ceux qui persistent ainsi dans la voie capitaliste de la destruction sont donc posés par le film comme irrécupérables. On ne peut ici en sortir qu’en mettant volontairement fin à la logique de l’exploitation, en refusant (comme le fait le héros) de boire une seule goutte de sang de plus.
Le film semble ainsi hésiter entre une conception « attentiste » et une conception plus « volontariste » du passage à un « après le capitalisme ». D’un côté, on nous montre cette société comme minée de l’intérieur par des contradictions insolubles et tendant vers l’autodestruction. Les scènes finales où les vampires s’entretuent lorgnent ainsi vers une certaine fascination pour la destruction, avec tout ce que cela implique d’attentisme (« inutile de trop travailler à le renverser, puisque le mode de production capitaliste s’écroulera de lui-même de toute façon »). Mais d’un autre côté, cette dimension est contrebalancée par les personnages des révolutionnaires qui incarnent une conception beaucoup plus « volontariste » de la révolution (« le capitalisme ne tombera pas tout seul, poussons-le ! »).
A la fin, les trois héro-ïne-s partent vers le soleil en laissant derrière eux/elles le monde capitaliste mourir de sa belle mort. Il n’y a donc rien à sauver pour le film dans ce système. Inutile de chercher à lui mettre des pansements, inutile de vouloir l’humaniser ou le réformer de l’intérieur. Ce système est pourri, et doit donc disparaître pour que, comme le dit la formule inscrite par Elvis sur sa voiture, « de la cendre naisse une nouvelle vie ». Le film apparaît ainsi comme un plaidoyer pour une alternative radicale au capitalisme.
Les dernières phrases réaffirment qu’un autre monde est possible : « Nous avons un remède, nous pouvons vous rendre humains à nouveau, il n’est pas trop tard ». Or cette manière qu’a le protagoniste de s’adresser ainsi au public est assez symptomatique de l’impensé avant-gardiste du film concernant la question de l’organisation révolutionnaire. En effet, si Daybreakers commence par pointer du doigt la dimension hiérarchique de la société capitaliste (avec le patron tout en haut de sa tour, le peuple en bas, et les « subsides » dans les sous-sols), il réintroduit néanmoins sans la critiquer une forme de hiérarchie du côté des révolutionnaires. Certes, leur organisation semble plus égalitaire que le monde des vampires (lorsqu’on découvre leur repère, on voit tout le monde s’activer ensemble sans que personne ne se distingue comme le chef). Mais reste que les personnages d’Elvis et d’Audrey (maintenant accompagné-e-s de notre héros) vont très rapidement apparaître comme les leaders du mouvement révolutionnaire, surtout une fois que tou-te-s les autres auront été massacré-e-s.
« Nous avons un remède. Nous pouvons vous rendre humains à nouveau ». L’emploi de ce « nous » (au lieu d’un « vous avez encore le pouvoir de redevenir humain-e-s ») conclut le film sur une tonalité clairement avant-gardiste : les leaders du mouvement révolutionnaire s’adressent à la masse des aliéné-e-s pour leur révéler qu’ils possèdent la connaissance permettant de les sortir de leur condition d’exploité-e-s. Tout l’arrière-fond religieux resurgit alors pour faire des meneurs de la révolution des sortes de nouveaux prêtres, des élus qui grâce au savoir qu’ils sont les seuls à posséder vont pouvoir convertir les masses sur la voie de la rédemption. Le film réintroduit ainsi chez les révolutionnaires un principe d’organisation hiérarchique, alors même qu’il semblait le critiquer au départ en l’associant aux capitalistes.
Reste cependant que, malgré cette tonalité avant-gardiste, une autre idée centrale du film est que le remède à l’inertie capitaliste réside à l’intérieur de ceux/celles qui s’opposent à ce système, et ne viendra donc pas d’une solution miracle (le substitut au sang) apportée d’en haut par un sauveur quel qu’il soit. Tout est à reconstruire collectivement et activement, en repartant de la base, c’est-à-dire des individus qui ont été oubliés par ce système, pour enfin sortir des ténèbres et vivre à nouveau. Le film reste donc au final assez ambigu sur cette question, ménageant assez de place pour des lectures opposées (soit plutôt avant-gardiste, soit au contraire d’inspiration plutôt anarcho-syndicaliste).
L’aube comme promesse d’un monde nouveau
S’il reste donc ambigu dans les solutions qu’il propose à la « maladie capitaliste », le film affirme néanmoins clairement la nécessité et la possibilité d’une alternative à ce système mortifère. Contrairement à bon nombre de films de zombies des années 2000, Daybreakers ne me semble pas se contenter d’« exprimer une terreur aveugle face à l’écroulement du monde » en portant « un regard fasciné sur la destruction » [7]. Ici, le mal a un visage, celui du capitalisme blanc et patriarcal, système miné par des contradictions insolubles et voué à disparaître. Certes, on pourra toujours reprocher au film quelques ambiguïtés ou incohérences, mais reste que Daybreakers encourage plus la réflexion et l’insoumission que le renoncement et la passivité.
Le capitalisme tombera, nous dit le film, mais pas sans qu’on l’aide un peu à le faire…
Camille Rougier
[1] Cf. par exemple Télérama qui conclut, après une absence d’argumentation de 6 lignes : « Scènes d’action mal fichues, intrigue bâclée. Dommage » (http://television.telerama.fr/tele/films/daybreakers,14638107.php). Ou encore Le Monde, déplorant que le film « s’achève selon des principes plus convenus du cinéma d’action du samedi soir » (http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/03/02/daybreakers-apres-la-victoire-des-vampires_1313019_3476.html)
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_%C3%A9conomique_mondiale_des_ann%C3%A9es_2008_et_suivantes
[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_subprimes
[4] Cette opposition est appuyée esthétiquement par le contraste entre l’usage de couleurs froides dans les scènes se déroulant chez les vampires/capitalistes, et de couleurs chaudes chez les humains/révolutionnaires.
[5] De la même manière, il n’est peut-être pas anodin que le film s’ouvre sur le suicide d’une jeune fille. Certes, on peut penser que le genre du personnage n’a ici aucune importance et que cet acte signifie juste un refus de vivre dans une société inhumaine. Mais si les réalisateurs n’ont peut-être pas consciemment associé ce système d’exploitation au patriarcat, reste que les hommes appartiennent plutôt dans le film à la classe des dominants et les femmes à la classe des dominé-e-s, et que la scène la plus violente est clairement mise en scène comme un viol.
[6] Même si le film n’a pas été, à mon avis, consciemment pensé par les réalisateurs comme une parabole antispéciste (le parallèle ne tient d’ailleurs pas très longtemps lorsqu’on le pousse un peu), reste que cette exploitation par une espèce (les vampires) d’une autre espèce (les humains) rappelle fortement le sort que nous réservons aux animaux dans nos sociétés spécistes (cf. les corps entassés et vidés de leur sang pour nourrir les vampires).
[7] Cf. l’excellent article de Sylvestre Meininger, « L’invasion des morts vivants », publié dans Le Monde Diplomatique en mars 2008 (rééd. dans le numéro n°111 Manière de voir 111 intitulé « Mauvais genres », juin-juillet 2010)
Autres articles en lien :
- Hunger Games (2012) : « Puisse le sort vous être toujours favorable »
- Snowpiercer (2013) : Ces « queutards » de révoltés
- After Earth (2013) : Drones et terroristes
J ene connais pas, ce film, mais j’en trouve l’analyse très intéressante.
Suis-je la seule à avoir l’impression qu’il fait un peu (beaucoup) penser à la saga de S Meyer ? Les gentils vampires « végétariens », les méchants qui boivent du sang humain, je héros, un vampire, qui se considère comme un monstre et qui s’appelle… Edward.
Comme un petit air de famille, vous trouvez pas ? 😉
Merci pour votre commentaire
En ce qui concerne les ressemblances avec Twilight, les frères Spierig ont déclaré dans une interview qu’elles étaient totalement involontaires. Ils ont en effet commencé à filmer Daybreakers en 2007, donc à un moment où les films n’étaient pas sortis. Et ils n’avaient pas non plus connaissance des bouquins de Meyer.
Après c’est sûr que les vampires ont la côte depuis la fin des années 00, ce qui explique peut-être ce genre de coïncidences…
Je n’ai effectivement pas pensé à vérifier la date de tournage du film… ^^
Et la tournure des évènements n’est pas tellement originale, donc forcément il y a des recoupements.
Salut,
Excellent site et chroniques, du très bon travail de fond. C’est rafraichissant de voir enfin les théories de la triple oppression appliquées au cinéma. De plus, le site évite l’écueil de l’intellectualisme élitiste donc c’est agréable à lire.
Bonne continuation à vous.
L’équipe Feu de prairie
L’article est intéressant, je regrette juste le besoin irrépressible de dénigrer toute analyse contraire aux vues de l’auteur. Ce n’est pas parce que la critique de Télérama n’exprime par le même avis qu’il faut absolument la couler.
Un phénomène récurrent sur ce site, et c’est bien dommage.
Je répète toutefois le cœur de mon précédent message, qui n’est peut-être pas assez clair :
J’ai trouvé cet article intéressant, et j’étais passé à côté de pas mal de choses en voyant ce film.
Mais je suis assez d’accord avec l’analyse de Télérama aussi : il est pas génial =/
Bonjour,
Je suis bien d’accord avec vous, chacun-e a le droit d’avoir son avis sur le film. Le but n’est pas de « couler » systématiquement celleux qui ne sont pas d’accord, mais de mettre en évidence les positions politico-théoriques dominantes de la critique française.
Dans le cas de Daybreakers, j’ai l’impression que le film a été a priori méprisé parce qu’il s’apparente à un film de série B et qu’il relève du genre pas très prestigieux du film d’horreur populaire. Ce que je trouve gênant dans cette posture, c’est que son élitisme (mépris du cinéma populaire de série B) lui interdit de prendre en compte le contenu des films, même lorsque celui-ci est plus intéressant (ou progressiste) que dans un film tamponné « cinéma d’auteur » et donc considéré a priori plus digne d’intérêt (même s’il se révèle au final d’un vide intersidéral).
Ce sont juste ces a priori que je cherchais à pointer. Après, Télérama et n’importe quel autre critique a le droit de penser ce qu’ille veut bien sûr. Le problème c’est que j’ai bizarrement l’impression que la majorité des critiques françaises pensent quand même un peu tous pareil…
Le problème dans votre analyse est que les vampires symbolisent le socialisme et en rien le capitalisme. En quoi le capitalisme est-il fini? C’est tout l’inverse.
Le socialisme comme les vampires sont une anomalie qui conduit à l’effondrement de la société. On puise les richesses par l’impôt plutôt que d’insiter à leur création par les individus seulon leurs talents.
Bonjour,
Peut-être que le film peut-être lu comme une critique du socialisme, mais personnellement je ne vois pas du tout ce qui, dans le film, peut vous faire penser cela. Dites-moi.
Bonjour.
Et bien, c’est très simple. La totalité des méfaits que vous prêtez au capitalisme sont le propre du socialisme.
L’emploi de la cohercission que vous relevez à juste titre dans le film est incompatible avec la liberté de contrat qu’impose le capitalisme; ou plutôt devrait-on dire libéralisme.
Ainsi, être banquier, capitaine d’entreprise ne signifie nullement être libéral. Le rattachement se fait au regard des actes. Prenons le cas d’un banquier qui se déclare libéral tout en demandant l’intervention de l’état. Et bien il n’y a aucun libéralisme dans ce comportement. Il y a privatisation des profits et collectivisation des pertes. C’est anti-libéral.
Enfin, il n’est surtout pas dans l’intérêt du capitalisme d’exploiter les pauvres mais au contraire d’augmenter leur richesse. En revanche, la pauvreté intéresse le socialiste qui (vivant en caste) peut prendre appui sur l’existence de pauvres pour avoir des voix et justifier l’imposition des richesses, par la force si nécessaire.
En conclusion, la pénurie est le propre du socialisme. Comme dans le film.
On sent vraiment que votre analyse du capitalisme s’appuie avec rigueur sur de nombreux faits qui ont pu être observés ces dernières années, et proposent une vision tout à fait réaliste de ce qu’est le monde libéral aujourd’hui.
Que l’intervention de l’état soit contraire au principes libéraux, on est d’accord. Mais ça n’a pas eu l’air de gêner grand monde quand les Etats du monde entier se sont proposer pour renflouer de grandes entreprises mondiales (Goldman Sachs, AIG, pour ne citer qu’elles). Avec ces liquidités apportées sans conditions ni risque, bizarrement, aucun de leurs actionnaires, que je considère capitalistes sans crainte de me tromper, ne s’est prononcé contre cette mesure en prônant leur faillite, qui serait, elle, conforme au principe d’autorégulation libéral.
Pareil pour l’exploitation des pauvres. C’est pas un objectif, mais une conséquence de diminution des coûts des facteurs de production, en vue de l’augmentation des profits, qui elle est une priorité capitaliste. Le fait que ça réduise le nombre de consommateurs potentiels pour beaucoup d’entreprises n’est qu’un des paradoxes de ce système là.
Ca m’amuse de lire que le socialisme prend appui sur la pauvreté. C’est comme de dire que les cuisiniers exploitent la faim des gens. Le socialisme s’oppose à ce système, en dénonçant les conséquences qu’il peut avoir sur le peuple. Effectivement, la pénurie est le propre du socialisme : si le capitalisme était un système viable, le socialisme n’aurait pas existé.
Pour revenir au film, je ne l’est pas vu, je ne peux donc pas juger de son propos. J’ai juste eu envie de réagir un peu à ce commentaire…
Votre libéralisme n’existe pas Serge. Tous les libéraux dans le concret se servent le l’état comme d’une vachea lait qu’ils peuvent traire au delà de l’anémie. Gérard Depardieu sort de ce corps! Oh les méchants socialistes qui imposent l’impôt, par la force si nécessaire… Alors qu’il suffisait de demander gentillement et tous les milliardaires auraient gracieusement donner leurs millions a ces armées de pauvre qui font exprès d’être pauvre pour faire élire Hollande.
En tout cas si vous prenez le PS pour un parti socialiste je comprend votre confusion. Le PS est un parti libéral. La signature du traité Mercozy ou le plan de sauvegarde chypriotes en sont des illustrations récentes. Leur Oui pour le pseudo référendum sur la pseudo constitution de leur pseudo Europe était assez parlant.
Pour les libéraux dont vous parlez, ceux qui ne veulent pas de collectivisation des déficits, je ne les ai jamais vu, ils vivent probablement sur une planète inconnu.
Le medef, une bande de trotskistes demande toujours plus de subventions, de coupes dans les « charges » salariales, d’abaissement d’impôt, d’aide a la création d’entreprise etc..
Les Bettencourt et les Arnault vivent dans des habitats collectivisés et ont tous leur carte du front de gauche, c’est comme ça que vous pouvez dire que ce ne sont pas de vrai libéraux.
Les USA sont très protectionnistes et l’état a payer la dette des banques pendant la crise des subprimes. C’est dire si on les confond avec l’URSS du bon vieux temps.
On se mélange tout avec la Chine qui met communisme dans son nom alors qu’il y a pas plus libéral comme pays, ils revendent même leurs cadavres c’est dire si en plus ils sont écolos et savent rentabiliser toute chose.
http://www.courrierinternational.com/breve/2005/09/13/les-cadavres-de-condamnes-a-mort-chinois-recycles-en-produits-de-beaute
D’ailleurs pour revenir au film, le style d’état mis en scène me fait surtout penser a la Chine justement. Soit un faux socialisme associé à un faux libéralisme (comme ça tout le monde est content).
En Chine selon votre ethnie vous n’avez pas les mêmes droits, selon que vous soyez de la ville ou de la campagne non plus (sécu et retraite pour les urbains, les ruraux sont moins soumis a la politique de l’enfant unique). Ca ressemble aux districtes de HungerGame. Contrôle de l’information, arrestation, mise en camps, torture et exécution des opposants (voire ce qui arrive aux membre de la secte Falun Gong ou cette blogueuse
http://fr.globalvoicesonline.org/2013/03/25/141967/
Cela aussi on le trouve dans le film, contrôle des médias par la caste dirigeante, désinformation sur les différents districts mise en compétition, désinformation pour empêcher la révolte de se reprendre..
On découvre grâce a la Chine que le libéralisme s’accorde a merveille avec la dictature et l’esclavage comme on peut le voire avec l’emploi de travailleurs forcés chez Foxconn. La pratique des zones franches est aussi une manne pour les libéraux, pas de droit du travailleur, pas de salair minimum, pas de syndicats, pas de taxes, la seul loi est celle de l’entreprise… Le renard libre dans le poulailler mais pas un poulailler libre, on a bien couper touts les ergots aux poulets avant d’y lâcher le renard.
« Le PS est un parti libéral. »
Bien sûr, d’ailleurs : les socialistes n’ont jamais creusé la dette, jamais augmenté les impôts, jamais réglementé le droit du travail, jamais embauché de fonctionnaires.
C’pas compliqué, grâce à tous les libéraux qui sont arrivés au pouvoir ces 40 dernières années, le déficit est à 0, le nombre d’entreprises publiques à 0, 0 services publics, et y’a 0 page dans le code monétaire et financier. Tiens, hier, le gouvernement n’a même pas rendu la contraception « gratuite » pour les mineures et, aujourd’hui, il n’a pas du tout décidé d’augmenter les allocations familiales.
Je vous en prie, lisez (ou relisez, j’espère) Hayek et Von Mises.
« les socialistes n’ont jamais creusé la dette… »
L’UMP a quant même battu tout les record de ce coté là. C’est peut être pour vous la preuve qu’ils sont des socialistes patentés. Enfin puisque vous dites par la suite que les socialistes sont au pouvoir depuis 40 ans, chose troublante que je n’avais pas remarquée. J’imagine que pour vous l’UMP et le RPR c’est l’amicale des syndicats. On ne va pas s’entendre ma chère Fine. Je trouve le PS libéral et vous trouvez l’UMP socialiste. Nous n’arriverons à rien, cette discussion est je pense sans aucun intérêt.
Sinon merci pour votre prière, je veux bien des cierges aussi pour la déco, ca met toujours une ambiance chaleureuse. Par contre vous allez être déçu, je ne lie pas les théologiens du libéralisme. La vie spirituelle des prédateurs m’intéresse peu. Je n’ai pas de temps à perdre avec Hayek et Von Mises, mais peut être que votre ami Serge sera intéressé.
bonne fin de journée à vous.
« Le viol de la fille du « grand boss » ordonné par lui même »… est-ce que les réalisateurs sont sérieux avec cette scène, Camille?
… même si le leader charismatique du camp des rebelles est un homme blanc éminemment viril… Camille Rougier
C’est vrai. J’ai toujours remarqué cela en les film américains… j’ai des amis canadiens anglais et donc anglo-américain à cause de la machine culturelle de l’Amérique du Nord et ils sont tous, à ce que j’aie vu, des masculin-philes.
C’est leur droit mais je suis fatiguée de voir toutes ces violences juste par voyeurisme et pour exciter.
Je n’ai jamais vu ce film mais je me réfère plutôt du beau « Blade » ou « Blaaade » (prononcer en français) et autres que j’aie vu.
Et à cause, le bien message me tombe à plat.
En fait, l’idée d’associer le vampirisme au capitalisme n’est pas nouvelle.
Dans la même veine (ha,ha!), vous avez également « Thirst » (film australien des années 70 qui se rapproche pas mal du film critiqué ici, sauf que ça fait référence a l’agroalimentaire et les addictions qui en découle.) et « Ferat Vampire « (film tchèque des années 80 sur l’industrie automobile). 🙂
Comme quoi, ça peut servir de mater des trucs tordues et introuvables. :p